 Le Golfe Persique
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Le  sursaut populaire arabe de l’hiver 2011 avec le renversement de deux  dictatures Hosni Moubarak (Egypte) et Zine El Abidine Ben ALI (Tunisie),  les soulèvements dans huit pays arabes (Libye, Bahreïn, au Yémen,  Algérie, Maroc, Jordanie, Irak) illustrent l’usage que font les  dirigeants arabes de leur surarmement, la répression de leur concitoyens  plutôt que la défense de l’espace nationale arabe contre ses ennemis  réels (Israël) ou virtuels (Iran).
Le contrat de l’ordre de 123 milliards de dollars,  conclu à l’automne 2010 entre l’Amérique et quatre pays du Golfe, en  vue de renforcer leur capacité défensive «face à l’Iran» constitue un  témoignage éloquent de cette politique de dilapidation financière pour  des motifs d’armement.
Loin d’être un exercice  d’auto flagellation, le constat est manifeste et le décompte affligeant.  Pendant près d’un quart de siècle de 1970 à 1994, période marquée par  une succession ininterrompue de conflits majeurs, la guerre civile  jordano-palestinienne de « Septembre Noir » de 1970, la troisième guerre  israélo-arabe d’octobre 1973, la guerre du Liban (1975-1990), la guerre  Irak-Iran (1980-1989), la deuxième guerre du Golfe (1990-1991), sans  parler de l’invasion américaine de l’Irak en 2003, le Moyen-Orient aura  absorbé 45 pour cent des armes vendues au tiers monde, trente pour cent  de la totalité des achats mondiaux d’armement, alors que sa population  ne représente que cinq pour cent de celle de la planète au point de  parvenir à posséder plus d’armements par habitant (pour les chars et  l’artillerie) que la totalité de la trentaine de pays européens compris  dans les anciens Pacte de l’OTAN et du Pacte de Varsovie (2)
Au premier rang des  « conflits budgétivores », la guerre irako iranienne (1979-1989) et la  guerre du Golfe (1990-, 1991) qui auront durablement compromis le  développement économique de la région, ainsi que la guerre du Liban  (1975-1990), qui aura complètement désarticulé un pays jadis pilote de  l’ensemble arabe tant au niveau économique qu’au niveau de la pratique  démocratique.
A raison de cinq cent  millions de dollars par mois pour chacun des belligérants sur neuf ans,  le conflit entre l’Irak et l’Iran, l’un des plus meurtriers de l’époque  contemporaine avec un million de victimes (300.000 morts et 700.000  blessés) aura coûté la bagatelle de 108 milliards de dollars, sans  compter les dégâts collatéraux infligés à l’occasion de la « guerre des  pétroliers » (258 cargos, pétroliers et caboteurs détruits) provoquant  en tonnage des pertes maritimes du même ordre que celles enregistrées  pendant la Seconde guerre mondiale. Ces précisions n’incluent pas les  dépenses d’armement.
Les Arabes ont déboursé  426 milliards de dollars en achat d’armement durant la décennie  1980-1990 et 60 milliards de dollars rien que dans les deux années qui  ont suivi la Guerre du Golfe (1991-1992).
A lui seul le Koweït a  déboursé en cinq ans (1990-1995), la fantastique somme de 70 milliards  de dollars pour financer tout à la fois l’effort de guerre de la  coalition internationale et sa reconstruction et préserver aussi son  indépendance par des achats massifs d’équipements militaires et du  matériel de sécurité.
Par leur coût  opérationnel, leurs dégâts et les préjudices annexes, les deux guerres  contre l’Irak (1990-1991 et 2003), auront coûté la bagatelle de mille  six cent soixante dix (1.670) milliards de dollars, épongeant les  surplus financiers gouvernementaux et gelant bon nombre de projets de  développement à dimension interarabe.
La guerre de la  coalition internationale contre l’Irak, consécutive à l’occupation du  Koweït (1990-1991) a coûté 670 milliards de dollars aux pays arabes,  selon le rapport du Conseil de l’Unité Economique Arabe paru en Août  1995 au Caire, tandis que l’invasion américaine de l’Irak, en 2003,  infligeait, elle, des pertes de l’ordre de mille milliards de dollars  (931 millions d’euro) au produit intérieur brut (PIB) des pays arabes du  fait des pertes civiles et militaires, de la dégradation de  l’environnement par l’usage des mines et des armes de destruction  massive notamment l’uranium appauvri, de la baisse des recettes du  transport aérien et maritime et de la hausse du coût des assurances et  des réassurances (3).
