L'Affaire Mohamed Boudiaf
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Après le coup d'état, les généraux putschistes  voulaient trouver un moyen pour calmer les populations en colère contre  l'arrêt du processus électoral d'une part, et éloigner l'armée de la  façade du commandement de l'état d'autre part. Ils avaient tout intérêt à  agir derrière un gouvernement pseudo-civil, pour ne pas s'attirer les  foudres des états occidentaux, qui bien soulages de ne pas voir le FIS  au pouvoir, ne pouvaient cautionner directement une dictature militaire.
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Les généraux: Khaled Nezar, Abdelmalek Guenaizia,  Mohamed Lamari, Mohamed Mediene, Mohamed Touati devaient trouver le plus  vite possible un chef d'état sur mesure, un homme qui remplirait des  conditions bien précises. Comme base de départ, un critère était déjà règle: "l'heureux" élu  devait être un ancien moudjahid bien entendu avec un passe  révolutionnaire irréprochable, une victime du régime de Chadli et même  de Boumediene si possible, et il devait être aussi loin de tout clivage  politique. Les critères ainsi définis, peu de candidats pouvaient  satisfaire le cahier de charge de chef d'état. C’est presque par hasard  que le général Nezar évoqua le nom de Mohamed Boudiaf: un homme qui  répondait a tous les critères et qui pesait lourd dans la balance. Mais  un problème de taille se posait: Mr Boudiaf, voudrait-il de ce poste  empoisonne alors qu'il avait abandonne la politique depuis bien  longtemps et s'était consacre principalement a ses affaires et a sa  famille? C'est alors que les généraux décidèrent de lui envoyer un de  ses amis les plus proches pour lui faire la proposition et c'est Ali  Haroun qui fut charge de cette délicate mission. Tout le monde(les  généraux en question) au SG du MDN (secrétariat général du ministère de  la défense nationale) retint alors son souffle. Des plus aux moins  tentés, tous espérèrent une réponse positive de la part de Boudiaf.
Au Maroc les deux amis se rencontrèrent chez Si  Mohamed, et Ali Haroun révéla le but de sa visite avec beaucoup  d'émotion. Boudiaf ému mais non surpris, promit d'y réfléchir et de  donner une réponse au plus vite. Apres la consultation de sa famille et  d'un ancien ami médecin marocain, il finit par accepter, non pour la  splendeur du poste mais parce que l'heure était grave et la situation du  pays présentée par Ali Haroun était des plus catastrophique. Boudiaf  fit ses premiers contacts a partir du Maroc avec d'anciens membres du  PRS, et informa le roi Hassan II qui prit cette nouvelle comme un don du  ciel, car la crise du Sahara occidentale allait peut-être ainsi trouver  une solution.
Les putschistes d'Alger furent informés de la  nouvelle par Ali Haroun, et crurent voir une solution à la crise  constitutionnelle qui menaçait même leur devenir. La nouvelle fut rendue  publique et les préparatifs commencèrent pour accueillir l'enfant  sauveur du pays. Il va sans dire que Paris fut informée de ce choix la  nuit même ou il avait été décide de joindre Boudiaf, qui était bien  connu des Français, car ancien adjudant de l'arme française, médaille  militaire et croix de guerre. Que pouvait-on faire de mieux pour  satisfaire les amis d'outre mer? La boucle était ainsi bouclée et la  légalisation du nouveau commandement politique du pays était ainsi  réussie. Nezar avait contribue personnellement a l'acceptation de  Boudiaf a la tète de l'institution militaire, mais certains officiers  supérieurs qui désavouaient ce choix avaient pris cette nouvelle donnée  comme une insulte. Ils n'avaient pas oublie que cette figure de la  révolution s'était rangée aux cotes du roi Hassan II lors de la marche  verte, qui avait entraine une guerre fratricide ou des centaines de  militaires Algériens avaient trouve la mort, sans parler des disparus et  des prisonniers.
A 73 ans Boudiaf était loin de se douter qu'il allait  enfin rentrer en Algérie avec le titre du plus haut magistrat, a qui on  déroulerait le tapis rouge. Le fait qu'il soit reste longtemps éloigne  de l'Algérie constituait pour lui un handicap majeur mais pour les  vautours du MDN un avantage certain. Néanmoins une fois au palais de la  présidence, Boudiaf se fit relativement vite à sa nouvelle vie, et  commença à découvrir les secrets d'un état en plein délabrement et sur  tous les plans. Mais le pire de tout, c'est qu'il se trouva au seuil  d'une guerre civile masquée par de faux rapports de sécurité (Il  légalisa toutes les mesures sécuritaires décidées contre les  sympathisants du FIS qui risquaient de mettre le devenir de l'Algérie  dans le doute le plus absolu selon ces mêmes rapports). Il était  complètement guide par les décideurs du MDN dont il approuvait toutes  les décisions sans commentaires, du moins au début.
Peu a peu Boudiaf commença à prendre certaines  libertés et à essayer de s'entourer de ses proches et placer ses amis  fidèles a tous les niveaux. Le plus gros morceau restait tout de même  l'armée dans laquelle il ne trouva que peu d'écho. Boudiaf se vit  annuler plusieurs décrets ou nominations qu'il fit en faveur de certains  officiers qu'il voulait autour de lui, et les prises de bec avec les  hauts fonctionnaires du MDN furent fréquentes, car le MDN donnait très  souvent des contre-ordres; et la marge de manœuvre du président devenait  de plus en plus étroite. Sous écoute permanente et surveille de très  près: les contacts de Boudiaf étaient aussitôt identifies et neutralises  "si nécessaire" par les tirailleurs du général Toufik. Ce n'est que tardivement que Boudiaf comprit que seule une assise  populaire, légale et solide pouvait lui donner suffisamment de force  mais surtout le pouvoir légal d'entreprendre tous les changements qu'il  voyait nécessaires a la sortie de l'Algérie de sa crise. Mais bien  entendu, ces changements n'étaient pas au goût des forces ténébreuses au  sein du pouvoir. Ces mêmes forces qui écrivirent les différents  scénarios de la politique Algérienne au travers du temps, avaient  d'autres projets. Boudiaf fut mis en garde par de rares fidèles au pouvoir et son chef de  cabinet était harcelé par les appels téléphoniques d'une part et par les  envoyés du MDN d’autres parts, qui venaient lui demander de calmer Si  Mohamed, car celui-ci prenait trop souvent, des décisions sans revenir  préalablement aux dirigeants du MDN.
