Le rôle dominant joué par les Etats-Unis à Haïti, pays insulaire des Caraïbes ravagé mardi dernier par un séisme dévastateur, a été remis en cause par plusieurs pays. Un responsable français a indiqué lundi que les efforts d'aide internationaux ne doivent pas avoir pour fins d'"occuper" Haïti, alors que le président vénézuélien, Hugo Chavez, a accusé les Etats-Unis d'envahir le pays au nom d'une opération d'assistance.
DES INTERROGATIONS INTERNATIONALES ET DOMESTIQUES
A propos du refoulement d'un avion français transportant un hôpital de campagne la semaine dernière par les forces américaines, sous prétexte que l'aéroport de la capitale haïtienne est engorgé par les aides internationales, le secrétaire d'Etat français à la Coopération, Alain Joyandet s'est plaint que l'armée américaine a monopolisé l'aérodrome.
"Il s'agit d'aider Haïti, il ne s'agit pas d'occuper Haïti", a-t-il déclaré sur une radio française, présent à Bruxelles pour prendre part à une réunion de l'UE portant sur Haïti.
M. Joyandet a fait savoir qu'il souhaite que les Nations Unies ouvrent une enquête sur la façon dont les gouvernements doivent travailler en commun à Haïti, ajoutant qu'il espère que les choses seront précisées quant au rôle des Etats-Unis.
Dimanche, le président vénézuélien, Hugo Chavez, a posé une question similaire sur le rôle joué par les Etats-Unis à Haïti.
"J'ai lu que 3.000 soldats américains allaient arriver. Des marines armés comme s'ils allaient à la guerre. Il n'y a pas d'une pénurie d'armes là-bas, mon dieu. Des médecins, des médicaments, du carburant, des hôpitaux de campagne, voilà ce que les Etats-Unis devraient envoyer!", s'est exclamé M. Chavez dans son allocution télévisée hebdomadaire. "Ils (les Américains) sont en train d'occuper Haïti d'une manière clandestine".
"Vous ne les voyez pas dans les rues. Est-ce qu'ils ramassent les corps? (...) Est-ce qu'ils recherchent les blessés? Vous ne les voyez pas. Je ne les ai pas vus. Où sont-ils?", s'est-il interrogé.
Parallèlement, les médias américains se demandent aussi quel genre de rôle leur pays veut jouer à Haïti.
Selon un commentaire intitulé "L'armée américaine en Haïti : une invasion compatissante", paru samedi dernier dans le Time, un hebdomataire américain, il est écrit : "Haïti, dans toutes les intentions, est devenu mardi à 16H53 le 51e Etat suite à son tremblement de terre. S'il ne s'agit pas d'un Etat, alors au moins d'une région de l'Etat -- les Etats-Unis".
LA REPONSE DE WASHINGTON
Face à ces doutes croissants à l'intérieur du pays comme à l'étranger, les responsables de Washington ont tous souligné que les forces américaines effectuent leur opération de secours à Haïti en coopération avec le gouvernement local et les Nations Unies.
La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a déclaré la semaine dernière lors de sa visite à Haïti que le gouvernement américain n'a aucune intention de prendre le contrôle du pays des mains des autorités haïtiennes. "Nous travaillons pour les soutenir, non point pour les remplacer", a-t-elle souligné.
Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a fait savoir lundi que l'envoi de troupes à Haïti vise à protéger les Haïtiens et les étrangers innocents, en cas d'anarchie".
Le porte-parole du département d'Etat américain, P.J. Crowley, a répondu plus directement : "Nous ne prenons pas le contrôle d'Haïti".
"Plus nous entendons les critiques, plus nous sommes déterminés à essayer d'améliorer le sort des Haïtiens", a affirmé Denis McDonough, le conseiller adjoint de M. Obama sur les questions de sécurité nationale
Jusqu'à lundi, les Etats-Unis ont déployé à Haïti quelque 11.000 marines et soldats, 33 avions et plusieurs navires de guerre.
Les Etats-Unis ont reconnu en 1864 le gouvernement haïtien, 60 ans après l'indépendance du pays vis-à-vis de la France. Entre 1915 et 1934, la marine américaine a occupé le pays pendant presque 20 ans pour réprimer les troubles politiques.
En 1994, le président américain d'alors, Bill Clinton, a envoyé un contingent militaire à Haïti pour aider le président renversé, Jean Bertrand Aristide, à reprendre le pouvoir.
Version française : http://french.news.cn/
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