Global Research : quelques rappels nécessaires et généraux sur la crise syrienne
Par Louis Denghien, le 21 septembre 2011
Nous mettons en ligne un très intéressant lien vidéo « emprunté » au site « alter-stratégique » – basé au Québec - Global Research TV, très connu, depuis 2001, pour ses décryptages et dénonciations de la politique du Département d’Etat et de l’Alliance atlantique, notamment en Irak et en Afghanistan. Dans cette émission, GRTV propose – en anglais – une analyse des menées bellicistes de Washington et de ses alliés européens, via l’ONU, contre Damas, et sous le prétexte de préoccupations humanitaires et démocratiques, selon un scénario de type libyen.
La vidéo de GRTV commence par rappeler que les tortures et crimes dénoncés par Amnesty International n’ont été prouvés que dans un nombre très restreint de cas : on voit ainsi le responsable d’Amnesty pour la Syrie, Neil Sammonds reconnaître, dans une interview accordée à la télévision privée – et de sensibilité « progressiste » – américaine Democracy now !, que lui et ses collègues ne se sont pas rendus en Syrie, mais ont collecté, « essentiellement depuis Londres« , leurs « informations » dans les « pays limitrophes« , à partir d’un « vaste réseau » de correspondants établis en Syrie. Un « process » – comme on dit dans le monde de la communication et de la désinformation anglo-saxonnes – qui rappelle celui de l’Observatoire syrien pour les droits de l’homme ( OSDH) fonctionnant lui aussi depuis Londres, avec le concours de « correspondants » et de téléphones satellitaires, et répandant ainsi ses chiffres et « infos » dans toutes les rédactions d’Ocident.Chossudovsky : prétendues atrocités gouvernementales et authentiques groupes armés islamistes
Dans la seconde partie de la vidéo, nous retrouvons Michel Chossudovsky, analyste géopolitique réputé, professeur en sciences sociales et consultant auprès de l’ONU, de l’OIT et l’OMS, et dont Infosyrie a déjà relayé l’analyse de la situation syrienne (voir notre article « Michel Chossudovsky : « L’OTAN et la Turquie derrière les groupes armés en Syrie »« , mis en ligne le 23 août). Pour Chossudovsky, qu’on peut situer dans la mouvance « altermondialiste » et en tout cas « anti-impérialiste », nous en sommes arrivés à un stade « très dangereux » dans la crise syrienne, les Américains et leurs alliés faisant le forcing pour obtenir le feu vert des Nations-Unies pour une intervention musclée contre la Syrie, sous le prétexte de « prétendues atrocités commises par le gouvernement syrien contre des manifestants pacifiques« . Pour le chercheur, on est là face à un cas d’ingérence caractérisée dans les affaires intérieures d’une nation souveraine, venant de la part de puissances qui n’ont jamais encouragé vraiment la démocratie mais ont, au contraire, soutenu pas mal de dictateurs, y compris dans le monde arabe.
Chossudovsky revient ensuite sur la genèse de la « révolution démocratique syrienne » : dès le début des troubles, à la mi-mars dans la ville méridionale de Deraa, les forces de l’ordre ont été confrontées à des « escadrons de la mort bien armés » et non à un mouvement pacifique – et Chossudovski rappelle que cette analyse a été celle de la plupart des premiers compte-rendus de la presse internationale. Dans « toutes les soit-disant manifestations d’opposition » on retrouve, dit l’universitaire canadien, on « des combattants islamistes, snipers, groupes armés » qui, dès le début, se sont appliqués à attaquer et à incendier les « bâtiments publics« , symboles de l’Etat, par exemple à Hama le palais de Justice ou la Banque agricole.
En conséquence, répète Michel Chossudovsky, l’opinion internationale doit bien être consciente que la Syrie n’est pas agitée aujourd’hui par une révolution pacifique – même si des civils désarmés et sincères participent aux manifestations – mais par une « insurrection armée qui se développe d’une ville à l’autre« .
Et c’est une insurrection soutenue politiquement et techniquement par l’étranger : « Nous avons aujourd’hui des preuves solides que la Turquie et Israël soutiennent les groupes armés en Syrie ». En ce qui concerne la Turquie, on ne fait plus le compte des menaces de type militaire d’Erdogan contre Damas, ni des déclarations de soutien aux Frères musulmans syriens. Bref, ces puissances et celles de l’OTAN fournissent en fonds et en armes les groupes armés qui, à leur tour, fournissent à l’OTAN des prétextes pour une éventuelle intervention militaire contre la Syrie.
A propos des snipers
La vidéo se conclut par le – nécessaire – rappel du soutien constant de l’administration américaine aux groupes d’oppositions – armés ou politiques – syriens : entre autres, les 50 millions de dollars du programme – étalé sur ces deux dernières années – du gouvernement américain destiné à équiper les activistes anti-Bachar des plus récentes technologies, soit-disant pour les « aider à se protéger des arrestations et poursuites de la part du gouvernement autoritaire ». Un programme mis en route par le Secrétaire d’Etat américain aux Droits de l’homme Michael Posner.
Le speaker de GRTV s’intéresse encore à la « légende urbaine » des snipers bacharistes tirant depuis les toits sur les cortèges funèbres de manifestants pacifiques tués dans de précédentes manifestations, « information » véhiculée par des « sources anonymes, de seconde main et invérifiables » (une allusion à l’oeuvre de l’OSDH ?). Il s’étend, photos à l’appui, sur les activités d’une organisation américaine regroupant des tireurs d’élite, baptisée « Gen’ Next » (« Nouvelle génération »). L’année dernière, les fines gâchettes de Gen’ Next se sont impliqués dans des séances d’entraînement de ressortissants de pays connus pour n’être pas « american and israelian friendly« . Cet entraînement « rodait » les participants à l’utilisation de fusils à lunette de haute précision et de fort calibre ainsi qu’à des armes lance-grenades.
A un niveau plus élevé, GRTV fait état d »une réunion tenue le mois dernier au quartier général de l’OTAN à Bruxelles, et associant le haut-commandement militaire turc, avec pour ordre du jour, le lancement d’une campagne de déstabilisation de la Syrie. Ce, en dotant les groupes activistes d’armes anti-char, de mortiers et de mitrailleuses lourdes.
Pour l’essentiel, les thèses et informations de Global Research TV sont connus des visiteurs d’Infosyrie et, au-delà, de tous ceux qui ont un regard critique sur la couverture médiatique et les postures diplomatiques ayant cours en Occident sur le sujet, depuis six mois. On ne peut néanmoins que se féliciter que les foyers de « ré-information » se multiplient via la toile.
Pour nos lecteurs anglophones, voici donc la vidéo :
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