Le 9 avril 1986 Ronald Reagan a appelé Muammar el Kadhafi le "chien enragé du Moyen-Orient". Aujourd’hui, après la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne, une guerre fait rage dans le but de le renverser.
Gaza sous les bombardements israéliens. Curieusement, quand il est question des Palestiniens, les puissances occidentales ne parlent jamais de "protéger les civils" ou de "no-fly zone"...
Cela fait des dizaines d’années qu’il dirige en despote, punissant ses ennemis, récompensant ses amis. Ses jours sont sans doute comptés désormais. Washington ne renoncera pas à le faire partir, peu importe le nombre de morts que cela prendra pour atteindre cet objectif.
Il y a cependant un danger bien plus grand qui menace la région, à savoir la machine de guerre israélienne basée à Jérusalem. En dehors du fait que ce pays occupe illégalement la Palestine, qu’il brutalise les Palestiniens, qu’il persécute les Arabes israéliens, qu’il menace et attaque ses voisins, il est depuis toujours déterminé à diviser la région pour la contrôler.
De fait, son projet cauchemardesque consiste à découper les nations arabes en de petits états -les balkaniser en somme, suivant des critères ethniques et sectaires pour en faire des satellites d’Israël, des satrapes faciles à contrôler. L’idée vient du système des Millets de l’empire ottoman par lequel les autorités locales gouvernaient séparément chaque communauté religieuse avec son identité ethnique donnée.
La conquête du Golan par Israël en 1967 suivait ce plan. Les invasions du Liban de 1978 et 1982 faisaient aussi partie du projet d’affaiblir, de fragmenter, de diviser et de reconfigurer les états de la région sous le contrôle israélien en les attaquant de manière préventive.
Hélas, au lieu de sanctionner Israël, d’exiger qu’il mette fin au siège de Gaza et d’imposer une zone d’exclusion aérienne pour empêcher ses attaques aériennes régulières et ses attaques au sol, Washington, le trésorier et partenaire d’Israël, le fournit généreusement en armes et en fonds, se mettant de ce fait au service de sa machine de guerre sans foi ni loi.
Ce qui fait qu’Israël est devenu une sorte de Sparte moderne ; Le pays est capable de mobiliser plus de 600 000 combattants en 72 heures, il est équipé d’armes nucléaires et autres armes de pointe et il bénéficie du soutien inconditionnel de l’occident quoiqu’il fasse. De plus, pour atteindre son but, il n’hésite pas à endoctriner les jeunes israéliens pour en faire des guerriers dans un processus qui prépare les mineurs à leur future service militaire obligatoire.
On leur enseigne que la force et la guerre sont les meilleurs moyens de résoudre les problèmes politiques. Cela leur est martelé tout au long de leur éducation, y compris par des soldats en uniforme dans les salles de classe. De plus, les enseignants, et surtout les directeurs, sont des officiers de l’armée à la retraite et sur les murs de l’école, les noms et des photos des héros tombés au combat se mêlent aux noms des diplômés. Qui plus est, des sorties scolaires sont organisées sur les anciens champs de bataille ou dans les mémoriaux, à tous les âges.
Les programmes et les livres de classe reflètent aussi le militarisme ambiant ; du jardin d’enfants jusqu’au lycée, dans toutes les écoles publiques, les enfants suivent des cours obligatoires appelés "préparation à l’IDF" (Forces de défense israéliennes). Ces cours comprennent de l’entraînement physique ainsi que la glorification des héros et des conquêtes militaires, en même temps qu’ils vilipendent les Arabes et incitent les enfants à les haïr.
Ils apprennent tout cela dès leur plus jeune âge et cette empreinte indélébile les prépare à devenir des conscrits, à se battre puis à passer tout le reste de leur vie à soutenir l’armée. De fait, en élevant des enfants dans une atmosphère de violence et d’hostilité, on les conditionne à faire la guerre contre tous ceux qu’on leur désigne comme des ennemis que cela soit vrai ou non.
En conséquence les Palestiniens souffrent horriblement sous le joug d’une armée d’occupation impitoyable qui se livre à des violence journalières telles que assassinats ciblés, arrestations de masse, vol des terres, transferts de population, torture, qui paupérise et prive de travail les populations et qui viole leurs droits élémentaires et leurs droits humains, surtout à Gaza assiégé où le peuple est victime d’un génocide au ralenti à force de manquer de tout.
