05 mars 2011

Situation tendue à Ras Lanouf, en Libye

Des rebelles se préparent à affronter les forces fidèles à Kadhafi à Ras Lanouf.
Photo: AFP/Roberto Schmidt

Des rebelles se préparent à affronter les forces fidèles à Kadhafi à Ras Lanouf.
Des informations contradictoires circulent sur la situation à Ras Lanouf, où des affrontements font rage entre opposants et partisans du colonel Kadhafi. Les deux parties disent avoir le contrôle de la ville.
Ras Lanouf, située à environ 660 kilomètres à l'est de Tripoli, est un port pétrolier stratégique pour la Libye. Des combats s'y déroulent sans relâche depuis le début de l'insurrection, il y a deux semaines.
Vendredi, les rebelles ont indiqué avoir pris le contrôle de la ville, notamment des points stratégiques comme l'aéroport. Un journaliste de l'AFP a dit avoir vu des insurgés positionnés à l'extérieur du complexe des opérations pétrolières d'Harouge, des casernes militaires et du commissariat.
Les opposants au régime précisent maintenant procéder à la fouille de la zone résidentielle pour y débusquer des membres des forces fidèles à Mouammar Kadhafi.
Le régime Kadhafi a démenti que la ville soit passée aux mains des rebelles. Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaaim, a déclaré que le régime contrôlait toujours la ville. « Le gouvernement contrôle Ras Lanouf, tout est calme », a assuré M. Kaaim lors d'une conférence de presse à Tripoli.
Un médecin d'un hôpital de Brega a déclaré à l'Agence France-Presse que les combats à Ras Lanouf avaient fait « de nombreux morts et blessés ».

Un insurgé a fait le plein de munitions pour mitrailleuse avant de se lancer dans la bataille de Ras Lanouf.
Photo: AFP/Roberto Schmidt

Un insurgé a fait le plein de munitions pour mitrailleuse avant de se lancer dans la bataille de Ras Lanouf.
De violents combats ont également lieu à Zaouia, une autre ville importante pour les exportations de pétrole libyen. Des témoins rapportent que les affrontements ont fait là aussi de nombreuses victimes.
Un porte-parole du gouvernement a déclaré à la télévision nationale libyenne que les forces fidèles au dirigeant libyen croient être en mesure de reprendre le contrôle de la ville dès vendredi soir. Zaouia se trouve à environ 50 kilomètres à l'ouest de la capitale, Tripoli.
« Les rebelles ont attaqué la raffinerie de pétrole. Les forces gouvernementales les ont repoussés et ont repris des armes », a dit le porte-parole, Moussa Ibrahim. Selon lui, des négociations sont en cours avec les rebelles pour les convaincre de déposer les armes.
Un porte-parole des rebelles a déclaré à l'agence Reuters que le chef des rebelles de Zaouia était mort dans les combats. Un résident de la ville dit avoir compté 30 corps à l'hôpital de la ville. Un autre évalue que les heurts ont fait de 40 à 50 morts.
Près de Benghazi, fief de l'insurrection dans l'est de la Libye, au moins 17 personnes ont été tuées lors de deux explosions qui ont détruit un dépôt d'armes. Les causes de l'explosion sont toujours indéterminées.

Carte de la Libye
Carte de la Libye

Manifestation rime avec répression dans la capitale
Des opposants et des partisans du colonel Kadhafi se sont disputé les rues de Tripoli vendredi. Des manifestations ont notamment eu lieu dans le quartier de Tadjoura, dans l'est de la capitale, et des affrontements ont été signalés à la place Verte, dans le nord-est.

Les forces fidèles au colonel Kadhafi ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants à Tripoli.
Photo: La Presse Canadienne /AP/Ben Curtis

