05 mars 2012

Al-Qods, capitale de la Palestine, des Arabes et des musulmans

Par Rim al-Khatib


C’est sur ce thème que s’est tenue à Beyrouth la rencontre organisée par le Comité de Soutien à la Résistance en Palestine, qui rassemble les représentants des organisations palestiniennes et libanaises engagées dans la résistance à l’occupation. Placée sous le patronage de Sayyed Hassan Nasrullah, secrétaire général du Hezbollah, cette rencontre a rassemblé plusieurs centaines de personnes fidèles à la Palestine ce dimanche 4 mars, en présence de plusieurs ulémas palestiniens et libanais et des représentants officiels du pouvoir au Liban.

Al-Qods, capitale de la Palestine, des Arabes et des musulmans
La mosquée Al-Aqsa attaquée par les sionistes le 24 février 2012


Inaugurant la rencontre, sayyed Hassan Nasrullah a déclaré : « … Al-Qods, dans ses multiples aspects, est une question unique dans le monde actuel, elle est incomparable : ville sainte située sur une terre sainte, ville bénie située dans un environnement béni, elle est le lieu de rassemblement des religions célestes. Elle est présente dans notre doctrine, notre culture, notre conscience et la conscience de milliards d’êtres humains, musulmans et chrétiens dans le monde. Aucune ville au monde ne rassemble à al-Qods. D’autre part, elle est une ville soumise à une occupation qui n’a rien à voir avec ces milliards d’humains, et ne les représente aucunement. Depuis des dizaines d’années, al-Qods gémit sous cette occupation, et elle a été déclarée capitale éternelle d’une entité terroriste, raciste, coloniale, factice et ennemie de cette nation et de son environnement. Des efforts sont actuellement faits pour en faire la capitale éternelle de ce qui se fait appeler le peuple juif dans le monde…

Al-Qods fut de tout temps l’axe des conflits dans la région, elle l’était au siècle dernier et l’est encore aujourd’hui et le sera demain dans l’avenir. Il s’agit de dominer la région qui a été parcellisée par les accords de Sykes-Picot, et aujourd’hui, c’est le projet de domination sous l’appellation du projet du nouveau Moyen-Orient que les résistances et les pays de la fermeté ont fait échouer. Nous affronterons les projets les uns après les autres, qui visent à liquider la cause palestinienne et son cœur représenté par al-Qods, et c’est autour d’al-Qods que se dessine l’avenir de la région. « Dites-moi où se trouve al-Qods et je vous dirai comment sera l’avenir de la région ».

Aujourd’hui, al-Qods est visée par une campagne systématique de judaïsation, les lieux saints musulmans et chrétiens sont bafoués et profanés, elle vit la menace de la destruction, de la terreur et de l’annihilation. Ses habitants autochtones et historiques sont menacés d’expulsion et de déportation en vue d’en faire une ville vidée de ses habitants musulmans et chrétiens.

Concernant les responsabilités, je considère que tout Palestinien, arabe, musulman et chrétien doit assumer la responsabilité nationale, morale, croyante et religieuse envers cette ville sainte, envers son avenir et son identité.

Je voudrai insister sur la responsabilité croyante et religieuse, soit la « responsabilité légale ». Nous croyons dans le Jour de la Résurrection et le Jour du Compte, et nous croyons dans deux sortes de comptes dans le monde de l’au-delà, le compte des individus et le compte des nations et des groupes. Nous serons tous questionnés, en tant qu’individus et en tant que nations et groupes, qu’avons-nous fait pour al-Qods et pour la Palestine et comment avons-nous affronté ce défi ?

Les générations qui ont vécu la fondation de l’Etat de l’entité sioniste, et notamment l’occupation d’al-Qods, sont responsables, toutes ces générations de notre nation sont responsables, à des degrés divers, et seront questionnées sur la perte d’al-Qods (mais dans ce monde, personne ne questionne et personne n’est questionné). Mais tout comme le temps qui passe ne rend pas le juste faux ni le faux juste, le temps qui passe ne supprime pas la responsabilité dans ce monde et ne modifie pas le compte le Jour de la Résurrection. Les gens oublient, négligent ou se détournent, mais la balance du Vrai se trouve entre les mains de Dieu, gloire à Lui.

Même si nous sommes en majorité non responsables de la perte d’al-Qods, qui a été occupée avant que nous atteignions l’âge de la responsabilité, nous portons cependant la responsabilité de l’avoir laissée sous occupation jusqu’à aujourd’hui et nous serons questionnés, chacun de nous, individuellement, et en tant que groupes, organisations, mouvements, partis et courants, tribus ou peuples, sur ce qui a été fait et réalisé dans la voie de sa libération et de sa réappropriation.