Fort d'un caractère têtu, Boudiaf surprit tout le  monde en décidant de rejuger le général Belloucif ; il venait ainsi de  lancer aux barons d'Alger un défit des plus audacieux et ce après des  consultations secrètes avec Kasdi Merbah. Il faut dire à ce titre que  les deux hommes se connaissaient bien et étaient du même bord politique,  et c'est la raison pour laquelle Kasdi Merbah promit son soutien à cet  homme qu'il respectait autant qu'il respectait Si Abdelhafid Boussouf.  L'appui de Kasdi Merbah était de taille, surtout qu'il était (sans nul  doute) l'un des rares hommes les mieux informes de la réalité  Algérienne; il connaissait à ce titre, les vrais ennemis au pouvoir, et  pour les combattre il avait besoin d'un président comme Boudiaf pour le  soutenir. Merbah fut loin dans ses contacts, même auprès de Toufik, (cet  ancien sous-lieutenant qui travaillait a la Sécurité de l'armée (SA)  quand Merbah était chef de la SM); il avait réussi à lui arracher une  promesse d'aide (une impartialité des services face aux changements que  le président voulait entreprendre) pour sortir le pays de la crise.  Jouer double jeu pour Toufik était une nécessite: son poste a l'époque  était très prise par des jaloux redoutablement dangereux, et s'assurer  des faits et gestes de Boudiaf lui donnait une longueur d'avance.
Au moment ou l'affaire Belloucif était sur le point  d'être rejugée, le général Toufik lança en pâture à la presse nationale  l'affaire Hadj Betou (déjà connu par les services de sécurité pour ses  trafics avec les pays du sud depuis bien longtemps) pour faire  diversion, mais Hadj Betou n'était en fait qu'un maillon d'une chaîne  qui remontait jusqu'au général Larbi Belkheir. La réouverture de l'affaire Belloucif avec ses différentes extensions  allait amener à la barre: Chadli Bendjedid, Larbi Belkheir et bien  d'autres âmes de l'ombre qui étaient encore plus coupables que  Belloucif. Si juger Belloucif pour un détournement dont le montant était  banal en apparence (par rapport aux détournements des autres), cela  allait entraîner aussi le jugement de Chadli et surtout de Larbi  Belkheir pour haute trahison vu la vraie nature des faits lies a cette  affaire. En réalité tout avait commence par un projet de couverture  radar de tout le territoire Algérien présente par Larbi Belkheir pour le  compte du gouvernement Français. Le projet avait été refuse par  Mustapha Belloucif alors secrétaire général du MDN et aussi par bon  nombre d'officiers supérieurs, a cause de son coût prohibitif (le  montant total de l'époque dépassait les 4 milliards de francs nouveaux),  ce contrat était surtout lourd de conséquences pour le développement du  pays et allait aussi mettre tout le système de défense aérienne sous  tutelle Française, c'était la raison pour laquelle Belloucif avait  refuse de l'adopter malgré les grandes pressions exercées par Larbi  Belkheir et Chadli pour la signature de ce projet (Comble du destin, le  général corps d'armée Mohamed Lamari signa un contrat similaire en 1995,  avec le gouvernement Français biensure, sauf que cette fois-ci la  facture était plus lourde).
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| Larbi Belkheir et Benabbes Gheziel | 
Suite a son refus, Belloucif fut officiellement  limoge par Chadli pour corruption et mauvaise gestion. Les preuves de  son inculpation furent offert a Larbi Belkheir par ses amis Français  (détails du compte bancaire parisien de Belloucif, des vidéos  compromettantes le montrant avec des agents féminins des services  Français d'origine libanaise et autres détails sur le fonctionnement  d'une fameuse clinique a Neuilly de laquelle il tirait de grands  bénéfices). Face a cette politique de la compromission et du déshonneur  Belloucif ne pouvait rien faire pour se défendre et devait encaisser  sans pouvoir riposter. En réalité Belloucif a été descendu par les  services Français. Paris ne voulait surtout pas de ce procès qui allait  mettre a nue les relations qu'entretenait Larbi Belkheir avec les  autorités Françaises pendant son exercice de la fonction de chef de  cabinet du président Chadli (Jacques Attali: intime du président  Français de l'époque François Mitterrand était le contact direct de  Belkheir et son guide en matière de politique Française en Algérie) et  Boudiaf dans sa grande naïveté n'était pas au courant des tenants et  aboutissants de cette affaire qu'il tenait tellement a déterrer et a  rendre publique dans ses moindres détails.
Des fautes, Boudiaf en avait commis, mais bien des  fois, il n'avait guerre le choix. "L'Algérie avant tout" était son  principe et son symbole, mais ce n'était certainement pas celui des  décideurs en Algérie. La rue Algérienne demandait des comptes et  réclamait encore justice pour les victimes d'octobre 88; Boudiaf le  savait et c'est cette justice qui était finalement le luxe le plus  difficile à obtenir. Mais Boudiaf ne désarmait pas; il chargea des  proches qui partageaient ses idées d'une mission "impossible": mettre un  plan pour nettoyer le pouvoir de toutes les personnes corrompus et  juger les coupables publiquement, et ce fut encore une fois grâce a  l'aide de Kasdi Merbah qui avait présente a Boudiaf un dossier  faramineux de plus de trois cents pages sur les activités de certains  éléments au pouvoir que cela allait pouvoir se réaliser. Merbah avait  même recommande certains officiers du service pour entreprendre cette  grande opération de nettoyage. Boudiaf avait pu ainsi choisir comme chef  de mission un officier supérieur des services de la DRS, (un proche de  Merbah, ami personnel du général Saïdi Fodil et un révolutionnaire de la  première heure), cette personne était en l'occurrence le colonel  Mourad, célèbre dans le milieu de la DRS pour le traitement des affaires  les plus sensibles du service.