De plus Israël ne cesse de faire des incursions à Gaza et d’attaquer les Palestiniens en toute impunité. Les USA n’expriment pas la moindre critique à son égard et encore moins de condamnation ; Ils n’appellent pas non à des sanctions, à l’isolement, ni à une zone d’exclusion aérienne pour empêcher de nouveaux assauts aériens ou terrestres contre Gaza.
Et donc, rien que pendant la période du 10 au 16 mars, les frappes aériennes israéliennes ont tué deux travailleurs palestiniens, en ont blessé deux autres et ont détruit trois bâtiments civils. D’autres Gazaouis, des fermiers, des pécheurs et des civils ont aussi été pris pour cible.
De plus les Israéliens ont attaqué les manifestations pacifiques de Cisjordanie aux gaz lacrymogènes et on tiré des balles en caoutchouc. Ils ont arrêté deux militants internationaux des droits de l’homme et ont fait 47 incursions différentes dans des communautés palestiniennes qui se sont soldées par 66 arrestations dont six enfants.
Le 17 mars, avec l’accord du gouvernement, les colons se sont déchaînés contre les Palestiniens au cours d’une "journée de la colère" en représailles du meurtre récent d’une famille de colons, bien qu’il n’y ait aucune preuve que des Palestiniens aient commis ce crime.
Les colons ont attaqué des Palestiniens à coup de pierres et de cocktails Molotov et ont lancé une bombe incendiaire sur une maison. De plus, quatre voitures et un tracteur ont été brûlés et sept autres véhicules endommagés. Ils ont blessé d’autres personnes et des colons armés et des soldats israéliens ont arraché des centaines d’oliviers près de Bethléem.
Le 14 mars un Palestinien a été tué d’un coup de couteau, un magasin a été incendié et des voitures ont été détruites à coup de pierres près de Hébron. Le 20 mars une petite fille de onze ans a été écrasée en allant à l’école.
De plus Israël a annoncé la construction de 500 nouvelles maisons dans les colonies et intensifié la destruction de maison palestiniennes suite aux meurtres, en dépit du fait que rien ne prouve qu’ils aient été perpétrés par des Palestiniens.
Le 21 mars, lors d’attaques aériennes les Israéliens ont bombardé des sites civils de Gaza, blessant 15 civils y compris deux femmes et deux enfants. Des douzaines de maisons, sept magasins, plusieurs voitures, un bâtiment municipal, un atelier métallique et une station de recyclage du plastique ont été partiellement ou totalement endommagés.
Le 22 mars, d’autres attaques ont fait quatre morts dont deux enfants, et onze blessés dont 8 enfants (trois d’entre eux gravement). Des membres des brigades el Quds ont aussi été pris pour cible près de la mosquée de Abdul Aziz al-Rantisi à l’est de Gaza, et quatre personnes ont été tuées.
Le 24 mars, des avions de guerre israéliens ont mené deux autres attaques ; ils ont pris pour cible une centre d’entraînement de la ville de Rafah et l’ont fortement endommagé, sans faire de morts ni de blessés. De plus, selon l’agence de presse SAFA, des attaques aériennes ont touché un tunnel à l’est de la porte Salah Al-Din de Rafah. Quatre missiles ont été tirés sur un site militaire du Hamas au sud de la ville de Gaza et des attaques israéliennes ont détruits les câbles d’alimentation électrique dans plusieurs quartiers.
La radio israélienne a affirmé que Gaza avait envoyé des roquettes et des bombes à mortier et qu’ils n’avaient fait que répliquer. Le Jihad Islamique a revendiqué ces attaques en disant qu’il avait agi "en représailles contre les attaques incessantes d’Israël". Le Hamas a déclaré qu’il s’engageait à respecter le cessez le feu à condition qu’Israël cesse d’attaquer Gaza. Sinon il considérait qu’il avait le droit de se défendre.
Selon le International Middle East Media Center, (centre médiatique du Moyen Orient) :
"Les politiciens israéliens seraient en train de réfléchir à une escalade supplémentaire qui pourrait être une second "Cast lead". Etant donné la guerre de Washington en Libye qui s’ajoute à celles d’Irak, d’Afghanistan et du Pakistan et les nombreux soulèvements arabes, une offensive israélienne semble peu probable. Mais elle se produira peut-être plus tard, à un moment plus opportun.
Doit-on s’attendre à d’autres guerres ?
