11 juin 2010

Chasse aux sorcières contre une députée arabe israélienne - Pétition

vendredi 11 juin 2010

Jonathan Cook


Une atmosphère de « dangereuse incitation » se développe en Israël contre la minorité palestinienne. En plus de la perte de ses privilèges de parlementaire, Mme Zoubi est menacée d’une révocation de sa citoyenneté. Signer la pétition.

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Les députés juifs ont voulu la faire taire, lui criant, "terroriste", et "traîtresse".
(AFP/Gil Yohanna)


Les officiels israéliens essaient de dépouiller Haneen Zoubi de sa citoyenneté

Une commission parlementaire israélienne a recommandé hier le retrait des privilèges d’une députée arabe, une initiative qui vise à préparer le terrain à une condamnation pour sa participation la semaine dernière à la Flottille humanitaire qui se dirigeait sur Gaza et qui fut attaquée par les commandos israéliens.

Haneen Zoubi, devenue la proie de la haine nationale depuis la version provocatrice d’Israël sur l’affrontement, a déclaré hier qu’elle se trouvait confrontée à une « chasse aux sorcières ».

Le ministre de l’Intérieur, Eli Yishai, a déposé une demande pour lui retirer sa citoyenneté, et un projet de loi - intitulé « Loi Zoubi » - est à l’étude pour permettre d’expulser un député en cours de mandat pour « incitation » contre l’Etat.

Mme Zoubi est maintenant flanquée d’un garde du corps après l’avalanche de menaces de mort qu’elle a reçue. Une page en vogue de Facebook, en hébreu, appelle à son exécution et une pétition en ligne pour son expulsion du parlement a obtenu des dizaines de milliers de soutiens.

La semaine dernière, dans un incident sans précédent, et alors qu’elle tentait d’intervenir au parlement, Mme Zoubi a été chahutée par les députés juifs qui voulaient la faire taire, lui criant, « terroriste », et « traîtresse ». Des gardes ont empêché de justesse qu’une parlementaire d’extrême droite ne s’en prenne à elle physiquement.

L’audition d’hier par la Commission de la Knesset prévoyait initialement d’examiner le retrait de l’immunité pour six députés arabes, dont Mme Zoubi, qui s’étaient rendus en Libye en avril. Tous les députés arabes ont boycotté la séance.

Mais le président de la Commission, Yariv Levin, du Likoud, parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, changea l’objet de la réunion qui devint la participation de Mme Zoubi à la flottille.

Des conseillers juridiques ont indiqué que la députée faisait déjà l’objet d’une enquête pour tentative de pénétration sur une zone militaire fermée et pour violences contre les commandos. Après avoir débarqué du Mavi Marmara, à Ashdod, la semaine dernière, Mme Zoubi a été questionnée par la police qui voulait savoir si elle possédait une arme.

La Commission a approuvé par une majorité de 7 voix contre 1 le retrait de ses privilèges parlementaires ce qui lui fait perdre son passeport diplomatique, l’empêche le cas échéant de quitter le pays, et lui retire le droit à l’assistance financière de l’Etat en cas de poursuites judiciaires. Le parlement doit entériner la décision.

Mr Levin a accusé Mme Zoubi de trahir le pays et lui a dit qu’elle devra passer en jugement. « Zoubi a franchi la ligne, et même dans une démocratie, il doit y avoir des lignes rouges. Quiconque a pris le bateau pour aller vers le Hamas est un partisan du terrorisme, » a-t-il dit.

Mme Zoubi répond : « Ils ont constitué un tribunal irrégulier contre moi. Ils ont appelé l’opinion publique à me nuire. »

En éditorial dans le journal libéral Ha’aretz a prévenu hier qu’une atmosphère de « dangereuse incitation » se développait contre la minorité palestinienne d’Israël, le cinquième de la population. Deux autres députés arabes, Ahmed Tibi et Taleb al Sana, ont révélé qu’eux aussi avaient reçu des menaces de mort.

En plus de la perte de ses privilèges de parlementaire, Mme Zoubi est menacée d’une révocation de sa citoyenneté. Dans toute l’histoire d’Israël, La mesure n’a été utilisée que deux fois - et les deux fois contre des citoyens palestiniens accusés de terrorisme.

La semaine dernière, Mr Yishai a écrit au procureur général lui demandant le feu vert, disant que Mme Zoubi avait « dirigé un groupe de terroristes » et qu’elle « était indubitablement consciente des préparations des activistes pour une attaque contre les troupes des FDI. Il s’agit d’un acte de trahison prémédité. »

Selon Orna Kohn, avocate d’Adalah, centre juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël, l’initiative de Mr Yishai aborde un « domaine juridique inexploré » qui peut faire de Mme Zoubi une apatride, bien qu’en violation du droit international. « Il n’y a tout simplement aucun précédent de révocation de la citoyenneté d’un député, » dit-elle.