Le colonel Mourad présenta au président un rapport  préliminaire donnant un aperçu de l'étendu des dégâts de la corruption  et de l'influence de la mafia "politico-financière" en Algérie et un  complément d'informations au dossier de Merbah en plus d'un plan  d'action détaille auquel devait s'ajouter les preuves détenues par  Merbah (amassées au cours de ses dix huit années de service). Boudiaf  avait ainsi des noms et savait pertinemment que le salut de l'Algérie ne  pouvait venir qu'en montrant du doigt les vrais responsables du mal  Algérien afin de rétablir cette confiance perdue entre le peuple et ses  gouverneurs. Mais cela se devait d'être fait dans les règles, c'est à  dire par les moyens que lui offrait la loi et la constitution, il ne  voulait surtout pas recourir aux méthodes basses. Sachant que les personnes mises en cause possédaient des comptes bien  garnis a l'étranger surtout en Suisse et en France particulièrement ou  l'argent partait dans des circuits de blanchiment et se transformait en  biens immobiliers essentiellement. Le montant approximatif de cet argent  était faramineux (environ 65 milliards de dollars s'étaient évapores en  12 ans, avec les prêts bancaires ajoutes).
Le colonel Mourad fut charge par Boudiaf de faire des  investigations sur ces détournements et voir la possibilité de  récupérer au moins une partie de cette argent. Le président Boudiaf ne  s'était pas empêche de contacter directement le premier ministre  Français de l'époque "Monsieur Pierre BÉRÉGOVOY", et de lui demander  personnellement son appui pour mettre la lumière sur les agissements de certains responsables Algériens en France. Il obtint des  assurances de monsieur Pierre BÉRÉGOVOY renomme pour son sens de  l'honneur dans le milieu politique Français. Quelques jours plus tard,  après que Khaled Nezar eu accepte difficilement de signer leurs ordres de mission,  le colonel Mourad et trois de ses collaborateurs se rendirent à Paris.  Ils furent reçus par leurs homologues a Matignon, et le but du voyage  était d'avoir des détails sur les comptes bancaires de certains hauts  fonctionnaires Algériens comme: Larbi Belkheir, Nourdine Benkourtbi,  Mohamed Atailia, Cherif Ouadani, Khaled Nezar, Moustapha Belloucif et  bien d'autres. Il va sans dire que des deux cotes de la Méditerranée des  hommes bien places avaient tire toutes les sonnettes d'alarme.
A Alger, Larbi Belkheir et d'autres mis en cause par  les démarches de Boudiaf décidèrent d'opter pour la solution radicale  lorsqu'ils apprirent le déclenchement de cette opération de  purification. Le voyage du colonel Mourad et de ses collaborateurs était biensure un  échec, le refus de la justice française d'accorder une levée sur la  confidentialité des comptes bancaires des mis en causes était sans  appel. Une semaine après le retour du colonel Mourad a Alger, il fut  retrouve mort a Bachdjarah avec trois balles dans le cou. C'était  biensure les terroristes qui l'avait abattu, (version officielle); des  trois autres militaires qui l'avaient accompagne a Paris (deux  capitaines et un lieutenant) aucun ne survécut: ils furent tous abattus  par des terroristes dans la quinzaine qui suivit. Ils eurent quand même  droit aux honneurs militaires. Boudiaf était hors de lui lorsqu'il apprit la mort du colonel Mourad, il  finit par comprendre a qui il avait affaire; ce qui le décida a laissé  tomber ce poste maudit et a rentrer chez lui au Maroc sans dire a  personne. Ce fut la première fois qu'un président Algérien abandonne son  poste au milieu de la nuit.
Quelques semaines avant le meurtre du président, le  secrétariat du ministre de la défense nationale était en ébullition, et  les contacts entre les différents chefs s'étaient intensifies. Nezar et  Toufik ne se quittaient plus et la signature par Nezar de l'ordre de mission  du colonel Mourad en partance pour Paris avait tout accéléré. Boudiaf  avait donne trop de coups dans la fourmilière de la mafia Algérienne et  beaucoup de tètes allaient tomber si les mesures qu'il avait pris  seraient mises en exécution. Au début du mois de juin 92, lors d'une réunion nocturne des généraux  Khaled Nezar, Toufik et Larbi Belkheir a sidi Fredj (centre familial  militaire), l'option de la liquidation physique du président se posa  comme la seule solution au problème Boudiaf, surtout que ce dernier  venait juste de revenir du Maroc après l'abandon de son poste de  président qu'il ne réintégra qu'après le voyage de plusieurs  responsables (dont le général M. Touati) pour le persuader de continuer a  servir son pays.
Une semaine avant le meurtre du président Boudiaf,  tous les dossiers qu'il avait constitue furent dérobés durant la nuit,  de son bureau a la présidence. Il savait à ce moment que les gens qu'il  tentait d'écarter allaient tout faire pour échapper encore une fois à la  justice. Le jour même ou Boudiaf était a Annaba pour sa visite  "finale", Larbi Belkheir accompagne de son jeune frère Abdelkader força  l'entrée pour se rendre au bureau du président, emportant a la sortie  avec lui une autre quantité de documents.
