Résumé du rapport annuel « Œil sur al-Aqsa » rédigé par l’Institution Internationale pour al-Quds (QII)
Par Institution internationale Al-Quds
1 – la propagation de l’idée de la présence juive dans la mosquée al-Aqsa, du point de vue politique, religieux et juridique.
2 – D’après l’étude détaillée de tous les travaux d’excavation, de construction et de confiscation sous la mosquée al-Aqsa, ainsi que leur cours et évolution tout au long de l’année, il semble bien que l’occupation vise à fonder une ville juive sous et aux alentours de la mosquée, qui en est le centre, et construit une infrastructure complète pour assurer une présence juive dans et autour de la mosquée.
3 – La concrétisation de la présence humaine et effective à l’intérieur de la mosquée al-Aqsa et les tentatives d’intervenir dans sa gestion. Le rapport étudie les incursions et les déclarations des personnalités officielles, des extrémistes juifs et des appareils sécuritaires, où il constate le partage des rôles entre ces trois parties, unies pour réaliser le même but, le partage de la mosquée al-Aqsa entre juifs et musulmans et ce, le plus tôt possible. Le rapport a observé l’empêchement permanent de faire des travaux d’entretien des parties de la mosquée, la restriction de mouvement des fonctionnaires des awqaf [donations faites à perpétuité par un particulier à une œuvre d'utilité publique, pieuse ou charitable, ndlr] qui constituent le nerf exécutif de ce département, en vue d’empêcher l’accomplissement des tâches nécessaires, pour arracher l’exclusivisme musulman à la mosquée au profit du département archéologique israélien. Le rapport examine également l’emprise sur l’entrée de la mosquée et la tentative de l’occupant de modifier les règles du contrôle sur ses portes, la limitation de mouvement des fidèles en fonction du lieu de leur vie et de leur âge.
4 – Examen des réactions des principaux concernés par la situation de la mosquée al-Aqsa.
A – sur le plan politique
Le fait le plus important au cours de l’année passée fut le rapport du « contrôleur général de l’Etat » présenté à la commission de supervision du parlement de l’occupation, la Knesset, sur la possibilité d’imposer la souveraineté israélienne sur la mosquée al-Aqsa, et sa mise sous le contrôle de la loi du département israélien archéologique. La commission de supervision de la Knesset avait chargé le contrôleur général de préparer une étude à ce propos en 2008. Dans son étude, ce dernier a considéré que les « travaux exécutés par les Awqaf dans « Istablât Soleiman » ont eu lieu sans coordination avec les autorités concernées en application de la loi concernant « le mont du temple », et sans obtention des autorisations et permis nécessaires. L’utilisation des outils mécaniques au cours des travaux a détruit quelques vestiges archéologiques », à propos des travaux de réfection, l’ouverture de la mosquée Marwani qui a eu lieu il y a une dizaine d’années et l’ouverture des grandes portes qui a suivi. Ceci est une confirmation de la position des extrémistes juifs prétendant que les travaux de réfection exécutés par les Awqaf détruisent « le patrimoine et les vestiges juifs » présents dans le lieu !
Ce rapport a également considéré que les parties responsables du maintien de la loi dans « le mont du temple » ont manqué à leurs tâches, et qu’il aurait fallu que le département archéologique agisse avec la municipalité et le procureur général pour obliger les Awqaf à coordonner avec les parties israéliennes spécialisées, et obtenir les permis nécessaires pour exécuter les travaux. Le président de la commission de la Knesset ayant étudié le rapport a immédiatement déclaré après la réunion : « les choses sont devenues meilleures à présent, tous les travaux menés par les Awqaf se font en coordination avec les « parties concernées » ».
Il est clair, d’après les retombées du rapport et les déclarations à son propos, que les milieux des extrémistes juifs essaient de profiter de l’événement pour empêcher la poursuite des travaux de réfection du dôme d’al-Silsila, prétendant qu’ils font partie de « travaux clandestins » menées par les Awqaf sous le dôme pour « détruire les vestiges du lieu de saCRIFice juif » qui se trouvait dans ce lieu, d’après leurs allégations.
Le « calme relatif » sur le plan politique en ce qui concerne la mosquée al-Aqsa peut être expliqué par le fait que le gouvernement de l’occupation a mis en avant, comme mesures prioritaires, la colonisation dans la ville d’al-Qods et la bataille démographique. Mais aussi au fait que l’occupation a achevé la plus grande partie de son projet qui vise à judaïser et partager la mosquée, en vue de construire « la ville juive historique » ou assurer les infrastructures, les mesures sécuritaires et le climat politique pour faire accepter l’état de fait.
