La meilleure manière de caractériser le bombardement de la Yougoslavie est de parler d’une « guerre nucléaire de faible intensité » utilisant des projectiles radioactifs. Largement documentées, les retombées radioactives représentent des risques potentiels pour des millions de personnes dans les Balkans.
LES CRIMES DE GUERRE DE L’OTAN DANS LES BALKANS ET AILLEURS
Michel Chossudovsky
Mondialisation.ca, Le 22 mars 2009
Le Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) font croire (malgré les preuves scientifiques) que les risques de l’uranium appauvri (UA) peuvent facilement être écartés en isolant et en « nettoyant » les zones touchées par les munitions antichars des bombardiers A-10 américains. Ce qu’elles ne mentionnent pas, c’est que la poussière radioactive s’est déjà répandue au-delà des 72 sites de bombardement identifiés au Kosovo. La plupart des villes et des villages, dont Pristina, Prizren et Pec, sont situés à moins de 20 kilomètres de ces sites, si bien que la province tout entière est contaminée, ce qui met en danger non seulement les « soldats du maintien de la paix » mais également la population tout entière.
Le décès des suites d’une leucémie de huit soldats des forces du maintien de la paix italiennes stationnées en Bosnie et au Kosovo a provoqué tout un tumulte au Parlement italien après que le journal La Repubblica eut publié un document militaire secret. Au Portugal, le ministre de la Défense s’est retrouvé impliqué dans ce qui semble être une tentative de dissimulation de la mort du caporal Hugo Paulino. L’armée a déclaré qu’il était mort d’un « herpès du cerveau » mais a refusé à sa famille l’autorisation de faire procéder à une autopsie. Suite à des pressions populaires croissantes, le ministre portugais de la Défense Julio Castro Caldas a informé en novembre dernier le quartier général de l’OTAN que son pays retirait ses troupes du Kosovo : « Nous ne laisserons pas nos soldats devenir la proie de l’uranium », a-t-il déclaré.
Au fur et à mesure qu’augmente le nombre de cancers parmi les membres du contingent du « maintien de la paix », l’OTAN a de plus en plus de mal à les camoufler. Plusieurs gouvernements européens ont été obligés de reconnaître publiquement de « prétendus risques pour la santé » découlant des munitions à l’UA utilisées par les forces de l’OTAN lors de la guerre de 78 jours contre la Yougoslavie.
Les médias occidentaux ont évoqué une apparente divergence au sein de l’Alliance militaire. Mais il n’y avait pas l’ombre d’une divergence entre Washington et ses alliés européens jusqu’à ce qu’éclate le scandale. L’Italie, le Portugal, la France et la Belgique étaient pleinement conscients que des bombes à l’UA étaient utilisées. L’impact de ces munitions sur la santé est bien documenté et était connus des gouvernements européens. L’Italie avait participé aux attaques de blindés (avec des munitions à l’UA) par des bombardiers A-10 ayant décollé de leur bases d’Aviano et de Gioia del Colle.
Les partenaires européens de Washington au sein de l’OTAN comme la Grande-Bretagne, la France, la Turquie et la Grèce possèdent dans leurs arsenaux des armes à l’UA. Le Canada est l’un des principaux fournisseurs d’uranium appauvri. Aussi les pays de l’OTAN portent-ils l’entière responsabilité de l’utilisation d’armes interdites par les conventions de Genève et de La Haye de même que par la Charte de Nuremberg de 1945 sur les crimes de guerre. Depuis la guerre du Golfe, Washington, avec l’appui tacite de ses partenaires de l’OTAN, a tenté de camoufler les effets sur la santé des radiations toxiques de l’UA connues sous le nom de « syndrome de la guerre du Golfe ».
Après l’avoir nié jusqu’à tout récemment, l’OTAN admet aujourd’hui avoir utilisé des munitions à l’UA au cours de la guerre contre la Yougoslavie. Mais elle déclare que les munitions « émettent peu de radioactivité » et que « les débris représentant des risques importants se dissipent dans l’atmosphère peu après l’impact ». Tout en niant à la légère « tout lien entre la maladie et l’exposition à l’UA », le Pentagone admet néanmoins de manière ambiguë que « le principal danger lié à l’UA survient lorsqu’il est inhalé ».