L'heure était grave et le temps pressait; il fallait  tout faire pour arrêter Boudiaf qui tentait de prendre de court le camp  adverse. C'est avec la collaboration du général Smain Lamari (colonel a  l'époque): sous directeur de la DRS et chef de la sécurité intérieure  que Toufik mit les premières ébauches de la liquidation du président. Le  scénario islamiste ne fut pas retenu pour des raisons de  confidentialité; en effet l'utilisation d'agents islamistes n'aurait pas  pu garantir une discrétion absolue de l'opération et le résultat aurait  été d'autant moins incertain face a l'efficacité des éléments du SSP  (service de la sécurité présidentielle) et du GIS (groupe d'intervention  spéciale). La seule manière qui pouvait donner un résultat fiable  c'était celle d'une opération montée de l'intérieur: un tireur isole qui  agirait de son propre chef (pour une raison ou une autre), ils  pourraient dire a la limite que l'assassin était un déséquilibré mental  et ainsi classer l'affaire avec un minimum de risque pris et un maximum  de chance de succès.
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| General Smain Lamari | 
Ce fut le scénario de Smain Lamari qui prit forme peu  à peu après la bénédiction de Toufik, Nezar et Belkheir. L'escadron de  la mort sous tutelle de Smain (cellule fantôme crée par Belkheir et  Toufik, dirigée par Smain et composée d'éléments du service opérationnel  tries sur le volet) eut la tache facile pour liquider tous les témoins  et les éléments gênants du réseau Boudiaf. Même si la liste était longue  Smain prit un malin plaisir à liquider ses adversaires et les gens qui  en savaient long, sans qu'aucun ne soit épargne.
Le plan détaillé de l'assassinat de Boudiaf ne fut  connu qu'après son exécution et ce par les quelques membres des services  de sécurité, qui avaient côtoyé Boumaarafi durant les premiers jours  qui suivirent le drame. Et Boumaarafi était pendant ce temps, inquiet et  surtout soucieux de transmettre son horrible secret à qui de droit. Le choix par Smain Lamari du sous-lieutenant Boumaarafi n'était pas par  hasard, il avait déjà remarque la froideur de cet élément et sa  discrétion lors de précédentes opérations. Le colonel Smain, a l'époque:  chef de l'opérationnel était a ce titre apte a juger qui était le plus  capable. Ce fut a Antar (Le centre opérationnel fétiche de Smain) que le  colonel Smain donna a Boumaarafi les premières directives de  l'opération sans citer la cible, l'incitant a rejoindre l'escadron de la  mort pour purifier la patrie des traîtres qui voulaient détruire et  vendre tout le pays. Il y va sans dire que les promesses de promotion et  de soin eurent un écho chez Boumaarafi. Avoir quelqu'un qui protège son  dos est très important dans l'armée si on veut aller loin dans la  hiérarchie, c'était ce dont Boumaarafi avait besoin. Apres une série de  rencontres, Boumaarafi était enfin prêt pour le jour "J". Il avoua après  son acte qu'après avoir pris connaissance de l'identité de l'homme  qu'il devait abattre il ne pouvait plus sortir vivant du bureau de Smain  s'il refusait la mission.
La veille de l'opération un problème de dernière  minute allait presque tout gâcher; le commandant Hamou (chef du GIS)  n'avait pas désigné le sous-lieutenant Boumaarafi pour la mission de  Annaba. Le commandant du GIS ne supportait pas le sous-lieutenant  Boumaarafi qu'il tenait en partie responsable de la mort de son ami et  ex-commandant du GIS en l'occurrence le commandant Abderrahmane (Lors  d'une opération anti-terroriste au Telemley: le commandant Gatouchi Amar  et le sous-lieutenant Tarek, tout deux du GIS avaient été tue sur place  alors qu'ils essayaient de pénétrer une habitation. Boumaarafi était  sensé les couvrir, mais ils furent surpris par une pluie de rafale de  kalachnikov et même les gilets pare-balles qu'ils portaient ne leurs  furent d'aucun secours). Le colonel Smain mis au courant des partants pour Annaba appela Hamou  pour lui ordonner d'émettre un ordre de mission individuel à Boumaarafi  pour qu'il puisse faire partie de la mission. Hamou émit des réserves  quant à l'efficacité de cet élément mais il finit par céder devant la  persistance de son chef.
L'équipe du GIS qui devait assister le SSP s'était  rendu sur les lieux par route un jour avant la visite du président pour  affiner les mesures de sécurité. Le jour d'arrivée du président a  Annaba, les éléments du GIS étaient en complète intégration avec ceux du  SSP, c'est à dire qu'ils n'avaient aucune restriction de périmètre de  sécurité. La raison était très simple d'un point de vue professionnel:  les éléments des deux corps étaient très entraînes et ceux du GIS  particulièrement, ils se connaissaient très bien et changeaient de  mutation entre les deux corps au gré des chefs. Donc la finale de tout  cela c’était qu'aucun élément des deux corps n'aurait pu douter de  l'intégrité d'un autre élément dans l'équipe de protection.
Lorsque le président arriva a la maison des jeunes  qu'il devait inaugurer, certains des éléments du GIS étaient derrière le  rideau de la salle et une partie en dehors: couvrant la sécurité  extérieure de l'arrière de la salle qui donnait sur une cite non loin de  la maison des jeunes. Boumaarafi était vêtu de la tenue d'intervention  nouvellement reçue par les éléments du GIS (une tenue impressionnante de  couleur bleue marine; des témoins confondront plus tard Boumaarafi aux  éléments d'intervention de la police a cause de cette tenue); avant  l'arrivée du président, il se dressait dans l'arrière cour mais rentrait  et ressortait de la salle ou il faisait plus agréable en cette matinée  de la fin du mois de juin.
Tout se passait comme prévu et le président donnait  un discours important visant à sensibiliser la population de l'est  Algérien et a promouvoir son mouvement dont le symbole était "l'Algérie  avant tout", toute la scène était biensure télédiffusée en direct sur  tout le territoire. Derrière le rideau, les éléments de la protection  rapprochée du président et des éléments du GIS discutaient a voix basse  tandis que le chef du SSP: le commandant Hadjres était entrain de  discuter, tout en prenant une cigarette, avec le Commandant Hamou, le  capitaine Zaidi sous-directeur du SSP, le capitaine Sadek responsable de  la formation au SSP et le lieutenant Torki chef de mission de l'équipe  du GIS. A l'entrée de la porte arrière se tenait le lieutenant Yacine  adjoint chef de mission du GIS et dans l'arrière cour devait se trouver  le sous-lieutenant Boumaarafi assurant la sécurité.
