Silence de l'Occident : La colonisation de la Palestine continue
par Chems Eddine Chitour
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Mondialisation.ca, Le 27 avril 2012
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« Qui donne ne doit jamais s'en souvenir. Qui reçoit ne doit jamais oublier.» Proverbe hébreu
L’Occident
, dit-on, est rivé sur les droits de l'homme qui sont bafoués en Syrie,
sur les massacres dont se serait rendu coupable Omar el Bechir contre
le Soudan-Sud. De plus, on pousse l'Iran dans ses derniers
retranchements. Pendant ce temps, paisiblement, Netanyahu annonce la
régularisation de colonies sur le territoire de Cisjordanie réduisant
inexorablement la Palestine à un certain nombre de quartiers dans un
ensemble totalement juif. «On nous dit que les condamnations
internationales pleuvent après l'annonce par Israël de la construction
de 1100 logements dans la colonie juive de Gilo à Jérusalem-Est occupé
et annexé. Pour les Palestiniens, c'est une provocation de plus,
quelques jours après la demande palestinienne pour la reconnaissance
d'un Etat à l'ONU. ´´En annonçant ces nouvelles colonies, Israël dit
´´non´´ à la reprise des négociations, à la solution à deux Etats, a
déclaré Saeb Erekat, le chef des négociations palestinien, donc les
Américains, les Européens, les Russes et l'ONU sont confrontés à 1100
´´non´´ de la part de Netanyahu: son gouvernement a choisi les colonies
et pas la paix.´´ Paris condamne ces nouvelles constructions, Londres
appelle Israël à revenir sur sa décision. Les Etats-Unis se sont
déclarés «profondément déçus»: le Premier ministre israélien a laissé
entendre qu'il n'avait pas l'intention de décréter un nouveau gel de la
colonisation pour convaincre les Palestiniens de revenir aux
négociations, Mahmoud Abbas a réaffirmé dimanche qu'il ne négocierait
pas avec Israël sans un gel ´´complet´´ de la colonisation. (1)
C'était déjà
en septembre 2011... Même scénario cette semaine: le gouvernement
israélien a annoncé mardi la légalisation de trois colonies en
Cisjordanie. Les implantations de Bruchin et Rechelim, dans le nord des
Territoires occupés, et celle de Sansana, dans l'extrême Sud,
construites dans les années 1990, voient leur statut passer de «colonies
sauvages» à celui de «colonies légales», au moins pour la loi
israélienne, puisque le droit international considère toutes les
colonies comme illégales. L'organisation de gauche israélienne «La Paix
maintenant», qui milite contre la colonisation des Territoires
palestiniens, a souligné que c'était la première fois depuis 1990 qu'un
gouvernement israélien légalisait de nouvelles colonies.» «Le
gouvernement israélien actuel montre quelle est sa politique, qui est de
construire des colonies plutôt que d'avancer vers la paix», a déclaré
Hagit Ofran, une porte-parole du mouvement. Les autorités israéliennes
ont expliqué qu'il ne s'agissait que d'une «régularisation», et non
d'une création de nouvelles colonies ou d'une extension de colonies
existantes. Pour elles, la décision ne change pas la situation sur le
terrain. Les gouvernements israéliens successifs se sont régulièrement
engagés depuis les années 1990 à ne pas construire de nouvelles
colonies, et, depuis la signature en 2003 de la «feuille de route», plan
de retour vers la paix, établi sous l'égide américaine, à démanteler
les «colonies sauvages» établies par les colons sans autorisation
préalable des autorités.
