31 janvier 2010

l'indécence américaine en Haïti

Haïti : l'indécente suspension de l'évacuation des blessés


Un Haïtien attend des soins à Port-au-prince (Carlos Barria/Reuters)

La nouvelle est tombée, terrible, cruelle, désespérante. « L'armée américaine a confirmé samedi avoir suspendu ses vols d'évacuation d'Haïtiens grièvement blessés lors du séisme du 12 janvier en attendant une décision sur la prise en charge financière de leurs soins », nous informe l'AFP.

Plusieurs Etats américains (Floride, Géorgie…), pressentis pour accueillir ces sinistrés, la plupart dans un état critique, se sont défaussés pour des questions de gros sous.

« La Floride se tient prête à aider nos voisins en Haïti, mais il nous faut un plan d'action et de remboursement pour les soins que nous fournissons », a déclaré Sterling Ivey, porte-parole du gouverneur de Floride.

Sollicité, le pouvoir fédéral tarde manifestement à donner sa réponse.

« Si la Floride ne les accepte pas, et je ne peux pas le confirmer, mais je pense que la Géorgie a fait une déclaration similaire, donc si on ne peut les emmener nulle part pour les faire soigner, ils restent à Haïti », a confirmé Kevin Aandahl, porte-parole du commandement de Transport chargé des vols médicaux d'urgence.

Pendant ce temps-là, les suppliciés souffrent et meurent

Alors quoi, où sont-ils les sous ? Dans les frais de déplacement des GI envoyés massivement sur place avant même les médecins et les équipes de secours ?

Dans l'organisation promise de ces rassemblements de super puissances censées, au beau milieu de leurs chamailleries indécentes de préséance, discuter du sort de ce pays meurtri ?

Finis les téléthons spécial tremblement de terre ? Terminées les grands raouts sous la houlette de stars en mal de charité chrétienne ?

Pas de plans de relance mirifiques pour les malheureux Haïtiens ? « Not too big to fail » ? Trop petits pour vivre ? Pendant ce temps-là, les suppliciés souffrent et meurent.

« Cette suspension pourrait s'avérer catastrophique pour les blessés », a conclu dans le New-York Times le Dr Barth Green, cofondateur d'une ONG de Miami. « Des gens sont en train de mourir en Haïti parce qu'ils ne peuvent pas partir. »

Une morale pour cette histoire ? On peut comprendre que des êtres meurent de faim faute de nourritures en quantités suffisantes. On peut comprendre que des blessés et des malades ne puissent être soignés faute de médecins et d'hôpitaux.

Mais admettre qu'on puisse laisser périr des gens de faim, de blessures ou de maladies faute d'argent est la plus terrifiante des obscénités.

Photo : Un Haïtien attend des soins à Port-au-prince (Carlos Barria/Reuters)


RUE89

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