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| Les derniers instants de Mohamed Boudiaf | 
A un moment ou toute l'attention du publique était  portée sur le discours du vieux révolutionnaire, une première petite  explosion retentit dans la salle, précédé d'un bruit de roulement.  Boumaarafi venait de dégoupiller sa grenade et de la faire rouler sous  le rideau; il surgit au même moment tirant une première rafale qui fit  diversion dans le milieu du système de protection. .Les éléments du SSP  et du GIS avaient cru a une attaque extérieure en voyant Boumaarafi  tirer, mais celui-ci pointa son pistole mitrailleur (Beretta de calibre  9mm, parabellum: une arme très redoutable) a bout portant vers la tète  du président Boudiaf, tirant une longue rafale. Tout le monde était pris  de panique et les éléments du SSP commencèrent à tirer vers le rideau  causant même des blesses parmi l'équipe elle même. La seule image que  tout le monde avait retenu fut la fuite de Boumaarafi vers la porte  arrière ou se trouvait le lieutenant Yacine sans même que ce dernier  comprenne ce qui se passait. Le peuple Algérien venait de suivre en  direct la liquidation de son président; on avait de la peine à croire  que cela se passait en Algérie. Une fois dans l'arrière cour Boumaarafi  enjamba en toute hâte un mur de presque deux mètre de haut; seuls  quelques policiers au loin et quelques passants avaient pu voir cette  scène. Il se dirigea ensuite vers l'immeuble le plus proche et au  rez-de-chaussée il frappa au premier appartement qu'il trouva; une jeune  femme lui ouvrit la porte sans doute impressionnée par la tenue et  l'arme de Boumaarafi croyant a une décente de police. La seule chose que  Boumaarafi demanda fut d'appeler la police et de lui demander de venir  en disant que le tueur du président voulait se rendre. La police  contactée s'était rendue assez vite à l'adresse indiquée. Les chefs du  GIS et du SSP furent prévenus par le chef de la sûreté de la willaya, de  l'arrestation de Boumaarafi qui s'était rendu sans résistance. Au même  moment et dans une confusion totale, le président était conduit dans une  ambulance mal équipée et sans médecin vers un hôpital qu’on n’arrivait  même pas à trouver. Le président était très gravement touche et la mort  fut presque instantanée: une décérébration aigue fut causée par les  nombreuses balles qui avaient touche son cerveau.
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A Alger le colonel Smain suivait biensure le  déroulement de l'opération en direct sur la télévision et des les  premiers instants de l'attentat il appela le GLAM (Groupe de Liaison  Aérienne Ministériel) pour lui préparer d'urgence un appareil, puis il  prit contact avec Mohammed Ouadeh (chef de la police nationale) et lui  demanda de le rejoindre ainsi qu'une équipe de Antar.
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L'équipe de la protection présidentielle (SSP et GIS)  était déprimée et inquiète mais des que la mort du président fut  confirmée, tout le monde se trouva sous le choc; ils n'arrivaient plus à  comprendre comment ni pourquoi cela s'était-il passe. Réunie dans cette  même salle, toute l'équipe vit arriver quelques heures plus tard le  colonel Smain, Mohamed Ouadeh et quelques visages familiers; Smain  s'entretint avec les chefs du GIS et du SSP pendant quelques instants,  ensuite il revint vers les éléments de l'équipe pour leurs demander de  leurs nouvelles. Il essaya de les rassurer avec ces mots: ''ne vous en  faites pas; c'est un acte isole; ce n'est pas de votre faute, vous ne  pouviez de toute façon rien faire devant ce fou et perdre un président  est même arrive aux Américains''. Ils leurs donna ensuite l'ordre de  rentrer sur Alger. Puis Smain accompagne de Hadjres, Hamou et Ouadeh se  rendirent a la sûreté de la wilaya ou Boumaarafi était détenu; ce  dernier avait-il a peine vu le colonel Smain Lamari qu'il sauta de sa  chaise et cria: "tu es venu espèce de salaud; tu es content comme ca  (Djite ya ouahad achemata, rak farhan hakda)", l'atmosphère était lourde  et Smain donna des instructions aux éléments qui l'accompagnaient pour  qu'il le transfert vers l'avion. Le président fut entre temps rapatrie  vers l'hôpital Ain Nadja (HCA) a Alger ou le médecin commandant Brixi:  chef du service médecine légale donna la version officielle de l'origine  du décès.
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| L'Hôpital Militaire HCA | 
Presque en même temps le colonel Smain accompagnait  Boumaarafi au service des urgences du HCA ou le médecin colonel  Koutchoukali: chef du service psychiatrique examina Boumaarafi et lui  administra une injection de calmant. Boumaarafi ne se laissait pas  faire, il criait de toutes ses forces: “vous voulez me tuer, vous voulez  me faire taire" et insultait Smain de tous les noms possibles. Une fois  Boumaarafi presque endormi il fut conduit à la prison du quartier  général pour sa première nuit en prison.
