L’opération «Vengeance justifiée»: L’attaque israélienne contre la Flottille de la liberté relève d’un vaste programme militaire par Michel Chossudovsky | |
Mondialisation.ca, Le 14 juin 2010 | |
Le criminel de guerre et premier ministre Benyamin Netanyahou, qui a directement ordonné l’assaut contre la flottille internationale en direction de Gaza, était en visite officielle au Canada au moment de l’attaque israélienne.
L’attaque du 31 mai est une suite de l’opération « Plomb durci » lancée à la fin décembre 2008. Elle a pour but de renforcer le statut de prison urbaine de facto de Gaza. L’opération « Plomb durci » relevait d’une intervention du renseignement militaire plus vaste, amorcée au début du gouvernement d’Ariel Sharon en 2001. C’est sous l’opération « Vengeance justifiée » de M. Sharon que des avions de combat F-16 ont été initialement utilisés pour bombarder des villes palestiniennes. L’assaut contre la Flottille de la liberté participe de la logique voulant transformer Gaza en camp de concentration urbain. L’opération « Vengeance justifiée » a été présentée en juillet 2001 au gouvernement israélien d’Ariel Sharon par le chef d’état-major de l’IDF, Shaul Mofaz, sous le titre « La destruction de l’Autorité palestinienne et le désarmement de toutes les forces armées ». On faisait également référence à cette opération sous le nom de « Plan Dagan », d’après le nom du général à la retraite Meir Dagan, actuellement chef du Mossad, le service de renseignements israélien. (Voir Ellis Shulman, Operation Justified Vengeance, A Secret to Destroy the Palestinian Authority, Global Research, 2002) Meir Dagan, en coordination avec ses homologues des États-Unis, avait été chargé de diverses opérations de renseignement militaire. Il convient de noter que lorsqu’il était un jeune colonel, Meir Dagan a travaillé étroitement avec Ariel Sharon, alors ministre de la Défense, aux raids sur les camps de réfugiés palestiniens à Beyrouth en 1982. L’invasion terrestre de Gaza en 2009, à maints égards, ressemble étonnamment à l’opération militaire de 1982 menée par MM. Sharon et Dagan. À titre de chef du renseignement israélien, M. Dagan a, sans aucun doute, aussi pris part à la décision de lancer l’attaque contre la Flottille de la liberté. La décision a-t-elle été prise en consultation avec Washington? Le 26 mai, l’Armée israélienne (IDF ou Tsahal) a confirmé qu’elle confronterait la Flottille de la liberté en eaux internationales, en faisant allusion à la présence d’éléments terroristes à bord des bateaux : La Marine a procédé à un exercice de préparation militaire comprenant l’interception de bateaux et l’arrestation de passagers. Le major-général Eliezer Marom, commandant de la Marine, a mentionné que ses forces utiliseront des mesures pour protéger la vie des soldats et s’assurer qu’il n’y a pas d’éléments terroristes ni d’explosifs à bord des bateaux. Le major Marom a dit avoir donné l’ordre aux forces d’agir de manière sensible et d’éviter les provocations, en ajoutant que l’IDF n’avait pas l’intention de blesser les centaines de passagers à bord de ces embarcations. (Israel's Military Command Says Will Stop Flotilla, but Transfer Supplies to Gaza) Il convient de noter qu’avant cette annonce, l’IDF a lancé une campagne de relations publiques décrivant la flottille comme un « acte provocateur » : Le chef de la mission de liaison et de coordination pour l'enclave palestinienne, le colonel Moshe Levi, a convoqué une conférence de presse et affirmé qu’il n’y avait pas de pénurie de nourriture ni de marchandises dans la Bande de Gaza. « La flottille devant se rendre à Gaza est un acte provocateur et inutile dans les conditions actuelles de la Bande Gaza, où la situation humanitaire est bonne et stable », a-t-il affirmé, ajoutant qu’Israël permet que bien des produits soient introduits dans la Bande et restreint seulement l’accès de ceux qui pourraient servir à faire avancer les activités terroristes du Hamas. (Ibid) Washington était entièrement au fait de la nature ainsi que des conséquences probables de l’opération navale de l’IDF dans des eaux internationales, incluant le meurtre de civils. Des indications portent à croire que la décision a été prise en consultation avec Washington. Le rôle de Rahm Emmanuel Rahm Emanuel, le chef de cabinet d’Obama à la Maison-Blanche, était en Israël la semaine avant le lancement du raid contre la Flottille de la liberté. Même s’il s’agissait d’une visite privé, Rahm Emanuel a rencontré le premier ministre Benyamin Netanyahou lors de discussions de haut niveau le 26 mai. M. Emanuel a également rencontré le président Shimon Peres le 27 mai. La Maison-Blanche a décrit la réunion du 26 mai avec M. Netanyahou comme « une discussion informelle sur un éventail de questions relatives à la relation bilatérale entre les États-Unis et Israël ». Le vaste programme militaire « Le centre israélien d’affaires et de la défense demeure la ville la plus menacée du monde », a affirmé un expert. « Il y a plus de missiles par pied carré ciblant Tel Aviv que tout autre ville », a-t-il ajouté.
