Tunisie : sur la piste des proches de Ben Ali
24/01/2011 à 12h:16 Par Jeune Afrique
Manifestations devant le palais du gouvernement à Tunis, le 23 janvier 2011. © AFP
Le gouvernement a officiellement révélé que l'ex-ministre de l'Intérieur, Abdallah Kallel, ainsi que les deux anciens plus proches conseillers de Ben Ali, Abdel Aziz Ben Dhia et Abdelwahab Abdallah, ont été arrêtés. Par ailleurs des membres du clan Trabelsi ont réussi à trouver refuge au Canada en tant que "résidents permanents".
Dans les nombreuses rumeurs qui circulent à Tunis, les informations véridiques autour des clans Ben Ali – Trabelsi sont assez rares. Après avoir appris que l'un des neveux de l'ex-première dame Leïla Ben Ali, Imed Trabelsi, n'était pas mort mais en état d'arrestation, la prudence est plus que jamais de rigueur. D'autant que le gouvernement tunisien ne communique pas beaucoup sur les proches de l'ancien régime - au moins huit de ses membres - dont le Premier ministre Mohamed Ghannouchi. À peine sait-on, par exemple, qu'une trentaine de proches de la famille Ben Ali – Trabelsi ont été arrêtés, mais on ne sait toujours pas lesquels.Une solide information officielle a cependant filtré ce dimanche sur trois anciens collaborateurs de l'ancien régime. Selon l'agence officielle TAP, Abdallah Kallel, Abdel Aziz Ben Dhia et Abdelwahab Abdallah ont été arrêtés et placés en résidence surveillée. Le premier est le président du Sénat et ancien ministre de l'Intérieur, les autres ont été les plus proches conseillers de Ben Ali : Ben Dhia était l'un des architectes de la politique du président déchu, tandis qu’Abdallah, ministre-conseiller à la présidence, avait la haute main sur l'information.
Jusqu'ici, le sort de ces responsables faisait l'objet de rumeurs contradictoires, certaines évoquant leur arrestation, d'autres leur fuite. Les trois personnalités étaient des cadres de l'ancien parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), dont les manifestants exigent chaque jour la dissolution. Kellal a déjà eu maille à partir avec la justice : il a échappé de justesse à celle de la Suisse en 1992. Alors qu'il se faisait soigner dans ce pays, il a failli être arrêté après la plainte d'un Tunisien pour « torture » à l'époque où il était ministre de l'Intérieur.
Immigrés indésirables
Autre information sur des proches de l'ancien président : le ministre de l'Immigration canadien, Jason Kenney a déclaré que certains membres du clan Ben Ali « étaient déjà résidents permanents » du Canada, où ils ont donc « le droit » de séjourner.
Samedi dernier, Le Journal de Québec avait révélé l'arrivée d'un des frères de la femme de Ben Ali, son épouse, leurs deux enfants et gouvernante. Dimanche, Radio-Canada, a précisé que le jet privé ayant déposé les Ben Ali à l'aéroport international de Montréal-Trudeau transportait en réalité entre cinq et dix membres du clan, et aurait atterri jeudi, et non vendredi.
Ottawa a confirmé l'information du Journal de Québec, sans toutefois livrer plus de détails. L'identité exacte de la famille en question n'est pas connue, Leila Ben Ali (née Trabelsi) ayant plusieurs frères. Mais en coulisse, on confirme que ce beau-frère fait partie d'une liste d'une douzaine de membres du clan Ben Ali dont les mouvements sont suivis par des services occidentaux.
Reste que depuis l'arrivée de cette famille Trabelsi, les Canadiens ont exprimé leur indignation. Ils ne comprennent pas comment des membres d'une dictature honnie ont pu trouver accueil dans leur pays aussi facilement. Du coup, les autorités canadiennes ont dû se justifier et indiquer qu'elles n'entendaient pas accueillir d'autres proches de Ben Ali. Le gouvernement a par exemple accru sa surveillance des compagnies aériennes, a expliqué une source officielle sur Radio-Canada. Et samedi dernier, le ministère de l'Immigration avait déjà souligné que « M. Ben Ali, les membres destitués de l'ancien régime tunisien et leurs proches n'étaient pas les bienvenus au Canada ».
Grève générale
Pendant ce temps, les manifestations contre le cabinet dirigé par Mohamed Ghannouchi continuent à rassembler. Ce lundi 24 janvier, un affrontement a opposé devant le siège du gouvernement à Tunis forces de l'ordre et manifestants, qui exigent le départ des ministres ayant un quelconque lien avec l'ancien régime.
Et pour rajouter au désordre ambiant, une grève dans le secteur de l'enseignement a été annoncée. « On va rester jusqu'à ce que le gouvernement démissionne et s'enfuie comme Ben Ali », a déclaré devant les bureaux du Premier ministre, Othmene, 22 ans, militant de l'Union générale des étudiants de Tunisie (Uget).
Et la reprise des cours dans les maternelles, le primaire et pour les lycéens de classe terminale paraît pour le moins théorique aujourd'hui. « Nous n'avons pas une image complète de la situation mais il semble que la grève est bien suivie à Médenine, Tataouine (sud-est), Mahdia (centre-est) et Kasserine (centre-ouest) », a affirmé à l'AFP Nabil Haouachi, membre du syndicat national de l'enseignement primaire. (Avec AFP)
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