La commission nationale d'enquête fut installée le  04/07/92 en toute hâte par le HCE, elle était composée de personnalités  tries sur le volet par les généraux concernes. Elle était composée de  MM.Belhocine Mabrouk, Ahmed Bouchaib, M'hamed Ferhat, Youcef Fathallah,  Kamel Rezag Bara et Allel Thaaliby. A l'issue de la première réunion de cette commission, Ahmed Bouchaib  (ami intime de Boudiaf et ex-membre des vingt-deux en 1954) fut nomme:  président et Kamel Rezag Bara: rapporteur. La commission en elle même avait peu de pouvoir mais par souci de  transparence "fictive" et d'impartialité, elle avait fini (après  plusieurs rencontres avec les différents acteurs de l'assassinat du  président Boudiaf) par présenter son rapport au HCE. Le rapport en lui  même était très maigre et ne présentait ni une enquête judiciaire, ni un  avis d'experts (vu l'inaptitude de ses membres) sur le meurtre du  président. Le seul objectif de cette commission était de designer  officiellement les boucs-émissaires à qui les vrais coupables voulaient  faire endosser le crime. Le temps était un facteur déterminant qui  jouait en défaveur des vrais commanditaires de l'assassinat; et la  désignation de cette commission allait aider à apaiser les esprits  choques par cette liquidation en direct.
Des les premières heures de l'installation de cette  commission, des pressions étaient exercées par Larbi Belkheir et Smain  Lamari pour designer Rezag Bara comme rapporteur. Ce dernier avait  longtemps fait partie des agents les plus fidèles au service du "DRS".  C'est ainsi que le travail de la commission fut téléguide depuis le  début, la poussant à mettre le point sur certains détails et non sur  d'autres. Comme par exemple: la fausse lettre trouve chez Boumaarafi;  son lien avec le courant islamiste; la responsabilité des éléments du  GIS que Toufik venait tout juste de verser au SSP pour renfort (Il faut  souligner le fait qu'a l'époque, les éléments d'élite de la protection  présidentielle avaient été affectes a la protection exclusive des  généraux putschistes). Mais la commission avait sciemment omis de mettre  en cause Toufik, Smain Lamari ainsi que Larbi Belkheir, alors qu'ils  étaient théoriquement les premiers responsables de ce qui venait  d'arriver au président.
A l'intérieur de la commission d'enquête il y'avait  bien des distorsions et des différends profonds pour la nomination des  vrais coupables. Les différents membres avaient tous cédé aux pressions  et aux intimidations des généraux, sauf Youssef Fathallah qui refusa  jusqu'à la dernière minute de signer le rapport final,  dans lequel il voulait inclure la responsabilité des dirigeants des  corps de sécurité et a demander leurs démissions comme conséquence  logique au drame. Kamel Rezag Bara, biensure, ne manqua pas de rapporter  les plus petits détails à ses chefs de la DRS. Il joua ainsi un rôle  très important dans le meurtre de youssef Fathallah (dans son bureau de  la place Emir Abdelkader) un an et demi plus tard, lorsque ce dernier  commença à écrire son propre rapport sur l'affaire Boudiaf.
Un problème se posa quant a l'instruction de cette  affaire, et le juge d'instruction d’Annaba déclara l'incompétence de la  juridiction civile face a ce dossier qui était normalement du ressort  militaire. Mais le directeur central de la justice militaire de l'époque  Mohamed Elallem (après avoir reçu des ordres du général Khaled Nezar)  déclara a la presse que cette affaire était du ressort de la juridiction  civile. Presque un mois après le meurtre du président, la chambre  d'accusation du tribunal d’Annaba décida que le tribunal d’Annaba était  territorialement compétent, cette décision était basée sur l'article 40  du code pénal. En fait les généraux qui avait planifie cet assassinat s'étaient vite  aperçus qu'il fallait a tout prix laisser la justice civile s'occuper de  cette affaire par souci de transparence vis a vis du peuple qui sentait  le complot d'une part, et des instances internationales d'autres part;  mais plus important encore: des voix s'étaient levées et la rue accusait  déjà le général Larbi Belkheir qu'elle désignait comme le premier  responsable du meurtre, ce qui l'avait pousse "alors ministre de  l'intérieur" a déclarer a la presse nationale: "ni le ministre de  l'intérieur, ni son ministère ne pouvaient être mis en cause dans les  événements tragiques de Annaba qui coutèrent la vie au président ". Une  vraie course contre la montre s'était engagée face aux Algériens qui  dénonçaient le complot de la sphère politico-financière contre un des  symboles de la révolution mais plus simplement contre l'espoir d'un  peuple en déperdition.
Le procureur général du parquet de Annaba: Mohamed  Tighramt, charge officiellement d'instruire ce dossier ordonna la  poursuite de l'enquête par les officiers de la police judiciaire de la  gendarmerie nationale et la reconstitution des fait fut fixée pour la  première semaine du mois d'aout 92. Les équipes du SSP et du GIS (munis  comme d'habitude de leurs armes) se rendirent le samedi matin de la  première semaine d'aout a Annaba, Boumaarafi fut conduit par avion  quelques jours plutôt. La reconstitution se déroula en présence des  officiers de la gendarmerie nationale ainsi que plusieurs autres  personnalités en plus du juge d’instruction, mais la surprise vint à la  fin de la reconstitution qui avait dure plus de cinq heures, lorsque le  juge annonça l'arrestation des membres du SSP et du GIS. La surprise  était de taille et les membres des services de sécurité refusèrent de  rendre leurs armes aux gendarmes. A un moment donne un membre du GIS  braqua son pistole mitrailleur Beretta contre les gendarmes qui  essayèrent de désarmer le commandant Hamou: chef du GIS, furieux après  ce qu'il venait d'entendre de la part du juge. Le commandant Hadjeres  demanda à passer un coup de fil a la direction (DRS); de sa  communication avec le général Toufik il n'eut que des insultes et un  ordre de se plier a la loi; un langage nouveau que le commandant du SSP  n'avait jamais entendu de sa vie. Devant l'insistance des commandants  Hadjeres et Hamou les éléments officiers et sous officiers qui les  accompagnaient rendirent leurs armes aux gendarmes et se constituèrent  prisonniers. Ils furent conduits menottés aux mains vers le poste de  gendarmerie ou ils passèrent plus d'une semaine. Les officiers furent  places dans une même grande cellule avec rien d'autre que le slip sur le  corps. Apres l'altercation des membres de la DRS avec les gendarmes,  ces derniers se vengèrent surtout qu'ils avaient reçu le support du chef  de la gendarmerie (le général Benabbes Gheziel) qui avait été écarté du  sommet des décisions.