Le second fait politique important concerne le dévoilement des graves concessions que le gouvernement de l’occupation a réussi à arracher au négociateur palestinien, en ce qui concerne la mosquée al-Aqsa, ce dernier ayant déclaré être prêt à discuter de la question de la mosquée al-Aqsa, à poser des « solutions innovatrices » concernant la souveraineté qui y serait instaurée, pour inciter les sionistes à s’asseoir autour de la table des négociations et discuter de la question d’al-Qods.
B – sur le plan religieux
Les dix dernières années furent témoins de graves changements quant à la position religieuse concernant l’entrée des juifs au « mont du temple », puisqu’une grande partie des références religieuses dans l’Etat sioniste sont passées d’une position interdisant l’entrée des juifs au « mont du temple » à une position autorisant leur entrée, et même les incitant à le faire, passant outre la condition de pureté dont les juifs ne jouissent pas selon la définition juive, et passant outre également la venue du messie sauveur, condition préalable à l’entrée des juifs dans le lieu.
L’évolution la plus notable à ce propos a eu lieu l’année dernière avec l’ordonnance émise par le rabbin de Safad, Samuel Eliahou, l’un des principaux rabbins sefarades dans l’Etat, qui s’est prononcé sur l’obligation de faire des offrandes de pâque dans « le mont du temple », face au Dôme du Rocher, précisément, considérant que « tout retard à accomplir ce rite entraîne le châtiment divin.. ». Cette ordonnance est la première dans l’Etat permettant de faire des offrandes dans « le mont du temple ».
Et finalement, le 9 août dernier, à la date de la « commémoration de la destruction du temple », selon la datation juive, une manifestation rassemblant des religieux haridim, qui ont adopté la position de « la montée au temple », a eu lieu, alors que les principales références haridim continuent à interdire l’entrée des juifs dans le lieu.
C – sur le plan juridique
Après l’occupation de la mosquée en 1967, les autorités de l’occupation avaient remis la responsabilité de sa gestion aux Awqaf jordaniens et avaient émis une loi sur la « protection des lieux saints », interdisant aux juifs d’y entrer. Mais les extrémistes juifs réclamant la domination de la mosquée, malgré leur faible influence politique à l’époque, avaient réussi à faire émettre des jugements judiciaires leur permettant de se trouver dans la mosquée aux côtés des musulmans. Dès 1993, ils consultent le tribunal suprême à propos de la situation juridique de la mosquée, et celui-ci répond qu’elle « fait partie intégrante de l’Etat d’Israël ». A partir de ce jugement, les associations extrémistes introduisent plusieurs affaires en justice pour obtenir des gains supplémentaires. En 2003, elles obtiennent la décision d’autoriser les juifs d’entrer dans la mosquée, et en 2005, l’autorisation d’y prier entre 7 h du soir et 9 h du matin, au moment où les musulmans n’y sont pas nombreux. Concernant la police, son devoir d’empêcher les juifs d’entrer à la mosquée s’est transformé en devoir de les protéger, suite à une ordonnance de 2009.
Au cours de l’année derrière, 150 extrémistes juifs ont porté plainte contre les Awqaf musulmans pour « destruction des vestiges juifs datant de l’époque du premier temple », mais la haute cour a rejeté la plainte pour des raisons judiciaires.
Mais le plus notable fut la campagne politique et médiatique organisée par des extrémistes juifs soutenus par des députés de la Knesset contre la police israélienne l’accusant de « discrimination envers les juifs », concernant leur entrée dans la mosquée, comme si les juifs avaient des droits sur la mosquée. Suite à cette plainte, le chef de la police fut convoqué devant une commission parlementaire le 16 juin 2011, le procureur de l’Etat fait une incursion dans la mosquée pour enquêter sur la question le 28 juillet 2011, et l’affaire aboutit à l’aveu de la police qu’il y a bien « discrimination envers les juifs », promettant d’y remédier en accordant plus de facilités à l’entrée des juifs dans la mosquée. Cela s’est immédiatement traduit sur le terrain le 9 août 2011, en plein mois de Ramadan, avec l’incursion de 500 extrémistes juifs dans la mosquée, sous protection de la police, à l’occasion de la « commémoration de la destruction du temple », et cela pour la première fois depuis l’occupation de la mosquée en 1967.
