Le puissant Parti Communiste d'Afrique du sud analyse avec lucidité la situation socio-économique et politique inquiétante du pays 16 ans après la sortie de l'apartheid
Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net
Le Parti Communiste d'Afrique du Sud (SACP) est un parti qui a une grande histoire forgée dans la lutte contre l'apartheid, et dans laquelle il a tissé des liens de sang avec ses organisations frères: l'ANC de Mandela et le syndicat de la COSATU. Avec ses trois organisations, ils forment l'alliance tri-partite qui gère l'Afrique du Sud depuis 1994, et le retour de la démocratie.
Parti de plus de 20 000 militants à l'aube de l'an 2000, le Parti Communiste a su devenir un parti de masse, avec ses 96 000 militants – avec une jeunesse et un dynamisme notable chez ses adhérants – non en reniant ses fondamentaux marxistes-léninistes mais bien en affirmant sa nature de parti de classe. Sa force repose avant tout sur son implantation dans les quartiers et sur les lieux de travail, sur son lien organique avec le syndicat de classe COSATU et enfin sur la justesse de sa position vis-à-vis de l'évolution de la Révolution national-démocratique.
Pilier de l'alliance tri-partite, défenseur acharné des conquêtes de la lutte contre l'apartheid, le Parti communiste n'en reste pas moins très critique envers l'évolution « bourgeoise » et « capitaliste » de la Révolution national-démocratique. Et c'est ici moins un instantané que la mise en perspective historique du Parti Communiste qui nous permet de mieux comprendre les racines de cette révolution inachevée.
AC
Tout au long du mois d'avril, avec nos alliés, le SACP a mené une campagne pour intensifier la lutte contre la corruption. Nous avons entamé 34 jours de lutte intensive le 29 mars, lors d'un séminaire plus que réussi sur la corruption à Braamfontein. Durant ce mois d'avril, et en l'honneur de notre martyr, le camarade Chris Hani, nous avons porté la campagne dans les quartiers et les lieux de travail. Le 30 avril, il y eut un défilé massif mené par le SACP à Durban contre la corruption avec à sa tête notre secrétaire-général, le camarade Blade Nzimande, et le secrétaire-général de la COSATU, le camarade Zwelinzima Vavi
Et le jour suivant, le 1er mai 2010, en tant qu'intervenants du SACP, avec nos camarades de la COSATU et de l'ANC, nous avons profité de l'occasion des commémorations du 1er mai dans tout le pays pour conclure cette première phase de ce qui doit être désormais une lutte intensive et de tous les moments contre le fléau de la corruption.
Mais pourquoi le SACP a-t-il choisi le thème de l'intensification de la lutte contre la corruption? Et n'y a-t-il pas d'autres questions importantes concernant la classe ouvrière d'Afrique du Sud en ce moment? Oui, nous avons de nombreux défis à affronter, mais si nous ne remportons pas une victoire contre ce fléau que constitue la corruption, nous perdrons sur toute la ligne.
La lute contre la corruption est une lutte morale, mais elle n'est pas juste une lutte morale. Elle fait partie intégrante de la lutte de la classe ouvrière et des forces populaires contre ceux qui compromettent, affaiblissent, sapent et littéralement bradent notre Révolution national-démocratique.
Pour comprendre pourquoi nous disons cela, il est important de revenir un peu en arrière et de penser à la réalité actuelle de l'Afrique du Sud
16 années de démocratie et notre peuple vit encore dans la pauvreté
Mardi de la semaine dernière, nous avons fêté le 16ème anniversaire de la démocratie en Afrique du sud. Durant ces 16 années, ensemble, nous avons accompli de grandes choses. Et pourtant les travailleurs et pauvres d'Afrique du sud continuent à endurer des salaires de misère, le chômage, le manque de terres, des services de santé de piètre qualité et plus généralement de piètres opportunités en terme d'éducation et de formation.