Au total, deux officiers supérieurs (le commandant  Hadjeres: chef du SSP et le commandant Hamou: chef du GIS), trois  officiers subalternes (le capitaine Zaidi: Adjoint chef du SSP, le  lieutenant Torki: Chef de groupe et le lieutenant Yacine: adjoint chef  de groupe) et dix huit autres sous-officiers en plus du prévenu  principal: Boumaarafi allaient être inculpes pour assassinat et  plusieurs autres chefs d'inculpations passibles de la peine capitale. Dans les coulisses du ministère de la défense nationale et après les  menaces de Larbi Belkheir, les généraux Khaled Nezar, Toufik (Mohamed  Mediene), et le colonel Smain Lamari avaient pris une décision lourde de  conséquences et qui allait troubler toute la classe militaire surtout  les services de sécurité: les membres des services qui étaient en  mission a Annaba allaient être sacrifies. Quand les familles des  officiers rencontrèrent le général Toufik, ce dernier n'avait trouve que  des réponses évasives aux nombreuses questions qui lui avaient été  pose; "cela fait partie du travail, mais de toute façon ils continueront  à recevoir normalement leurs soldes ". La déclaration la plus  incroyable vint du colonel Smain qui dit cyniquement a des officiers  inquiets pour le sort de leurs collègues, "c'est eux ou vos chefs; que  choisissez vous?".
L'instruction de l'affaire traina à Annaba et pour  noyer l'instruction du dossier les généraux décidèrent de le transférer à  Alger. Le juge charge de l'instruction Annaba prit très mal la décision  et démissionna de son poste, il fut oblige de revenir sur sa décision  sous peine de représailles. Mohamed Tighramt n'avait pas le choix,  craignant pour sa vie, il n'hésita nullement a publier un démenti  concernant sa démission qui avait déjà été annonce par la presse et la  télévision.
A Alger ce fut le procureur général du tribunal  d'Alger: Abdelmalek Sayeh un ancien agent des services (agent  exclusivement dirige par Smain Lamari qui l'avait recrute des années  auparavant quand Sayeh était a l'école des juges) et ex juge de la court  de la sureté de l'état de Médéa. Mohamed Saada: un juge de seconde  classe mais connu pour son honnêteté, fut charge d'assister Sayeh afin  d'étouffer le manque de rigueur de Sayeh. Sayeh Abdelmalek et Kamel  Rezag Bara avaient pratiquement sauve l'avenir de leurs officiers  manipulateurs (Toufik et Smain), et ils furent largement récompenses  pour cela.
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| Sayeh A.Malek Agent du DRS | 
Les prévenus (officiers et sous-officiers arrêtés a  Annaba) furent transférés avec leurs dossiers par Avion sur Alger, quand  ils arrivèrent a l'aéroport militaire de Boufarik (Sous une escorte  impressionnante de gendarmes) ils furent descendus de l'hercule qui les  transportait mains et pieds enchaines, les employés de l'aéroport eurent  de la peine à croire l'état dans lequel se trouvaient les détenus. Avec  Boumaarafi, les détenus furent transférés a la fameuse prison civile de  Serkadji "Barberousse". Sauf que Boumaarafi fut place en isolement et  sous surveillance vidéo permanente. Le destin fit que le commandant  Hamou retrouva Abdelkader Hachani dans la prison de Serkadji, un des  leaders du FIS qu'il avait arrêté quelques temps auparavant.
En tout, cinq officiers dont deux au grade supérieur  et dix huit sous-officiers dont certains avec plus de vingt ans  d'expérience furent sacrifiés pour les besoins du scenario de  transparence que les vrais commanditaires avaient écrit. Les parents des  officiers engagèrent des avocats pour soutenir les inculpes suite au  silence des chefs qui ne voulaient plus les recevoir et du climat de  trahison qui régnait. Lorsque Kasdi Merbah apprit que les sous-officiers  ne pouvaient pas se payer des avocats, il chargea son propre avocat (et  celui de son parti "MAJD") pour les défendre, ce qui n'était pas une  bonne nouvelle pour Toufik. Outre la mise a l'ombre des éléments  responsables de la sécurité du président, Toufik décida la mise sous  scelles de la vidéo qui fut enregistrée avec Boumaarafi; les conditions  d'enregistrement avaient été très tendu et Boumaarafi ne voulait  absolument pas coopérer et ne cessait de faire des commentaires quant  aux conditions de sa détention et de ses craintes d'être assassiner pour  qu'il se taise. Ce ne fut qu'après avoir reçu de force, une injection  de calmant qu'il se rendit a la salle d'enregistrement. La séance fut  une vraie catastrophe, les réponses de Boumaarafi aux questions que lui  posait un officier derrière la camera étaient sans aucun sens, la  majorité de ses dires étaient des insultes envers les commanditaires et  des commentaires sur l'état du pays. A la question:" avez vous des  relations avec les islamistes du FIS?" il répondit: "ce n'est pas des  barbus avec des djellabas qui oseront faire ce que j'ai fait".
