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Parmi les  derniers épisodes mis à jour se trouve celui qui s’est déroulé dans un  village de la province de Paktia, où a surgi de nuit un bataillon des  forces spéciales Usa (sans uniforme) à la recherche de deux présumés  talibans. Ils ont, par contre, tué le chef de la police locale et un  magistrat et, quand trois jeunes femmes ont essayé de leur porter  secours, elles ont été tuées elles aussi. Plusieurs témoins racontent  avoir trouvé les trois jeunes femmes attachées et bâillonnées, et avec  des coupures au couteau sur le corps.
 
A  tout cela, le général McChrystal est habitué : de 2003 à 2008 il a  dirigé le Commandement adjoint pour les opérations spéciales et, selon  le journaliste Seymour Hersh (Prix Pulitzer), il est l’organisateur  d’un « secteur exécutif pour l’assassinat », relié au vice-président  Cheney, surtout actif en Irak et Afghanistan. A présent cependant,  dans sa nouvelle fonction, McChrystal veut placer les  forces spéciales sous contrôle plus étroit afin de « réduire les  victimes civiles » et, donc, le « sentiment antiaméricain » qui augmente  dans la population.
 
La  chose n’est pas simple. Sous les opérations guerrières officielles, est  en cours en Afghanistan une guerre secrète dans laquelle la Cia joue un  rôle croissant. Elle a constitué un réseau de petites bases, d’où  opèrent des groupes d’agents pour  repérer les  chefs des insurgés et les éliminer. Les informations sont souvent  fournies par « des contractuels indépendants » au service du Pentagone  et de diverses agences. Ils constituent une véritable armée ombre, dont  le nombre dépasse 100 mille, spécialisés dans diverses tâches.
  
Une brèche s’est ouverte sur ces opérations  secrètes quand le New York Times (14 mars) a rapporté le cas de  Michael Furlog, un ex officier à présent employé civil au Pentagone, qui  a utilisé des fonds de dizaines de millions de dollars, officiellement  destinés à recueillir des informations sur certaines zones tribales,  pour constituer  un réseau de contractuels ayant  pour mission de repérer, dans la zone frontière avec le Pakistan,  des «présumés militants»  à éliminer. Deux agences privées ont été chargées de cet objectif : la International  Media Ventures, constituée d’anciens officiers des forces  spéciales, qu s’occupe de « communication stratégique et de campagnes  médiatiques » pour le compte du Pentagone et de ses commandements ; et  l'American International  Security Corporation,  elle aussi  constituée d’anciens militaires et  agents secrets, qui s’occupe de « fournir de la sécurité » à des  gouvernements, agences et multinationales.
 
On  ne sait pas combien de «présumés militants» ont été éliminés sur la  base des informations des deux agences, ni comment celles-ci ont été  payées (au forfait ou au chiffre). On sait encore moins si, pour  augmenter leur gain, ces agences ont  désigné  quelque pauvre berger comme dangereux chef taliban, à éliminer par une  opération de forces spéciales ou, de façon plus aseptisée, par un  missile lancé par un drone, confortablement piloté avec un joystick  depuis une base aux Etats-Unis.
 
 
 Edition du 17 mars  2010 de il manifesto
 http://www.ilmanifesto.it/il-manifesto/in-edicola/numero/20100317/pagina/08/pezzo/273833/
Traduction  de l'italien : Marie-Ange Patrizio.
Manlio Dinucci : Géographe et  géopolitologue. Derniers ouvrages publiés : Geograficamente. Per la  Scuola media (3 vol.), Zanichelli (2008) ; Escalation. Anatomia della  guerra infinita, DeriveApprodi (2005). 
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