Durant les 16 dernières années, nous avons réalisé de grandes choses, mais:
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lorsque nous avons commencé en 1994, le taux de chômage (dans sa définition la plus étroite) avait atteint le niveau critique de 24%. Au milieu de l'année 2008, juste avant que la crise capitaliste mondiale frappe l'Afrique du sud, et après 15 ans de croissance économique, quel était le taux de chômage (toujours défini de manière étroite)? Il était plus ou moins EXACTEMENT au même niveau que celui de notre point de départ – 24%!! (Depuis la récession, et la perte de près d'1 million d'emplois l'année dernière, la crise du chômage a encore empiré)
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lorsque nous avons commencé en 1994, après des siècles d'oppression raciale, nous étions l'une des sociétés les plus inégales au monde. Et maintenant, après 16 années de « services rendus » à notre peuple, où en sommes-nous? De manière choquante, les inégalités de revenus (mesurés par le coefficient dit GINI) nous enseignent que nous sommes restés une société plus inégalitaire que jamais. Nous sommes parmi les pires pays dans le monde. Et cette inégalité reste fortement racialisée.
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Lorsque nous avons commencé en 1994, dans notre Programme de Développement et de Reconstruction (RDP), nous avions estimé que la pénurie de logements était de 3 millions. De manière incroyable, au cours des 16 dernières années, nous avons en réalité construit plus de 3 millions de maisons à coût modéré. Alors, quelle est l'état de la pénurie des logements désormais? Selon le Ministère du logement, la pénurie de logement se situe désormais quelque part entre 2 et 3 millions de logements!!
Pourquoi avons-nous l'air de tourner en rond? Pourquoi, quand vous avez fait tant de choses au cours des 16 dernières années, avons-nous l'impression de revenir à notre point de départ?
La DA [droite nostalgique de l'apartheid] et les autres partis d'opposition nous disent que nous ne pouvons continuer à accuser l'apartheid. Et, en quelque sorte, le SACP est d'accord avec eux (mais seulement pour être en désaccord total avec eux, bien sûr, en fin de compte). Oui, il est vrai que nous ne pouvons pas continuer à accuser l'apartheid... c'est le CAPITALISME qu'il faut accuser.
Après tout, nous avons démantelé le système d'apartheid, nous avons aboli les lois d'apartheid et la constitution d'apartheid. Mais sous l'apartheid, il y a toujours eu un système qui le soutenait et le façonnait... et ce système était un système capitaliste.
Et avant l'apartheid, pendant la période du ségrégationnisme sous Jan Smuts, il y avait un système qui continuait à fonctionner, façonnant les destinées de notre pays et de son peuple... et ce système était un système capitaliste.
Mais avant le ségrégationnisme, pendant la période de la conquête coloniale et de la dépossession, il y avait un système qui a envoyé des armées sur nos côtes, qui a mis en place des lignes de chemins de fer et construit des ports coloniaux, qui ont contraint des millions de paysans à devenir des travailleurs migrants. Il y avait un système qui était à l'origine de la formation de l'Afrique du sud elle-même, si on remonte à 1910, il y a exactement 100 ans... et ce système était un système capitaliste.
Nous avons aboli l'apartheid, Smuts est venu et est reparti, l'ère de la conquête impériale et de la colonisation de notre pays est du passé... mais ce qui continue à exister, c'est ce même système d'oppression qu'est le capitalisme.
Et ici, nous ne sommes pas en train de parler du capitalisme en général, mais la version particulièrement virulente de capitalisme semi-colonial qui a été imposé à l'Afrique du sud au cours des cent dernières années. C'est une version du capitalisme qui persiste à ce jour.
Si l'on veut comprendre pourquoi, après 16 années de démocratie et un grand nombre de « services rendus » à notre peuple, nous continuons encore à tourner en rond – alors, il est absolument essentiel de comprendre la nature du modèle de croissance capitaliste Sud-Africain. Nous devons le comprendre, afin collectivement de le déraciner et de le détruire, et de mettre notre pays sur les rails d'un nouveau modèle de développement.
