19 juin 2011

Ghajar


Crédit image: http://mplbelgique.wordpress.com
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Israël se serait (enfin) décidé à quitter la partie libanaise du village de Ghajar. Occupé de 1978 à 2000, évacué puis réoccupé suite au conflit israélo-libanais de juillet 2006, ce village, essentiellement habité par des allaouites, détenteurs désormais de la nationalité israélienne et qui manifestaient hier contre ce fameux retrait - A la place des autorités libanaises, j’exigerais le retour des terres libanaises, la destruction des habitations construites illégalement et non le retour de ses indignes habitants – , situé à l’origine dans le Golan Syrien, s’était étendu du coté libanais pour son tiers. Les négociations, entreprises depuis 2006, par l’intermédiaire de la FINUL avaient jusqu’à présent échoué, Israël voulant obtenir des concessions de la part de Beyrouth, concessions jugées inacceptables pour le Pays des Cèdres qui réclame simplement la libération de ses territoires occupés.




Par ailleurs, la décision du gouvernement israélien de procéder au retrait de Ghajar démontre une nouvelle fois sa mauvaise fois,  eux qui s’entêtaient à prétendre ne rien occuper du Liban depuis le retrait de leurs troupes au Sud de la Ligne Bleu en 2006. Pourtant, la ligne bleu n’est qu’une ligne de démarcation, la frontière réelle des 2 pays devant être matérialisée par la concrétisation de l’accord franco-britannique de 1923, dit accord Paulet Newcombe, dans le cadre de négociations de paix directes entre les 2 pays. Il faut également rappeler que le Liban, avant 1923 s’étendait presque jusqu’aux limites de Haïfa, suivant notamment l’accord Sykes-Picot. Il faut noter aussi, que le Liban rappelle à la communauté internationale que l’occupation de ses terres -suivant les accords de Paulet Newcombes- se poursuit, notamment au niveau des fermes de Chébaa, au niveau des collines de Kfarchouba en plus du cas du village de Ghajar, en passe d’être résolu.
Alors qu’obtiendrait Tel Aviv en échange? Tout d’abord s’attirer la sympathie de la communauté internationale, une opération marketing basique. Plus intéressant, certaines sources indiquent que cela interviendrait dans le cadre d’un pack deal de 3.5 milliards de dollars d’aides militaires américaines, comportant par exemple la donation de 20 F 35.  Reculer donc pour mieux faire la guerre? Il s’agirait alors d’un retrait stratégique?

Si telle s’avère exact cette information, on peut penser que ce retrait pourrait donc permettre à Tel Aviv de mieux revenir au Liban, afin de régler ses comptes face au Hezbollah tout d’abord mais également face à tous les Libanaises et les Libanais puisque ses responsables accusent désormais le mouvement chiite d’avoir pris le pouvoir. Paradoxalement parlant, je ne vois guère en quoi cela change quelque chose, lors du dernier conflit de juillet 2006, toutes les régions libanaises, chiites, sunnites mais également chrétiennes ou druzes, qui pourtant n’hébergent pas le mouvement chiite, ont été victimes des opérations militaires israéliennes.
Obtenir un retrait du village de Ghajar constitue donc une victoire pour la diplomatie libanaise, du moins à court terme. Paradoxalement, on peut toutefois se poser des questions sur les objectifs réels israéliens au Liban et à ses fameuses garanties que la communauté internationale lui ont procuré, parce que chat échaudé craint à la fin l’eau froide.

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  1. Mission impossible pour Barak Obama
  2. Wikileaks sur le Liban (1)

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