A – les excavations
Au cours de la période couverte par ce rapport, les excavations menées sous et autour de la mosquée al-Aqsa sont passées à un nouveau stade, celui de la réfection des tunnels et des lieux souterrains, pour pouvoir recevoir des visiteurs, ainsi que les travaux d’infrastructure sous et au-dessus du sol pour transformer « la ville juive historique » en un lieu touristique.
Ce qui signifie en fait que l’occupant a presque achevé la construction de la « ville juive historique » qui pourrait recevoir près d’un million de visiteurs, où la ville d’al-Qods et la mosquée al-Aqsa en font partie, sans cependant passer par les quartiers maqdisis ni rencontrer des Maqdisis.
La majeure partie des travaux de l’occupation a consisté à achever de lier les parties de cette ville, au sud et à l’ouest par les tunnels creusés. Et à ce propos, l’occupant a fini de construire le tunnel reliant entre « la ville de David » à Silwan au réseau des tunnels du mur occidental, au nord. Ce tunnel qui commence par la route hérodienne et continue pour passer sous la mosquée al-Aqsa et ses alentours, est le plus long et permettrait aux juifs d’arriver à la place al-Bouraq et les portes de la mosquée al-Aqsa sans passer par l’agglomération palestinienne au sud, ce qui représente un grave danger pour la mosquée, puisqu’il facilitera les incursions et les agressions futures.
Au niveau des infrastructures, l’occupant a entrepris de faciliter l’arrivée des touristes aux « sites touristiques » en élargissant les routes et les entrées. Il a, de ce fait, ouvert une nouvelle porte dans le mur au sud de la vieille ville, ce qu’il fait pour la première fois depuis son occupation de la vieille ville en 1967.
Les plus grands travaux ont été entrepris dans la place al-Bouraq, pour l’agrandir en hauteur et en largeur, agrandir ses entrées, construire un musée et un site touristique, un poste de police et un parking. Ce projet est le premier du genre qui vise la place al-Bouraq depuis la destruction du quartier al-Maghariba, après l’occupation de la vieille ville, là où se trouve actuellement la place al-Bouraq.
Malgré le recul numérique des excavations, quatre sites ont été ouverts cette année, dont la nature constitue un grave danger, d’autant plus qu’ils se situent dans des quartiers palestiniens densément peuplés, comme le quartier de Silwan, où la présence palestinienne constitue un frein au projet de l’occupant. Ce qui explique la férocité de la répression de la police de l’occupation qui n’hésite pas à arrêter les enfants et à les torturer pendant les interrogatoires.
L’occupant ne s’est pas contenté des poursuites sécuritaires, mais il a accentué les poursuites judiciaires contre la population palestinienne en vue de l’expulser. La municipalité de l’occupation a entrepris des projets de réfection des routes et des façades des immeubles dans lesquels elle vit, les rendant adaptés « au caractère juif » du lieu, sans l’autorisation des propriétaires et sans avoir au préalable affiché le plan d’occupation du sol et des travaux.
L’évolution des excavations au cours de cette période impose aux parties arabes et musulmanes de revoir leurs stratégies d’affrontement, puisque la « ville juive » est devenue aujourd’hui un fait, qu’il faut parvenir à affronter et lui ôter sa légitimité. Il faut signaler ici l’expérience du Centre d’informations de Wadi Helwa présent à Silwan, au sud de la mosquée al-Aqsa, qui s’oppose au projet en présentant la vraie histoire aux touristes qui visitent les lieux et en montrant les réels dangers des projets de l’occupation.
Quatre nouveaux sites d’excavation ont été ouverts, deux au sud de la mosquée et deux à l’ouest, pour arriver à un total de 38 sites d’excavation, dont 25 en activité et 13 achevés. 17 sites se trouvent au sud de la mosquée, 19 à l’ouest et 2 au nord de la mosquée.
a – les excavations au sud
Elles visent à trouver ce qui s’appelle « la ville de David » qui s’étendrait, selon les allégations sionistes, du complexe de Ayn Silwan jusqu’aux murs de la mosquée al-Aqsa. C’est l’association Al-‘Ad qui en est responsable.
b – les excavations à l’ouest
Là se trouve le nerf principal de la ville juive que l’occupant construit sous la mosquée. L’association « la protection du patrimoine du mur occidental » est la principale responsable des excavations dans cette sphère.
c – les excavations au nord
Elles s’étendent tout le long des murs de la mosquée, à partir de Bab Hatta à l’est jusqu’au tournant nord-ouest de la mosquée. Elles visent à raccorder la « ville juive » à la Via Doloresa, en vue d’unifier les tours touristiques entre les sites chrétiens et juifs, pour confirmer l’idée d’un patrimoine judéo-chrétien dans la ville. Deux sites d’excavation sont en activité.
