Jeudi, le Conseil européen a condamné l´Otan pour n´avoir pas prêté assistance, au printemps 2011, aux 72 africains qui fuyaient la guerre de Libye en direction de Lampedusa (Italie), pourchassés par la rébellion libyenne qui considérait tous les ressortissants des pays du Sahel comme des «mercenaires à la solde du régime de Kadhafi».
Sur les 72 occupants de la patera qui était alors en dérive depuis plusieurs jours à seulement 11 miles (une vingtaine de km) au large des côtes libyennes, 65 avaient été laissés mourir de faim, de soif et de déshydratation. L´embarcation de fortune avait pourtant bien été localisée par le Centre de coordination des secours maritimes italiens (CCSMI) qui avait alerté aussitôt le commandement militaire de l´Otan.
Des dizaines de navires de guerre se trouvaient en rade dans cette zone où un embargo maritime strict avait été décrété par le Conseil de sécurité afin de prévenir le trafic d´armes au profit de Tripoli. Les membres de la commission d´enquête ordonnée par le Parlement européen concluront néanmoins à l´absence de réaction des navires de l´Otan.
Des hélicoptères prenaient des photos souvenirs du naufrage
Or, sur place, il y avait pas moins de six navires de guerre surveillant en permanence cette zone d´exclusion maritime et aérienne, en majorité français et espagnols.
C´est le cas, notamment, de la frégate espagnole Méndez Múñez, dont l´équipage n´aurait pas exécuté l´ordre de sauvetage lancé par le commandement de l´Otan, alerté pourtant en temps réel par les autorités italiennes. Des pilotes des hélicoptères de retour des opérations en Libye auraient survolé la zone en se limitant à prendre des photos souvenirs de la tragique scène de naufrage en haute mer, avant de regagner leurs bases dans l´indifférence.
Les autorités militaires espagnoles, elles, ont assuré n´avoir pas été alertées par SOS de la dérive de l´embarcation. Elles ont nié en bloc que la vedette Méndez Núñoz se trouvait dans la zone au moment de la tragédie. Cette explication n´a pas convaincu le Parlement européen dont les enquêteurs affirment avoir été bloqués dans leurs opérations d´investigation sur ce scandale par l´Espagne et l´Italie.
Madrid et Rome auraient refusé de coopérer avec eux. Malgré tout, le rapport des enquêteurs affirme que la flotte de guerre espagnole présente sur les lieux «n´est pas intervenue comme elle avait la responsabilité de le faire en engageant des opérations de secours pour sauver la vie des 65 réfugiés dont la mort pouvait être évitée».
«Nous avons bu notre urine et mangé du dentifrice»
Hier matin, la presse à grand tirage de la plupart des pays européens s´était montrée indignée par la passivité des forces alliées qui étaient, paradoxalement, là «pour protéger les populations civiles en danger de mort», en allusion à la résolution 1970 du Conseil de sécurité sur la création d´une zone d´exclusion aérienne en Libye).
Le quotidien espagnol El Mundo évoque dans le détail «le désarroi dans lequel se trouvaient les victimes qui ont dû boire leur urine et manger du dentifrice dans l´espoir de survivre au naufrage».
H. A
http://www.letempsdz.com//content/view/72162/1/
lu sur le blog :
http://rsistancedespeuples.blogspot.fr/2012/04/condamnation-de-lotan-pour-non.html?spref=fb
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