01 septembre 2010

Le Président Barack Obama a proclamé le 31 août la fin des opérations de combat en Irak. Sur Internet, on appelle cela un « hoax », c'est-à-dire une tromperie. Cindy Sheehan, militante anti-guerre aux Etats-Unis, dont le fils, militaire, est mort en Irak en 2004, dénonce le discours prononcé comme une nouvelle manipulation de l’opinion irakienne et américaine. « Avec 50 000 soldats, 18 000 tueurs mercenaires et 82 000 contractors pour les soutenir », dit-elle, « l’occupation illégale et immorale de l’Irak est loin d’être terminée » (1).

En annonçant la fin des sept années de l’Opération Iraqi Freedom (Libération de l’Irak), le Président des Etats-Unis n’a pas eu le courage d’en dresser le bilan réel, calamiteux :

- plus de 4 000 GI’s morts selon le décompte officiel, mais sans doute 35 000 tués ou blessés et 40 000 « accidentés », selon le professeur Juan Cole de l’Université du Michigan (3),

- plus de 1 300 000 civils irakiens tués, au compteur de Just Foreign Policy (3). On est loin des 106 000 reconnus par l’administration américaine (4),

- l’Irak détruit, livré au chaos.

De son côté, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, qui expédie les affaires courantes depuis le 7 mars 2010, s’est félicité du « départ » des troupes étasuniennes et a affirmé, sans rire, que l’Irak redevenait « souverain et indépendant », que ses relations avec les Etats-Unis entraient dans « une phase nouvelle ». Nouvelle, en effet, comme l’est l’Opération Al Farj (Aube – New Dawn) qui remplace Iraqi Freedom ! Le thème de l’aube, nouvelle évidemment, inspire décidément beaucoup les officiers américains et leurs supplétifs irakiens, issus pour la plupart des milices chiites pro-iraniennes. Al Fajr était le nom donné à l'attaque des Marines contre la ville martyre de Fallujah, en novembre 2004… et aux offensives iraniennes pendant la guerre Iran-Irak. Elles sont toutes synonymes de boucheries, ce qui ne présage rien de bon pour l’avenir.

Les Etats-Unis ont agressé et occupent l’Irak pour y rester, sous une forme ou une autre, tout le temps qu’ils le pourront. Ceux qui prétendent le contraire sont, soit complices des massacres passés et à venir, soit, au mieux, de doux rêveurs. Après George W. Bush, Barack Obama – prix Nobel de la paix ! - leur fait, comme on dit, « prendre, des vessies pour des lanternes ». Ils feraient mieux de méditer cette citation de George Orwell, transformée en principe à suivre par les administrations américaines successives : « Le langage politique », disait l’écrivain britannique, à titre de mise en garde, « est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres et à donner l'apparence de la solidité à ce qui n'est que vent ».

Notes:

(1) Cindy Sheehan’s Statement on the “End of Combat Operations in Iraq”

http://peaceoftheaction.org/2010/08/30/major-hoax-dont-get-fooled-again/

(2) The Speech President Obama Should Give about the Iraq War (But Won’t)

http://www.juancole.com/2010/08/the-speech-a-president-should-give-about-the-iraq-war.html

(3) Just Foreign Policy

http://www.justforeignpolicy.org/iraq/iraqdeaths_fr.html

(4) The Morning Star : Disputing Iraq Body Count Figures, par Felicity Arbuthnot

http://www.uruknet.info/?p=m69280&hd=&size=1&l=e

Par Gilles Munier

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