B – les constructions et confiscations de terres autour de la mosquée al-Aqsa
Il s’agit pour l’occupant d’accentuer le caractère juif de toute la zone où se trouve la mosquée al-Aqsa et de renforcer la présence juive en s’installant dans les maisons, point de départ pour les futures incursions dans la mosquée ou alors pour entreprendre des excavations et renforcer la présence sécuritaire autour de la mosquée.
Au cours de la période couverte par le rapport, nous assistons à un recul des confiscations des terres dans cette zone, qui peut être expliqué par l’inauguration l’année dernière du plus grand site juif « le temple de la ruine » ce qui rendrait les provocations supplémentaires inutiles, en attendant les années suivantes.
Le fait le plus notable à ce propos concerne la transformation, en janvier 2011, de la zone Haouch Shehabi près de la porte al-Hadid (une des portes de la mosquée située à l’ouest) en une place semi officielle pour la prière des juifs, en installant une pancarte où est inscrit le vrai nom en arabe, mais qui se transforme en anglais et en hébreu en « le petit mur des lamentations ». Le danger provient non seulement de la transformation de ce lieu, mais aussi de la présence continuelle des juifs dans ce lieu, avec les demandes de réfection et d’élargissement des voies pour y parvenir, avec la menace contre les Palestiniens qui y vivent qui ne peuvent plus se rendre librement à la mosquée à al-Aqsa par la porte al-Hadid.
Le second fait notable est la discussion par le parlement de l’occupation le 3 août 2011 d’un projet de construction d’une ligne de téléférique qui relie la partie occidentale d’al-Qods à la place Al-Bouraq, au sud de l’ancienne ville, au-dessus des quartiers al-Thawri, Wadi Jahannam et Jabal Sahyoun. Ce projet a pour objet de transporter plus de 4000 touristes par jour de la partie occidentale d’al-Qods vers la vieille ville. Si le projet rencontre des difficultés financières à présent, il n’empêche que sa réalisation constitue une réelle menace contre la mosquée al-Aqsa, puisqu’il facilitera les incursions des colons juifs dans la mosquée et contribuera à isoler la face arabo-musulmane de la ville, transformant la mosquée en un lieu touristique et non un lieu de prières pour les musulmans qui sont exclus du plan touristique de l’occupant.
L’occupant a également adopté en janvier 2011 un plan de financement d’un musée dans la banlieue de Silwan, au sud de la mosquée, à l’intérieur du parc national géré par l’association coloniale Al-‘Ad. Et en vue de consolider le rôle de l’association al-‘Ad, le parlement de l’occupation a adopté en première lecture le 27 juillet 2011 une loi transférant la gestion des parcs nationaux à des particuliers. Ce qui signifie la possibilité pour les associations coloniales de poursuivre et d’expulser les habitants maqdisis de la ville, de confisquer leurs biens et leurs terres, sans intervention du gouvernement de l’occupation, et ce, pour échapper aux pressions internationales concernant ces mesures. L’association al-‘Ad est chargée d’exécuter le projet de l’occupation visant à construire des parcs bibliques sur une large superficie des terres de Silwan.
Ce fut la priorité de l’occupation au cours de la période couverte par le rapport. Tous les efforts ont visé à préparer le terrain pour cette présence, tant au niveau de sa protection que de sa légitimation. Malgré le faible nombre des incursions, celles-ci étaient cependant plus massives et plus organisées.
La mosquée al-Aqsa a été instaurée comme un lieu pour la célébration des occasions religieuses et nationales juives, pour un grand nombre de juifs religieux. Pas une occasion n’est passée sans que l’on ait assisté à une incursion à l’intérieur de la mosquée, dont l’ampleur dépendait des estimations sécuritaires de la police de l’occupant.