Frères et sœurs, le devoir et la responsabilité imposent à cette nation un grand objectif central qu’il faut réaliser, c’est la libération d’al-Qods de la profanation menée par l’occupation, et le travail assidu dans cette voie. Pour réaliser cet objectif, d’autres défis doivent être affrontés tous les jours, et par tous les moyens disponibles, ce qui signifie la défense des lieux saints musulmans et chrétiens dans al-Qods, la protection de sa population contre l’expulsion, affronter la judaïsation d’al-Qods, et cela peut être réalisé grâce aux programmes conçus et étudiés. Nous n’avons pas besoin de poser d’autres programmes, beaucoup de congrès ont été tenus, et l’Institution Internationale d’al-Qods a été fondée, des congrès se sont réunis à Téhéran et ailleurs, il n’y a aucune faille dans tout cela. Ce qu’il nous fait, c’est affronter la menace et défendre les lieux saints, le maintien de l’identité d’al-Qods et de sa population. Nous devons agir avec sérieux et lui accorder la priorité.

Quant aux alternatives, il est clair que la voie des négociations pour récupérer al-Qods n’est pas réaliste, quelle que soit notre position sur le principe des négociations ou du processus du règlement tout entier. Même si l’on peut discuter du fait que les négociations avec l’ennemi puissent apporter une solution à une partie de la terre palestinienne occupée ou une partie des réfugiés palestiniens ou toute autre question posée, le problème est tranché quand il s’agit d’al-Qods, du fait de l’unanimité israélienne qui s’y accroche en tant que capitale unifiée de l’Etat d’Israël, ce qui veut dire qu’il n’y a pas lieu de négocier, ni sur la partie orientale de la ville ni sur la mosquée al-Aqsa, ni au-dessus du sol ni dans son sous-sol. S’ajoute à cela l’adoption absolue de l’Etat d’Israël par les Etats-Unis et l’Europe, de sa sécurité et de sa suprématie militaire que le président américain Obama a déclaré sacrée, il y a quelques jours. Ce qui veut dire qu’il ne s’agit pas seulement d’un engagement stratégique ou politique, mais c’est pour eux une affaire sacrée… Il ne reste donc aucune alternative pour le peuple palestinien et toute la nation que celle de la résistance et de la lutte armée.
»

….

Ce fut ensuite le tour de l’archimandrite Hanna Atallah qui, de la ville sainte d’al-Qods, s’est adressé à l’assistance, disant : « Nous nous sentons forts à cause de votre solidarité et de votre soutien à al-Qods, qui est la cause de la nation arabe, musulmans et chrétiens. ». Il a décrit la situation de la ville où l’occupation tente d’affaiblir la présence arabo-palestinienne, expliquant que « les atteintes contre la mosquée al-Aqsa aujourd’hui ne sont pas des agressions contre les musulmans seulement, mais il s’agit d’une agression contre tout le peuple palestinien et la nation arabe, contre les lieux saints musulmans et chrétiens. Nous formons une nation arabe qui doit affronter l’occupation raciste, qui vise à enterrer les traits arabo-islamiques et chrétiens de cette ville. Il y a quelques jours, plusieurs agressions ont visé nos églises, et parmi elles, un couvent situé dans la partie occidentale de la ville, qui date du 5ème siècle. Les occupants ont écrit des slogans portant atteinte au christ et à la vierge Marie. C’est du pur racisme. »

Il a appelé à l’unité des musulmans et des chrétiens pour récupérer al-Aqsa et l’Eglise du St Sépulcre, pour y lever le drapeau de la liberté. Il a conclu : « Nous sommes les fils et les propriétaires de cette terre, nous n’avons pas été importés, la Palestine nous appartient, al-Qods nous appartient, elle est notre capitale, et le restera, quelle que soit la durée de l’occupation. Les Palestiniens maqdisis affrontent l’occupation, et défendent la mosquée al-Aqsa et l’Eglise du St Sépulcre, et toute la ville. Les Palestiniens sont tués dans leurs maisons, et nous avons besoin des dignes de cette nation et des fidèles à al-Qods, nous avons besoin des gens qui ont la conscience vive. Soyez toujours avec al-Qods, car elle nous appartient et nous reviendra, Israël ne pourra jamais la judaïser et enterrer son identité. »

