La campagne espagnole  contre l’occupation et pour la souveraineté de l’Irak ou le CEOSI (The  Spanish Campaign against the Occupation and for the Sovereignty of Iraq)  tiendra sa première conférence internationale et publique sur la  situation générale de la résistance irakienne. Celle qui, en plus de se  battre pour la souveraineté de l’Irak, incorpore aussi une  reconstruction démocratique et non sectaire de ses institutions. Cette  conférence, qui se tiendra à Gijón dans les Asturies en Espagne du 18 a  20 juin 2010, cherche à promouvoir la résistance irakienne sur la scène  internationale tout en encourageant le processus de convergence des  résistances irakiennes. Elle aura comme titre : Conférence  internationale de la résistance politique irakienne. Cette initiative  coïncide avec le commencement de la 8ème année d’occupation en Irak.  Elle sera tenue alors que la présidence de l’UE sera espagnole.
On  entend moins parler de l’Irak ces temps-ci mais ça ne veut absolument  pas dire que la situation s’est améliorée ou que la fin de l’occupation  est proche. Dans un futur proche les irakiens vont devoir faire face à  des événements cruciaux. Le 7 mars 2010 des nouvelles élections  législatives vont se tenir. Les objectifs de ces élections sont de  consolider le processus de contrôle interne en Irak et un possible  retrait total des troupes américaines en 2011. Comme auparavant, le  réseau contre l’occupation ne prendra pas part aux élections qu’elle  juge illégale mais n’empêchera pas non plus les gens d’aller voter.
Ceux  qui occupent l’Irak ont soumis le pays à la vieille technique coloniale  de la fragmentation sociale. L’occupation est loin d’avoir mis en place  des politiques démocratiques à l’Irak comme ses envahisseurs l’ont  clamé. A la place, un pouvoir formel s’est créé avec certaines personnes  et certains groupes religieux qui sont liés directement à l’occupant ou  aux puissances régionales sans n’avoir aucune légitimité. Leur jeu  n’est pas de représenter ou de défendre l’une ou l’autre communauté  irakienne mais de servir leur « maître » tout en s’enrichissant sans  aucune impunité. Les prochaines élections du 7 mars ne vont qu’exacerber  cette mauvaise dynamique. Au lieu d’apporter un moyen d’expression  démocratique aux irakiens, elles ne sont, en réalité, qu’un reflet de la  guerre que se mènent les Etats-Unis et l’Iran pour le contrôle sur  l’Irak. Pour cette raison, de terribles conflits se développent même  dans le camp des collaborationnistes : selon ce qui se dit dans les rues  irakiennes, les récentes attaques meurtrières à Baghdâd et dans les  autres villes sont le résultat (soit par implication directe ou passive  des forces de sécurité) d’un combat sans limite entre les groupes  religieux qui y règlent leur différent politique. Situation qui coute la  vie à des centaines d’irakiens innocents.
Selon les plus  prestigieuses institutions internationales, l’occupation de l’Irak à  déjà couté la vie à plus d’un million de personnes. Selon les Nations  Unies (ONU), entre 2005 et 2006, presque 100 irakiens étaient tués par  jour par des escouades de la mort liées aux nouvelles autorités  irakiennes, et donc directement ou indirectement aux forces  d’occupations. Officiellement, 40.000 irakiens sont détenus par les USA  ou par les nouvelles autorités irakiennes. De plus, la terreur et la  répression a mené au plus grand exode massif de l’époque contemporaine.  Toujours selon l’ONU, depuis le début de l’occupation, presque 5  millions de personnes sont devenus refugiés à l’intérieur de l’Irak ou  ont du chercher refuge en dehors de l’Irak ; l’Irak est le premier pays  dans le monde qui a le plus de personnes qui ont du abandonner leur  maison : 16% de sa population. Pour ces irakiens retourner chez eux  relève de l’impossible.