Le point le plus saillant fut l’attitude de la police envers ces incursions, caractérisée par une tolérance claire envers les colons, leur permettant d’exercer leurs rites religieux, certains policiers y participant également, au moment où elle affichait une attitude violente envers les fidèles, leur interdisant de s’approcher des colons et de prononcer « Allah Akbar » à haute voix. La police a même arrêté des fidèles ayant élevé la voix, les accusant de troubler la tranquillité du lieu, et les condamnant à l’interdiction de prier dans la mosquée ou à payer des amendes.
Le recours de la police de l’occupant à cette attitude vise à semer la peur dans le cœur des fidèles pour les empêcher de s’approcher des extrémistes juifs, même si le nombre des policiers devenait faible. Alors qu’il y a quelques années, c’étaient les colons qui avaient peur lors de leurs incursions dans la mosquée et qu’ils se hâtaient de la quitter, l’occupant cherche à installer la peur dans les cœurs des musulmans de sorte qu’il n’ait plus besoin de faire accompagner les colons par un grand nombre de policiers, lorsque la mosquée serait partagée.
La police a également visé à plusieurs reprises les fidèles qui assurent la protection de la mosquée par leur présence, surtout avec le projet « Plate-formes du savoir ». L’identité des participants fut relevée, les embûches dressées sur leur trajet, lors de leur arrivée ou leur départ de la mosquée. A plusieurs reprises, tous les participants furent expulsés de la mosquée pour laisser la voie libre aux extrémistes juifs. D’autre part, la police de l’occupant a pris des mesures excessives pour limiter le nombre de fidèles voulant prier dans la mosquée, au cours du mois de Ramadan, ne laissant que 150.000 ou même 70.000 fidèles entrer. C’est la première fois que l’occupant impose des mesures aussi sévères pour l’entrée des fidèles au mois de Ramadan.
Pour la première fois également, la mosquée al-Aqsa fut le théâtre d’une prière collective publique de la part des colons, sous la protection de la police, suite à une entente préalable entre la police, les responsables des colons et des parties politiques. Cette prière a même été filmée et diffusée sur plusieurs médias, y compris officiels. Le calme dans lequel s’est déroulée cette provocation risque d’ouvrir l’appétit de l’occupation pour recommencer cet acte, de manière plus fréquente dans l’avenir, avant de l’imposer en tant que fait accompli.
La mosquée al-Aqsa fut également victime, au mois d’août 2011, de la plus vaste incursion collective de colons depuis son occupation en 1967, avec l’entrée en force de plus de 500 colons à l’occasion de la célébration de « la destruction du temple » et le nombre des colons ayant pénétré de force dans la mosquée au cours des trois dernières semaines précédant cette commémoration fut de 1000 colons.
Il faut remarquer, au cours de cette période, que les femmes juives ont rejoint les groupes d’attaque de la mosquée, ce qui constitue une première à ce niveau. Cela s’est répété quatre fois au cours de la période couverte par ce rapport.
A – les incursions et les déclarations des personnalités officielles
4 personnalités officielles ont pénétré de force dans la mosquée : Michael Ben-Ari, membre du bloc national, le 7 juin 2011 ; Sarah Balin, gouverneur précédente de l’Alaska en compagnie d’un membre du parlement de l’occupation, exprime son regret quant à la limitation de la liberté de prière dans la mosquée al-Aqsa pour les juifs ; Yo’al Hasoun, membre Kadima au parlement de l’occupation, qui pénètre dans la mosquée pour « constater les dégâts occasionnés par les Awqaf sur les vestiges juifs » ; le procureur de l’Etat qui pénètre de force dans la mosquée le 28 juillet 2011 pour enquêter sur les plaintes de « discrimination envers les juifs ».
B – incursions et déclarations des extrémistes juifs
Les extrémistes juifs et les associations coloniales ont mené plus de 21 incursions au cours de la période couverte par ce rapport , qui s’étendaient sur une journée entière ou plusieurs jours. Il faut cependant noter les incursions quotidiennes des associations de moindre importance, ce que ce rapport ne peut décompter. Les incursions les plus importantes furent :
1 – plus de 160 religieux juifs pénètrent le 2 décembre 2010 dans la mosquée al-Aqsa au cours de la fête « Hanuka » et y célèbrent des rites religieux, publiquement. Au même moment, la police interdisait aux fidèles musulmans d’entrer dans la mosquée, en fermant toutes les portes, à l’exception de deux, par lesquelles elle a autorisé les plus âgés d’y entrer.
