Egypte: c'est par où la démocratie?
15 Février 2011 Par
- De notre envoyé spécial au Caire.
L'avenir politique de l'Egypte, c'est un peu comme un trajet en taxi au Caire:
personne ne peut pronostiquer quel chemin il va emprunter.
En apparence, le pays est redevenu calme: les magasins ont rouvert,
les voitures ont regagné la place Tahrir, les klaxons résonnent toujours,
mais seulement pour pester contre le trafic.
La classe aisée égyptienne, moteur de la révolte, a repris le travail, presque
comme si de rien n'était, inquiète des dégâts collatéraux: il faut remettre l'économie en marche.
Sur les réseaux sociaux, les messages se multiplient pour dire au monde entier de revenir
visiter l'Egypte.
Mais les classes plus populaires, elles, ne demandaient pas qu'un changement de régime.
«Le pain» faisait aussi partie des demandes prioritaires de la révolte, et il n'est pas apparu par magie.
Lundi, sans que personne puisse en donner une estimation exacte, des grèves se sont poursuivies
à travers le pays. Des centaines de fonctionnaires ont manifesté au Caire pour réclamer de meilleurs
salaires et de meilleures conditions de travail. Les transports publics sont touchés par les grèves.
La Banque centrale d'Egypte a décidé de fermer ses bureaux dans tout le pays en raison du mouvement social des employés de la Banque nationale.
«Ce sont des mobilisations corporatistes limitées et qui existaient avant le mouvement du 25 janvier,
relativise le journaliste Hicham Kassem, militant historique de la démocratie en Egypte, issu du journal indépendant Masry Al-Youm.
Ces personnes se sentent encouragées dans leurs revendications par ce qui s'est passé au cours des dernières semaines, mais il n'y a rien
de comparable.»
Il n'empêche: la situation s'annonce compliquée à gérer pour le nouveau gouvernement, supposé être
de transition, et dont personne ne sait s'il restera quelques semaines avant d'être remplacé,
ou s'il tiendra jusqu'à l'organisation d'élections libres.
Dimanche, l'annonce de la dissolution du parlement, qui n'avait aucune légitimité,
et la suspension de la constitution ont rassuré les contestataires de l'ancien régime.
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