08 mars 2011

Le rapporteur des Nations Unies pour les Droits de l’homme Richark Falk répond aux critiques de ban Ki-Moon

La remise en cause de la version officielle des événements du 11-Septembre est à ce point dérangeante en haut-lieu que le Secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon s’est cru obligé de critiquer sévèrement Richard Falk, pourtant investi d’une des missions les plus délicates qui soit, à savoir celle de rapporter auprès des Nations unies sur les violations des droits de l’homme dans les territoires palestiniens. Mais qu’importe sa fonction, c’est comme un sacrilège que Richard Falk aurait commis en soulignant publiquement sur son blog les lacunes et les contradictions du rapport de la Commission d’enquête sur le 11/9. Et cela a suffi à déclencher les réactions les plus épidermiques, allant jusqu’à atteindre à sa réputation et à son honneur.
Richard Falk répond donc ici à ces attaques – certaines le visant personnellement – sous la forme d’un billet rédigé sur son blog et repris par divers sites Web comme VeteransToday. Un des aspects les plus intéressants de cette réponse est que, selon M. Falk, ces critiques au sujet de sa position sur le 11/9 auraient essentiellement pour but de détourner l’attention du public du véritable objet de préoccupation qui devrait être celui des Nations unies et des gouvernements, à savoir les violations des droits de l’homme dans les territoires palestiniens. Autrement dit, non seulement les autorités ne reconnaissent aucun droit à la libre expression concernant le 11/9, mais elles utilisent ce sujet pour placarder tout contestataire sur des thématiques relevant de problèmes de politique internationale.