Douze mille milliards de dollars de pertes au Moyen orient depuis 1991
Strategic  Foresight Group (SFG), chiffre, quant à lui, à douze mille milliards de  dollars la somme perdue suite aux guerres qui ensanglantent l’ensemble  du Proche-Orient depuis 1991. Ce coût englobe aussi bien les pertes  humaines que les dégâts infligés à l’écologie, aux répercussions sur  l’eau, le climat, l’agriculture, en passant par la croissance  démographique, le chômage, l’émigration, la hausse des loyers, le prix  du pétrole, voire même l’éducation.
Le rapport de 170 pages se  fonde sur 95 paramètres. Plus de cinquante experts d’Israël, des  territoires palestiniens, d’Irak, du Liban, de Jordanie, d’Egypte, du  Qatar, du Koweït et de la Ligue arabe ont participé à cette étude menée  ce groupe de réflexion basé en Inde et soutenu par la Suisse, la  Norvège, le Qatar et la Turquie. Le chercheur indien Sundeep Waslekar,  président du SFG, précise:
« On doit parler d’une cascade de  coûts dont une partie n’est pas quantifiable financièrement comme les  atteintes à la dignité humaine. » Le rapport pointe par exemple les  centaines de milliers d’heures de travail perdues par les Palestiniens  aux check points (barrages israéliens). Il révèle aussi que 91% des  Israéliens vivent dans un perpétuel sentiment de peur et d’insécurité.
Au  seuil du XXI me siècle, le Monde arabe apparaît ainsi comme une zone  sous tutelle marquée par une présence militaire étrangère aussi  importante qu’à l’époque coloniale avec un important pays, l’Irak, sous  la coupe américaine, des bases dans le Golfe et des facilités militaires  dans dix pays arabes, dont l’Egypte et l’Arabie Saoudite, deux des  principaux chefs de file du monde arabe, soit la moitié des états de la  Ligue arabe.
Pour la première fois dans l’histoire, la présence  militaire américaine est institutionnalisée sur les zones pétrolifères  du Golfe et de la péninsule arabique, à l’épicentre du monde arabe,  Bagdad, l’ancienne capitale de l’Empire abbasside. Fragilisés par la  flambée islamiste anti-américaine et le tribut de la guerre réclamé par  Washington à ses obligés monarchiques, le Royaume wahhabite, jamais  colonisé même sous l’empire ottoman, le Koweït et le Qatar se trouvent  aussi sous un « protectorat de facto » des Etats-Unis. Soixante dix ans  après la décolonisation du tiers-monde, l’ordre américain s’est  substitué à l’ordre arabe,
Les convulsions  guerrières de l’espace arabe du dernier quart de siècle (1975-2000)  auront ainsi laissé sur le tapis 73 millions de pauvres, 65 millions  d’analphabètes, dix millions de sous alimentés et douze millions de  chômeurs, représentant 15 pour cent de la main d’oeuvre sur un marché du  travail gravement segmenté et dysfonctionnel. Le PIB (produit intérieur  brut) des 21 pays de la ligue était légèrement supérieur à celui de  l’Espagne, en 1999, représentant la moitié du PIB par habitant de celui  de la Corée avec un cinquième de la population vivant avec moins de deux  dollars par jour.
Selon le rapport 2009 sur le développement  économique du monde arabe, la zone compte le taux de chômage le plus  élevé au monde, se situant à 14,4 % alors que la moyenne mondiale est de  6,3 %. Compte tenu de la croissance démographique actuelle, les pays  arabes devront créer 50 millions d’emplois d’ici 2020 pour absorber  l’augmentation prévue de la population active. «La richesse tant vantée  des pays arabes provenant des hydrocarbures présente une image trompeuse  de leur situation économique, qui masque les faiblesses structurelles  de nombreuses économies arabes et l’insécurité des pays et des  populations qui en résulte», dit Walid Khadduri, consultant pour le  Middle East Economic Survey et membre de l’équipe principale de  rédaction du Rapport arabe sur le développement humain 2009.
Vingt  pour cent (20 %) de la population de la région arabe vivent en deçà du  seuil de pauvreté reconnu sur le plan international de 2 dollars par  jour. Toutefois, une proportion bien plus élevée de la population des  pays étudiés dans le rapport, vit en deçà du seuil de pauvreté national  et ne peut pas subvenir à ses besoins essentiels. En fait deux Arabes  sur cinq (2 sur 5) vivent dans la pauvreté. Le nombre de personnes  souffrant de malnutrition dans la région est passé de 19,8 millions en  1990-1992 à 25,5 millions en 2002-2004. Fait plus grave, un manque  généralisé de sécurité humaine s’oppose au développement humain en ce  que la sécurité humaine ne constitue pas uniquement une question de  survie, mais pour les populations à risque à retrouver le cap d’une  existence plus stable, au moyen des structures politiques, économiques,  sociales et culturelles garantes d’un avenir meilleur.
