27 janvier 2011

Le courant du Futur terrorise les Sunnites libanais
Leila Mazboudi
26/01/2011 C’est bien la communauté sunnite qui est la première visée par la violence qui a caractérisé le mouvement de protestation, disséminés dans la plupart des régions sunnites du pays, par les partisans du Futur suite à la nomination du tripolitain  Najib Mikati aux consultations parlementaires.

 Selon ce courant, le poste de premier ministre lui revient de droit, et personne d’autre ne peut le convoiter. Sous prétexte qu’il représente la majorité des Sunnites. 

C’est effectivement le cas surtout depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2004. Fouad Siniora, puis Saad Hariri s’étant succédé à ce poste. Pourtant du vivant du défunt Hariri, ce dernier avait à trois reprises lâché le poste. Sans  jamais recourir  aux violences comme ce fut le cas récemment.

 Avant de descendre dans les rues, cette violence avait éclaté verbalement.
 Via leurs médias, les dirigeants du courant du Futur s’étaient succédé pour crier à la trahison. La trahison de Mikati bien entendu ! Accusé depuis d’être le candidat du Hezbollah !!

Pourtant ce député et homme d’affaires sunnite de 55 ans n’a jamais été un allié de l’opposition ni du Hezbollah. Bien au contraire, il avait été l’un des proches de Hariri. Dans son discours de candidature, prononcé lundi, avant le déclenchement des consultations parlementaires, il s’est présenté comme étant « un candidat d’union et de réconciliation ».

En vain !!
 Il fut la victime de cris de haine et de désinformation, sans répit. «  Mikati a voulu se présenter comme étant un candidat de réconciliation, mais il est le candidat du Hezbollah et de Michel Aoun » a lancé le député du Futur, Ammar Houri, lundi.
 Alors qu’un autre député, Oukab Sakr criait à «  la candidature de la trahison ».


Ce mardi, durant le mouvement de protestation qui a vite tourné aux violences, son bureau à Tripoli a été attaqué par les partisans du courant du Futur, qui ont agressé ses partisans.

Ce fut également le cas d’un autre député de Tripoli et le ministre sortant, Mohammad Safadi. Son bureau a fait l’objet d’une attaque, directement après avoir nommé Mikati et après avoir déclaré que ce dernier n’est en rien le candidat du Hezbollah.
Selon le quotidien AsSafir, Hariri a lui a proféré des mises en gardes alarmantes, le menaçant « qu’il allait le combattre de toutes ses forces et par tous les moyens disponibles ».

 Sans compter ultérieurement, les tentatives d’intimidation des plus agressives menées contre le premier candidat de l’opposition, également sunnite tripolitain, Omar Karamé, qualifié par certains médias du camp du 14 mars ( Youkal) du «  candidat de la vengeance ». En allusion à sa démission en 2004, au lendemain de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, qui lui fut injustement imputé suite aux manifestations qui ont éclaté!

 Durant les dix derniers jours, depuis la démission des ministres de l’opposition, ces tentatives pour terroriser les trois hommes battaient leur plein, dans cette ville nordique.
 «  Celui qui trahit Sheikh Saad trahit tout le Liban », «  celui qui formera un gouvernement autre que Hariri trahit la patrie et la communauté », «  celui qui  choisit quelqu’un d’autre que toi Sheikh Hariri, créée la discorde », sont quelques-uns des slogans inscrits sur les banderoles disséminées dans toutes les places importantes de Tripoli, signée par « l’Association Nour » et «  Sportifs pour le Liban », proches du courant du Futur.

En même temps les députés du Futur de la ville s’attelaient à présenter toute démarcation des leaders de cette ville comme une trahison à la communauté sunnite au Liban : «  aucune personnalité sunnite se respectant et ayant une  présence (politique, ndlr) ne peut défier Saad Hariri », scandait arrogamment le député tripolitain Mohammad Kabbara, la semaine dernière.

Pourtant, durant les dernières élections législatives en 2009, c’est Mikati qui a raflé la majorité des voix sunnites ( 77,6%)  alors que le candidat du Futur, Kabbara lui-même, est venu en quatrième position.

Insidieusement, cette campagne qui présente le Futur comme étant l’exclusif représentant de la communauté sunnite est escortée par le chef des Forces libanaises Samir Geagea, lequel ne manque aucune occasion pour creuser le fossé entre Sunnites et Chiites : lundi, il a accusé le Hezbollah de vouloir éliminer la volonté de 70% des Sunnites du Liban.

 Or, les chiffres de Geagea n’ont rien à voir avec la réalité.
Dans les deux fiefs les plus importants de la communauté sunnite, à Beyrouth 3 (où Saad Hariri n’a obtenu que 49% des voix des électeurs sunnites) et à Tripoli, la participation des électeurs sunnites au scrutin n’a pas dépassé les 48%.

Ce qui laisse croire pour ces 50 %, aussi bien pour ceux qui résident au Liban ou ailleurs,  qu’ils ont désobéi aux sommations du courant du Futur en faveur d’une participation de masse, résisté à ses dollars alléchants distribués généreusement, grâce surtout à l’aide saoudienne, ou affiché leur indifférence,  aux offres de rentrer gratuitement au pays le temps du scrutin.


Mais dira-t-on, cette catégorie certes considérable est toutefois silencieuse.
La campagne d’intimidation, voire de terreur, exercée de temps à autres contre les Sunnites pourrait bien être pour quelque chose !! 

 

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