Le plus souvent Israël profite de provocations réelles ou fabriquées pour donner libre cours à sa violence ou déclarer la guerre. En fait, l’attentat du 23 mars à Jérusalem aurait pu être utilisé de la sorte si une attaque d’envergure avait été à l’ordre du jour. L’incident à l’arrêt de bus bondé a tué une personne et en a blessé une trentaine, dont trois gravement. Selon Haaretz il s’agissait probablement d’un engin explosif "caché dans un sac près du téléphone". Le 24 mars, Ma’an News a dit que la police israélienne resterait "en état d’alerte maximum" suite à cette attaque. Un officiel anonyme a déclaré que "les autorités savaient qui était derrière" l’attentat : les suspects habituels sans aucun doute.
Cela fait bientôt 44 ans que des incidents similaires et d’intenses conflits sporadiques jalonnent la vie quotidienne de la Palestine occupée. Cela témoigne de la brutalité et de la violence israéliennes, mais au lieu de les condamner et d’exiger qu’il y soit mis fin, Washington les récompense généreusement tout en attaquant lui-même à des fins impérialistes tous ceux qui lui en donnent l’occasion comme Kadhafi.
Ce sont toujours les civils innocents qui souffrent le plus, surtout les femmes et les enfants qui sont les principales victimes de la guerre et de la violence ; ce sont des victimes ignorées, qui n’ont pas de valeur et qui n’intéressent personne et que les medias dominants, qui soutiennent les massacres et les destructions impérialistes, ne mentionnent jamais.
Tout ceci fait que des milliers de Palestiniens sont prêts à lancer une troisième Intifada, galvanisés par les autres soulèvement pour un changement démocratique dans la région. Au début de mars, une nouvelle page de Facebook a été créée pour la promouvoir avec comme slogan :" La Palestine sera libérée et nous la libérerons."
En quelques jours, la page a enregistré 140 000 "j’aime" avec un million comme but, et le rythme se maintient et en en attend encore beaucoup d’autres - c’est une vague de fond qui aura raison de l’occupation et qui apportera à ce peuple opprimé la fin de l’occupation et le changement démocratique qui lui ont si longtemps été refusés. Le changement viendra parce qu’il est le fruit de l’énergie populaire, mais ce ne sera pas facile ni rapide et les Palestiniens auront à supporter encore beaucoup de souffrances.
Un dernier commentaire
Depuis le 22 mars, les Palestiniens ont deux raisons supplémentaires d’agir car la Knesset a passé deux lois discriminatoires. La première s’appelle la loi sur l’acceptation dans les communautés et elle autorise les petites communautés juives de Galilée et du Negev à avoir des comités d’admission racistes qui excluent les résidents arabes ou les personnes indésirables pour d’autres raisons des communautés qui vivent sur des terres confisquées aux Palestiniens.
L’association pour les droits civils en Israël (ACRI) a dit que le vote de cette loi "inscrirait la discrimination et l’apartheid dans la loi israélienne" grâce à des critères vagues comme la nécessité de "correspondre au style de vie de la communauté" ou de "correspondre au tissu social" ce qui signifie en clair qu’on n’acceptera pas les Arabes ; et peut-être pas non plus les pères ou mères célibataires, les handicapés, les couples du même sexe, les juifs d’origine orientale bref toute personne que l’on considérera comme indésirable.
On appelle l’autre loi, la Loi de la Nakba bien que son nom officiel soit la Loi des Principes Budgétaires (amendement 39) : la réduction des subventions budgétaires aux activités contraires aux valeurs de l’état, qui permet au ministre des finances d’infliger des amendes aux municipalités et aux institutions publiques passibles de :
soutenir publiquement des organisations commémorant la Nakba, le jour de l’indépendance d’Israël ;
s’opposer au terme "état juif démocratique" ou
manquer de respect aux symboles de l’état.
Selon ACRI "cette loi limite dangereusement la liberté d’expression, la liberté de l’expression artistique et la liberté de manifester qui sont des droits élémentaires essentiels à l’existence même de la démocratie."
Il est clair qu’Israël n’est pas une démocratie et n’en a jamais été une, puisque seuls les Juifs y ont des droits et d’ailleurs de moins en moins, sauf pour les plus privilégiés comme aux USA. La plupart des gens sont plus que jamais livrés à leurs propres ressources. Les médias des deux pays minimisent cet état de fait, quand ils en parlent.
*
Stephen Lendman habite à Chicago. On peut le contacter à
lendmanstephen@sbcglobal.net et sur [sjlendman.blogspot.com]. Il anime des émissions d’avant garde sur
the Progressive Radio News Hour sur
the Progressive Radio Network.
Du même auteur :