Retour en images sur la révolution tunisienne
par Cédric Baylocq Sassoubre - publié le jeudi 10 mars 2011
Photos Jacopo Granci, Textes Cédric Baylocq Sassoubre
Le premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi a démissionné à la toute fin du mois de février, sous la pression du peuple tunisien révolté qui réclamait un gage supplémentaire de changement, à la suite de la fuite du tyran Zine el Abidine Ben Ali. Fin du gouvernement RCD, arrestation de 42 officiers de police et de 110 RCDistes impliqués dans la corruption, nouveau Conseil constitutionnel... une nouvelle ère, postrévolutionnaire, s’ouvre pour la Tunisie. Elle impose un retour en photo, du lendemain de la chute de Ben Ali (14 janvier) jusqu’au sentiment du devoir accompli (27 février), au milieu d’un peuple tunisien.
AVENUE BOURGUIBA (Tunis)
Après que le général Rached Ammar eût officiellement refusé de tirer sur les manifestants dans son discours du 13 janvier, partout en Tunisie, la population a montré ostensiblement sa gratitude à l’armée.
Une semaine après la chute de Ben Ali, une foule déferle Porte de France, au bout de l’Avenue Bourguiba, pour réclamer l’achèvement du régime au cri de "RCD Dégage".
KASSBAH (Tunis)
Sous les arcs plein-cintres du Ministère des Finances (rebaptisé, sur notre cliché, "Ministère des voleurs"), les tunisiens qui composent la caravanne de la liberté (venu des villes déshéritées Sidi Bouzid, Gafsa, Metlaoui, Kasserine...) maintiennent la pression sur le gouvernenemt "provisoire". En contre-bas, place de la Kassbah (siège du premier ministre) les manifestants sont à l’unisson.
Place de la Kassbah, un manifestant se hisse en haut d’un lampadaire pour s’approcher du balcon du premier ministre et y déployer une banderole de revendications. Au dessous de lui, une foule qui scande "L’bhim fi saoudiya wa-l qarita hyia-hyia !" ("البهيمة في السعودية والقاريطة هي هي", "L’âne est en Arabie Saoudite mais la charrette est la même"), lui donne l’impulsion nécessaire...
SIDI BOUZID (Centre), AUX ORIGINES DE LA RÉVOLTE
Au fond de la banquette qui lui sert de lit, Manoubia, la mère de Mohammed Bouazizi, choquée mais fière, un mois après l’immolation de son fils, qui a embrasé la jeunesse tunisienne. A coté d’elle, Samia, 19 ans, demi-soeur du martyr, tient un texte religieux en hommage à son (demi)frère sur lequel il est écrit : « Il (le prophète) a dit, que la prière et la paix soit sur lui, "Si l’orphelin est frappé et s’il pleure, les anges pleurent aussi". Alors Dieu dit "Quiconque frappe l’orphelin, celui dont les parents sont devenus poussières sous-terre, Je jure par Ma puissance et Ma majesté de lui rendre justice". Louange à Dieu de nous avoir fait grâce de l’islam » Si la thématique de "l’orphelin" domine cet hommage post mortem, c’est que Mohammed Bouazizi a perdu son père très tôt. En outre, le verbe frapper (daraba) est présent à deux reprises, d’abord dans la bouche du prophète, puis dans celle de Dieu. Référence implicite à l’humiliation ultime qui lui a été infligé par l’agente de Sidi Bouzid Feyda Hamdi (une gifle), et a suscité son geste désepéré, à l’origine de ce qui deviendra le "printemps arabe" (Entretien avec la famille Bouazizi, Sidi Bouzid, 26 janvier 2011).
Jeudi 27 janvier, une grande partie des habitants de Sidi Bouzid (environ 7000 personnes) organise une grande marche après avoir décrété une grève illimitée dans la ville, jusqu’au départ des membres du gouvernement affiliés au RCD.
Face au Tribunal, la foule comme un seul homme au dessous du portrait du "martyr" Mohammed Bouazizi.
Le cortège s’arrête devant le Gouvernorat de la province, à l’endroit où Mohammed Bouazizi s’est immolé, après avoir reçu une giffle de l’agent de police Feyda Hamdi parce qu’il réclamait la restitution de sa marchandise et de sa balance, que les agents municipaux lui avaient confisqués au prétexte qu’il refusait de les soudoyer. Son geste allait intiter la révolte...
LA REVOLUTION ACCOMPLIE
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