Le modèle de croissance capitaliste semi-colonial de l'Afrique du sud
Afin de comprendre les traits principaux du modèle de croissance capitaliste qui est en place depuis 100 ans, il est nécessaire tout d'abord de se rappeler comment le capitalisme est arrivé en Afrique du sud. Il n'a pas émergé de manière organique. Il a été imposé, tout neuf, tout juste sorti de la boîte, importé du plus avancé des pays capitalistes, fin 19ème siècle. C'est la révolution minière de la fin 19ème siècle importée qui a marqué les débuts de la révolution capitaliste Sud-africaine.
Depuis, notre économie a été dominée par ces réalités qui ont façonné notre société:
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Encore aujourd'hui, l'Afrique du sud est trop dépendante de l'EXPORTATION de biens bruts, primaire, comme les minerais.
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Encore aujourd'hui, l'Afrique du sud est trop dépendante de l'IMPORTATION de biens manufacturés, machines-outils, technologies et biens de luxe.
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Encore aujourd'hui, il y a un niveau élevé de concentration monopoliste dans notre économie – les nombreux scandales autour des ententes sur le prix du pain ou de l'acier, par exemple, dévoilés par la Commission sur la concurrence, en sont une indication.
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Liés à tout ce qui était dit au-dessus, nos petites et moyennes industries sont très faiblement développées et notre secteur manufacturier est faible (et il est devenu encore plus faible au cours des dix dernières années, puisque de nombreuses régions de notre pays ont été dés-industrialisées). Pourtant, ce sont les branches qui sont généralement les plus intensives en main d'œuvre.
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Encore aujourd'hui, comme au tout début du capitalisme en Afrique du sud, nous avons un marché du travail fortement dualisé. D'un côté, une mince strate d'artisans qualifiés et de techniciens – autrefois presque exclusivement blancs. Et, d'un autre côté, une masse de travailleurs non-qualifiés et semi-qualifiés. A l'origine, la majorité de ces travailleurs étaient des travailleurs migrants rattachés aux mines. Mais avec le développement du capitalisme, a émergé une classe ouvrière noire plus installée, urbanisée – mais cela n'a rien changé à la nature fortement dualisée du marché du travail.
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Nous continuons à avoir une classe ouvrière divisée parce que notre système d'éducation et de formation reproduit encore une mince minorité de personnes qualifiées, et une masse de personnes sous-qualifiées et souvent inemployables.
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Nous avons une classe ouvrière divisée parce que la masse des travailleurs et des pauvres continue à être marginalisée dans les townships-dortoirs sombres et loins du centre. Même nos trois millions de maisons du plan RDP ont reproduit cette répartition spatiale héritée de l'apartheid – les quartiers communautaires existent en fait, si ce n'est en droit. Désormais ils sont reproduits par le marché immobilier capitaliste.
Mis ensemble, ces éléments essentiels du modèle de croissance capitaliste de l'Afrique du sud nous emmènent au cœur de la réponse à cette question: pourquoi, en 16 ans de démocratie, avons-nous l'impression de tourner en rond?
Nous devons mettre l'Afrique du sud sur modèle de croissance différent. C'est exactement ce que le Président Zuma a déclaré lors de son Discours sur l'Etat de la nation au Parlement l'an dernier. C'est exactement ce que le camarade Pravin Gordhan a déclaré lors de son discours sur le budget cette année. C'est exactement ce que le gouvernement avait en tête quand il a rendu public son nouveau Plan d'action de politique industrielle (IPAP) cette année. L'IPAP est un facteur clé dans la transformation de notre modèle de croissance actuel, capitaliste semi-colonial. La même analyse s'applique à toutes nos autres priorités stratégiques – créations d'emplois, développement rural, la couverture sociale y compris la NHI (Assurance nationale de santé), l'éducation et la formation, la rupture avec le moule des townships-dortoirs et la constitution de quartiers avec mixité sociale, la lutte contre le crime et la corruption – ce ne sont pas des défis déconnectés les uns des autres – ils sont tous liés et forment un tout pour mettre notre société sur les rails d'un modèle de développement différent.
