M. Le Président de la République Française, François Hollande...
Par un retournement prodigieux du sens premier
des mots et des valeurs, vous voilà soudainement continuateur des usages les
plus vils et funestes de vos
prédécesseurs.
Vous voilà hôte d’un despote abusivement présenté comme un démocrate et ami de la France.
Les victimes du massacre perpétré dans le
camp de déplacés de Nahibly à peine ensevelies, que voici M. Ouattara paradant
à Paris, salissant l’honneur de ceux qui, ayant voté pour vous, se retrouvent indirectement
liés à ce qu’il convient de nommer une forfaiture.
Une nouvelle fois les sacro-saints intérêts de la France priment
sur les plus élémentaires préceptes de la morale. De si beaux préceptes, une si
belle morale que vous défendez avec empressement lorsqu’il s’agit de soutenir
des escouades, substantiellement composées de terroristes et djihadistes, que
l’exquise langue germanopratine nomme combattants syriens de la liberté.
Où est
donc le changement, lorsque vous inscrivant dans les pas de Nicolas
Sarkozy, vous légitimez l’illégitime, la barbarie et la dictature?
Votre discours
d’investiture, prononcé sous les lambris de l’Elysée, semblait pourtant clair :
vous ne reconnaissiez aucune réussite notable au président Sarkozy.
En
accueillant M. Ouattara vous vous contredisez, puisque que ce faisant vous donnez
quitus et apportez une caution à un de ses rares succès en politique étrangère : le
coup d’état déguisé en intervention humanitaire ayant permis l’accession de M.
Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire.
Vous qui naguère, porté par l’air du
temps, qualifiiez Laurent Gbagbo de dictateur infréquentable, vous vous satisfaites paradoxalement d’une
fréquentation aux pratiques autocratiques et sanguinaires autrement plus
caractérisées en la personne de M. Ouattara.
Il est vrai M. le Président que le dire et le faire, la
morale et les actes, notamment lorsqu’il
s’agit de politique internationale, coïncident rarement pour ainsi dire
jamais.
Pourtant, un virage de cette ampleur, un tel piétinement de principes
soi-disant portés par la gauche, laisseront forcément des traces dans les têtes
et dans les cœurs.
Un virage de cette ampleur, un tel piétinement de principes soi-disant
portés par la gauche, source de méprise sur votre personne, laisseraient à penser
que vous n’êtes ni homme de parole ni homme de principes.
L’Histoire qui observe
et juge pourrait le retenir ainsi…
Vous n’avez, de surcroit, aucune excuse.
Nous ne doutons pas
un seul instant que vous n’ayez pris connaissance des rapports et comptes-rendus
dont nous disposons nous-mêmes, sur la dramatique situation humanitaire prévalant
dans certaines régions de Côte d’Ivoire, sur la mascarade de réconciliation
nationale que joue le gouvernement de M. Ouattara, sur le déni démocratique que
constitue l’exercice du pouvoir par ce dernier. Au risque de nous répéter, nous
vous demandons : si Laurent Gbagbo était un dictateur infréquentable,
qu’en est-il de son successeur ?
Les morts ne pouvant plus être ramené à la vie, nous œuvrons
uniquement pour que justice passe.
Nous œuvrons afin de saluer leur mémoire et
laver notre honneur. Nous ne demandons pas à la France d’intervenir en Côte
d’Ivoire. Les Ivoiriens, comme les autres peuples Africains, suffisamment piétinés
et humiliés par Elle, sont assez grands pour se débrouiller seuls.
Encore
faut-il pour cela qu’on les laisse en paix… En ce sens, nous demandons à la
France la cessation de son soutien à un pouvoir corrompu, meurtrier et
antidémocratique, non par grandeur d’âme, mais par esprit de responsabilité. Car
c’est la France et son armée qui ont installé M. Ouattara, ci-devant
préfesident-dictateur de la Côte d’Ivoire.
De surcroit, il serait de très bon sens
de rapatrier les vestiges de certaines pratiques gaulliennes, reprises par tous
les présidents de la Vème République. Ce que la vulgate plouto-diplomatique
désigne comme les conseillers militaires, en fait la courroie de transmission
de l’Elysée…
Nous demandons l’arrêt du « soutien » économique de la
France au gouvernement de M. Ouattara.
Une aide soutenant le peuple ivoirien comme la corde soutien le pendu, ou plutôt comme la laisse retient le chien, et ne profitant qu’au premier cercle d’un pouvoir autochtone exercé par une clique d’affairistes criminels.