Les sous-marins de la Flottille 7— Dolphin, Tekuma et Leviathan — ont visité le Golfe auparavant. Toutefois, la décision a maintenant été prise d’assurer une présence permanente d’au moins un des vaisseaux. Le commandant de la flottille, identifié seulement sous le nom de « Colonel O », a déclaré à un journal israélien : « Nous sommes une force d’assaut sous-marine. Nous opérons en profondeur et loin, très loin de nos frontières. » [...] Le déploiement est conçu pour dissuader, recueillir des renseignements et potentiellement pour implanter des agents du Mossad. « Nous constituons une base solide pour la collecte d’informations sensibles, puisque nous pouvons demeurer au même endroit pour une longue période », a admis un officier de la flottille. Les sous-marins pourraient être utilisés si l’Iran poursuit son programme visant à produire une bombe nucléaire. « La portée de 1,500 km des missiles de croisière des sous-marins peut atteindre n’importe quelle cible en Iran », a avoué un officier de la marine. Répondant apparemment aux activités israéliennes, un amiral iranien a déclaré : « Quiconque désire poser un geste diabolique dans le golfe Persique aura droit à une très forte réaction de notre part. »
Alors que ces déploiements navals étaient en cours dans le golfe Persique, Israël était également impliqué dans un jeu de guerre sur la Méditerranée. Le jeu, nom de code « MINOAS 2010 », s’est déroulé sur une base aérienne grecque dans la baie de La Sude sur l’île de Crète. « [U]ne source politique de haut rang à Jérusalem a signalé dimanche que le président des États-Unis, Barack Obama, avait garanti à Israël que son pays maintiendrait et améliorerait les capacités stratégiques et de dissuasion de l’État hébreux. Selon cette source, « M. Obama a donné des garanties sans équivoques [au premier ministre Benyamin] Netanyahou, dont une amélioration substantielle des relations entre les États-Unis et Israël ». M. Obama a promis qu’aucune décision prise durant la récente conférence des 189 pays visant à revoir et renforcer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires « ne permettrait de nuire aux intérêts vitaux d’Israël », a affirmé la source. Obama promised to bolster Israel's strategic capabilities, Jerusalem officials say - Haaretz Daily Newspaper) La présence du chef de cabinet de M. Obama à Tel Aviv, a indubitablement joué un rôle dans le choix du moment de cette déclaration du dimanche 30 mai et de l’attaque concomitante contre la Flottille de la liberté. L’administration Obama avait donné le feu vert aux raids fatals en eaux internationales. « Les soldats ont abordé le navire pour vérifier si des roquettes, des missiles ou des explosifs qui seraient utilisées pour attaquer Israël étaient en direction de Gaza », a-t-il annoncé. « Ils ont été assaillis, matraqués, ils ont été battus, poignardés, on rapporte même qu’il y a eu des coups de feu et nos soldats devaient se défendre, défendre leur vie sinon ils auraient été tués » a-t-il soutenu lundi durant une visite avec le premier ministre Stephen Harper. M. Netanyahou a ajouté : « Malheureusement, lors de l’affrontement au moins dix personnes sont mortes. Nous regrettons cette perte de vie. Nous regrettons toute la violence qui s’est produite là-bas. Je voudrais souhaiter un prompt rétablissement à tous les blessés, incluant quatre de nos propres soldats. » (Quoted in the Toronto Star, May 31, 2010) (C’est l’auteur qui souligne) Entre-temps, un porte-parole de la Maison-Blanche a confirmé que les États-Unis « regrettent profondément la perte de vie et les blessures subies ». Toutefois, l’action israélienne n’a pas été condamnée par l’administration Obama : Celle-ci « tente actuellement de comprendre les circonstances entourant cette tragédie ». (Voir The Associated Press: Obama administration concerned about Gaza incident)
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16 juin 2010
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