Mais pourquoi n'avons-nous pas commencé à nous occuper de cela plus tôt?
Le facteur subjectif – le projet de classe 1996
Jusque là, nous avons regardé la réalité OBJECTIVE à laquelle nous sommes confrontés – ce système capitaliste semi-colonial qui continue à reproduire la pauvreté, le chômage et l'inégalité. Mais pour expliquer pourquoi nous n'avons pas sérieusement transformé cette réalité objective, il est aussi important de nous examiner nous-mêmes, la réalité SUBJECTIVE – en d'autres termes, nous devons regarder à ce qui se passe au sein de notre propre mouvement – l'alliance menée par l'ANC.
Au cours des dix dernières années, après une lutte longue et difficile, idéologique et organisationnelle, au sein de notre mouvement, le SACP, avec un large éventail des forces de l'Alliance, a réussi à vaincre, à tous les niveaux, la domination dans l'ANC et le gouvernement d'un courant droitier, réformiste – ce que nous avons appelé « le projet de classe 1996 ».
Dans les médias, et parmi nos opposants, notre lutte contre cette tendance a souvent été dépeinte comme une bataille étroitement sectaire entre personnalités et factions, uniquement pour prendre le contrôle de l'ANC. Il est important de nous rappeler que ce n'était JAMAIS ce que NOTRE lutte contre le « projet de classe 1996 » a été.
Nous avons dit que c'était une lutte contre le RÉFORMISME, et ce pour une raison très précise. Dès le milieu des années 1990, l'ANC a commencé à être dominée par une tendance qui ne pouvait pas et ne voulait pas reconnaître que faire progresser et défendre la Révolution national-démocratique après 1994 nécessitait une lutte intensifiée pour transformer radicalement (et ne pas seulement réformer) les traits semi-coloniaux du modèle de croissance capitaliste Sud-africain vieux d'un siècle.
En revanche, ils ont cru que la croissance tirée par le marché (cad, en pratique, la perpétuation du même modèle de croissance semi-colonial), mais désormais sous la co-direction d'une nouvelle classe politique et capitaliste noire, était l'objectif stratégique principale de la Révolution national-démocratique post-1994. « Allez-y, faites-vous du fric! », ont-ils dit aux cadres de l'ANC
Mais ce « projet de classe 1996 » avait toute une série de contradictions internes. Une de ces contradictions était la tension entre:
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les exigences de restaurer le processus d'accumulation capitaliste, et de retrouver le modèle de croissance traditionnel après une décennie de crise aggravée dans les dernières années de l'apartheid, d'une part et;
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le processus d'accumulation primitive qui avait besoin d'une nouvelle strate de capitalistes noirs (« capitalistes sans capital »), d'autre part.
Le premier objectif exigeait que la nouvelle classe politique utilise le pouvoir d'Etat pour créer un environnement favorable aux investisseurs, pour créer des conditions favorables aux grands groupes Sud-Africains pour qu'ils puissent s'étendre régionalement et internationalement, qu'ils adoptent une ligne dure sur le déficit budgétaire (cad, de réduire le « fardeau » fiscal pour la bourgeoisie), et de s'atteler au problème des goulots d'étranglement qui se sont constitués durant les 15 derniers années du régime d'apartheid. Cela nécessitait aussi la stabilisation de « l'État de droit » bourgeois, la garantie des droits de propriété, et une gestion politique « raisonnable » de l'État (cad, « raisonnable » comme l'estiment les agences de notation internationale et les entreprises trans-nationales d'audit).