Un camouflet aux Palestiniens
Pendant
qu'Israël continue sur sa lancée faisant fi de tous les conseils et des
dizaines de résolutions du Conseil de sécurité (compte non tenu des
vetos américains) Abbas, dans une fuite en avant pathétique, écrit à son
bourreau et le supplie de négocier sur les lingnes de 1967. On lit la
double réponse:
«
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a reçu mardi 17 avril
une lettre du président palestinien Mahmoud Abbas le mettant en demeure
de revenir aux bases du processus de paix, lors d'une rencontre à
Jérusalem avec deux émissaires palestiniens. Le Premier ministre
palestinien, Salam Fayyad, qui devait diriger la délégation
palestinienne selon des responsables israéliens et palestiniens, n'a pas
pris part à la rencontre. «Israël et l'Autorité palestinienne sont
déterminés à parvenir à la paix», a assuré le bref communiqué de
M.Netanyahou, en ajoutant que ce dernier transmettrait sa réponse au
président Abbas «dans les deux semaines». Le président palestinien
appelle Israël à reprendre les négociations de paix sur la base des
lignes d'avant juin 1967, avec des «échanges de territoires mineurs et
mutuellement agréés» et du gel total de la colonisation, y compris à
Jérusalem-Est. Il demande en outre, pour reprendre les pourparlers,
qu'Israël «libère tous les prisonniers palestiniens», en particulier
ceux incarcérés avant les accords d'Oslo (1993). La première réponse est
donnée par Ehoud Barak. Le ministre de la Défense israélien, Ehoud
Barak, a réitéré mardi la position de son gouvernement pour «des
négociations sans conditions préalables», rejetant a priori les
exigences palestiniennes. (2)
Pourtant,
l'un des émissaires a qualifié de «sérieuse» la rencontre, qui a duré
une heure dans la résidence du Premier ministre israélien à Jérusalem. «
M.Nétanyahou va étudier la lettre sérieusement et donner sa réponse
dans les deux semaines», a-t-il confirmé. La deuxième réponse est
indirecte, c'est justement l'implantation sauvage de 3 colonies. On sait
que Netanyahou, longtemps partisan déclaré de la colonisation, est
particulièrement attentif à ne pas mécontenter le puissant lobby des
colons. Sa coalition gouvernementale est largement constituée de
partisans de la colonisation, qui forment aussi un bloc important au
sein de son propre parti, le Likoud. Netanyahou a déjà fait l'expérience
de l'influence électorale des colons lors de sa défaite de 1999. Depuis
son retour au pouvoir, il louvoie entre les pressions internationales,
en particulier américaines, opposées à la colonisation, et celles qui
s'exercent en faveur des colons à l'intérieur de son gouvernement. (3)
L'annonce
de cette légalisation a été prise comme un camouflet par l'Autorité
palestinienne. «Cette décision est la réponse à la lettre de Mahmoud
Abbas à Netanyahou», a déclaré le porte-parole du président de
l'Autorité palestinienne, Abou Roudeina. Mahmoud Abbas a envoyé la
semaine dernière une lettre au Premier ministre israélien, lui demandant
une nouvelle fois de geler la colonisation et de s'engager à négocier
sur les bases des frontières de 1967. Aux yeux de la communauté
internationale, toutes les colonies sont illégales, qu'elles aient ou
non été autorisées par le gouvernement israélien. Plus de 340.000 colons
israéliens habitent en Cisjordanie et plus de 200 000 dans des
quartiers de colonisation à Jérusalem-Est. On se souvient comment le
vice-président Joe Biden a été humilié en pleine visite officielle, il
venait à Tel-Aviv demander aux Israéliens d'arrêter la colonisation,
pendant son séjour le cabinet israélien annonce la construction de 1600
logements. Mieux encore, Israël a refusé d'accueillir une délégation
d'experts venus enquêter sur les conséquences de la colonisation dans
les territoires occupés. Ban Ki-moon si prompt à dégainer s'agissant des
pays faibles est étrangement muet. Pas de plainte, pas de saisine du
Conseil de sécurité on ne saura jamais ce qui se passe. Ban Ki-moon nous
avait déjà habitués à ce deux poids, deux mesures avec l'enterrement du
rapport Goldstone mais aussi en poussant au vote de la résolution 1973
qui a abouti au lynchage de Kadhafi. Des milliers de morts en Libye et
pas d'enquête!!
Le problème des prisonniers Palestiniens
A
toutes les avanies subies par la population palestinienne il faut y
ajouter le problème des prisonniers palestiniens qui ne sont pas
considérés comme des prisonniers de guerre mais comme des détenus de
droit commun. Les Nations unies ont tenu une réunion internationale à
Genève, portant sur la question des prisonniers politiques palestiniens
dans les prisons et centres de détention israéliens. Le Pr John Dugard a
fait une présentation du statut des palestiniens engagés dans la
résistance contre l'oppression israélienne. L'ancien Envoyé spécial de
la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés, le Pr
Dugard, a tracé un parallèle entre le traitement des opposants et les
militants politiques de l'Afrique du Sud, et mis en évidence les
similarités entre les deux régimes.(4)
«
Israël ne reconnaît pas les Palestiniens engagés dans les activités
résistantes contre la répression israélienne, comme combattants,
opposants ou bien prisonniers «politiques». Afin d'éviter de donner une
quelconque légitimité à leur cause, ils sont traités en tant que
«terroristes», criminels ordinaires ou bien comme détenus sécuritaires.
