Des opposants syriens rejettent le soutien encombrant de BHL
Craignant que Damas exploite cette « récupération », ils appellent au boycott du philosophe, « ennemi des droits des Palestiniens ».
Invitées à participer à un meeting organisé par la revue La Règle du jeu de Bernard-Henri Lévy, lundi 4 juillet à Paris, plusieurs personnalités représentatives de l'opposition syrienne à l'étranger, ont renoncé publiquement à leur présence à cette manifestation. « Car le message de soutien aurait pu être entendu si l'identité du messager n'était pas si problématique, » selon l'un d'entre eux.« Celui qui se fait l'ennemi des droits d'un peuple ne peut prétendre soutenir une révolution fondée sur les mêmes droits », écrit Suhair Atassi, figure emblématique de l'opposition de l'intérieur depuis sa cachette syrienne.
Dans un texte diffusé samedi matin par ses amis, elle « appelle les Syriens qui ont accepté de participer à la conférence de Paris lundi, organisée avec l'appui dudit Comité pour le salut de la Syrie, mis en place par Bernard-Henry Lévy, à se retirer et à déclarer publiquement leur retrait ».
« De même, j'appelle les Syriens libres et toutes les vraies consciences à boycotter cette conférence et à expliquer les raisons de ce boycott. »
BHL : « L'armée israélienne, la plus humaine de l'histoire moderne »
Déploiement militaire à Hama
L'armée syrienne a déployé des troupes dans la ville de Hama et a
multiplié les arrestations dans la région dimanche, deux jours après
qu'une manifestation de grande ampleur contre le président Bachar Al-Assad s'y soit déroulée, selon des militants et des habitants.
« Des dizaines de personnes ont été arrêtées dans les environs
d'Hama. Les autorités semblent avoir opté pour la solution militaire
afin de soumettre la ville », a déclaré le président de l'Observatoire
syrien pour les droits de l'Homme, Rami Abdel Rahman.
Un résident de Hama a indiqué que les communications ont été coupées
et que les forces de sécurité de même que des miliciens à la solde du
régime ont été vus dans plusieurs quartiers.
multiplié les arrestations dans la région dimanche, deux jours après
qu'une manifestation de grande ampleur contre le président Bachar Al-Assad s'y soit déroulée, selon des militants et des habitants.
« Des dizaines de personnes ont été arrêtées dans les environs
d'Hama. Les autorités semblent avoir opté pour la solution militaire
afin de soumettre la ville », a déclaré le président de l'Observatoire
syrien pour les droits de l'Homme, Rami Abdel Rahman.
Un résident de Hama a indiqué que les communications ont été coupées
et que les forces de sécurité de même que des miliciens à la solde du
régime ont été vus dans plusieurs quartiers.
Suhair Atassi rappelle :
« Bernard-Henri Lévy a considéré les enfants tués à Gaza comme des “ dommages inévitables de la guerre contre le terrorisme ” et en réponse au massacre dans le camp de réfugiés de Jénine en 2002, il avait visité le camp à bord d'un char israélien et la presse avait publié ses photos et sa déclaration selon laquelle : “ L'armée israélienne est l'armée la plus humaine de l'histoire moderne.”
Il a en outre transmis au gouvernement de Netanyahou une fausse promesse de la part du Conseil libyen de transition d'établir des relations diplomatiques avec Israël, obligeant le CLT à démentir l'information. A quel titre vient-il maintenant soutenir une révolution pour la liberté. »
« Bernard-Henri Lévy, épargnez aux Syriens votre soutien ! »
L'exploitation que ne manquerait pas de faire le régime de Bachar el-Assad de cette conférence pour discréditer ses opposants à l'extérieur, comme sur le terrain, inquiète également. Accusés régulièrement d'avoir des « agendas étrangers », les protestataires ne veulent pas de ce soutien ambigu.Fin mai déjà, trois des intellectuels les plus consensuels de l'opposition syrienne en France avaient signé un appel titré :
« Bernard-Henri Lévy, épargnez aux Syriens votre soutien ! »Burhan Ghalioun, écrivain, professeur à la Sorbonne, Subhi Hadidi, écrivain et journaliste, et Farouk Mardam Bey, éditeur ont considéré les initatives de BHL comme :
« Des manœuvres sordides qui visent à détourner l'opposition démocratique syrienne de ses objectifs et portent atteinte à sa crédibilité devant son peuple. »
Une soirée à Paris avec le seul BHL ? Ils se disent piégés
Alertés par leurs amis en France, plusieurs invités syriens venant des Etats-Unis, d'Egypte ou d'ailleurs ont renoncé à participer au meeting.Parmi eux :
- Ammar Qorabi, qui dirige l'Organisation nationale des droits de l'homme, exilé au Caire ;
- Omar Al-Azm, anthropologue, professeur à l'université de l'Ohio ;
- Adib Shishakli, petit fils d'un ancien président de la République syrienne, également installé aux Etats-Unis,
- Georgette Alam.
Ils considèrent avoir été piégés par les partenaires syriens de La Règle du jeu, des militants séduits par la force de frappe politico-médiatique de BHL qui ont semé la discorde au sein de l'opposition.
Plusieurs groupes d'opposants syriens en France, dont Souria Houria (Syrie-Liberté) ou le Collectif Urgence solidarité Syrie ont en effet clairement signifié leur hostilité à cette réunion.
► Sur le site de La Règle du jeu, le programme de la soirée est ainsi présenté :
« Prendront la parole, entre autres, Laurent Fabius, Bertrand Delanoë, Cécile Duflot, François Bayrou, Rama Yade, Fadela Amara, Axel Poniatowski, ainsi qu'André Glucksmann, Bernard Kouchner, Kendal Nezan, Aalam Wassef et Bernard-Henri Lévy.
L'opposition syrienne s'exprimera par la voix de plusieurs témoins récemment sortis de Damas ou d'autres villes de la Syrie martyre.
Des témoignages écrits, également venus de l'intérieur de la Syrie, seront lus par les acteurs Xavier Beauvois et Jane Birkin. »Photo : BHL lors d'une manifestation de soutien aux opposants iraniens place du Trocadéro, à Paris (Gonzalo Fuentes/Reuters).
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