2 – la police de l’occupation arrête un colon le 20 décembre 2010 qui essayait de pénétrer dans la mosquée avec une quantité d’explosifs.
3 – les 13, 16 et 17 mars 2011 : des groupes de colons entrent dans la mosquée accompagnés par un grand nombre de policiers de l’occupation. Il se dirigent vers les « Plateformes du savoir » où se rassemblent les fidèles, en signe de provocation et la police arrête des fidèles en les accusant d’avoir élevé la voix.
4 – les 20 et 21 avril 2011, plus de cent colons pénètrent dans la mosquée et y accomplissent leurs prières.
5 – plus de 200 colons pénètrent dans la mosquée le 2 juin 2011 et y accomplissent une prière collective publique, sous la protection de la police de l’occupation.
6 – le 12 juin 2011, un groupe de femmes juives pénètrent dans la mosquée al-Aqsa, s’y promènent en compagnie d’un rabbin. Trois autres incursions menées par des femmes juives seront répétées depuis cette date.
7 – Plus de 1000 colons pénètrent dans la mosquée al-Aqsa à l’occasion de la commémoration « de de la destruction du temple » le 9 août 2011.
C – Incursions et déclarations des appareils sécuritaires
Les appareils sécuritaires de l’occupation avaient achevé, au cours des années précédentes, les infrastructures nécessaires pour le contrôle total de la mosquée. Ils ont également mis au point les entraînements et les manœuvres nécessaires pour pouvoir imposer la division de la mosquée al-Aqsa. Au cours de la période couverte par ce rapport, les appareils sécuritaires ont poursuivi leur rôle consistant à établir une banque de données sur les fidèles et leurs déplacements, et à faciliter l’entrée des colons juifs et limiter le nombre des fidèles. Au cours de la période couverte par le rapport, les appareils sécuritaires ont mené 9 incursions dans la mosquée al-Aqs :
1 – des détachements de la police et des services de renseignements pénètrent dans la mosquée al-Aqsa les 2 et 3 mars 2011, circulent dans ses places et entrent dans la mosquée Qibli et le dôme des Rochers en vue de prendre des photos et rassembler des informations.
2 – les 17 et 21 mars 2011, la police pénètre dans les places de la mosquée al-Aqsa et prend en photos tous les fidèles présents et les participants aux « Plateformes du savoir », établit un plan des lieux de leurs rassemblements à l’intérieur de la mosquée et ses bâtiments.
3 – le 20 avril 2011, un soldat de l’occupation lance une bombe incendiaire à l’est de la mosquée. Les fidèles parviennent à empêcher le déclenchement de l’incendie.
4 – Un grand nombre de soldats femmes pénètrent dans la mosquée le 28 avril 2011 pour une manœuvre en cas d’affrontements avec les femmes fidèles présentes dans la mosquée.
5 – le 6 août 2011, la police pénètre dans la mosquée, fait sortir les fidèles de la mosquée Qibali et autres places, en vue de laisser y pénétrer les extrémistes juifs à l’occasion de « la destruction du temple ».
Bien que l’occupant ait poursuivi ses violations de la mosquée, aucune réaction n’a été enregistrée au cours de l’année passée, notamment dans le monde arabo-musulman, seule la population palestinienne vivant dans les territoires occupés en 48 (les Palestiniens de 48) a constitué le nerf de la protection de la mosquée, à cause de la facilité avec laquelle elle peut circuler dans al-Qods en comparaison avec la situation des Palestiniens en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. De même, les organisations et forces politiques palestiniennes n’ont conçu aucun projet à ce niveau, mais se sont contentées de mettre en garde contre ce qui s’y passe.
Sur le plan palestinien
L’explosion de colère qui a eu lieu l’année passée (mars 2010) fut la dernière en réaction à ce qui se passe au niveau de la mosquée al-Aqsa et s’était presque limitée aux Palestiniens de 48 et d’al-Qods : ce sont ceux-là que l’occupation cherche à éloigner par des mesures limitant leurs déplacements et les empêchant de parvenir jusqu’à la mosquée al-Aqsa.
Les organisations et formations politiques palestiniennes sont toujours dans l’incapacité de réagir à la menace, se contentant d’adresser des mises en garde et à rappeler la responsabilité arabe et musulmane. La situation de division de la scène palestinienne avait contribué à étendre cette incapacité et malgré la proclamation de la réconciliation, que les maqdisis ont massivement soutenue, rien n’a changé sur le terrain.