Et qui inhale la poussière radioactive qui s’est répandue à travers le pays ? Les gouvernements veulent faire croire que seuls les soldats du maintien de la paix « peuvent être exposés à des risques », c’est-à-dire que les particules radioactives ne sont inhalées que par les militaires et les civils étrangers et que personne d’autre dans les Balkans n’est affecté ! On ne mentionne jamais l’impact sur les populations locales.
Avec une docilité complice, les médias dominants, sans se poser de questions, ont forgé un nouveau consensus : Seuls les soldats du maintien de la paix respirent !
Et les autres ? Au Kosovo, quelque deux millions de civils, hommes, femmes et enfants, ont été exposés aux retombées radioactives depuis le début des bombardements en mars 1999. Dans les Balkans, plus de 20 millions de personnes sont potentiellement exposées. « Au Kosovo et ailleurs dans les Balkans, les risques sont augmentés par les incertitudes quant à savoir où il y a eu de l’UA, sous quelle forme et quels vents et mouvements des eaux de surface l’ont disséminé. On court des risques à travailler dans les champs, à se promener, à être là tout simplement, à toucher des objets, à respirer l’air et à boire l’eau. »
Il faut se souvenir que les « soldats du maintien de la paix » lourdement armés, de même que le personnel des Nations unies et les civils des organisations « humanitaires » sont entrés au Kosovo en juin 1999. Mais la dissémination de la poussière radioactive d’uranium n’a commencé qu’au premier des 78 jours du bombardement de la Yougoslavie. A l’exception des Forces spéciales de l’OTAN – qui appuyaient l’Armée de libération du Kosovo au sol, les soldats de l’OTAN n’étaient pas présents sur les champs de bataille. Autrement dit, les troupes de l’OTAN n’ont pas été exposées pendant cette guerre « presse-bouton » que les forces de l’Alliance ont menée depuis les airs.Par conséquent, les civils yougoslaves ont couru un risque beaucoup plus grand puisqu’ils ont été exposés aux retombées radioactives aussi bien pendant les bombardements qu’après la guerre. Et pourtant les communiqués officiels laissent penser que seuls les soldats de la KFOR et les civils étrangers « pourraient avoir couru un risque », ce qui implique que les populations civiles locales ne les intéressent pas. On a mesuré les niveaux d’irradiation uniquement chez les soldats et le personnel étranger.
Cancers infantiles
Les premiers signes des effets des radiations chez les enfants, dont l’herpès buccal et des allergies de la peau dans le dos et aux chevilles ont été observés au Kosovo. Dans le nord du Kosovo, le territoire le moins affecté par les munitions à l’UA, 160 personnes sont traitées pour un cancer. Les cas de leucémie ont augmenté de 200% dans cette région depuis la campagne aérienne de l’OTAN. On note une augmentation similaire du nombre d’enfants nés avec des malformations. Ces informations sur les victimes civiles – que la Mission des Nations Unies au Kosovo se garde bien de rendre publiques – permettent de réfuter l’affirmation de l’OTAN selon laquelle les poussières radioactives ne se répandent pas au-delà des cibles visées qui se trouvent pour la plupart dans les régions du sud et du sud-ouest, près des frontières de l’Albanie et de la Macédoine.
Ces faits correspondent à ce qu’on a constaté en Irak. L’utilisation d’armes à l’UA au cours de la guerre du Golfe de 1991 a entraîné dans tout l’Irak une augmentation des cancers et des leucémies, de la maladie de Hodgkin, des tumeurs malignes du tissu lymphatique chez les enfants ainsi que des maladies congénitales et des malformations du fœtus, des membres anormalement réduits et des anomalies génétiques. « Les leucémies infantiles ont augmenté de 600% dans les régions où l’UA a été utilisé. On a également constaté depuis la guerre de 1991 des enfants morts-nés, des bébés présentant des malformations ou des avortements de fœtus monstrueux ainsi que d’autres cancers. »
Dissimulation des faits
Le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) et l’OMS ont accepté tacitement les déclarations de l’OTAN et du Pentagone concernant les effets de l’UA sur la santé. Lorsque le PNUE a mené ses premières mesures de radiations au Kosovo en 1999, l’OTAN a refusé de remettre à la mission des cartes indiquant les endroits touchés par des munitions à l’UA. Sous prétexte qu’« il n’y avait pas suffisamment de données disponibles pour étudier de manière exhaustive la question des effets des munitions à l’UA », le PNUE a produit une étude peu concluante et évasive qui fut annexée au Balkans Task Force Report (BTF) de 1999 sur les impacts environnementaux de la guerre.