Le Monde  arabe compte trois cent vingt mille (320.000) millionnaires totalisant  une fortune de 1,1 trillions de dollars (trois mille milliards de  dollars), mais la recherche scientifique, pourtant un des leviers du  décollage économique et stratégique arabe, demeure une activité  marginalisée et apparaît comme le véritable parent pauvre des sciences  humaines.
Le Monde arabe compte  huit mille chercheurs (contre 400.000 aux Etats-Unis), dont certains  figurent parmi les brillants cerveaux de la planète tel l’égypto  américain Ahmad Zewail, Prix Nobel de Chimie 1999, professeur de  physique et chimie à l’Université Caltech (Etats-Unis) et premier arabe  détenteur de cette distinction. Il ne consacre pourtant que quatre  dollars par habitant à la recherche scientifique, Soit 300 fois moins  que les Etats-Unis tandis que les budgets affectés à la recherche ne  représentent que 0,25% du PNB en moyenne dans les pays arabes, contre 3 à  3,5 pour cent dans les pays développés. Au niveau universitaire, les  quelque 200 universités arabes consacrent près de 1% de leur budget  annuel à la recherche, alors qu’aux Etats-Unis cette part dépasse  souvent les 40 pour cent.
Près de cinquante ans  après avoir brandi l’arme du pétrole, en octobre 1973, dans la foulée de  la troisième guerre israélo-arabe, l’OPEP (organisation des pays  exportateurs de pétrole), particulièrement le groupe arabe dont il était  le fer de lance dans le combat pour son indépendance énergétique et sa  promotion politique, aura finalement ployé devant l’OPEA (organisation  des pays exportateurs d’armes), accentuant durablement la dépendance  arabe. Ce résultat a été avalisé par la première guerre du Golfe qui  constitue la »première alliance militaire objective entre Israël,  l’Egypte et les pétromonarchies arabes, mais également la première  guerre Nord-sud par la réalisation de l’union sacrée des consommateurs  de pétrole contre l’un de leurs principaux fournisseurs du sud »(4). Un  exploit financé de surcroît, faut-il le souligner, avec les deniers  arabes.

Pour une rupture avec la logique de vassalité
Au delà de cette chronique d’une déconfiture annoncée, trois vérités s’imposent :
1ère vérité: Le  monde arabe est redevable à l’Iran d’une part de sa culture et l’Islam,  d’une part, de son rayonnement qu’il s’agisse du philosophe Al Fârâbî,  du compilateur des propos du prophète Al Boukhary, du linguiste  Sibawayh, du théoricien du sunnisme Al Ghazali, des historiens Tabari et  Shahrastani, du mathématicien Al Khawarizmi (Logarithmes), et  naturellement le conteur du célèbre roman Kalila wa Doumna, Ibn al  Moukaffah et Avicenne et l’expansion de l’Islam en Asie centrale aux  confins de la Chine n’a pu se faire sans le passage par la plateforme  iranienne.
2ème vérité: Le  monde arabe est redevable à l’Iran d’un basculement stratégique qui a eu  pour effet de neutraliser quelque peu les effets désastreux de la  défaite arabe de juin 1967, en substituant un régime allié d’Israël, la  dynastie Pahlévi, le meilleur allié musulman de l’Etat hébreu, par un  régime islamique, qui a repris à son compte la position initiale arabe  scellée par le sommet arabe de Khartoum (Août 1967) des «Trois NON» (non  à la reconnaissance, non à la normalisation, non à la négociation) avec  Israël, offrant à l’ensemble arabe une profondeur stratégique en le  libérant de la tenaille israélo iranienne, qui l’enserrait dans une  alliance de revers , compensant dans la foulée la mise à l’écart de  l’Egypte du champs de bataille du fait de son traité de paix avec  Israël. La Révolution Islamique en Iran a été proclamée le 9 Février  1979, un mois avant le traité de Washington entre Israël et l’Egypte, le  25 mars 1979.
En retour, les Arabes,  dans une démarche d’une rare ingratitude, vont mener contre l’Iran, déjà  sous embargo, une guerre de dix ans, via l’Irak, éliminant au passage  le chef charismatique de la communauté chiite libanaise, l’Imam Moussa  Sadr (Libye 1978), combattant dans le même temps l’Union soviétique en  Afghanistan, le principal pourvoyeur d’armes des pays du champ de  bataille contre Israël.