Le dévoilement par la chaîne al-Jazeera de la proposition des négociateurs palestiniens, relative à une commission « commune » pour gérer la mosquée a lourdement pesé sur la marginalisation de la mosquée al-Aqsa. Le seul appui réel et concret à la mosquée al-Aqsa vient des Palestiniens de 48 qui affrètent des cars quotidiens pour venir y prier, pour participer aux « Plateformes du savoir », pour conclure les contrats de mariage dans la mosquée et organiser des rassemblements.
Sur les plans arabo-musulmans
Les réactions se sont limitées à des condamnations verbales et timides, en l’absence de réactions populaires. Les révoltes arabes ont éloigné l’espoir d’obtenir, même s’il était maigre, les fonds promis par le sommet de Syrte tenu en mars 2010, la somme de 500 millions de dollars pour faire face à la politique de judaïsation (somme promise déjà par le sommet de Beyrouth en 2002 mais adoptée en 2010). Le sommet de Syrte avait également proposé la tenue d’une conférence internationale à Doha pour soutenir al-Qods.
C’est de l’UNESCO qu’est parti le mouvement le plus notable, concernant la destruction du pont situé près de la porte Bab al-Maghariba. Le royaume jordanien a entrepris des efforts diplomatiques auprès des pays arabes et musulmans pour empêcher l’occupation de détruire le pont, puisque la Jordaie est le pays chargé de la gestion de la mosquée al-Aqsa.
La mission de la Palestine aux Nations-Unies a déclaré, au mois de février 2011 avoir commencé un plan d’action pour protéger les biens culturels en Palestine, et notamment dans al-Qods, incluant les excavations sous la mosquée al-Aqsa. Elle a demandé la tenue d’une conférence internationale sous l’égide de l’UNESCO en vue d’assurer la protection des biens culturels et religieux en Palestine.
Dans une action similaire, le secrétaire général de l’organisation de la coopération islamique, Akmal Eddine Ihsan Ogli a transmis un message au secrétariat de l’UNESCO, lui demandant de prendre des mesures pour appliquer les décisions de cet organisme concernant al-Qods et empêcher les actes hostiles contre les palais omeyyades au sud de la mosquée et considérant que les excavations sont une atteinte au droit international et une destruction des lieux historiques.
Si l’empêchement de détruire le pont dans bab al-Maghariba peut être considéré comme un acquis, puisqu’il met un frein aux agressions et empiètements de l’occupation, il ne faut cependant pas s’appuyer sur les organisations internationales dont plusieurs résolutions concernant le droit palestinien attendent encore d’être appliquées.
Sur le plan des associations civiles et institutions agissant pour al-Quds
L’année passée a assisté à plusieurs conférences, dont celle du Caire le 30 juin 2011, avec la participation de personnalités arabes, musulmanes et mondiales. Ces conférences se contentent cependant à émettre un communiqué final et à rappeler plusieurs résolutions antérieures. De même, les comités qui se constituent pour soutenir al-Aqsa et al-Qods imitent presque les grandes structures, même si elles sont nombreuses, et restent très peu efficaces.
Sur le plan médiatique
Cette année a assisté à la propulsion des médias électroniques dans le monde arabe, les réseaux sociaux ont aidé à transmettre les informations, facilement et rapidement. Mais dans le cadre du soutien à la mosquée al-Aqsa, ils sont encore loin d’assumer leur rôle d’explication et de conscientisation concernant les violations de l’occupation.
L’occupation et ses institutions mènent une dense activité à ce propos.
Quant aux médias classiques, la mosquée al-Aqsa continue à être marginalisée et les informations relatives aux incursions et autres événements qui s’y déroulent y prennent très peu de place.
Les bouleversements dans la région arabe ont probablement laissé le champ libre aux institutions de l’occupation qui ont accéléré les mesures de judaïsation, ayant le sentiment profond que ces bouleversements ne peuvent avoir pour résultat que le retour de la Palestine et de la mosquée d’al-Aqsa dans le cœur des millions d’Arabes et de musulmans.
Voir les cartes qui illustrent le rapport ici et ici.
Pour télécharger le résumé du rapport en arabe au format PDF, cliquez ici.
Source : Al-Quds-online.org
Traduction : Baladi
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