Le second processus a été confronté au dilemme suivant: comment une strate de capitalistes en herbe allaient acquérir le capital. Deux stratégies liées entre elles ont été utilisées pour encourager la création d'un capital BEE [Black economic empowerment – législation post-apatheid encourageant l'accès à des postes de direction ainsi que la détention d'actions, d'entreprises et plus largement de capital par la bourgeoisie noire]
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Utilisant la législation ainsi que d'autres moyens, on a imposé à la bourgeoisie en place de laisser une partie du gâteau aux entrepreneurs BEE. Dans le fond, cela a été un mariage d'intérêt entre éléments de la nouvelle caste politique d'Etat et le capital en place. En échange de la dot que constituent des politiques d'Etat « favorables au marché », le capital en place a accepté à contre-coeur de céder un pourcentage des titres de propriété à la nouvelle élite. Nous savons, bien sûr, que ce type de promotion étroite BEE a été pleine de faiblesses. Les objectifs ne sont que rarement respectés. Tous les capitalistes sans capital assoiffés ne peuvent être hébergés dans les Conseils d'administration. Les capitalistes BEE se sont souvent vu accorder des activités marginales (comme la plupart des mines BEE – cf le récent scandale Aurore). Bon nombre des capitaux BEE sont aussi des capitaux fortement endettés. Ce sont souvent des actions cédées sous forme de prêt à rembourser dans une période de 5 ans, par exemple, et sujettes aux fluctuations de la Bourse. Le capital BEE est, donc, aussi typiquement un capital non-productif – mais plutôt un capital retiré de la circulation productive – et par conséquent un investissement sans création d'emplois. En outre, cette couche capitaliste BEE souvent ne joue pas, et ne peut pas jouer, le rôle plein et entier d'une classe capitaliste. Son rôle de propriétaire est souvent nominal (il sert de façade à d'autres), et son rôle actif managérial dans l'investissement et la redistribution de capital est limité. Ce sont les raisons pour lesquelles nous les avons qualifié comme étant une classe aux tendances « compradores », cad qu'elles agissent souvent comme un intermédiaire, représentant les intérêts du grand capital (national et international) dans les marchés locaux, en particulier les appels d'offre.
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L'utilisation des chartes et de la législation BEE pour récupérer du capital de la bourgeoisie en place, pour promouvoir une nouvelle couche de capitalistes noirs a été UNE source du capital BEE. Le second moyen principal a été le pillage éhonté des ressources publiques. Comme tous les capitalistes émergents avant eux – des propriétaires terriens de l'Angleterre du 17ème siècle qui ont clôturé les Communaux, aux randlords d'Afrique du Sud de la fin 19ème et début 20 ème – nos capitalistes noirs émergents se sont souvent montrés peu préoccupés par les subtilités du droit, ou le respect de la propriété et des ressources publiques. Au cours des 15 dernières années, il y a eu un pillage massif de ressources publiques, en utilisant notamment les procédures d'appels d'offres publics soit à grande échelle (comme pour les commandes d'armement) ou à l'échelle micro, au niveau des gouvernements locaux. Les accords de privatisation, le tender-preunariat [de tender-preneur – jeu de mot entre tender (marché public) et entrepreneur – néologisme du SACP désignant les capitalistes sud-africains qui se sont enrichis grâce aux marchés publics frauduleux], les renvois d'ascenseur, les bonus de « performance » gonflés dans les entreprises para-publiques, ont été tout un tas de mécanismes de cette forme d'accumulation primitive. Certains d'entre eux étaient protégés par la « loi », la plupart ont été de la corruption pure et simple.
Il est facile de voir comment, tôt out tard, le projet de classe 1996 se heurterait à toute une série de contradictions internes, en particulier entre les exigences de mise en place d'un État de droit bourgeois qui obtiendrait l'approbation d'Ernest and Young et des autres, d'une part, et le mépris de la loi implicite inhérent à tout processus d'accumulation primitive vivant de manière parasitaire sur les ressources publiques et étatiques, d'autre part.
