19 mars 2011

Les voix de l’occupation - DCI/PS

publié le vendredi 18 mars 2011.

- Nom : Jameel B.
- Date des faits : 3 février 2011
- Age : 6 ans
- Lieu : village d’Al Khadr, Bethléhem, Territoire palestinien occupé
- Nature de l’incident : violence des soldats

Le 3 février 2011, un garçon de 6 ans est tiré de son lit par les soldats israéliens lors d’un raid nocturne sur sa maison ; il devra être hospitalisé avec des blessures au dos et à la tête.


Jameel vit dans un village de Cisjordanie, à al-Khadr, à environ cinq kilomètres de Bethléhem. Il habite au second étage d’une maison de deux étages, avec sa sœur, Merriam, 4 ans, son frère Ammen, un an, leurs parents et grands-parents. Ses oncles habitent au premier. Le village est entouré par le Mur et s’étend au sud de la colonie de Gilo. Dans la nuit du 3 février dernier, une vingtaine de jeeps israéliennes s’arrêtent devant la maison, recherchant un garçon de 12 ans qui, prétendent les soldats, leur aurait lancé des cailloux.
Ce soir-là, à 22 heures, le père de Jameel entend les soldats crier et cogner dans la porte d’entrée. Quand il ouvre la porte, il voit qu’ils ont défoncé la porte extérieure de la maison. « L’un des soldats m’a écarté, me disant : "Nous cherchons un enfant de 12 ans qui a jeté des pierres sur nous". »
En entendant le bruit, les oncles de Jameel montent au deuxième étage et commencent à discuter avec les soldats, l’un d’eux essaie de jeter une grenade incapacitante à l’intérieur de la maison, mais un autre l’arrête.
« Alors, deux soldats se sont précipités dans la chambre. Jameel dormait, la tête sous la couverture, le visage couvert. Probablement que les soldats ont cru que c’était l’enfant qu’ils recherchaient. Ils l’ont attrapé par les pieds et l’ont jeté hors du lit, lui cognant la tête et le dos contre le sol sans tapis. Jameel était si terrifié de voir les soldats qu’il a perdu connaissance aussitôt. » rappelle le père de Jameel.
Quand Jameel reprend conscience, son père essaie de le rassurer, mais l’enfant « s’est mis à crier de douleur à cause des coups reçus dans le dos et à la tête. J’ai essayé de l’apaiser, lui disant de ne pas avoir peur. »
Les soldats regroupent alors à la famille dans une pièce de la maison, et ressortent dans la cour. Vingt minutes plus tard, ils ordonnent aux oncles de Jameel de sortir, ils veulent leur parler.
Dans le même temps, les douleurs de Jameel ne font qu’empirer, et son père décide de l’emmener à l’hôpital. Les soldats ne le lui permettent pas, l’un d’eux disant à Jameel : « Va voir ta grand-mère et demande lui de te faire un thé à la camomille ».
La maman de Jameel téléphone alors à une ambulance, mais quand celle-ci arrive, les soldats font attendre quinze minutes les ambulanciers avant de les laisser entrer à l’intérieur pour voir Jameel. « Alors que Jameel sortait, l’un des soldats a pris une photo de lui, et une autre encore de lui, à l’intérieur de l’ambulance. »
A l’arrivée à l’hôpital, il s’avère que Jameel a « des ecchymoses graves sur tout le corps. Les médecins lui ont donné des sédatifs et l’ont gardé en observation pendant environ une heure et demie. »
Quand le père et le fils reviennent de l’hôpital, ils apprennent que les oncles de Jameel ont été arrêtés pour avoir fait obstruction aux soldats en service, ils seront relâchés, sur caution, deux semaines plus tard.
Le 17 février, en évoquant cette épreuve, le père de Jameel dit : « Jameel se bat toujours. Il bégaie maintenant. Avant l’incident, il était disert et articulait bien. Son éducation scolaire va être affectée. Il ne veut plus faire ses devoirs et ses professeurs d’arabe et de mathématiques disent qu’"il est devenu paresseux, et qu’il s’isole des autres enfants". Merriam aussi lutte. Elle ne peut dormir maintenant qu’avec de la lumière et les stores baissés. Elle dit qu’elle ne veut pas que les soldats entrent dans la maison par les fenêtres. »

16 mars 2011
http://www.dci-pal.org/english/doc/press/SOLDIER_VIOLENCE_JAMEELB_6_February_2011.pdf
traduction : JPP

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