3eme vérité: Le Monde  arabe s’est lancé, au-delà de toute mesure, dans une politique  d’équipements militaires, pendant un demi siècle, payant rubis sur ongle  de sommes colossales pour d’arsenal désuets, pour des livraisons  subordonnées à des conditions politiques et militaires draconiennes,  alors que, parallèlement, les Etats-Unis dotaient, gracieusement, Israël  de son armement le plus sophistiqué.
Israël a bénéficié, à ce  titre, de cinquante et un (51) milliards de dollars de subventions  militaires depuis 1949, la majeure partie depuis 1974, plus qu‘aucun  autre pays de la période postérieure à la II me Guerre mondiale, selon  une étude du spécialiste des affaires militaires Gabriel Kolko, parue  dans la revue «Counter punch» en date du 30 mars 2007 (5).
A cette somme, il  convient d’ajouter 11,2 milliards de dollars de prêts pour des  équipements militaires ainsi que 31 milliards de dollars de subventions  économiques, sans compter la promesse de George BushJr, au terme de son  mandat, de fournitures de l’ordre de trente milliards de dollars, dont  des missiles à guidage laser, des bombes à fragmentation, des bombes à  implosion, un dôme d’acier de protection anti balistique, en vue de  préserver la suprématie militaire israélienne au Moyen Orient
A deux reprises au cours  du dernier quart de siècle, les pays arabes ont participé à des guerres  lointaines par complaisance à l’égard de leur allié américain, parfois  au détriment des intérêts à long terme du monde arabe, s’aliénant même  un allié naturel, l’Iran un voisin millénaire, dans la plus longue  guerre conventionnelle de l’époque contemporaine, sans pour autant  bénéficier de la considération de leur commanditaire américain.
A l’apogée de sa  puissance, au plus fort de son alliance avec l’Iran, l’Amérique n’a  jamais réussi à faire restituer à leur propriétaire arabe légitime ces  trois îlots. En phase de puissance relative, saura-elle au moins  protéger durablement ces relais régionaux, au moment où ses déboires en  Irak et en Afghanistan la place sur la défensive, alors que,  parallèlement, l’Iran, fort de sa maîtrise de la technologie nucléaire  et des succès militaires des ses alliés régionaux, le Hezbollah (Liban),  Moqtada Sadr (Irak) et le Hamas (Palestine) se pose en parfait contre  exemple de la servitude monarchique, avec un rayonnement se projetant  bien au-delà des zones à fortes minorités chiites arabes dans les  régions pétrolifères d’Arabie Saoudite, de Bahreïn, du Koweït, d’Irak,  et dans la zone limitrophe d’Israël dans le sud du Liban pour s’étendre à  l’ensemble de la sphère arabo musulmane?
Plus précisément,  l’Amérique, pourra-t-elle protéger ses relais des turbulences internes  attisées par les frasques monarchiques répétitives, en parfait décalage  avec les dures conditions de la réalité quotidienne de la multitude de  leurs concitoyens et qui gangrènent inexorablement les assises de leur  pouvoir?.
Le Monde arabe a engagé  près de deux mille milliards de dollars au titre des dépenses militaires  depuis le dernier tiers du XX me siècle, soit environ 50 milliards de  dollars par an en moyenne, sans avoir pu se doter ni d’une capacité de  projection de puissance, ni d’une capacité de dissuasion nucléaire,  encore moins de la capacité spatiale du renseignement, autant  d’attributs de la puissance moderne qui lui font cruellement défaut à  l’ère de la société de l’information et de son application militaire,  l’info guerre.
Une telle disparité de  traitement entre Israéliens et Arabes au regard des Américains, l’un  s’équipant à l’œil, alors que les autres sont contraints de payer cash,  en dépit de la contribution financière et humaine des pays arabes aux  équipées américaines tant en Afghanistan qu’au Nicaragua contre le bloc  soviétique, de même que leur comportement erratique à l’égard de leurs  alliés naturels (l’Union soviétique et l’Iran), expliquent le discrédit  du monde arabe sur la scène internationale et une part de son collapsus  stratégique.
