18 mars 2010

Un tournant dans la cause palestinienne

mercredi 17 mars 2010 - 10h:20

Ahmad Y. Al-Qoreï - Al-Ahram/hebdo


Depuis les événements de Gaza et le rapport Goldstone, les eaux stagnantes ont commencé à bouger au Moyen-Orient, en fixant juillet prochain comme date de la réunion spéciale se rapportant à la cause du Moyen-Orient et du processus de paix dans les coulisses de l’Assemblée générale de l’ONU.

(JPG) La proclamation de l’Etat palestinien, avec pour capitale Jérusalem (dans le cadre des deux Etats palestinien et israélien), semble une bonne occasion à ne pas rater dans le cadre de la rencontre internationale. Il s’agit de la plus importante occasion, depuis Camp David (juillet 2000) jusqu’à Annapolis (septembre 2008).

Cette fois-ci, le théâtre des événements n’est autre que les coulisses de l’ONU, qui avaient déterminé, depuis 1984, le principe du droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création de son Etat. Le droit à l’autodétermination est une demande vitale pour chaque peuple jouissant d’une pleine volonté politique. En d’autres termes, le droit à l’autodétermination revêt une nature complémentaire avec laquelle le peuple palestinien lui revient toute sa souveraineté sans défaillance et sans intervention étrangère. Et par l’intermédiaire duquel le peuple palestinien aura la possibilité de mettre en place son propre Etat afin d’accomplir son évolution économique, culturelle et sociale sur le sol de sa nation.

Ce droit a été décidé par la Société des nations en 1921. A ce moment, elle avait reconnu que le peuple palestinien était habilité à se diriger lui-même dans le cadre de la panoplie des résolutions promulguées par les organismes internationaux, avec en tête le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale. Pour mener à bien cet objectif, un comité responsable de suivre les droits indivisibles des Palestiniens a été formé en 1975, lequel y a nommé par la suite l’OLP membre observateur, ensuite en élevant le nombre de la représentation diplomatique de l’OLP auprès des organisations internationales. Les constantes ou les lignes rouges palestiniennes ont été déterminées à l’époque comme telles :

1- Considérer l’arabité de Jérusalem comme étant le dossier majeur. Et puisqu’on détient des droits légitimes et enracinés à Jérusalem, Israël ne peut pas prétendre et s’approprier le droit de souveraineté sur la Ville sainte ou la considérer comme capitale. Jérusalem est censée être gérée en fonction de multiples et importantes résolutions adoptées par le Conseil de sécurité depuis la résolution 252 (du 21 mai 1968). Selon le Conseil, toutes les mesures administratives ou législatives et tous les actes entrepris par Israël, y compris la confiscation des terres et des propriétés, sont caducs et ne peuvent en aucun cas modifier le statut de Jérusalem. Plus tard, des dizaines de résolutions se sont succédé, soit du Conseil de sécurité, ou de l’Assemblée générale de l’Onu, ou encore des autres organisations internationales confirmant l’arabité de Jérusalem. Ces résolutions sont venues confirmer que les mesures d’Israël à Jérusalem et son annexion en tant que capitale éternelle et unifiée sont également caduques. En vertu de ces résolutions, tous les pays et organisations internationales doivent s’abstenir de transférer leurs ambassades à Jérusalem.

2- Le nécessaire retour des réfugiés palestiniens dans leur pays et dont le nombre dépasse 4 millions. Le retour doit se faire à l’instar de l’indépendance de la Namibie lorsqu’un décret a été stipulé appelant à l’amnistie et au retour des réfugiés namibiens à leur pays d’origine. Des cartes d’élections ont vu le jour pour environ 702 000 électeurs de la totalité des habitants (3,1 millions). Cet enregistrement était d’ailleurs soumis à des règles déterminées. Ce pas réussi, réalisé par les Nations-Unies à propos de la proclamation de l’indépendance de la Namibie, peut être appliqué par excellence au niveau du dossier du droit de retour des Palestiniens dans le cadre de la résolution no194 de l’ONU. La résolution avait reconnu ce droit et les Nations-Unies n’ont cessé de le confirmer chaque année depuis sa promulgation. Un droit qui a été attesté à l’unanimité par le Conseil de sécurité dans la résolution n°237 de l’année 1967. Ainsi, l’exécution de ces résolutions a pris beaucoup de retard.

3- Faire en sorte que la proclamation et l’indépendance de la Palestine soient liées à une résolution émanant du Conseil de sécurité.

4- Effectuer les premières élections générales et libres sur toute l’étendue des territoires palestiniens sous une supervision internationale sérieuse.

5- La création du Conseil des Nations-Unies pour les affaires de la Palestine à l’instar de celui de la Namibie, créé en 1967 pour devenir l’autorité légale pour la gestion de cette zone jusqu’à la liquidation du système raciste qui y était établi et la proclamation de l’indépendance.

La cause palestinienne n’a pas pu obtenir un conseil semblable. Cependant, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit actuellement d’un modèle applicable en Palestine jusqu’au retrait des forces israéliennes. Si un tel conseil était établi prématurément, il aurait pu entraver Israël dans son plan de création d’implantations ou de nouvelles colonies ou bien d’introduire des changements sur les territoires arabes. Enfin, espérons que les pays arabes réaliseront le danger des événements qui se déroulent en Palestine et qu’ils seront unanimes sur un seul dossier au cours du prochain sommet en mars 2010, celui de l’Etat palestinien avec pour capitale Jérusalem .

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 17 au 23 mars 2010, numéro 810 - Opinion

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