Dans le pays, les élections n’ont pas  données un seul espoir de changement sur la vie quotidienne qui,  malheureusement, ne fait que se dégrader de jour en jour depuis 2003.  L’Irak, qui était un des pays les plus riches du monde avec sa grande  classe moyenne, n’en est plus qu’un pâle reflet. Aujourd’hui le pays  obtient de piètres résultats au niveau de l’éducation, l’électricité, la  santé, l’eau potable mais aussi dans le respect des droits humains et  sociaux. L’Irak est le 4ème pays le plus corrompu au monde : dans le  secteur clé du pétrole qui ne cesse de se privatiser, personne ne sait  dans quelles mains les recettes peuvent atterrir. C’est la classe  politique imposée par les occupants qui crée cette nouvelle oligarchie.  Elle légalise le vol et le démantèlement des institutions publiques à  travers une législation régressive ; dés lors le concept de citoyenneté  perd de sa valeur, l’Etat disparait et donc les hommes et les femmes  sont beaucoup plus sujets à l’arbitraire et au désespoir.
Par  rapport à cette image de fond, le projet de récupérer la souveraineté de  l’Irak est inexorablement lié à la reconstruction démocratique et  intégrée de ses institutions. L’occupation armée ne devrait pas donner  lieu à un régime fantoche ou à la fracturation du pays en aires  d’influences. On en sait bien els conséquences : tout un pays spolié de  sa richesse. Les irakiens veulent récupérer leur souveraineté totale et  revivre à l’image de leur grand passé. Un passé qui incarnait une  société dynamique et intégrée. Ceci représente le projet que la  résistance irakienne voudrait incarner et se voir se réaliser. C’est ce  qui vous sera montré à la conférence de Gijón dans une atmosphère de  confiance et de liberté.
Les mouvements démocratiques anti  occupation convergent doucement mais sûrement. Depuis 2007 quatre Fronts  ont été créé autour desquels la majorité des militants commencent à  graviter. La coordination entre eux s’est améliorée sans se diriger vers  une unification militaire. Plus important encore, après la fin de la  première phase de confrontation avec les occupants, les représentants  politiques et civils de la résistance continuent leurs dialogues pour un  programme et une stratégie unifiée, et sur la nécessité de parler d’une  seule voix autant à l’intérieur de l’Irak qu’au niveau international.  C’est un objectif primordial pour le futur de l’Irak et pour pouvoir  sortir d’une manière démocratique et intégrée de la crise que  l’occupation à créée.
C’est l’esprit de la conférence qui se  tiendra à Gijón. Une date que les plus hauts représentants des  principaux groupes politiques irakiens anti-occupation ont déjà  confirmé. Ainsi il y aura les représentants du Front Patriotique  national islamique (qui est l’organisation politique du Front pour la  libération et le Jihad ) ; de l'Association des savants musulmans (dont  le secrétaire général, Sheikh Harez Al-Dari, a été désigné comme le  représentant politique des factions armées du Front pour le Johad et le  changement) ; et Le Congrès pour la fondation nationale irakienne (qui  rassemble plus de 20 associations civiles et députés des différentes  communautés). Beaucoup d’hommes et de femmes se souviendront de ce  congrès et du rôle central qu’il a joué dans l’histoire contemporaine  irakienne : Judeir Al-Murshidi, Secrétaire général du Front Patriotique  national islamique ;Sheikh Bashar Mohammed Al-Faidi, porte parole et  membre du comité exécutif de l’Associaton des savants musulmans,  l’ayatollah Yawad Al-Jalesi, secrétaire général du Congrès pour la  fondation nationale irakienne; Haifa Zangana, écrivaine, résidente aux  Royaume-Uni ; sheikh Ahmed Al-Ganim, président du Conseil des tribus du  sud de l'Irak ; Arshad Zibari, secrétaire général du Parti de la justice  kurde ; Yusef Hamdan, leader du parti communiste "Union populaire" ;  Asma Al-Haidari, activiste des droits de l’homme ; et Isam Al- Chalabi,  ancien ministre irakien du pétrole (1987-1990) et expert en pétrole.
La  conférence est organisée en collaboration avec le centre d'étude sur  l'indépendance basé à Damas, dont le président Khalid Al-Mani nous fera  l’honneur de sa présence. Plusieurs autres personnalités et députés des  USA, de l’Europe et du monde arabe, tel Hans von Sponeck et Ramsey  Clark, seront aussi présents. Ce sera une occasion exceptionnelle pour  construire ou recréer des liens avec des organisations irakiennes. Dans  le contexte de la présidence espagnole à l’UE, la visite des  personnalités politiques et sociales irakiennes sera une opportunité  pour entamer un dialogue direct avec les autorités espagnoles mais aussi  avec des groupes politiques espagnols et européens.
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