L'instruction de l'affaire Boudiaf fut très mal faite  et l'agent Sayeh Abdelmalek (actuellement récompensé pour sa loyauté  par un poste de consul en Tunisie 1997) fit tout pour noyer les indices  qui remontaient jusqu'aux généraux commanditaires du meurtre. Jamais un  agent des services n'eut un tel pouvoir et autant d'avantages; en plus  des gardes du corps fournis par le service opérationnel d’ANTAR et un  chalet au club des pins, ce fut l'un des rares civils à avoir eu droit a  une voiture blindée coutant les yeux de la tête au contribuable. Quand  le parent d'un des officiers inculpes essaya d'intervenir et se  plaignait des dépassements de Sayeh (auprès de son ami le ministre de la  justice de l'époque: Mahi Bahi) il reçut des garanties personnelles  pour que le dossier soit transféré a un autre juge. Le ministre Mahi  Bahi tint sa promesse et convoqua Sayeh, mais lors de l'entrevue entre  les deux hommes, ce fut Mahi Bahi qui le plus écouta les insultes de  Sayeh après que le ministre de la justice lui eu avoue son intention de  le dessaisir du dossier qui devait selon le ministre être entre les  mains de plusieurs juges et non d'un seul. Sayeh Abdelmalek ne perdit  pas de temps et se rendit directement a Ghermoul (Siege de la direction  du contre espionnage: DCE) au bureau du colonel Smain Lamari. Un seul  coup de téléphone de la part de Smain régla le problème. Le même jour au  journal de vingt heures, la démission du ministre de la justice fut  annoncée, a la surprise du ministre lui même.
Une question posée par la commission d'enquête a  Boumaarafi restait sans réponse: "pourquoi n'êtes vous pas reste sur les  lieux du crime après votre acte, et pourquoi vous êtes vous rendu dix  minute après au service de police''? Ce n'est pas Boumaarafi qui apporta  la réponse a cette question, mais un de ses collègue du GIS " le  sergent chef Kamel Aidoun". Ce sergent chef était un des premiers  éléments du GIS et avait fait partie de l'équipe qui avait assure la  sécurité du président a Annaba. Il déserta de sa caserne du GIS a la fin  de l'année 1993, et ses raisons étaient plus que justifiées; Smain  Lamari voulait a tout prix sa peau comme il avait eu celle d'un autre  sous-officier quelques mois auparavant, pour la simple raison que Kamal  Aidoun avait faillit a sa mission a Annaba. Sa mission était claire et  les ordres qu'il avait reçu une semaine avant le drame venaient  directement de Smain Lamari qui lui avait dit: "suite a des soupçons qui  entourent la loyauté de Boumaarafi, tu as carte blanche pour le  liquider a la moindre faute".
Sans trop savoir pourquoi Kamel Aidoun s'était trouve  mal a l'aise après avoir eu ces instructions et ce n'est qu'après  l'assassinat de Boudiaf qu'il comprit; mais le plus grave pour lui était  qu’il n'avait pas obéit a Smain. Pour plus de sécurité un autre  sous-officier avait été charge de la même mission mais cet élément  "Algérois d'origine" avait mis son frère dans la confidence quelques  jours après le meurtre du président en lui disant: "je comprends  maintenant pourquoi le vieux loup (qualificatif de Smain au sein du  service) m'a demande de descendre Boumaarafi a Annaba''. Ce  sous-officier fut arrêté par le commandant du centre ANTAR (a l'époque:  le commandant Farid) et torture pour un lien fictif avec un groupe  terroriste, et son frère un peu plus tard connut le même sort mais la  secret était déjà divulgue.
C'était pourquoi Kamel Aidoun avait déserté après  avoir confirme a des proches qu'il avait reçu les mêmes ordres, mais ne  pouvait tuer un collègue. L'échappée de Kamel fut de courte durée et  Smain mobilisa toutes les forces opérationnelles pour retrouver ce  spécialiste des explosifs qui avait tourne la veste. Kamel fut abattu  par des éléments de l'intervention de la police nationale et son arme  (Beretta 92F) fut reversée au GIS chargeur plein. Boumaarafi avait raison de se méfier de Smain, et c'est la raison pour  laquelle il s'était rendu à la police plutôt qu'a ses collègues.
Le bilan de l'opération Boudiaf fut lourd en vies  humaines: plus d'une vingtaine de personnes au total furent liquides  suite aux ordres de Smain ou Toufik pour protéger le grand secret, sans  oublier l'assassinat de Kasdi Merbah qui avait décidé de rendre publique  les raisons de l'assassinat de Boudiaf. Même Zeroual (alors ministre de  la défense) n'avait pas réussi à le calmer et a le persuader de rendre  les dossiers qu'il avait en sa possession et ce deux semaines avant sa  liquidation. Le chef du bureau sécurité à l'ambassade d'Algérie en  Suisse (le commandant Samir) récupéra les dossiers en question rendus à  la DRS par un parent du défunt Merbah.
Il va sans dire que le massacre de Serkadji (qui  avait couté la vie a près de deux cents personnes) en février 1995 était  directement lié a la volonté d'étouffer l'une des dernière preuve de  l'implication flagrante de Nezar, Belkheir, Toufik et Smain dans le  meurtre d'un des symboles de la révolution.
Condamné en Juin 1995 a la peine capitale Lembarek  Boumaarafi est actuellement incarcéré a la prison militaire de Blida.  L'exécution de sa peine est suspendue pour le moment.
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Nous présentons nos condoléances aux familles de  toutes les victimes de cette affaire qui reste une des plus noires que  le service ait jamais connu. Pendant ce temps les vrais commanditaires  du meurtre de Boudiaf (Khaled Nezar, Larbi Belkheir, Mohamed Mediene, et  Smain Lamari et Mohamed Lamari par la suite) continuent d'assassiner  tout un peuple.
PS:
Larbi Belkheir, né le 1er janvier 1938 à Frenda dans la wilaya de Tiaret est mort le 28 janvier 2010 à Alger. 
Smaïn lamari, né en 1941 à Alger est mort le 28 Aout 2007 à Alger.
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| Tombe du Président Boudiaf | 
Note de Mehdi :
18 juin 1994 : Me Youcef Fathallah, notaire et président de la Ligue algérienne des droits de l'homme est tué dans son cabinet à Alger. Il avait auparavant condamné l'ouverture des camps de concentration de l'extrême sud dans une réunion internationale tenue à Berlin et participé à la marche pour la réconciliation nationale du 8 mai de la même année. Il avait aussi émis des réserves, en tant que membre de la commission d’enquête sur la mort de Boudiaf, sur les « conclusions de ce rapport ».
Merci à Mehdi Mohamed
 


 
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