La récente tournée de  Hilary Clinton, secrétaire d’état dans le Golfe, le 10 janvier 2011,  pour mobiliser les pétromonarchies face à l’Iran, à la veille de la  conférence d’Ankara entre l’Iran et les Occidentaux, parait avoir pâti  des révélations de WikiLeaks sur la duplicité et la connivence des  riverains arabes du Golfe, à l’égard de leur voisin iranien. Le Sultanat  d’Oman, le plus pro occidental des états de la région, qui abrite la  base aéro navale britannique de Massirah, s’est refusé à se joindre à de  nouvelles sanctions. Oman envisage d’aménager un port stratégique à AD  DOKKOM, à l’intersection du Golfe arabo-persique et de l’Océan indien,  pour servir de débouché au marché iranien et à l’Asie centrale. Ce  projet, d’une valeur de 26 milliards de dollars, serait prolongé d’une  voie ferrée menant au port de SAHHAR, au-delà, au port iranien de Bandar  Abbas, le point de transit vers l’Iran et le Caucase.
Telle devrait être la  leçon à méditer, alors que les pétromonarchies s’engagent dans une  aventure aux conséquences incertaines, une nouvelle équipée pour les  besoins stratégiques de leur maître américain, pour le plus grand  bénéfice de son allié israélien.
Telle est la leçon à  méditer afin d’éviter que les factotums sunnites ne soient à nouveau  «les dindons de la farce», la risée universelle de la planète, les  grands perdants de l’histoire, entraînant dans leur chute l’ensemble des  pays arabes. L’éviction de Hosni Moubarak (Egypte), de Zinedine ben Ali  (Tunisie) et le vent d’Est qui fait tanguer Bahreïn, la Libye, la  Jordanie, le Yémen, l’Algérie et le Maroc en constituent la sanction  d’un sursaut salutaire.
Sauf à entraîner le  monde arabe dans un déclin irrémédiable, une claire rupture avec la  logique de la vassalité s’impose, alors que la scène internationale  s’achemine vers un choc entre le leader en devenir (la Chine) et la  puissance déclinante (les Etats-Unis), impliquant une vaste  redistribution des cartes géopolitiques à l’échelle planétaire.
Références 
1- Pour la problématique  du collapsus arabe, Cf. «Aux origines de la tragédie arabe» par René  Naba – Editions Bachari Paris 2006 particulièrement le prologue «Une  démocratie cathodique»
2- Marie Luce Dumas in  « Moyen-Orient/Occident: Ordres et désordres », Armement, courses et  contrôle- Les Cahiers de l’Orient N°29, premier trimestre 1993 et « Les  cent portes du Proche-Orient »- Alain GRESH et Dominique Vidal- Les  éditions de l’Atelier Octobre 1996.
3- Déclaration de  MILWATT TALLAMI, secrétaire général de la commission économique et  sociale de l’ONU pour l’Asie occidentale (ESCWA), in Le Monde 2 avril  2003. A cela il convient d’ajouter les pertes des financières arabes, en  1997-1998, de l’ordre de cent (100) milliards de dollars du fait de  l’effondrement de l’économie russe et de la crise financière asiatique.  Une perte de cinquante milliards de dollars a été enregistrée lors du  Krach boursier d’octobre 1997 du fait de la dévalorisation de leurs  placements à l’étranger, qui sont, eux, estimés entre 600-800 milliards  de dollars, la moitié appartenant aux pétromonarchies du Golfe, la  majeure partie concentrée dans les pays grands pays industrialisés  (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Allemagne, Suisse, France), dont 20 pour  cent en bons du trésor. (Al-Charq Al-Awsat, 9 janvier 1999).
4- Jacques Attali, « VERBATIM » Tome 3 (1988-1991)- Fayard- octobre 1995
5- Gabriel Kolko, spécialiste de l’histoire militaire, est l’auteur de plusieurs ouvrages de référence
-«Anatomie d’une guerre, le Vietnam, les Etats-Unis et l’expérience historique moderne »
-«La grande histoire de la Guerre mondiale
-«Century of war: Politique, conflits et société depuis 1945 »
 
René Naba : Ancien  responsable du monde arabo-musulman au service diplomatique de l’Agence  France Presse, ancien conseiller du Directeur Général de RMC/Moyen  orient, chargé de l’information, est l’auteur notamment des ouvrages  suivants : —« Liban: chroniques d’un pays en sursis » (Éditions du  Cygne); « Aux origines de la tragédie arabe"- Editions Bachari  2006.;  "Du bougnoule au sauvageon, voyage dans l’imaginaire français"-  Harmattan 2002. « Rafic Hariri, un homme d’affaires, premier ministre »  (Harmattan 2000); « Guerre des ondes, guerre de religion, la bataille  hertzienne dans le ciel méditerranéen » (Harmattan 1998); "De notre  envoyé spécial, un correspondant sur le théâtre du monde", Editions  l'Harmattan Mai 2009.
Son blog : http://www.renenaba.com/