Le régime sud-africain traita Nelson Mandela ainsi que les autres
prisonniers politiques de son genre, de façon similaire. En outre,
Israël refuse à ses prisonniers politiques ayant la qualification de
combattants, le statut de prisonniers de guerre. Il ne reconnaît même
pas qu'il y a un conflit entre l'Etat d'Israël et le peuple palestinien
qui exerce son droit à l'autodétermination et à l'indépendance. (4) «
Israël s'identifie à l'apartheid sud-africain en refusant de signer le
Premier Protocole des Conventions de Genève. Les clauses du protocole,
et les avantages des Conventions de Genève pour l'OLP en tant que
mouvement de libération nationale, ne sont donc pas contraignants pour
Israël. (...) Ainsi, contrairement à leurs obligations en vertu du droit
international conventionnel, les tribunaux israéliens ont rejeté
l'argument que les combattants de la résistance palestinienne sont
engagés dans une guerre d'autodétermination et peuvent donc prétendre au
statut de prisonnier de guerre. En outre, les tribunaux israéliens ont,
ces dernières années, utilisé l'excuse que les combattants de la
résistance palestinienne ne parviennent pas à se conformer aux lois des
conflits armés et n'ont donc pas droit au statut de prisonnier de
guerre. (...) La plupart des combattants palestiniens sont jugés par des
tribunaux militaires, malgré la préférence du droit international
humanitaire pour l'impartialité des tribunaux civils. Ces tribunaux sont
dirigés par des juges militaires sans indépendance, et siégeant à des
hauteurs inaccessibles, parfois à huis clos, appliquant une loi
militaire inaccessible, ayant peu d'égard pour les règles d'une
procédure régulière. En général, les militants palestiniens n'ont même
pas la possibilité de confronter la puissance occupante, face à une
audience publique et devant des juges impartiaux appliquant la loi
régulière.(4)
On
apprend aussi que pour protester contre le sort inhumain qui leur est
fait, les prisonniers palestiniens ont entamé une grève de la faim qui
est naturellement ignorée par les médias occidentaux et pour cause. On
lit sur le site de Solidarité avec la Palestine»:
«Ce
17 avril, 3500 prisonniers ont refusé les plats servis par
l'administration pénitentiaire israélienne. 1200 d'entre eux sont entrés
dans une grève de la faim illimitée. En ce «Jour des prisonniers» pour
la résistance palestinienne, les prisonniers politiques palestiniens
demandent la fin de la politique des «rétentions administratives», qui
permet à l'occupant de condamner des Palestiniens devant des tribunaux
militaires à plusieurs années derrière les barreaux sans aucun motif
d'accusation, ainsi que l'arrêt des pratiques d'isolement carcéral et
l'autorisation des visites de familles originaires de la bande de Ghaza.
Selon la responsable de l'Association de défense des prisonniers
palestiniens Addameer, Sahar Francis, il s'agit de «la plus grande grève
de la faim jamais enregistrée dans les prisons israéliennes». (...)
Parmi les forces politiques israéliennes, seul le Parti communiste
d'Israël a affiché son soutien public à la lutte des prisonniers
palestiniens. Il faut rappeler que 4699 Palestiniens se trouvent
actuellement dans les prisons de l'occupant israélien, dont 319 en
rétention administrative.(5)
Quel est le sort de la Palestine?
Faut-il dissoudre l'Autorité palestinienne? Yossi Belin en est convaincu. Alain Gresh qui rapporte ses propos le présente:
«
Il a été l'un des artisans de la négociation de ce qui devait s'appeler
les Accords d'Oslo. Yossi Beilin fut aussi le signataire, avec Yasser
Abdel Rabbo, des Accords de Genève d'octobre 2003, qui proposaient une
solution au conflit. La lettre qu'il vient d'envoyer à Mahmoud Abbas est
d'autant plus significative. Il appelle le président palestinien à «end
this farce» (Foreign Policy, 4 avril 2012) - mettre un terme à cette
farce des négociations. «J'avoue que je n'aurais jamais cru que le
moment viendrait où il faudrait que je vous écrive ces mots. Je le fais
parce que le président américain Barack Obama vous a convaincu de ne pas
annoncer maintenant le démantèlement des institutions de l'Autorité
palestinienne et de ´´rendre les clés´´ à Israël. Parce qu'il n'y a
jamais eu de négociations sérieuses avec le gouvernement du Premier
ministre Benjamin Netanyahou au cours des trois dernières années, C'est
une erreur d'accepter la demande d'Obama, et vous pouvez y remédier.»
