Guerre totale contre Gaza
Pour faire face à ce surcoût militaire, le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak a déjà déclaré que l’Israël demanderait aux Etats-Unis une aide militaire supplémentaire de 20 milliards de dollars (14 milliards d’euros). Il s’agit de faire face aux conséquences potentielles des révolutions arabes tout comme à l’éventuelle remise en cause des accords de paix conclus avec l’Egypte et la Jordanie. Aujourd’hui, Israël reçoit une aide militaire annuelle de trois milliards de dollars (deux milliards d’euros) de Washington.
Israël a déjà connu l’expérience de l’opération militaire « Plomb durci » dans la bande de Gaza qui a duré 23 jours, du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009. Au total, cette opération aura coûté 5 milliards de shekels (1 milliard d’euros) au budget israélien, soit 0,5 point de son PIB. Mais surtout, cette opération militaire a aggravé la récession économique, provoquant une nouvelle baisse PIB par tête de 1% en 2009. Et pour cause: le tourisme a chuté, les investissements étrangers ont fui, des débouchés extérieurs ont été perdus, les dépenses militaires ont fait un bond, etc.
En revanche, une nouvelle guerre dans la bande de Gaza pourrait être beaucoup plus meurtrière et coûteuse que la précédente; d’autant plus que, cette fois, son objectif serait d’anéantir le pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza et de restituer le pouvoir de l’Autorité palestinienne dominée par le Fatah. Certes, Israël aura besoin du soutien européen et américain pour opérer dans la bande de Gaza. C’est ce qu’a demandé Avigdor Lieberman à son homologue français, Alain Juppé, la semaine dernière à Paris; c’est aussi ce qu’a entendu le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, qui vient de rencontrer à Tel Aviv le chef du gouvernement israélien, Benyamin Netanyahou.
Un statu quo intenable
Le regain de tension entre Israël et Gaza rappelle que le statu quo n’est pas tenable au Proche-Orient. L’Union européenne est décidée à accentuer sa pression pour qu’un processus de dialogue reprenne et que l’engagement pris qu’en 2011 un Etat palestinien voit le jour soit tenu. Pour l’heure, la stratégie de paix du gouvernement de Benyamin Netanyahou reste floue. La « paix économique » reste précaire tant qu’elle ne s’intègre pas dans un processus conduisant à proposer aux Palestiniens un Etat aux frontières même temporaires.
L’expérience de la dernière décennie montre que les années de calme régional ont permis à l’économie israélienne de retrouver des rythmes de croissance particulièrement élevé; celle-ci est stimulée notamment par l’ouverture de nouveaux marchés extérieurs, l’afflux de capitaux étrangers et de touristes. C’est sur ce scénario que l’économie israélienne pourra tabler lors du règlement définitif du conflit avec les Palestiniens, même si la bande de Gaza en est exclue. Selon différentes estimations raisonnables, la paix dans la région doperait immédiatement le PIB israélien d’environ 2%, soit un gain de 4 milliards de dollars par an.
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