08 avril 2012

L’UMP et le PS font cause commune pour "Israël"
St-Germain-des-prés est assiégé : en plein cœur de Paris, plus de vingt cars de gendarmerie sont stationnés dans un périmètre extrêmement réduit. Le but ? Protéger la modeste foule venue dans la grande salle de la Mutualité pour assister au premier congrès organisé par l’association « Les amis d’Israël». Cette cérémonie, également encadrée par le CRIF et la Fondation France-Israël, est particulièrement bunkerisée. Pour accéder au lieu, il est nécessaire de contourner deux ou trois barrages policiers en montrant patte blanche avant d’atteindre le service d’ordre de la soirée. Muni d’un sésame pour atteindre la salle, vous devez au préalable passer par un portique électronique après avoir laissé vos affaires métalliques sur le côté. Une quinzaine de jeunes gens scrutent dans le hall d’entrée l’arrivée des convives tandis que les professionnels de la sécurité vous observent fixement dans vos moindres faits et gestes. Ici, on redoute visiblement le kamikaze terroriste, surtout s’il paraît avoir la figure du « musulman d’apparence » comme dirait Nicolas Sarkozy.

Dans les rangées peu occupées, un public plutôt âgé, blanc et aisé applaudit aux interventions les plus chaleureuses à l’égard de l’Etat hébreu. La guest star de la soirée est le ministre des Affaires étrangères : prolongeant une singulière complaisance-signalée auparavant par Oumma- envers Tel Aviv, Alain Juppé a déclamé dans un long discours son attachement indéfectible à l’amitié franco-israélienne, renforcée, suggère-t-il, par les tueries de Toulouse-Montauban. Au passage, l’ancien Premier ministre n’hésite pas, à l’instar de Jean-Luc Mélenchon, à relayer la légendaire menace -mensongèrement imputée au président iranien- de détruire Israël. Cela ne l’empêchera pas de se faire huer par quelques spectateurs visiblement insatisfaits par cet exercice d’allégeance.

Love Parade

A la tribune, outre Pierre Lellouche, Christine Boutin et Christian Estrosi, un certain Manuel Valls, directeur de communication de la campagne de François Hollande, a salué une « grande nation parmi les nations » et rendu hommage au « texte remarquable » de la « proclamation d’indépendance » de l’Etat hébreu.

Le congrès a également été émaillé d’incidents, notamment l’expulsion du pacifiste israélo-palestinien Ofer Bronstein, indigné par la présence sur place de la Ligue de Défense juive. Outre la terreur suscitée vers 21h par un sac abandonné, une autre péripétie s’est produite, une heure plus tard, par l’éviction musclée d’un homme arborant une kippa et tenant des propos agités. L’individu, évacué par le service d’ordre, a rapidement disparu et n’a pas pu être en mesure de fournir des explications aux rares journalistes présents.

Parmi les interventions les plus édifiantes de la soirée, il faut relever celle du numéro 2 du CRIF, l’avocat Gilles-William Goldnadel, selon lequel « soutenir Israël, c’est s’interroger pour comprendre comment un jeune musulman né en France peut assassiner des enfants juifs afin de venger des enfants palestiniens de Gaza ! ».Dans la vision de l’avocat polémiste, Mohamed Merah n’est plus un « salafiste », un « islamiste » ou un « terroriste» mais simplement un « jeune musulman ».

Poison et antidotes

 Les évènements de Toulouse-Montauban ont été évoqués, disséqués, exploités par la plupart des acteurs de la soirée, soucieux de dénoncer le « nazislamisme ». Le député-maire UMP Claude Goasguen y voit l’occasion de rappeler son vœu : envoyer des Français musulmans en Israël pour les « informer de la réalité » déformée, selon lui, par le « poison » des médias qu’il accuse de parti pris pro-palestinien. De retour des Etats-Unis où il a noué des contacts auprès de l’American Jewish Commitee, l’élu célébra par ailleurs « l’intelligence israélienne », si différente, à ses yeux, de la « suffisance française » incarnée, entre autres, par le Quai d’Orsay ou l’AFP.

 Quant à Richard Prasquier, c’est à lui que revient la mission de clôturer la soirée par un discours particulièrement détonnant. Après avoir estimé que « ce ne sont pas des musulmans mais des soldats » qui ont été tués à Toulouse-Montauban, le président du CRIF conclut son propos par une menace inédite : si la classe politique et médiatique ne devait pas reconnaître le facteur spécifique et aggravant de l’antisémitisme dans les tueries imputées à Mohamed Merah, il faudra alors songer à remettre en question « la pérennité de la présence juive » en France. Message à peine crypté à l’attention de l’élite hexagonale : acceptez notre grille de lecture ou nous inciterons, tacitement et progressivement, les Français juifs à s’exiler en Israël.

French AIPAC

Le rituel controversé du dîner annuel du CRIF est désormais complété par ce « congrès » pro-israélien d’un genre nouveau, promis, à l’instar de son homologue américain de l’AIPAC, à un bel avenir politique. Moment solennel, enfin, quand les organisateurs de la soirée, parmi lesquels l’élue UMP Nicole Guedj, se tiennent côte à côte sur l’estrade afin d’entonner l’hymne israélien suivi de la Marseillaise.


Source : Oumma


http://www.french.moqawama.org/essaydetails.php?eid=6523&cid=281

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