«Vous et moi comprenons que la situation actuelle est une bombe à
retardement. (...) Et de nos deux points de vue, l'échec de la solution à
deux Etats risque de déboucher sur le retour d'une terrible violence.
(...) » (6)
«
Déclarer la fin du processus d'Oslo - justifiée par le fait que le
chemin vers un accord permanent est bloqué - est la plus raisonnable des
options non violentes pour remettre le sujet à l'ordre du jour et
relancer les efforts en vue d'un règlement définitif. Dissoudre
l'Autorité palestinienne et donner le contrôle des affaires quotidiennes
à Israël serait une initiative que personne ne pourrait ignorer. «Après
tous ces efforts, cependant, vous avez encore besoin de supplier le
gouvernement israélien de débloquer l'argent des revenus de la douane;
il vous faut encore mendier auprès des républicains au Congrès des
Etats-Unis le transfert des fonds à l'Autorité palestinienne» (...)
«N'hésitez pas un instant! N'acceptez pas la demande du président Obama,
qui veut simplement qu'on le laisse tranquille avant la présidentielle.
Ne laissez pas le Premier ministre Netanyahou se cacher derrière la
feuille de vigne de l'Autorité palestinienne: imposez-lui, une fois de
plus, la responsabilité du sort de 4 millions de Palestiniens. Restez à
la tête de l'Organisation de libération de la Palestine, qui vous
donnera le pouvoir de diriger les négociations politiques, si et quand
elles reprennent. Le processus de paix ouvert à Oslo est mort et
enterré. Il serait temps que les responsables européens le reconnaissent
et arrêtent de réclamer la reprise de négociations «sans conditions»
entre les deux parties.(6)
On le
voit, le monde occidental- occupé par ses propres échéances notamment
électorales laisse la bride sur le cou à Israël qui poursuit son chemin,
la disparition inexorable du peuple palestinien en tant que nation. Il
restera des lambeaux de confettis de territoires dans de futurs
bantoustans un peu comme les réserves indiennes. Un siècle de combat se
solde par la disparition d'une utopie d'une Palestine de tous ses
habitants sans distinction de religion.
Professeur Chems Eddine Chitour
Ecole Polytechnique enp-edu.dz
2. Nétanyahou reçoit une lettre de doléances palestinienne Le Monde avec AFP, 18 04 2012
4. Electronic Intifada Traduit de l'anglais par Aladin pour Investig'Action
Cri du Peuple 1871:
http://www.mleray.info/article-la-question-des-prisonniers-politiques-palestiniens-dans-les-prisons-et-centres-de-detentions-israel-103381028.html
6. Alain Gresh - Le Monde Diplomatique. Yossi Beilin: En finir avec «la farce» des négociations de paix Le Monde.fr 16/04/2012
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Les gouvernements européens doivent se mobiliser
davantage pour combattre les stéréotypes et préjugés négatifs contre les
musulmans, qui nourrissent les discriminations en particulier dans les
domaines de l'éducation et de l'emploi, indique un rapport rendu public
par Amnesty International le 24 avril 2012.
P., qui vit en Suisse italophone
Les gouvernements européens doivent se mobiliser davantage pour combattre les stéréotypes et préjugés négatifs contre les musulmans, qui nourrissent les discriminations en particulier dans les domaines de l'éducation et de l'emploi, indique un rapport rendu public par Amnesty International le 24 avril 2012.
« Les femmes musulmanes se voient refuser des emplois et leur filles sont empêchées de suivre les cours dans des établissements d'enseignement pour la seule raison qu'elles portent des vêtements traditionnels, comme le foulard, a déclaré Marco Perolini, spécialiste à Amnesty International des questions de discrimination. Quant aux hommes, ils sont parfois licenciés parce qu'ils portent la barbe, que l'on associe à l'islam.