Depuis environ 2005, les contradictions entre les intérêts de ceux qui étaient désormais fermement établis comme capitalistes (et qui étaient bien heureux que l'on ferme les yeux sur leurs propres pillages antérieurs) et ceux qui sentaient qu'ils ne l'étaient pas encore suffisamment ont commencé à se manifester au sein de l'ANC et du gouvernement. Les figures associées au projet de classe 1996 ont été incapables dee maintenir l'équilibre entre ces forces contradictoires qu'ils avaient eux-mêmes déchainés. Cela a contribué à leur défaite à la conférence nationale de l'ANC, à Polokwane en 2007
Comme nous l'avons dit auparavant, les forces derrière cette défaite n'étaient pas, elles, unies. D'une part, le SACP, la COSATU et tant d'autres au sein de l'ANC ont avancé une critique DE PRINCIPE des POLITIQUES réformistes du projet de classe 1996. D'autre part, il y avait ceux dont l'opposition au cercle autour de l'ancien président Mbeki ne reposait pas sur des questions politiques, mais sur de petites rivalités personnelles, des ambitions affairistes frustrées, et un sens particulier de l'injustice, l'idée que l'État de droit n'était valable que pour les autres, et pas pour eux.
La nouvelle tendance
Les tensions et défis actuels au sein de l'ANC se trouvent fondamentalement entre:
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ceux pour qui Polokwane visait à faire de la place pour leurs propres appétits, pour faire leur place dans le processus d'accumulation primitive, trouver une « gamelle »; et
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chacun d'entre nous, ceux pour qui l'élimination du groupe Mbeki visait à créer les conditions pour changer de politique, pour se concentrer sur la tâche principale qui est placer notre pays sur les rails d'une voie de développement différent, pour se concentrer sur nos priorités stratégiques majeures – création d'emplois, couverture santé, éducation, développement rural et lutte contre le crime et la corruption.
Et c'est pourquoi, pour ce premier mai 2010, en tant que SACP, nous disons que le principal défi OBJECTIF de notre lutte national-démocratique en 2010 est d'avancer dans la voie d'un nouveau modèle de développement pour notre pays.
Mais si nous voulons nous élever jusqu'à ce défi objectif, alors nous devons, dans le même temps traiter le défi SUBJECTIF majeur – vaincre le fléau de la corruption dans notre société en général, y compris dans le secteur privé, bien sûr, mais, en particulier, dans nos rangs, dans notre propre mouvement, et au sein du gouvernement
Il y a quarante ans, le jeune Chris Hani avaient courageusement rédigé, et apposé sa signature, un mémorandum adressé à la direction de l'ANC en exil. Dans ce mémorandum, Hani et ses co-signataires ont cherché à analyser pourquoi la lutte armée connaissait un reflux. Le mémorandum identifiait le factionnalisme, le favoritisme, la perte du zèle et de la moralité révolutionnaire et l'impact corrosif de la corruption dans nos rangs. Certains membres de la direction ont arrêté à l'époque Hani pour « mutinerie ». Cependant, d'autres dirigeants de l'ANC ont reconnu la sagesse et les intentions constructives du camarade Chris Hani et de ses compagnons et ils l'ont relâché. Le mémorandum a joué un rôle direct dans la fameuse conférence de l'ANC de Morogoro de 1969, et cela, en retour, a mené à la revitalisation de notre mouvement et à une reprise importante dans la lutte populaire révolutionnaire dans notre pays, au cours de la décennie suivante.
En 2010, honorons la mémoire révolutionnaire du camarade Chris Hani. Dans les boutiques, dans les organismes para-étatiques, dans le privé comme dans le public, dans nos quartier et nos organisations, engageons-nous tous solennellement à nous tenir debout et à éradiquer toutes les formes d'abus et de corruption
Ensemble, restons vigilants!
Tivusa Tingwenya!
Que les tender-preneurs, les fraudeurs, les rentier, ceux qui s'engraissent en volant le peuple, que tous ceux-là tremblent!
A LUTA CONTINUA! VIVE L'ESPRIT COMBATTANT DE CHRIS HANI!!
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