Jean-Claude Lefort écrit au Parlement européen : "Suspendre l’accord d’association Union Européenne-Israël"
vendredi 4 juin 2010, par
Mesdames et Messieurs les Présidents,
L’attaque de l’armée israélienne, le 31 mai, contre six bateaux chargés d’aide humanitaire pour Gaza constitue, aux yeux du droit international, un « crime de guerre ». Elle visait en effet des embarcations civiles se trouvant dans les eaux internationales. Et, de l’aveu des autorités israéliennes, elle a fait au moins 9 morts et 40 blessés.
Ce nouveau défi d’Israël à la communauté internationale confirme, s’il en était besoin, la nécessité de mettre fin à l’impunité dont jouit cet Etat en lui appliquant des sanctions sévères.
Toute attitude complaisante aboutit, on le voit, à l’exact inverse de l’apaisement souhaité. Israël a été admis, avec les territoires arabes occupés, au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) quelques jours avant l’arraisonnement de la « Flottille de la liberté » ! De même, comme vous le savez, le « rehaussement » des liens entre l’Union européenne et Israël, décidé par le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union le 8 décembre 2008 – contre l’avis du Parlement européen –, avait précédé de peu l’offensive contre la bande de Gaza.
C’est pourquoi je m’adresse aujourd’hui solennellement à tous les président(e)s de groupe du Parlement européen : il est temps, plus que temps de donner un signal fort au gouvernement israélien. Seule la suspension de l’accord d’association entre l’Union et Israël est de nature à porter un coup d’arrêt à cette escalade.
Le 9 décembre 2009, le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne à pris clairement position sur tous les aspects du conflit israélo-palestinien :
. en appelant à négocier « une solution fondée sur la coexistence de deux États, avec l’État d’Israël et un État de Palestine indépendant, démocratique, d’un seul tenant et viable, coexistant dans la paix et la sécurité » ;
. en affirmant que « l’Union européenne ne reconnaîtra aucune modification du tracé des frontières d’avant 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem, qui n’aurait pas été approuvée par les parties » ;
. et que « les colonies de peuplement et la barrière de séparation ont été érigées sur des terres occupées, que la démolition de maisons et les expulsions sont illégales au regard du droit international » ;
. en rappelant « n’avoir jamais reconnu l’annexion de Jérusalem-Est. Si l’on veut parvenir à une paix véritable, il faut trouver un moyen de résoudre par la voie de négociations la question du statut de Jérusalem comme future capitale de deux États ».
Devant le rejet par Israël de toutes ces exigences, l’Union européenne n’a d’autre choix, si elle ne veut pas se rendre complice de l’aventurisme et de la violence, qui tournent le dos au droit et à la paix, du gouvernement israélien, que de suspendre l’accord d’association, en vertu de son article 2 qui en est le « fondement ».
C’est pourquoi je vous appelle, Mesdames et Messieurs les président(e)s, en plein accord avec la grande majorité des citoyens des Etats-membres de l’Union, à provoquer un vote du Parlement en faveur de la suspension de l’accord d’association UE-Israël.
Avec l’assurance de ma haute considération,
Paris, le 2 juin 2010,
Jean-Claude Lefort
Député français honoraire,
Président de l’AFPS
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire