16 janvier 2011

Ben Ali se réfugie chez les dictateurs saoudiens ...

samedi 15 janvier 2011 -
Al Jazeera




Riyad a confirmé l’arrivée de l’ancien président tunisien qui a fui la Tunisie face aux protestations sociales contre le chômage et la corruption. 
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27 décembre à Tunis - Manifestants s’opposant aux flics tunisiens (dont Alliot-Marie proposait encore récemment d’améliorer le savoir-faire...) - Photo : AFP/Fethi Belaid
L’Arabie saoudite a annoncé officiellement qu’elle donnait asile à l’ancien président tunisien et sa famille pour une période indéterminée.
« Le royaume a accueilli le président Zine El Abidine Ben Ali et sa famille, » a fait savoir une déclaration du palais saoudien envoyée par l’agence officielle de presse saoudienne (SPA) ce déclaré samedi.
Le communiqué indique que la décision de la cour royale d’accueillir Ben Ali a été fondée sur l’appréciation des « circonstances exceptionnelles » vécues par la Tunisie.
« Soucieux de la situation exceptionnelle à laquelle fait face le peuple frère tunisien et en appui à la sécurité et à la stabilité de leur pays ... le gouvernement saoudien a accueilli le Président Zine El Abidine Ben Ali et sa famille dans le royaume », dit le communiqué [ce qui ne veut strictement rien dire, et illustre bien l’inquiétude ambiante ... N.d.T].
Une source saoudienne a annoncé plus tôt que l’avion de Ben Ali avait atterri dans la ville de Jeddah sur les bords de la mer Rouge, mais ne précisait pas qui l’avait accompagné dans le royaume.
Lâché par Sarkozy
Plus tôt, les médias français ont rapporté que Nicolas Sarkozy, le président français, avait refusé de permettre à Ben Ali d’atterrir en France.
L’inamovible président de la Tunisie a quitté le pays au milieu des manifestations violentes et le premier ministre a pris la tête du gouvernement.
Mohamed Ghannouchi, premier ministre tunisien, a déclaré vendredi dans un discours télévisé qu’il avait pris le contrôle du gouvernement et que le président était « temporairement incapable d’exercer ses fonctions ».
Plus tard, il a déclaré à Al Jazeera que comme les circonstances actuelles ne permettaient pas le retour de Ben Ali en Tunisie, il agirait comme président jusqu’à la tenue d’élections.
Ghannouchi a cité le chapitre 56 de la constitution tunisienne comme article par lequel il a pris le pouvoir.
Noureddine Miladi, professeur de sociologie et des médias, d’origine tunisienne, a déclaré à Al Jazeera que ce que Ghannouchi a fait était anticonstitutionnel.
« C’est une manipulation de la constitution. Cela a été démontré par des gens comme Iyad bin Assur, l’un des meilleurs avocats en Tunisie. Celui-ci a fait valoir que le chef du Parlement est le seul en droit de former un gouvernement légitime [de transition], pendant environ 45 jours et puis [ils doivent] appeler à à des élections », a expliqué Miladi.
« Il [le président du parlement] est censé superviser le bon déroulement des élections. Ghannouchi fait partie de la même élite politique corrompue que Ben Ali. Il n’y a rien de nouveau dans ce qui s’est passé aujourd’hui, il n’est qu’une interprétation différente de la même partition. »
Ghannouchi est maintenant président par intérim.
Tensions élevées
Les tensions restent élevées malgré la fuite de Ben Ali, des manifestants ayant saccagé des édifices gouvernementaux dans la capitale, Tunis, et dans d’autres villes. Des citoyens ont lancé des appels pour la protection de leurs biens, plusieurs provinces étaient actuellement en plein troubles.
Les manifestants exigent que le nouveau président par intérim, un proche allié de Ben Ali, se retire.
Au cours de son allocution télévisée, le premier ministre Ghannouchi s’est engagé à respecter la Constitution et à rétablir la stabilité, et il a appelé les citoyens à « maintenir l’esprit patriotique ... afin de faire face à ces moments difficiles ».
Il a également promis de s’attaquer aux problèmes de l’inflation et du chômage « exactement » comme cela avait été récemment annoncé par Ben Ali.
Ayesha Sabavala, une spécialiste de la Tunisie, a déclaré à Al Jazeera qu’avec le président Ben Ali à l’étranger, il y a « seulement ... quelques personnes capables [de gérer le pays] au sein du RCD [le Rassemblement Constitutionnel Démocratique, parti du pouvoir], et Ghannouchi est un candidat idéal ».
Abdel Karim Kebiri, un ancien conseiller à l’Organisation internationale du Travail, a déclaré à Al Jazeera que « le peuple sera heureux » avec le départ de Ben Ali.
Hashem Ahelbarra d’Al Jazeera nous rapporte que les événements de ces derniers jours ont été un « séisme politique » et « quelque chose d’inouï ».