Après sa libération la semaine dernière, Mme Zoubi a déclaré qu’elle avait vu trois passagers abattus d’une balle dans la tête par les soldats, et deux autres, blessés, laissés en train de saigner à mort. D’après les autopsies pratiquées en Turquie, cinq des neuf tués ont été abattus par des tirs en pleine tête, et de nombreux coups de feu mortels ont été tirés à bout portant.

Lors de son intervention devant le parlement la semaine dernière, Mme Zoubi a demandé une enquête internationale et exigé de savoir pourquoi Israël n’avait pas rendu publiques les photos et les vidéos qu’il avait confisquées aux passagers, et qui ont trait aux neufs morts et aux dizaines de blessés.

Elle a dit après la séance : « Ils étaient si hostiles à la Chambre que, si les députés avaient le droit de porter une arme, je suis sûre que quelqu’un aurait tiré sur moi ».

Tous ces derniers jours, Israël a été balayé par l’ampleur par des manifestations de la droite en faveur de l’opération contre la flottille.

Une page Facebook en hébreu, « Exécutez la députée Haneen Zoubi », la montre en photo en premier plan avec une croix dans un cercle en plein front, et un drapeau palestinien avec une Etoile de David sanglante en son centre.

Mme Zoubi dit qu’elle a été surprise d’apprendre que le garde du corps armé - normalement réservé aux ministres du gouvernement et au chef d’Etat - devait rester auprès d’elle, même à l’intérieur de l’hémicycle du parlement. « N’est-ce pas révélateur de la menace que représentent mes collègues députés ? »

Quatre autres dirigeants de la communauté palestinienne d’Israël qui étaient à bord des navires font l’objet d’une enquête de police. Après la libération massive des détenus la semaine dernière, ils ont été libérés et mis en surveillance surveillée et ne doivent pas quitter le pays.

Lors de son audition, Sheikh Raed Salah, le dirigeant du mouvement islamique d’Israël, a dit de l’épisode de la flottille : « Les soldats ont essayé de me tuer. Ils ont tiré dans la direction d’une personne, pensant que c’était moi ».

Des rumeurs, qui circulaient largement et laissaient entendre que Sheikh Salah avait été tué dans l’opération du commando il y a huit jours, ont été démenties par les officiels israéliens mais n’ont pris fin que lorsque sa famille a identifié le corps apporté à l’hôpital israélien comme n’étant pas le sien.


(JPG) Jonathan Cook est écrivain et journaliste, basé à Nazareth, Israël. Il est membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine dont les travaux ont été présentés le 4 mars 2009.

Son site : http://www.jkcook.net
Son courriel : jcook@thenational.ae

Du même auteur :

- Pourquoi il n’y a aucun « Israélien » dans l’Etat juif
- Le déclin d’Israël
- La famille de Rachel Corrie peut faire enfin le procès d’Israël
- Nouvelle agression contre la liberté d’expression en Israël
- L’acharnement grandit en Israël contre les personnalités politiques arabes


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Avant l’embarquement sur le Mavi Marmara
(nrg.co.il)


Pétition pour une députée arabe israélienne menacée

Patrick Le Hyaric, député européen, lance une pétition de soutien à Haneen Zoabi, accusée de "trahison" pour avoir embarqué sur la flottille pour Gaza.

Une commission du Parlement israélien a recommandé lundi de retirer une partie de ses privilèges à la députée arabe israélienne dont la participation à la flottille humanitaire pour Gaza a déclenché une campagne politique.

La commission interne de la Knesset a voté en faveur du retrait de certains des privilèges parlementaires accordés à la représentante du parti Balad (gauche).

Dans une Adresse aux autorités et au Parlement Israélien, Patrick Le Hyaric écrit qu’ "au nom du respect de la liberté des parlementaires du monde entier d’exercer leur mandat, nous disons notre désaccord avec les violentes menaces exercées contre la députée Haneen Zoabi.

En vérité elle ne fait que rappeler le droit international.

Elu(e)s de diverses opinions, de France et d’Europe nous demandons au Parlement israélien de créer les conditions pour que la députée Haneen Zoabi retrouve l’intégralité de ses droits de parlementaire, sans restriction"

Imprimez et signez la pétition :

Document PDF

Pétition à retourner au bureau parlementaire de Patrick Le Hyaric :

Nom............................Prénom.....................

Adresse...................................................

Tél............................Courriel...................

par téléphone : 01 49 22 72 76 / 01 49 22 66 24/ 01 49 22 72 01

ou bien directement par mail

Enfin par courrier au :

Bureau parlementaire de Patrick Le Hyaric,
164 rue Ambroise Croizat
93528 Saint-Denis Cedex

L’Humanité

8 juin 2010 - J - Cook - traduction : JPP

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