Richard Falk à la tribune de l’ONU,
représentant des Nations unies pour les Droits de l’Homme
En réponse aux sévères critiques de mon article sur le 11/9 faites par le Secrétaire général de l’ONU et de l’ambassadeur US auprès des Nations Unies
par Richard Falk, sur son Blog, le 27 janvier 2011
Richard Falk : auteur de "The Great Terror War", est professeur émérite de droit international à l’université de Princeton où il a enseigné pendant 14 ans. Il préside depuis 2005 la Nuclear Age Peace Foundation [Fondation pour la paix à l’âge du nucléaire]. Depuis les attentats de 2001, M. Falk a consacré une partie de son temps à contester la "version officielle du 11/9". Il a notamment rédigé la préface du livre de David Ray Griffin, "The New Pearl Harbor", qui reste une référence dans le domaine du questionnement de la version gouvernementale américaine sur les événements du 11-Septembre. Le 26 mars 2008, M. Richard Falk a été élu à l’unanimité et pour six ans au poste nouvellement créé de Rapporteur sur les droits de l’homme dans le conflit entre Israël et les Arabes palestiniens.
Au vu de tous les commentaires, favorables ou défavorables, suscités par l’article de mon blog rédigé suite à la fusillade en Arizona, et le fait qu’il a déclenché très récemment une attaque publique qui me visait personnellement, je trouve assez approprié de répondre sur ce même blog afin de clarifier ma position actuelle, et de recentrer l’attention sur la détresse et les souffrances du peuple palestinien qui est maintenu en captivité. Derrière tout cela se trouvent des questions cruciales comme la liberté d’expression, l’équité dans les discours publics et un traitement médiatique responsable sur les affaires délicates et controversées de l’État.
Le Secrétaire général des Nations unies et l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’ONU ont sévèrement critiqué certaines des remarques publiées sur mon blog personnel, qui mentionnaient les attentats du 11/9. Ils ont qualifié les vues qui y étaient exprimées d’ « ignobles et profondément choquantes », « nocives », « incendiaires » et « absurdes ». Leurs commentaires ont apparemment été faits suite à une lettre envoyée au Secrétaire général de l’ONU par le chef d’une [organisation] de surveillance de l’ONU, une Organisation non gouvernementale (ONG) extrêmement partisane, basée à Genève, et qui a attiré l’attention sur ce passage de mon blog. L’ambassadeur Rice a demandé mon éviction du poste de Rapporteur spécial indépendant du Conseil des droits de l’homme de l’ONU ayant mandat de surveiller le respect par Israël des « droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967. »
Tous ceux qui ont pris la peine de lire entièrement cet article sur mon site ont compris que la référence à la problématique du 11/9 était à la fois limitée et tangentielle. Ce qui était souligné sur mon site était l’importance d’étudier attentivement tous les éléments avant de tirer des conclusions sur les responsabilités politiques ou légales concernant des actes publics extrêmement délicats, et l’importance pour la sérénité de la société d’arriver à une conclusion de manière responsable.
Je n’ai jamais approuvé les doutes concernant la version officielle sur le 11/9 au-delà du fait de souligner ce que savent tous ceux qui ont examiné de manière objective cette controverse ; qu’il reste certains trous dans l’explication officielle qui donnent lieu à toute une série d’explications complotistes, et que malheureusement la Commission [d’enquête sur le 11-Septembre] n’a pas calmé ces remises en cause. Mon plaidoyer avait pour objectif d’encourager à combler ces trous d’une manière crédible, rien de plus, mais rien de moins. Je n’avais absolument aucune intention de manquer de respect envers la mémoire collective du 11/9 aux USA ou ailleurs. Bien au contraire, ma volonté était d’encourager [la mise en place d’]une enquête qui permettrait de clore les doutes toujours vivants chez une partie importante du public, ainsi que chez certaines familles de victimes du 11/9.
Ce que révèle cet incident, et qui est troublant en soi, est que toute remise en cause de la validité de la version officielle des événements du 11/9, tout en bénéficiant de la protection juridique de libre expression, se voit nier les protections politique et morale qui sont pourtant essentielles si l’on veut maintenir un climat de liberté d’expression digne d’une démocratie. Quand de hauts responsables peuvent qualifier quelqu’un qui émet certains doutes dans le langage le plus modéré, d’ « ennemi du peuple », cela signifie soit qu’il y a des choses à cacher, soit qu’il s’agit d’une furie défensive totalement hors de proportion avec la provocation. Le fait de demander une enquête complémentaire sur les questions toujours sans réponses à propos du 11/9 n’est certainement pas une position déraisonnable.
Ce que je trouve consternant est que ni le Secrétaire général ni la Mission US auprès des Nations unies n’ont fait l’effort de me contacter pour demander des clarifications sur mes remarques concernant ces sujets qui ne sont pas liés à mon rôle aux Nations unies, et ont sans attendre émis des critiques insultantes et dommageables pour ma réputation. J’avais la faiblesse de penser qu’en tant que représentant de l’ONU et citoyen des États-Unis, j’avais droit à un minimum de courtoisie, et, de façon plus substantielle, que toute critique serait basée sur ce que je dis plutôt que sur une quelconque lettre envoyée par un organisme de surveillance des Nations unies qui a pris pour habitude de constamment m’attaquer publiquement de manière irresponsable et mensongère, sans doute pour détourner l’attention de mes critiques envers la politique israélienne d’occupation des territoires palestiniens. Il est toujours plus tentant de tirer sur le messager que d’entendre le message. Une tactique similaire, ce que j’appelle « la politique de la déformation » a été utilisée voilà un an lors d’une misérable tentative de discréditer l’éminent juriste sud-africain Richard Goldstone, une personne à la réputation irréprochable en tant que fonctionnaire international. L’objectif était, là encore, de détourner l’attention des conclusions dévastatrices du rapport Goldstone remis aux Nations unies, résultat d’une enquête scrupuleuse sur les allégations de violations de la loi en lien avec les attaques israéliennes sur Gaza entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009.
Je conserve toute ma détermination à rapporter aussi complètement et honnêtement que possible à propos des violations massives des droits de l’homme auxquelles sont confrontés les Palestiniens qui vivent sans droits et sous l’occupation depuis maintenant plus de 43 ans, et à faire de mon mieux pour ne pas laisser de telles attaques personnelles affecter ma capacité à mener à bien la mission que m’a confiée l’ONU.
Ce sur quoi le gouvernement des États-Unis, le Secrétaire général, ainsi que les médias, devraient se concentrer, est la violation systématique, continue, et généralisée par Israël des droits humains des Palestiniens. Ne serait-ce que depuis début 2011, au moins quatre civils palestiniens ont été tués par les forces israéliennes et plus de 33 autres ont été blessés. Cela s’ajoute à l’extension des colonies, la destruction de maisons, les expulsions forcées et le déplacement de familles palestiniennes, la révocation du permis de résidence et les transferts forcés, particulièrement dévastateurs à Jérusalem Est, la détention et les mauvais traitements de plus de 6 000 Palestiniens, y compris des enfants, ainsi que le blocus illégal de Gaza. Mon futur rapport pour le Conseil des droits de l’homme traite de ces problèmes et aussi d’autres cas de graves violations des droits des Palestiniens par Israël.
Richard Falk
Sur son Blog, repris par VeteransToday, le 27 janvier 2011
Traduction GV 

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