La dérobade du PNUE – sous prétexte de données insuffisantes – contribua, après les bombardements, à dissiper l’inquiétude de l’opinion. D’une manière générale, le rapport de la Balkans Task Force a tendance à minimiser la gravité de la catastrophe environnementale provoquée par l’OTAN. Or il existe de nombreuses preuves que cette catastrophe a été voulue par les militaires.
Le PNUE et l’OMS n’avaient pas besoin des cartes de l’OTAN (indiquant les endroits touchés par des munitions à l’UA) pour enquêter sur les effets sanitaires de l’exposition à l’UA. Une telle étude – nécessitant absolument une équipe de pédiatres et de cancérologues travaillant en collaboration avec des spécialistes des radiations toxiques – n’a jamais été menée. En réalité, l’hypothèse de départ prétendument « scientifique » du PNUE excluait dès le début une mesure sérieuse des effets sanitaires : « Les effets de l’UA sont essentiellement localisés aux endroits où l’UA a été utilisé et les zones affectées sont probablement peu étendues. » Cette affirmation (avancée sans preuves scientifiques) est partagée par l’OMS : « Il fallait qu’on se trouve très près d’un blindé endommagé et cela quelques secondes après qu’il ait été touché […] Ces soldats n’ont très probablement pas été exposés. »
Ces prises de position d’organismes de l’ONU (citées par l’OTAN et le Pentagone pour justifier l’usage des armes à l’UA) font partie de la dissimulation de la vérité. Elles font croire que les risques pour les soldats du maintien de la paix et la population peuvent facilement être écartés en isolant et en « nettoyant » les zones touchées par les munitions.
A ce sujet, l’OMS a mis en garde contre le fait que l’UA pouvait être dangereux pour les enfants jouant dans ces zones « parce que les enfants ont tendance à ramasser de la saleté ou à porter leurs jouets à la bouche. » Ce que l’OMS ne reconnaît pas est que la poussière radioactive s’est déjà répandue au-delà des zones affectées, ce qui implique un risque pour les enfants dans tout le Kosovo.
Cette complicité tacite d’organes spécialisés de l’ONU est une manifestation de plus du déclin de l’ONU qui joue maintenant un rôle en sous-main pour couvrir les crimes de guerre de l’OTAN. Depuis la guerre en Irak, l’OMS a contribué à empêcher une enquête approfondie sur les effets de l’exposition à l’UA sur les enfants irakiens sous prétexte qu’elle « ne disposait pas de données permettant une étude en profondeur ».
Le PNUE et l’OTAN travaillent la main dans la main
A la suite des réactions indignées de l’opinion et de l’accumulation de preuves de cas de cancers chez les soldats ayant servi dans les Balkans, le PNUE a mené une seconde étude en novembre 2000 comprenant des mesures des radiations bêta et gamma dans 11 des « zones touchées » du Kosovo.
Malgré le refus antérieur de l’OTAN de travailler avec le PNUE, les deux organismes collaborent maintenant. La composition de la mission a été établie après consultation de l’OTAN. Les représentants de Greenpeace (qui participaient à l’enquête de 1999) ont été écartés. Les cartes de l’OTAN ont été mises à disposition sans difficultés. L’étude devait porter exclusivement sur la collecte d’échantillons de sol, d’eau, etc. sur 11 sites sélectionnés (zones touchées) sur un total de 72 au Kosovo.
L’étude de questions sanitaires plus larges n’était pas au programme de la mission. Les deux chercheurs en médecine envoyés par l’OMS en 1999 ont été remplacés par des spécialistes de l’US Army Center for Health Promotion and Preventive Medicine
Le Laboratoire de Spiez (ACLS) a collaboré activement à l’inspection des armes chimique en Irak. Sous couvert de neutralité suisse, l’ACLS constitue un porte-parole informel de l’OTAN. Il a été sous contrat avec le Partenariat pour la Paix de l’OTAN dans le cadre de la contribution financière du gouvernement suisse au PPP.
Bien que la mission de novembre ait été placée uniquement sous l’égide du PNUE, le gouvernement suisse a financé l’essentiel du travail sur le terrain par le biais de l’ACLS, qui dépend de l’armée et qui a joué un rôle essentiel. La mission, où figuraient des représentants liés à l’establishment militaire, partait du principe (amplement développé sur le site Internet de l’ACLS) que les poussières radioactives ne se déplacent jamais au-delà de l’endroit où elles ont été libérées.
