Tunisie: Sidi Bouzid manifeste…
Tunisie : la police tire des balles en caoutchouc sur des manifestants
9 août 2012
La police tunisienne a procédé à des tirs de balles en caoutchouc et de
gaz lacrymogène à Sidi Bouzid (centre-ouest), berceau de la révolution
de 2011, pour disperser une manifestation d’opposants.
AFP: 9 Août 2012
Monde
Tunisie : la police tire des balles en caoutchouc sur des manifestants
9 août 2012 à 12:39 (Mis à jour: 14:17)
Une rue de Sidi Bouzid, en décembre 2011.
La police tunisienne a procédé à des tirs de balles en caoutchouc et
de gaz lacrymogène à Sidi Bouzid (centre-ouest), berceau de la
révolution de 2011, pour disperser une manifestation d’opposants.
Une personne blessée par une balle en caoutchouc et quatre autres qui se
sont senties mal en raison du gaz se sont rendues à l’hôpital, a
indiqué le surveillant général de l’hôpital de Sidi Bouzid, Adel Dhaï,
assurant que ces blessures n’étaient pas graves.
Les forces de l’ordre ont commencé à tirer en l’air lorsque des
manifestants, qui réclamaient la démission du gouvernement dirigé par
les islamistes du parti Ennahda, ont cherché à pénétrer par la force
dans le siège du gouvernorat (préfecture) de Sidi Bouzid, selon la même
source.
Les protestataires ont brisé le portail d’entrée du gouvernorat.
Après les tirs, un mouvement de panique a débuté et la foule de
manifestants s’est dispersée pour échapper au gaz lacrymogène.
Les manifestants avaient scandé auparavant des slogans hostiles au
gouvernement tels que «le peuple veut la chute de régime», «le peuple
veut la chute du gouvernement», «non à l’hypocrisie, le travail est un
droit».
«Le gouvernement n’est pas au service du peuple»
Plusieurs formations politiques d’opposition ont participé à cette
manifestation comme le parti républicain, le parti des Travailleurs
tunisiens, Al-Watan (la nation) ainsi que des indépendants.
«Les revendications du peuple relatives à l’amélioration de sa
situation sociale deviennent de plus en plus insistantes mais
malheureusement le gouvernement n’est pas au service de ce peuple», a
déploré Mohamed Ghadri, membre du parti républicain.
L’intervention musclée de la police intervient au moment où
l’opposition et la société civile multiplient les critiques à l’égard du
gouvernement, l’accusant d’une dérive autoritaire et islamiste.
Plusieurs ONG l’accusent de s’attaquer à la liberté d’expression en
introduisant un projet de loi punissant de peines de prison les
atteintes au sacré. Autre polémique, un projet d’article de la
Constitution évoque la complémentarité et non l’égalité homme-femme.
Ennahda accusé de reléguer le dialogue au second plan
Une manifestation d’opposition doit d’ailleurs se tenir jeudi
après-midi devant l’Assemblée nationale constituante à Tunis. Un autre
rassemblement est prévu le 13 août pour célébrer l’anniversaire du Code
de statut personnel de 1956 qui a instauré l’égalité juridique des
sexes.
Ennahda rejette en bloc ces critiques, le chef du parti, Rached
Ghannouchi, ayant même accusé en début de semaine des médias et des
syndicats de «menacer l’unité du pays».
Pour le politologue Ahmed Manaï, Ennahda a manqué de «conscience
politique», usant de sa victoire aux élections d’octobre dernier pour
dominer la scène politique, reléguant le dialogue au second plan. «Ses
affaires auraient mieux marché si ce parti (…) avait choisi (pour le
gouvernement) les personnes compétentes et non les plus dévouées au
mouvement», juge-t-il encore.
Fin juillet, la police avait dispersé de la même manière des dizaines
de manifestants qui avaient attaqué le siège du gouvernorat de Sidi
Bouzid, y jetant des pneus enflammés, pour protester contre des retards
de versement de salaires.
«Il fallait s’attendre à ces manifestations»
Les revendications sociales, notamment en raison du fort chômage des
jeunes et de la pauvreté, étaient au cœur des causes de la révolution.
Les lenteurs de l’amélioration des conditions économiques et sociales
ont entraîné des nouvelles tensions dans le pays. Régulièrement des
grèves et action de protestation interviennent et la police intervient
pour les disperser.
Sidi Bouzid est le berceau de la révolte en Tunisie, qui a abouti le
14 janvier 2011 à la chute de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali
après 23 ans de règne sans partage.
Cette ville est située dans une région particulièrement pauvre et
marginalisée sous l’ancien régime. Or, selon des analystes, la situation
ne s’y est guère améliorée depuis la révolution.
«Les habitants de Sidi Bouzid vivent dans des conditions très
difficiles surtout ces derniers temps avec les coupures d’électricité et
d’eau», relève la politologue Ahmed Manaï, «il fallait s’attendre à ces
manifestations», dit-il.
Le point de départ de la révolution avait été la mort le 17 décembre
2010 de Mohamed Bouazizi, 26 ans, un vendeur ambulant qui s’est immolé
par le feu pour protester contre les multiples saisies musclées par la
police des denrées qu’il vendait sans permis pour faire vivre les siens.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire