26 octobre 2010

L'ancien homme fort de Saddam Hussein, Tarek Aziz, condamné à mort








L'ancien vice-premier ministre irakien Tarek Aziz, en 2004, peu après sa reddition aux troupes américaines et à la justice irakienne.
AFP/KAREN BALLARD
L'ancien vice-premier ministre irakien Tarek Aziz, en 2004, peu après sa reddition aux troupes américaines et à la justice irakienne.
La Cour suprême irakienne a condamné à mort, mardi 26 octobre, l'ancien vice-premier ministre de Saddam Hussein, Tarek Aziz, pour son rôle dans l'élimination des partis religieux, a rapporté la télévision d'Etat irakienne.



Ministre des affaires étrangères après l'invasion du Koweït en 1990 puis vice-premier ministre de Saddam Hussein, membre du Conseil de commandement de la révolution (CCR), la plus haute instance de la dictature baasiste, le chrétien Tarek Aziz était la figure la plus connue de l'ancien régime à l'étranger. Il s'était rendu aux troupes américaines à la fin d'avril 2003 et a été condamné en mars 2009 à quinze ans de prison pour "crimes contre l'humanité" dans l'affaire de l'exécution de quarante-deux commerçants en 1992. La Haute Cour pénale d'Irak l'avait par ailleurs condamné à sept ans de prison pour son rôle dans les exactions contre les Kurdes dans les années 1980. Aujourd'hui âgé de 74 ans, sa famille et ses avocats ont demandé à plusieurs reprises sa libération pour des motifs médicaux, notamment en raison de deux crises cardiaques.
Son fils, Ziad Aziz, a vivement réagi à l'annonce de la sentence, qui constitue selon lui un acte de "vengeance". "Comme le démontre WikiLeaks dans les documents publiés [ce week-end], [les autorités irakiennes procèdent à des] opérations de vengeance et d'élimination de toute personne ayant eu des liens avec le passé." Ziad Aziz a assuré que son père n'avait pas eu les moyens de se défendre."Quand [les juges] ont-ils eu le temps d'étudier le verdict ? Ils n'ont pas écouté les avocats de la défense de mon père ? De quelle justice parle-t-on ?" "Mon père n'a jamais rien eu à voir avec les partis religieux. Ce verdict est une honte", a-t-il dit.
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Déclaration de Gilles Munier,
Secrétaire général des Amitiés franco-irakiennes
 
   Fallait-il que Nouri al-Maliki soit électoralement aux abois pour qu’il ordonne au Haut tribunal irakien de condamner à mort par pendaison Tarek Aziz (ancien vice-Premier ministre), Saadoun Chaker (ancien ministre de l’Intérieur), Abed Hamoud (secrétaire du Président Saddam Hussein), pour  avoir « cherché à éliminer les partis religieux en Irak avant 2003 » ?
   Depuis lundi dernier, les documents diffusés par WikiLeaks mettant en cause Nouri al-Maliki dans des meurtres et des tortures commis par des escadrons de la mort - notamment par la Brigade des loups, formée en 2004 par l’armée d’occupation - sont utilisés par son principal concurrent parlementaire, le pro-américain Iyad Allaoui, pour le discréditer.
   Déstabilisé par ces « révélations », rejeté par ceux qui pensent qu’un Premier ministre chiite, plombé par des accusations de crime de guerre, met en danger la survie du régime, Nouri al-Maliki tente – en faisant condamner à mort Tarek Aziz, Saadoun Chaker et Abed Hamoud -  de ressouder autour de lui le noyau dur pro-iranien pour se faire réélire Premier ministre. Y parviendra-t-il ?
   En France, c’est en leur âme et conscience que les anciens dirigeants de la Majorité qui ont bien connu Tarek Aziz - parmi lesquels Jacques Chirac, Alain Juppé, Charles Pasqua - ou la ministre de la Santé Roselyne Bachelot qui s’est entretenue à plusieurs reprises avec lui pendant la période d’embargo, ou encore le Président Sarkozy qui dit militer pour les droits de l’homme, décideront s’ils doivent intervenir pour tenter de lui sauver la vie, ainsi que celle de ses compagnons. Les partisans de la politique arabe du général de Gaulle – toutes tendances confondues – les y enjoignent instamment.
 
Par Gilles Munier

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