Les résultats du rapport qui doit être publié en mars sont prévisibles. Ils portent sur les niveaux de radiations dans le voisinage immédiat des cibles touchées. Dans le rapport (back to office report) de janvier 2001, on peut lire : « Au stade actuel, l’équipe peut déjà conclure que sur certains sites, le niveau de radiations est légèrement plus élevé que la normale à quelques endroits. Aussi la population s’exposerait-elle à un risque inutile si elle entrait en contact avec des débris de munitions à l’UA où avec les endroits où ces restes ont été trouvés. »
Deux poids deux mesures
Si la radioactivité était limitée à un nombre très réduit d’endroits, pourquoi les troupes de la KFOR auraient-elles reçu l’ordre de ne pas consommer de produits locaux, de faire venir leur eau potable par avion, de détruire leurs vêtements au moment du départ et de décontaminer les véhicules » ? Selon Paul Sullivan, directeur du National War Resource Center, l’UA, en Yougoslavie, pourrait « affecter les zones agricoles, les pâturages et contaminer la chaîne alimentaire ». (En novembre 2000, des anciens combattants de la guerre du Golfe souffrant des effets de l’UA ont déposé une plainte collective contre le gouvernement américain.)
Contamination d’une vaste zone
Selon des sources de l’OTAN (communiquées au PNUE), quelque 112 sites de Yougoslavie (dont 72 au Kosovo) ont été, pendant la guerre, touchés par des obus antichars à l’UA. Entre 30 000 et 50 000 de ces munitions ont été tirées.
Des preuves scientifiques confirment amplement que les aérosols radioactifs d’UA se disséminent, à partir du point d’impact, sur une vaste zone, ce qui laisse penser qu’une grande partie du Kosovo est contaminée.
« Les dérivés radioactifs peuvent rester dans l’atmosphère pendant des mois. […] Il suffit d’une particule parvenue dans les ganglions lymphatiques pour réduire les défenses de l’organisme contre les lymphomes et la leucémie. »
Voici ce qu’écrit Rosalie Bertell, radiologue de réputation mondiale :
« Utilisé dans les combats, l’UA s’enflamme et dégage un aérosol radioactif mortel, phénomène tout à fait inédit. Il peut tuer tous les soldats qui se trouvent dans un blindé. Cet aérosol céramique est beaucoup plus léger que la poussière d’uranium. Il peut se répandre dans l’atmosphère jusqu’à des dizaines de kilomètres du point d’impact ou se mélanger à la poussière et être à nouveau projeté dans l’atmosphère par le vent ou un mouvement humain.
Il est fait de particules très fines et peut être inhalé par n’importe qui : des bébés, des femmes enceintes, des personnes âgées, des malades. Ces particules céramiques peuvent rester des années dans les poumons, irradiant le tissu de puissantes particules alpha sur un rayon d’environ 30 microns et provoquant un emphysème et/ou une fibrose. Elles peuvent également être ingérées et endommager le tube digestif. Avec le temps, elles pénètrent dans le tissu pulmonaire puis dans la circulation sanguine. Elles peuvent également provoquer des cancers ou favoriser le développement de cancers provoqués par d’autres agents cancérogènes. »
Crimes de guerre de l’OTAN
La meilleure manière de caractériser le bombardement de la Yougoslavie est de parler d’une « guerre nucléaire de faible intensité » utilisant des projectiles radioactifs. Largement documentées, les retombées radioactives représentent des risques potentiels pour des millions de personnes dans les Balkans.
En mars 1999, l’OTAN a justifié ses attaques aériennes en invoquant des principes humanitaires généraux. Elle « venait en aide » aux Albanais du Kosovo prétendument massacrés par les forces serbes. Les rapports judiciaires du FBI et d’Europol confirment que ces massacres n’ont pas eu lieu. Ironie du sort, les civils albanais du Kosovo sont parmi les principales victimes de la contamination par l’UA.
