Bil’in et Ni’lin sont déclarés zones militaires fermées
mercredi 17 mars 2010 - 11h:54
Amira Hass
Dimanche soir, des dizaines de soldats, certains masqués, ont pénétré dans les villages et ont placardé sur les vitrines et les fenêtres de maisons des avis annonçant l’ordre de bouclage signé par le commandant central du groupement multi-corps (GOC), le général Avi Mizrahi.
L’ordonnance est officiellement en vigueur du 18 février au 17 août. Le bouclage de 12 heures s’appliquera à la zone qui s’étant de la barrière de séparation jusqu’au bord des terrains bâtis des villages.
Les manifestations hebdomadaires contre la barrière sont organisées à Bil’in depuis cinq ans. Au cours des trois dernières années, les villages de Ni’lin et d’Al-Ma’sara sont devenus à leur tour des lieux de manifestations hebdomadaires, attirant non seulement des Palestiniens mais des militants d’Israël et de l’étranger. Des rassemblements semblables ont lieu à Jayyous, Budrus, Beit Liqya et Bidu.
Au total, 23 Palestiniens - dont 12 mineurs - ont été tués sur cinq sites de rassemblements, par les tirs des FDI sur des manifestants. 6 ont été tués à Bidu et 5 à Ni’lin.
De nombreux manifestants ont été blessés par les tirs des FDI à balles d’acier enrobées de caoutchouc, ou atteints par des grenades assourdissantes et des lacrymogènes. Il y a deux semaines, un garçon du village de Nabi Saleh, près de Ramallah, a été gravement touché par une balle caoutchouc alors que les manifestants se rassemblaient contre la saisie, par des colons, de terres du village où se trouve une source d’eau.
Le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, ainsi que des dirigeants du Fatah comme Jibril Raoub et Nabil Sha’ath ont soutenu la lutte contre le mur et pris part à plusieurs rassemblements.
Le porte-parole des FDI a déclaré à Ha’aretz : « Chaque semaine, des émeutes violentes et illégales se produisent à Ni’lin et Bil’in, au cours desquels des forces de sécurité sont blessées et de graves dégâts sont occasionnés à la barrière de sécurité et à des biens publics. Pour essayer d’empêcher l’arrivée des instigateurs de ces troubles violents dans la zone, le commandant central du GOC, le général Avi Mizrahi, a signé une ordonnance, il y a trois semaines, qui décrète la zone entre la barrière de sécurité et chacun des villages de Ni’lin et Bil’in, zone militaire fermée. »
L’ordonnance, dit-il, « s’applique aux citoyens israéliens, étrangers et palestiniens qui n’habitent pas ces villages, tous les vendredis de 8 h du matin à 20 h, et elle restera en vigueur pendant 6 mois. Notez que l’ordonnance n’est pas applicable aux habitants du village qui sont autorisés à se déplacer librement. »
L’ordonnance précise que des personnes seront autorisées à entrer si elles ont « obtenu l’autorisation... d’entrer et de rester dans la zone militaire fermée » par le commandement central du GOC ou le commandant de la Brigade Binyamin ou son représentant.
On ignore encore si la délivrance des autorisations exigera les mêmes démarches bureaucratiques que celles demandées par l’Administration civile pour garantir l’accès aux personnes qui possèdent des terres du côté occidental de la barrière de séparation. Selon les habitants du village, dans le passé, leur propre accès à ces zones, désignées comme zones militaires fermées, leur était systématiquement refusé.
L’année dernière, les FDI et le Shin Bet, le service de sécurité, ont mené un certain nombre d’incursions nocturnes dans Ni’lin et Bil’in, procédant à des arrestations en masse. Des mineurs et des malades mentaux ont été arrêtés en premier, et des interrogatoires par le Shin Bet et la police ont permis d’établir des listes de personnes qui étaient supposées participer à des activités illégales tels que lancements de pierres et « incitations ».
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