25 octobre 2010

Omar Khadr - Triste histoire

Mondialisation.ca, Le 20 octobre 2010

Le gouvernement canadien a joué un odieux détachement dans le dossier d'Omar Khadr, le seul enfant-soldat détenu à Guantánamo. Faible joueur sur la carte mondiale des Affaires étrangères, comme son cuisant échec à l'ONU le confirme, ce gouvernement a poussé loin, très loin, le mépris des droits de son propre ressortissant. Avec une constante obstination, il a toujours refusé de rapatrier M. Khadr.

C'est cette indifférence qui a mené M. Khadr là où il est maintenant, c'est-à-dire devant la Cour martiale américaine, désormais en attente d'un verdict. Il est le premier de tous les détenus de Guantánamo à subir un procès en vertu des nouvelles règles régissant les commissions militaires, sous l'administration Obama. C'est le seul Occidental incarcéré à Cuba à n'avoir pas été rapatrié par son propre pays. Il avait 15 ans lorsqu'il fut arrêté en 2002. Les années ont passé, mais c'est bel et bien d'un enfant-soldat qu'il est question, il ne faut pas l'oublier.

Les demandes de rapatriement de M. Khadr sont restées vaines, et ce, en dépit de tous les jugements qui ont démontré comment le Canada avait bafoué les droits de son propre citoyen. Alors que se négocie actuellement une entente à l'amiable entre les avocats de M. Khadr et les Américains, on se désole de voir ce dossier cheminer dans l'indifférence politique.

Comme l'étale le documentaire Vous n'aimez pas la vérité — que le Bloc québécois présente aujourd'hui aux députés à Ottawa —, cette froideur «canadienne» fut subie par Omar Khadr alors qu'il n'avait que 16 ans. Interrogé par les agents du Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS), le jeune homme comprend rapidement que ses «sauveurs» logent dans le camp des bourreaux, et que cet interrogatoire n'est pas mené selon les règles. Il a sûrement compris aujourd'hui qu'il n'aura pas le procès juste et équitable qu'il revendiquait à bon droit.

Laissé à son sort par les autorités canadiennes, il aurait maintenant choisi de plaider coupable — la date du procès, où ne se discutera vraisemblablement que la peine, est reportée au 25 octobre. D'ici là, deux ballets se jouent, sans spectateurs.

Le premier est juridique, et n'engage pas nommément le Canada, qui n'a pas à se mêler d'une procédure pénale. Le second est politique, et concerne totalement le Canada, qui discute sûrement avec les États-Unis de l'épilogue de cette histoire pathétique. Les tractations entre les deux pays concernent par exemple le lieu où M. Khadr purgerait sa peine s'il devait vraiment plaider coupable comme on le dit. Mais le terrain diplomatique est fragile, et c'est sans doute dans ses relations avec les États-Unis que le Canada a le plus à perdre.

Pendant que se joue cette valse politico-juridique, un homme semble avoir abdiqué. Parce que son pays a littéralement abdiqué face à lui.

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