25 janvier 2011

Tunisie : Imed Trabelsi est vivant... et les surprises continuent

22/01/2011 à 01h:12 Par Frida Dahmani, à Tunis | MAJ à 14h29

La rétention d'information autour de l'arrestation d'Imed Trabelsi suscite le trouble en Tunisie. La rétention d'information autour de l'arrestation d'Imed Trabelsi suscite le trouble en Tunisie. © Fethi Belaid / AFP
Incroyable mais vrai : non seulement le neveu de Leïla Ben Ali, Imed Trabelsi, serait bien vivant, selon le ministre de l'Intérieur Ahmed Friaa, mais les Tunisiens ont également eu la surprise de voir leur propres policiers manifester pour leurs conditions de travail. Du jamais vu !
On aura tout vu en huit jours, ou presque. La destitution d’un gouvernement, la dissolution du bureau politique du parti au pouvoir (le Rassemblement constitutionnel démocratique, RCD), le retour de ceux qui, hier, étaient des opposants et l’arrivée de la presse étrangère censurée depuis quelques années.
Dans tout ce tumulte, il semble à beaucoup de Tunisiens que quelque chose leur échappe, comme tendent à le prouver les déclarations du ministre de l’intérieur, Ahmed Friaa. Devant la presse, après avoir tenté d'esquiver les questions d’un journaliste, celui-ci a confirmé que Imed Trabelsi, le neveu de l'ex-première dame Leïla Ben Ali, était en état d’arrestation alors qu'une source hospitalière le donnait pour mort, poignardé, samedi dernier.
En revanche, Friaa n’a rien dévoilé quant aux autres membres des familles Ben Ali et Trabelsi. Un silence que les Tunisiens ont du mal à comprendre. « Ces zones d’ombre et ces ellipses ne sont pas bonnes, n’ont-ils pas compris que l’on veut de la transparence ? » s'insurge Hager, une quadragénaire employée d’une compagnie aérienne.
Revendications policières
Toute cette confusion pourrait cependant passer pour un déroulement normal des choses dans une révolution. Mais les Tunisiens ne sont visiblement pas au bout de leurs surprises. Vendredi, sur l’avenue Bourguiba, on pouvait prendre tranquillement un café en regardant passer les manifestations, les unes derrière les autres. La plupart des revendications portaient sur le départ des membres de l’actuel gouvernement d’union nationale ayant appartenu à l’ancien parti au pouvoir. Mais de l’autre côté de la ville, les  forces de l’ordre se sont également rassemblées pour manifester !
Policiers manifestant le 22 janvier à Tunis.
© AFP
Du jamais vu. Les policiers qui, il y a une semaine, tiraient sur la foule, ont fait une marche pacifique depuis leur quartier général de Bouchoucha jusqu’au siège du gouvernement pour réclamer de meilleures conditions de travail. Et les agents qui étaient en service à ce moment-là arboraient un brassard en signe de revendication... Les mêmes scènes se sont déroulées le samedi 22 janvier.
Pour leur part, les responsables des institutions publiques sont dans leurs petits souliers : la rue leur demande des comptes, voire leur départ pur et simple. Les bureaux de l'administration fiscale et de la Banque nationale agricole (BNA) ont été pris à partie par des manifestants. Les employés de la société de transport, Transtu, se sont brusquement mis en grève, à quelques heures du couvre-feu. De tous les côtés, les mouvements spontanés fleurissent. Bien malin qui pourrait dire de quoi demain sera fait...

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