Les forces fidèles au colonel Kadhafi ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants à Tripoli.
Ces accrochages se sont produits au début de l'après-midi, au terme de la prière du vendredi. Un témoin de Reuters raconte que des centaines de personnes ont manifesté contre le régime à leur sortie d'une mosquée du quartier de Tadjoura. « Kadhafi est l'ennemi de Dieu », ont scandé les manifestants.
Peu après, un journaliste de Reuters a affirmé que les forces loyalistes avaient utilisé des gaz lacrymogènes pour les disperser. Des coups de feu ont aussi été entendus dans le secteur. « Les gens se sont enfuis dans toutes les directions », raconte le journaliste de l'agence britannique.
Un témoin de l'AFP affirme aussi que des manifestants anti-Kadhafi et pro-Kadhafi se sont battus à main nue près de la place Verte, dans le nord-est de Tripoli. Les forces de l'ordre, qui bouclaient le secteur, se seraient contentées de tirer en l'air, sans intervenir.
Avant que les gens ne sortent des mosquées, les autorités ont empêché les journalistes étrangers de sortir de l'hôtel où ils logent. Un porte-parole du gouvernement a justifié cette décision en disant vouloir les protéger de violences planifiées par Al-Qaïda.
Selon la BBC, les journalistes ont finalement eu l'autorisation de sortir, mais à condition d'embarquer dans des autobus à destination d'endroits choisis par le gouvernement.
Tripoli, une ville de 1,5 million d'habitants, est la plus importante des quelques villes encore sous contrôle de Mouammar Kadhafi. La ville natale du colonel, Syrte, à environ 500 kilomètres à l'est de la capitale, en est une autre. L'est du pays est entièrement sous le contrôle des insurgés.

Saisie de devises libyennes

Un navire transportant des billets de banque libyens d'une valeur d'environ 155 millions de dollars a été arraisonné par la marine britannique, vendredi, après avoir tenté sans succès d'accoster à Tripoli.

Selon une responsable britannique s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, le navire est actuellement escorté vers le port d'Harwich en Grande-Bretagne. Les conteneurs remplis d'argent ont été déchargés du bateau et mis en lieu sûr.

La Grande-Bretagne a interdit l'exportation sans autorisation de billets de banque libyens, conformément aux sanctions adoptées à l'ONU.



« La victoire ou la mort »
À Al-Baïda, à 200 km à l'est de Benghazi, le président du Conseil national libyen, l'ex-ministre de la Justice, Moustafa Abdeldjeïl, a prononcé un discours visant à motiver les opposants au colonel Kadhafi.
« Nous sommes des combattants, nous ne nous rendons pas. La victoire ou la mort! Nous ne nous arrêterons pas tant que nous n'aurons pas libéré l'ensemble de ce pays », a déclaré le chef du Conseil, qui se définit comme un gouvernement de transition.
« La Libye est libre, Kadhafi doit partir », a répondu la foule.

Interpol lance une alerte contre Kadhafi

L'agence policière internationale Interpol a émis vendredi une « Notice orange » à l'endroit du colonel Kadhafi et de 15 autres Libyens, notamment des membres de sa famille.

La « Notice orange » ne demande pas aux États-membres d'arrêter les personnes visées, mais les avertit du danger qu'elles représentent. L'avis devrait aider la Cour pénale internationale qui a ouvert une enquête sur les présumés crimes contre l'humanité commis en Libye.

Les personnes identifiées dans l'avis pourraient être impliquées ou complices dans ces crimes.

Interpol dit aussi que cette décision vise à aider les 188 États-membres à faire respecter les sanctions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Nouvel ambassadeur libyen à l'ONU

Le gouvernement libyen a nommé un ancien ministre des Affaires étrangères, Ali Abdoussalam Treki, au poste d'ambassadeur de Libye aux Nations unies. Il remplace d'Abdourrahman Mohamed Chalgham, qui a publiquement annoncé son ralliement aux opposants à Mouammar Kadhafi.
Inquiétudes aux frontières
Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a dit vendredi être très inquiet de la baisse du nombre de réfugiés fuyant la Libye.
Le HCR soutient que des témoins ont indiqué que les forces fidèles à Mouammar Kadhafi, lourdement armées, sèment la violence et la peur aux frontières, empêchant ainsi les gens de quitter le pays.
Plus de 200 000 personnes ont fui vers les zones frontalières avec la Tunisie, l'Égypte et le Niger depuis le début du soulèvement contre le régime libyen le 15 février. L'afflux de dizaines de milliers de travailleurs étrangers ces derniers jours a fait exploser les besoins en aide humanitaire dans des villes frontalières comme Ras Jedir, dans le Sud tunisien, loin d'être prêtes à ces arrivées massives.
Radio-Canada.ca avecAgence France Presse, Associated Press, Reuters, BBC et Al-Jazira

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