publié le samedi 14 novembre 2009
Par Pierre Barbancey
Quoi qu’il arrive, Israël sait pouvoir compter sur l’Union européenne (UE). Déjà, ces dernières semaines, les pays de l’UE avaient pris soin, à l’ONU, de ne pas soutenir le rapport Goldstone accusant de crimes de guerre l’armée israélienne et le Hamas palestinien lors de l’offensive dans la bande de Gaza. Alors que le processus de paix est bloqué du fait de l’intransigeance d’Israël, qui refuse de stopper sa politique de colonisation en Cisjordanie et à Gaza, l’Union européenne fait comme si de rien n’était et poursuit la mise en place de l’intégration d’Israël dans ses structures, dans le cadre de l’accord d’association.
Comme l’explique le site de la Commission européenne, « l’UE et Israël se sont engagés dans un partenariat visant à instaurer des relations politiques étroites et des relations de commerce et d’investissement mutuellement bénéfiques, ainsi qu’une coopération dans les domaines économique, social, financier, civil, scientifique, technologique et culturel ». Le plan d’action « a pour but d’intégrer progressivement Israël dans les politiques et programmes européens ». Ce plan « est adapté afin de refléter les intérêts et les priorités d’Israël, ainsi que son niveau de développement », peut-on encore lire. « La coopération UE-Israël prévoit pour la première fois un volet d’aide financière, Israël devant recevoir, au cours des sept prochaines années, 14 millions d’euros au titre de la coopération financière de la communauté européenne. » L’accord d’association comporte cependant une clause (article 2) qui explique que « les relations entre les parties (…) doivent être fondées sur le respect des droits de l’homme et le respect de la démocratie ». Un article visiblement oublié.
Les droits de l’Homme balayés du débat
L’UE et Israël ont ainsi achevé leurs négociations sur la libéralisation du commerce des produits agricoles. Cet accord a été acquis le 20 octobre et devrait être signé dans un avenir proche. Un autre accord sur la mise en place d’un cadre pour la certification des produits pharmaceutiques est annoncé et devrait être finalisé très prochainement. Le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, déclarait, fin septembre, qu’il ressentait un « manque de réponse » de l’UE et affirmait qu’il ne doit pas y avoir de « conditionnalité ». Depuis Jérusalem, où il se trouvait le 15 octobre, à l’occasion d’une conférence sur « Israël et l’élargissement de l’UE », le vice-président de la Commission européenne, Günter Verheugen, a expliqué qu’« Israël est un partenaire naturel », c’est un « pays atypique, qui mérite un statut spécial car il est proche de l’UE en ce qui concerne le développement économique et la stabilité de sa démocratie et de ses institutions ». « Les relations à développer seront peaufinées afin qu’elles soient aussi proches et semblables que possible de celles avec la Norvège et l’Islande, qui sont membres de la zone économique européenne. » Il a souhaité que soit fixé un « agenda positif » pour tracer « des perspectives nouvelles et intéressantes pour le développement futur des relations UE-Israël (…). (Nous) travaillons déjà ensemble sur un large éventail de questions », notamment l’environnement, l’énergie, la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Seule allusion à l’occupation des territoires palestiniens, Verheugen s’est borné à affirmer qu’il fallait espérer qu’avec le temps, le Moyen-Orient connaîtrait la même paix et la même stabilité que l’Europe avait acquise (sic) ! Lors d’une rencontre à la mi-septembre entre Rafik Barak, vice-directeur général au ministère israélien des Affaires étrangères, et un représentant européen, Israël a demandé qu’aient lieu des visites au plus haut niveau, telle celle du commissaire Verheugen décrit comme « un bon ami du pays ».
Occupants et occupés sur un même plan
Alors que l’Union européenne, principal bailleur de fonds dans la région, a les moyens de faire pression sur Israël pour que le processus de paix reprenne sur des bases permettant la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967, elle se contente de quelques déclarations de principe et pratique la « politique de l’équilibre », mettant sur un même plan occupants et occupés. Ce faisant, l’UE aide Israël à renforcer son poids économique, financier et militaire au Proche-Orient, alors que, de l’aveu même de Bernard Kouchner, « l’aspiration à la paix » semble avoir « disparu, comme si on n’y croyait plus ».
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