Tunisie: les avocats en grève pour dénoncer la répression
TUNIS — Des milliers d'avocats ont observé jeudi une grève très suivie dans tous les tribunaux tunisiens pour dénoncer la répression le 31 décembre d'une manifestation de solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid, principal foyer de protestations contre le chômage et la précarité dans le pays."La grève a été suivie par 95% des avocats dans l'ensemble des tribunaux", à l'appel du Conseil national de l'Ordre des avocats (CNOA), a indiqué à l'AFP le bâtonnier Abderrazak Kilani.
"Cela s'est déroulé dans le calme et aucun incident n'a été enregistré dans les régions ni dans Tunis, les avocats démontrant qu'ils peuvent riposter avec sagesse et responsabilité", a-t-il affirmé.
Des permanences ont été assurées auprès de tribunaux pour les affaires présentant un risque de rejet mais l'écarasante majorité des 8.000 avocats que compte la Tunisie a suivi le mouvement, a ajouté le bâtonnier.
A Tunis, les avocats en robe se sont regroupés dans la salle des pas perdus du Palais de justice, sur l'avenue Bab Bnet, où les forces de sécurité très présentes observaient sans intervenir, a constaté l'AFP.
Le CNOA avait appelé à cette grève après la répression le 31 décembre d'une manifestation du barreau en soutien à la population de Sidi Bouzid (centre-ouest), point de départ de troubles et manifestations sociales sur fond de chômage depuis le 19 décembre.
Le 31 décembre, le CNOA avait dénoncé "un usage sans précédent" de la force pour "faire taire les avocats" et affirmé que ceux-ci étaient "déterminés à défendre la liberté d'expression" et "le droit des habitants de Sidi Bouzid et d'autres régions démunies à l'emploi, à la dignité".
Des avocats avaient été "frappés, pourchassés et insultés" à Tunis, Grombalia, Sousse, Monastir, Mahdia, Gafsa et Jendouba. L'un d'eux avait eu le nez fracturé et un autre avait été "gravement blessé à l'oeil", selon le CNOA.
Le bâtonnier s'est brièvement adressé à ses confrères jeudi les invitant à "tourner la page maintenant que la profession s'est exprimée pour dire qu'il n'est pas permis de taper sur les avocats".
Des membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, parti au pouvoir du président Zine El Abidine Ben Ali) se sont opposés à la grève. "Cela n'a rien d'une action de défense du barreau, c'est un acte d'intrumentalisation politique" dans le conteste de l'agitation sociale, a affirmé Me Mohsen Harbi.
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