Afin de maintenir la dissimulation, l‘OTAN est maintenant disposée à révéler une petite part de vérité. L’Alliance militaire – en liaison avec les gouvernements des pays membres – veut à tout prix continuer de se concentrer sur les « soldats du maintien de la paix » et ignorer le sort des populations locales parce que si toute la vérité éclatait, les gens pourraient commencer à poser des questions telles que « Comment se fait-il que les Albanais du Kosovo, qu’on était supposé sauver, sont maintenant les victimes ? ». En Bosnie comme au Kosovo, les Nations unies ont pris soin de ne pas enregistrer les cancers chez les civils. Le fait de se limiter aux « soldats du maintien de la paix » détourne l’attention de l’opinion du problème plus général des victimes civiles.
Les premières victimes de l’UA sont les enfants, si bien que l’usage de l’UA constitue un « crime de guerre contre les enfants ». Mais ce n’est là qu’un des crimes contre l’humanité perpétrés par l’OTAN dans les Balkans et en Irak.
Selon des rapports officiels, quelque 1800 « soldats du maintien de la paix » ayant été dans les Balkans (Bosnie, Croatie et Kosovo) souffrent de maladies dues aux radiations de l’UA. Si nous supposons un même niveau de risque pour la population, le nombre de civils affectés dans toute la Yougoslavie devrait proportionnellement s’élever à des dizaines de milliers. Le scientifique britannique Roger Coghill suppose que « dans toute la région des Balkans, il y aura 10 150 morts par cancer supplémentaires qui sont dues à l’usage de l’UA ». Sont concernés les populations locales, les soldats de la KFOR, les humanitaires, tout le monde ».
De plus, selon un rapport publié à Athènes pendant la guerre, les effets de l’UA s’étendent probablement au-delà des Balkans. L’Albanie, la Macédoine et également la Grèce, l’Italie, l’Autriche et la Hongrie risquent d’être confrontés à une menace pour la santé des populations due à l’usage de munitions à l’uranium durant la guerre de 1999.
Si nous ne disposons pas de données exhaustives sur les morts civiles, des preuves partielles viennent confirmer le fait qu’un grand nombre de civils sont déjà morts des suites de l’exposition à l’UA en Bosnie :
« Les radiations dues à l’UA et l’emploi probable de défoliants par les troupes des Etats-Unis et de l’OTAN contre la population et les terres serbes (en Bosnie) ont causé de nombreuses malformations chez les bébés nés après les bombardements et l’occupation. L’ampleur du problème a stupéfié les médecins et semé la panique dans la population. »
Un rapport récent fait état de plusieurs centaines de morts civiles dans un unique village bosniaque :
« Le village est vide, le cimetière plein. Il n’y aura bientôt plus de place pour les morts. Parmi les familles de réfugiés qui se sont déplacées de Hadzici à Bratunac, dans la banlieue de Sarajevo, il n’y a guère de ménage qui ne soit pas en deuil. Sur certaines tombes reposent des couronnes récentes. Les fleurs de certaines d’entre elles ne sont pas encore fanées. Sur les croix, on peut lire les années de décès 1998, 1999 et 2000. Au bout de la rangée se trouve la tombe d’une femme de 20 ans qui est morte il y a quelques jours. Personne n’aurait pu imaginer que la partie du cimetière réservée aux civils se remplirait aussi vite en quelques années. Il arrive souvent qu’un des réfugiés de Hadzici meure subitement. Ou bien ils vont voir un médecin à Belgrade et à leur retour, ils disent à leur famille qu’ils vont mourir d’un cancer.
Le médecin-chef Slavica Jovanovic a mené une enquête et prouvé qu’en 1998, le taux de mortalité dépassait de loin le taux de natalité. Elle a montré que ce n’était pas dû à la fatalité mais à quelque chose de beaucoup plus grave. Zoran Stankovic, pathologiste de renom de l’Académie médicale militaire (VMA), a établi que plus de 200 de ses patients provenant de cette zone étaient morts d’un cancer dû probablement à l’UA des bombes larguées par l’OTAN cinq ans auparavant. Mais quelqu’un a rapidement muselé l’opinion publique et l’affaire a été étouffée. Voyez-vous, notre cimetière est plein de tombes récentes alors que les gens de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire de Vinca prétendent que l’uranium n’est pas dangereux. […]
Les réfugiés de Hadzici arrivés à Bratunac étaient nombreux, presque 5000. Il y en avait 1000 dans les centres, or maintenant, selon Zelenovic, il n’en reste que 600. Et ils n’ont certainement nulle part où aller. Tous les trois jours, quelqu’un meurt d’un cancer. Il n’y a plus de place dans les cimetières. »25 •
source : mondialisation.ca
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