Il a dit ignorer encore quel rôle l’armée allait jouer.
L’armée aurait été déplacée vers la capitale pour « prendre en charge la situation à la place des forces de sécurité, qui sont vues par les Tunisiens comme un problème majeur pour son long passé de violations des droits de l’homme ».
Troubles violents
Les évolutions de ce vendredi font suite à de violents affrontements dans la capitale, Tunis, à cause du chômage et de la hausse des prix des produits alimentaires.
Les manifestations ont touché le coeur de la capitale, Tunis, ce vendredi, alors que la police tiraient des gaz lacrymogènes sur les manifestants rassemblés devant le bâtiment ministère de l’Intérieur. Selon des témoins, la police a utilisé des matraques pour disperser la foule, mais les manifestants ont affirmé ne pas vouloir quitter les lieux jusqu’à ce que Ben Ali se retire.
Sabavala est d’avis que la fuite de Ben Ali va « certainement contribuer à réduire ces manifestations, même si elles ne les arrête pas complètement - la seule chose qui importe, c’est de savoir si le gouvernement intérimaire commencera immédiatement la mise en œuvre des plans pour répondre aux questions qui ont été au cœur de ces manifestations ».
« Faire appel à un président par intérim, et en particulier à celui qui a été proche de Ben Ali ... ne va pas être suffisant », dit-elle.
« Logiquement, il suscite beaucoup de méfiance, parce Ghannouchi fait partie du cercle très rapproché ... de Ben Ali. Les promesses passées faites [par ce gouvernement] n’ont pas été tenues. »
Kamal Ben Younis, un journaliste tunisien, a rapporté qu’il y a eu des manifestations de mécontentement face au choix d’un allié de Ben Ali comme président par intérim.
Les médias d’Etat ont signalé plus tôt que Zine El Abidine Ben Ali, le président, avait imposé un état d’urgence dans le pays et promis de nouvelles élections législatives dans les six mois pour tenter de calmer la vague de contestation qui balaie le pays.
On a également signalé que l’aéroport de Tunis avait été encerclée par les troupes et l’espace aérien du pays a été fermé. Air France, la principale compagnie aérienne internationale dans et hors de la Tunisie a annoncé qu’elle avait cessé ses vols à destination de la Tunisie suite à cette annonce.
Air France, la principale compagnie aérienne internationale dans et hors de la Tunisie, a annoncé qu’elle avait cessé ses vols à destination de la Tunisie après l’annonce de l’armée.
La télévision d’Etat a indiqué que les rassemblements de plus de trois personnes avaient été interdits, et que les contrevenants seraient abattus par les forces [dites] de sécurité s’ils ne tenaient pas compte de leurs avertissements.
Ben Ali, 74 ans, a été au pouvoir pendant 23 ans après sa prise de pouvoir par un coup d’état. Jeudi dernier, dans le but d’apaiser les manifestants, il avait promis de ne pas briguer un nouveau mandat en 2014.
Mais les promesses semblent avoir eu peu d’effet et de nouveaux affrontements ont éclaté vendredi.
Frustration croissante
Les révoltes dans le pays ont commencé le 17 décembre, après qu’un jeune diplômé âgé de 26 ans, chômeur lui-même, se soit immolé par le feu. L’acte de désespoir de Mohammed Bousazizi a symbolisé une frustration croissante du peuple face à une inflation et un chômage en hausse, et a déclenché une vague de protestations à travers le pays.
Ghannouchi, 69 ans, est économiste de formation et a été un proche allié de Ben Ali depuis de nombreuses années. Premier ministre depuis 1999, il est l’un des visages les plus connus du gouvernement de la Tunisie. Il a également servi en tant que ministre pour la coopération internationale et que ministre pour l’investissement étranger [attendons-nous à des révélations sur les pots-de-vin touchés dans l’exercice de ces deux fonctions, et sur les noms des compagnies étrangères impliquées - N.d.T].
Le chapitre 56 de la constitution tunisienne, en vertu duquel Ghannouchi a pris le pouvoir, stipule : « Dans le cas où le Président de la République est incapable de remplir ses fonctions à titre temporaire, il peut déléguer ses pouvoirs et responsabilités au premier ministre, à l’exception du droit de dissoudre le parlement ».
« Au cours de cette période d’incapacité temporaire, le gouvernement doit rester en place jusqu’à ce que cet état d’incapacité disparaisse, même si le gouvernement est désavoué. »
« Le président informe le président du Parlement et le président du Conseil de la délégation temporaire de ses pouvoirs. »

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