Au nom des organisations de la résistance palestinienne, le représentant du mouvement du Jihad islamique au Liban, Hajj Abou ‘Imad Rifa’î a notamment déclaré au cours de cette rencontre : « La bataille pour al-Qods n’est pas une bataille foncière, mais une grande bataille civilisationnelle, une bataille entre deux voies : celle du colonialisme barbare qui veut imposer sa domination sur la terre et asservir les gens, confisquer leur liberté et effacer leur civilisation, déformer leur histoire, voler leurs sacralités et piller leurs ressources, qui mène des guerres, qui tue, qui réprime et terrorise, qui incendie les mosquées et les oliviers, qui confisque la terre, sème les colonies… et la voie de la libération et de la lutte pour l’être humain, qui veut la libération de la terre, la récupération de la liberté humaine, qui affirme son humanisme, qui résiste à la corruption, qui se bat, qui résiste et qui se défend, au service de l’humanité toute entière.

La bataille pour al-Qods n’est pas une bataille entre les Palestiniens et les sionistes, mais une bataille entre le vrai et le faux.. Ou bien le vrai et la réforme remportent la victoire, ou alors le faux et la corruption s’étendent et dominent. Dans cette bataille, sera fixé non seulement le sort de la mosquée al-Aqsa, des lieux saints musulmans et chrétiens, mais sera fixé le sort de la nation arabo-islamique dans son ensemble, l’avenir de la paix et de la liberté dans le monde entier !

Ce qui se déroule aujourd’hui, dans al-Qods, c’est un conflit relatif à l’identité et à la dignité. Ou bien la nation arabo-islamique confirme sa présence et sa capacité à défendre ses lieux saints et à protéger son identité civilisationnelle, historique et doctrinaire, ou bien elle annonce sa mort, sa défaite et sa soumission totale à la volonté du sionisme et à la domination coloniale occidentale !

Les tentatives des groupes terroristes sionistes d’envahir la mosquée au-Aqsa, au moment même où nous assistons aux tentatives des peuples de la nation de prendre en main leurs destins, tentent de profaner nos lieux saints et sont des messages aux révolutions de la dignité arabe, et notamment en Egypte. l’Egypte, cœur de l’arabisme et de l’islam.. Ces tentatives sont des messages adressés aux révolutions de la dignité arabe, elles visent à les humilier, au moment où les peuples cherchent à affirmer leur identité civilisationnelle, comme si l’occupant sioniste et les forces qui le soutiennent veulent créer un choc psychologique chez les peuples arabes, pour stopper l’accroissement de leur sentiment de force, de leur capacité et de leur volonté, pour les plonger dans l’impuissance et le désespoir. Il s’agit pour l’occupant d’éviter la perte des acquis qu’il a réalisés tout au long des décennies passées, lorsque le rôle de la nation était absent. Il s’agit pour l’occupant de tâter le pouls pour mesurer l’attachement des peuples arabo-islamiques à la Palestine. Si les révolutions avaient levé le drapeau de la libération de la Palestine, dès les premiers instants, l’ennemi n’aurait pas osé penser faire ce qu’il en train de faire à présent !

Les révolutions arabes qui ont renversé des régimes et des gouvernements liés à l’occident, doivent poursuivre leur chemin pour renverser la voie du règlement et des négociations, soutenue par le régime arabe officiel. Est-ce que l’ennemi sioniste aurait osé toucher à al-Qods et à la mosquée al-Aqsa sans la politique des négociations ? Cette politique ne nous a pas légué une Cisjordanie coupée de 40% du territoire au profit des colonies ? Est-ce que les colonies ne se sont pas multipliées par 400% au cours de la période des négociations ? Est-ce qu’il n’y a pas eu expulsion de 10.000 maqdisis de leur ville et la destruction de leurs maisons au cours de cette période ? De plus, est-il encore possible de fonder un Etat palestinien dans les termes conçus par le régime officiel arabe ? Est-ce que les peuples de notre nation vont-ils attendre la destruction de la mosquée al-Aqsa pour faire cesser cette voie (des négociations) qui n’a donné que la honte et l’humiliation pour notre nation ?

Nous, peuple palestinien, comme nous le fumes toujours, nous sommes prêts à défendre par nos corps, nos fils, nos filles, nos vieillards, nos jeunes, nos femmes et nos enfants, la mosquée al-Aqsa, qui est le dépôt divin dont nous avons la charge.. Mais nous demandons : où est la nation arabo-musulmane par rapport à tout cela ? Où sont les résolutions de la ligue arabe qui cherche à légitimer l’intervention étrangère dans tel ou tel pays arabe ? Ce qui se passe dans al-Qods n’est-ce pas un crime envers les lieux saints et envers les musulmans, propriétaires de cette terre ? Où se trouve l’organisation de la coopération islamique ? Où sont les manifestations des millions qui sont sorties pour réclamer la dignité, et que le peuple palestinien a soutenues ? Les lieux sacrés ne méritent-ils pas des manifestations semblables ?