« Au lieu de combattre ces préjugés, les partis politiques et les responsables publics vont trop souvent dans leur sens, espérant des retombées électorales. »
Le rapport Choice and prejudice: discrimination against Muslims in Europe (résumé en français disponible ici) examine en quoi la discrimination fondée sur la religion ou les convictions affecte divers aspects de la vie des musulmans, notamment l'emploi et l'éducation.
Il s'attache en particulier à la situation en Belgique, en Espagne, en France, aux Pays-Bas et en Suisse, pays dans lesquels Amnesty International a déjà fait part de ses préoccupations sur un certain nombre de sujets, comme la création de lieux de culte et l'interdiction du voile intégral. Le rapport expose en détail de nombreux cas de personnes victimes de discrimination dans les pays concernés.
« Le port de signes et de vêtements religieux ou culturels fait partie du droit à la liberté d'expression, et du droit à la liberté de religion ou de conviction, a poursuivi Marco Perolini. Et les adeptes de toutes les religions, sans discrimination, doivent pouvoir se prévaloir de ces droits.
« Chacun a le droit d'exprimer son identité culturelle, traditionnelle ou religieuse par le port d'une tenue spécifique, mais personne ne doit être poussé ou obligé à le faire. L'interdiction totale de telle ou telle tenue ou de tel ou tel signe viole les droits de celles et ceux qui choisissent librement de s'habiller d'une manière spécifique, et ne constitue pas la réponse appropriée. »
Le rapport met en évidence le fait que la législation interdisant la discrimination dans l'emploi n'est pas correctement appliquée en Belgique, en France et aux Pays-Bas. Certains employeurs ont pu s'affranchir de l'obligation de l'égalité de traitement en invoquant le motif que tel ou tel symbole culturel ou religieux allait déplaire aux clients ou aux autres membres du personnel, ou qu'il était incompatible avec l'image de l'entreprise ou allait à l'encontre de sa « neutralité ».
Ceci est absolument contraire à la législation de l'Union européenne (UE) en matière de lutte contre la discrimination, qui n'autorise des différences de traitement dans le domaine de l'emploi que lorsque la nature spécifique de l'emploi l'exige.
« La législation de l'UE interdisant la discrimination fondée sur la religion ou les convictions dans le domaine de l'emploi semble inefficace dans toute l'Europe, a souligné Marco Perolini. Nous observons en effet que le taux de chômage est plus élevé parmi la population musulmane, en particulier féminine. »
Au cours des 10 dernières années, dans de nombreux pays dont l'Espagne, la France, la Belgique, la Suisse et les Pays-Bas, des interdictions du port du voile ou d'autres vêtements religieux et traditionnels à l'école ont été prononcées.
« Toute restriction au port de symboles et vêtements culturels ou religieux à l'école doit être fondée sur une évaluation au cas par cas, a précisé Marco Perolini. Les mesures d'interdiction totale risquent de compromettre l'accès à l'éducation des jeunes filles musulmanes et de porter atteinte à leur droit à la liberté d'expression et leur droit d'exprimer leurs convictions. »
Composante essentielle du droit à la liberté d'expression ou de conviction, le droit de créer des lieux de culte fait l'objet de restrictions dans certains pays européens, bien que les États aient l'obligation de protéger, respecter et mettre en œuvre ce droit.
En Suisse, les musulmans sont visés spécifiquement depuis l'inscription dans la Constitution en 2010 de l'interdiction de la construction de minarets, une initiative qui a introduit dans la loi fondamentale les stéréotypes anti-musulmans et viole les obligations internationales de l'État helvétique.
En Catalogne (Espagne), les musulmans sont contraints de prier dans des espaces extérieurs parce que les salles de prière sont trop petites pour accueillir tous les fidèles et que les demandes de construction de mosquées se heurtent à la polémique – certains jugeant ces demandes incompatibles avec les traditions et la culture catalanes. Ceci porte atteinte à la liberté de religion, qui comprend le droit d'exercer le culte collectivement dans un endroit approprié.
« Dans de nombreux pays européens prévaut l'idée que l'on veut bien accepter l'islam et les musulmans tant qu'ils ne sont pas trop visibles, a indiqué Marco Perolini en conclusion. Cette attitude est à l'origine de violations des droits humains. Il faut la combattre. »
PRE01/201/2012
24 avril 2012