27 janvier 2011

Algérie News : Une révolte populaire est en cours en Egypte
 
peut-on s'attendre à un scénario à la tunisienne dans ce pays ?
 

Aziz Djerrad : La situation sociale et économique est désastreuse
en Egypte depuis de nombreuses années, accentuée par les
dernières augmentations des prix de produits de large consommation
et le chômage qui touche des milliers de jeunes. Cet état de fait évolue dans une crise politique liée à une mauvaise gouvernance
(corruption, népotisme...) et au problème de la succession de
Moubarak.
Il y a une similitude avec le cas tunisien me diriez-vous ? En effet,
mais la complexité des relations entre les forces politiques, l'armée
et les services de sécurité ne permet pas de tirer des conclusions
hatives. Il est clair que ce qui se passe depuis quelques jours aura
des conséquences, au moins sur l'impossibilité pour Moubarak de
se représenter à la prochaine présidentielle.
C'est un seuil qui lui sera certainement exigé par l'armée
et, probablement, par l'administration américaine. Pour éviter
le chaos et une déstabilisation du pays, une alternance pacifique va
être mise en place à moyen terme et en douceur par l'armée et les
forces politiques internes avec la bénédiction des Américains. Sur
le plan géopolitique, l'Egypte actuelle fait partie d'un dispositif
stratégique américain de soutien à Israël. Il ne saurait donc être
question pour les Occidentaux d'accepter un pouvoir qui remettrait
en cause l'hégémonie américano-israélienne au Proche-
Orient. Le principe d'un changement de régime en Egypte est possible, voire même probable, mais avec une gestion différente du cas tunisien.


La situation sociopolitique de l'Egypte favorisera-t-elle la chute
du régime Moubarak ? Si oui, quel sera le nouveau paysage
politique dans ce pays ?


Je pense que le régime politique de Hosni Moubarak est en fin
de règne. Ce n'est qu'une question de timing. En plus de la crise
sociale et économique, c'est la nature de ce type de régime qui
est en train d'agoniser peu à peu dans le monde arabe. L'Europe de
l'est a connu cette phase historique après l'implosion de l'ex-URSS et la chute du Mur de Berlin.
Il me semble que c'est le début d'un processus historique irréversible
qui peut être plus ou moins long, selon les situations mais, du
moment qu’il a commencé, il ne va plus s'arrêter. L'espoir, c'est
l'émergences des élites politiques, culturelles, sociales et économiques qui, en s'organisant démocratiquement,
feront entrer réellement nos sociétés dans le XXIe siècle.


En cas de chute du régime de Moubarak, y aurait-il un bouleversement dans les relations internationales et un équilibre
des forces dans la région, notamment si l’on tient compte du
poids de l'Egypte au sein de la Ligue arabe et dans le processus
de paix en Palestine ?

 
Je viens de souligner que les Américains et leurs alliés dans la
région n'accepteront jamais un régime qui irait vers un bouleversement de leur stratégie au Proche-Orient. C'est pour cette
raison que, de mon point de vue,ils iront vers une «révolution
douce» pour encourager le départ de Moubarak, tout en préservant
une stabilité régionale favorable à Israël, aux monarchies du Golfe,
aux multinationales pétrolières et en maintenant le statut de
l'Egypte au sein de la Ligue arabe et dans un prétendu processus de
paix avec Israël.


Propos recueillis par Younes Saadi







envoi de Djamel Rouani que nous remercions comme il se doit.

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