06 novembre 2009
les aveux de l'ambassadeur américain à Bagdad
Les aveux de l’ambassadeur américain à Bagdad
Daoud Al-Farhane
26-09-2009
L’ambassadeur américain Ryan Crocker n’est pas très connu dans le monde arabe bien qu’il soit l’un des rares survivants de l’explosion de l’ambassade américaine à Beyrouth en 1986. Il était aussi sur les lieux lors de l’action terroriste contre le World Trade Center le 11 septembre 2001, ainsi que lors de la guerre contre l’Afghanistan en 2002 et contre l’Irak en 2003.
Il était toujours dans les coulisses du pouvoir. Il avait pourtant de quoi être célèbre ayant pu s’extraire avec sa femme des décombres de l’ambassade américaine à Beyrouth et échappé à un tir au mortier contre sa résidence dans la zone verte à Bagdad en 2008.
Comme le gouverneur Bremer auparavant, voici que l’ambassadeur Crocker sort de sa réserve pour reconnaître « l’échec de la politique américaine en Irak, les luttes d’influence entre militaires et civils américains et la guerre sans merci que se livrent les nouveaux hommes politiques irakiens pour la domination, le pouvoir et l’argent.
Crocker qui est le cinquième ambassadeur américain à Bagdad depuis l’occupation de l’Irak, après Garner, Bremer, Negroponti et Zelman Khalil Zada, reconnaît aujourd’hui que le plus grand défaut des américains en Irak, est qu’ils « n’ont pas ce qu’il appelle « la patience stratégique » et qu’ils ont le souffle court, à l’inverse de ce que font les héros du cinéma américain, quand ils parviennent à accomplir leur mission au cours de quelques heures en détruisant totalement l’ennemi et en sauvant l’Amérique d’une attaque aérienne nucléaire ou chimique.
Dans un long article publié par le magasine News Week, http://www.newsweek.com/id/214988/, la semaine dernière, l’ambassadeur écrit que « très peu de chefs militaires américains avaient une idée claire du paysage politique irakien le lendemain de la chute de l’ancien régime en avril 2003. Je me souviens avoir rencontré l’un d’entre eux qui m’avait donné l’impression qu’il se foutait absolument de tout en dehors du mouvement de ses troupes : positionnement, défense et tirs sur les objectifs…J’ai essayé de lui expliquer ce que pourrait être l’idée que se feraient les irakiens des USA et de leurs troupes si nous ne trouvions pas le moyen de régler l’ensemble des problèmes économiques, sociaux et politiques. Sa réponse était celle de nombreux militaires : « ce n’est pas notre mission, ce que vous me dites est digne d’intérêt mais je n’ai rien avoir avec tout cela ».
A propos des scènes de vol, de pillage et d’incendie qu’a connues l’Irak au cours de la première semaine de l’occupation et qui s’étaient déroulées au nez de l’armée américaine, Crocker explique « que la chute de l’ancien régime a été traduite comme étant la fin de l’ordre public et le règne du désordre. Ce fut la porte largement ouverte aux criminels et aux bandits pour une maîtrise totale de la rue et le pillage des édifices publics et des commerces. Ils ont incendié et détruit le musée national et même le réseau électrique national, récupéré et vendu les câbles de cuivre. Les irakiens ont déduit de ce désordre que les américains n’accordaient aucun intérêt à leur situation, qu’ils étaient incapables de maîtriser le déroulement des événements et n’avaient ni un plan ni les moyens nécessaires au maintien de l’ordre dans le pays ».
Crocker reconnaît que « les américains n’avaient aucun plan pour gouverner l’Irak et même, plus précisément, un plan pour le lendemain de la chute de Saddam Hussein » et se demande « s’ils avaient ne serait-ce un plan pour constituer un gouvernement irakien sans pouvoir ». Sa réponse, claire et nette : est non, puisque les forces d’occupation n’ont réussi à constituer le « conseil intérimaire de gouvernement », de triste réputation, qu’avec l’aide des Nations Unies.
La dernière mission confiée à Crocker par le state department en 2007 était d’aller à Bagdad. La résistance, dont les premières opérations avaient commencé au cours de la première semaine de l’occupation, « avait atteint son apogée », selon ses termes. Elle était même convaincue de pouvoir nous mettre, à brève échéance, hors d’Irak. Crocker reconnaît que les troupes américaines manquaient autant de patience stratégique que d’unité de commandement. Il dit que les ennemis de l’Amérique en Irak avaient exploité notre arrogance pour infliger davantage de pertes à nos troupes et à celles de nos alliés.
Mais malgré tout, Crocker ne formule aucune critique contre le président Bush ou contre aucun des hommes politiques irakiens de connivence ou collaborant avec les troupes d’occupation. En ce domaine, il a la même position que tous les chefs militaires et hommes politiques américains qui considèrent ces hommes comme des « Karakouz* » ou des pantins, ne méritant ni la critique, ni même l’injure.Tout juste le mépris !
*Le karakouz est le guignol du théâtre des marionnettes Ottoman (Ndt)."
Traduit de l’arabe par Ahmed Manai
http://www.iraqirabita.org/index.php?do=article&id=21450/
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