Nous comptons aujourd’hui sur les mouvements islamiques pour lesquels les masses de notre nation ont massivement voté, car la nation voit dans l’Islam le salut et la fin de toute injustice, de toute oppression et de l’ignorance. Le mouvement islamique porte une lourde responsabilité, celle de protéger l’avenir de la nation, de protéger ses lieux saints, de libérer la terre « d’al-Isra’ wal-mi’raj ». Nous disons clairement que le mouvement islamique, que l’occident cherche aujourd’hui à noyer dans des problèmes internes, et à lui susciter des crises à tous les niveaux, ce mouvement islamique ne pourra réussir dans ses tâches s’il ne s’oriente pas vers al-Qods et la Palestine, qui doivent être leur « qibla ». Le mouvement ilamique ne pourra surmonter les crises économiques et sociales, et affronter les pressions occidentales, ni maintenir le soutien populaire à ses côtés, s’il ne dirige pas son fusil vers la Palestine, et qu’il annonce son intention de libérer al-Qods. al-Qods est la capitale qui rassemble les peuples de notre nation. Elle rassemble et ne divise pas. Elle est effectivement la capitale également des Arabes et des musulmans.
»

Après une courte intervention de l’ambassadeur de la république islamique d’Iran, Ghadanfar Rukn Abadi, qui a rappelé les constantes de la politique iranienne envers le conflit de la nation avec l’ennemi sioniste, et la nécessité de s’unir pour affronter les menaces que fait peser l’entité sioniste sur la nation et ses peuples, le représentant du Hamas au Liban, M. Ali Baraké a prononcé le discours au nom du Comité de Soutien à la Résistance en Palestine et lu la déclaration finale de la rencontre. Il a salué le peuple palestinien dans les territoires occupés de Cisjordanie , d’al-Qods, en Galilée et dans le Naqab, mais aussi dans la bande de Gaza et parmi les réfugiés qui réclament leur droit au retour et déclaré que la valeur sûre dans tous les changements qui se déroulent dans la région reste la Palestine et al-Qods.



Résumé de la déclaration finale de la rencontre


1 – al-Qods était et reste la capitale historique de la Palestine, elle en est le cœur et aucun projet de judaïsation ou de sionisation, ni aucune loi raciste ne pourront modifier ses traits ni son identité arabes et islamiques.

2 – Nous appelons à soutenir le choix de la résistance et de la lutte armée en Palestine, qui est la seule alternative pour récupérer la terre et les lieux saints et libérer la Palestine, du fleuve à la mer, et le retour du peuple palestinien à sa patrie et ses biens. Nous déclarons que la libération de la Palestine est un devoir national, religieux, humain et une responsabilité historique.

3 – al-Qods interpelle la nation arabe et le monde islamique et les êtres libres de la planète, pour dénoncer les politiques de l’entité sioniste et ses décisions racistes, comme elle les interpelle pour se tenir aux côtés de ses fils qui résistent aux massacres perpétrés par les sionistes et visent les lieux saints chrétiens et musulmans.

4 – l’appui aux maqdisis qui résistent à leur déracinement nécessite de larges campagnes populaires et officielles, à tous les niveaux, médiatiques et financiers, pour assurer les bases matérielles nécessaires pour consolider leur fermeté.

5 – Nous appelons les Etats du monde, les forces, partis et associations anti-colonialistes, à dénoncer les politiques génocidaires suivies par l’entité sioniste envers le peuple palestinien, sa terre, son identité arabo-islamique, et le soutien à la lutte du peuple palestinien et de ses forces vives, pour libérer sa terre et récupérer ses droits légitimes.

6 – Nous appelons toutes les forces et mouvements palestiniens et arabes et les résistances à unifier leurs rangs et à consolider leurs capacités en vue d’affronter les complots impérialistes américano-sionistes qui visent à détruire la volonté de la résistance au sein de notre nation et de consacrer la partition de notre patrie arabe.

7 – La Palestine restera le point de départ et la ligne finale. Al-Qods restera éternellement la capitale de la Palestine, de la patrie arabe et du monde islamique, ainsi que des êtres libres dans le monde. La Palestine demeure le critère, et la boussole des changements qui secouent notre région.

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