Une aide soutenant le peuple ivoirien comme la corde soutien le pendu, ou plutôt comme la laisse retient le chien, et ne profitant qu’au premier cercle d’un pouvoir autochtone exercé par une clique d’affairistes criminels.
Le déshonneur de l’action de l’armée française, M. le
Président, nous poursuit depuis plus d’un an.
Depuis lors, nous nous sommes
employés à nettoyer cette tâche souillant notre conscience et l’image de la France,
en demandant la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur
l’intervention de la Force Licorne.
Le 12 Juillet 2011, une proposition de
résolution portant le numéro 3647 et visant la création de la susdite
commission a été présentée par Mesdames les députées et Messieurs les députés Patrick
BRAOUEZEC, Marie-Hélène AMIABLE, François ASENSI, Alain BOCQUET, Jean-Pierre
BRARD, Marie-George BUFFET, Jean-Jacques CANDELIER, André CHASSAIGNE, Marc
DOLEZ, Jacqueline FRAYSSE, André GERIN, Pierre GOSNAT, Jean-Paul LECOQ, Roland
MUZEAU, Daniel PAUL, Jean-Claude SANDRIER et Michel VAXÈS devant la Commission
de la défense nationale et des forces armées, matérialisant ainsi la mobilisation
de femmes et d’hommes ayant soutenu cette action en signant la pétition que
nous avions alors mis en ligne. (Voir ici et là)
Le moment, à l’évidence, n'était pas à la remise
en cause de l’impérialisme à la française. Ses dégâts collatéraux n’intéressant
guère nos députés (les ivoiriens ne sont pas leurs électeurs) et nos médias, la torpeur estivale a fait le reste : la
proposition, dédaignée par la Représentation Nationale, n’a pas eu de suite.
Il nous semble donc approprié, au regard de la fort
embarrassante visite de M. Ouattara et du traitement honorifique dont il a
jouit lors de son séjour, de relancer la demande auprès de la Représentation Parlementaire
nouvellement élue.
S’il n’est pas dans vos attributions, M. le Président,
d’exiger la mise en place de cette commission, il est certainement en votre
pouvoir de la freiner, voire de l’empêcher. Nous osons espérer qu’il n’en sera
rien. Nous réitérons notre objection quant à la poursuite des relations
militaires et d’échanges économiques, relents d’un colonialisme qui avance
désormais masqué, caution française de la dictature d’Alassane Ouattara. Nous
avons cru comprendre que dans votre pensée, les Africains sont des êtres responsables,
capables de se prendre en charge seuls. Vous remerciant pour eux, nous attendons
religieusement que vous mettiez vos décisions politiques en accord avec vos
paroles. Vous sentant également attaché au lien vous unissant à vos concitoyens,
nous espérons que respectant la tradition républicaine, et contrairement
à votre prédécesseur, vous répondrez franchement à notre interpellation en
apportant toutes précisions utiles sur le positionnement de la France quant aux violations
des droits de l’homme politiquement organisées en Côte d’Ivoire.
Violations
dont est victime un de nos concitoyens, Michel Gbagbo, qui, moins
infréquentable que ne l'est M. Ouattara, ne bénéficie pas de la prévenance et
de la diligence de l’Etat français, alors qu’il est l’objet de traitements
inhumains et dégradants dans le goulag ivoirien. (Voir ici et là)
Le changement, plus qu’un mot, est la volonté politique se
traduisant dans les faits.
Ne l’ayant pas encore observé, nous l’attendons
encore. Etant du côté du droit et de la morale, celle intangible prescrivant le
respect de la vie humaine et non pas de celle variable, s’ajustant aux désirs des hommes de pouvoir, nous
n’avons pour seul agenda que justice soit rendue aux victimes ivoiriennes des politiques
amorales de la France, et qu’ainsi notre honneur citoyen soit rétabli.
L’action
« c’est maintenant » M. Le Président.
Ne trahissez pas si tôt vos
engagements, soyez l’homme que vous dites être : accordez vos décisions
avec vos propos.
Nous restons observateurs vigilants de l’évolution des
rapports entre la France et l’Afrique en général, entre la France et la Côte
d’Ivoire en particulier.
Nous ne nous contenterons plus de l’enfumage
sémantique usuel ou de la langue de bois institutionnelle. Aujourd’hui nous
avons le regard clair et ne laisserons pas le temps et l’oubli faire leur
œuvre.
Soyez, M. Le Président, assuré de
notre foi et de notre détermination.
Paris le 26 juillet 2012,
Pour Alternatives et Cohérence
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