Que s’est-il passé à Gaza entre le 27 décembre 2008 et le 18 janvier 2009 ?
Dès les premiers pilonnages de l’armée israélienne (à l’heure de la sortie des écoles !), alors que tout accès à la bande de Gaza était impossible et que les consulats respectifs évacuaient leurs résidents, seuls quelques volontaires décidèrent de rester et de lier ainsi leur sort à celui du peuple de Gaza : parmi eux, médecins de l’ONG Norwac et Vittorio Arrigoni, journaliste et militant pacifiste d’ISM [1] qui nous livre ici les notes de son journal de bord tenu pendant trois semaines (et au-delà) d’horreur absolue et de destruction gratuite.
Le journal d’un survivant : Vittorio Arrigoni :
« [...] Le témoignage de Vittorio a la légitimité du survivant. On se doit d’écouter le survivant [...]. Vittorio est la mémoire vivante d’un massacre. Vittorio est celui qui, un jour, debout à la barre des témoins, contribuera à éviter un « mémoricide ». Ses paroles pèseront lourd dans une procédure de jugement quand les auteurs de ce massacre siègeront au banc des accusés et seront condamnés pour ce qu’ils sont, de véritables criminels de guerre. [...]. Parce que nous nous porterons témoins devant le tribunal. C’est pour cela qu’il faut que nous restions vivants, et que ces faits soient publiés. Contre le crime du silence, contre la complicité, contre l’impunité [...] » écrit Alberto Arce [2] dans son article (p. 125).
Son récit : extraits parmi d’autres ... :
« Lorsque les énormes destructions dans la bande de Gaza seront connues, je ne pourrai plus me rendre en touriste à Amsterdam, mais uniquement à La Haye me présenter devant le Tribunal international » (Déclaration d’un ministre israélien - sous couvert d’anonymat, rapportée par le quotidien Haaretz [3], p. 101).
« ... Ils nous ont renvoyés à notre situation d’expulsés de 1948 [4] C’est notre punition, parce que nous sommes restés fidèles à notre terre. Ils peuvent bien m’arracher bras et jambes du corps, ils ne réussiront pas à me faire déguerpir de ma terre » (Déclaration d’Ahmed Jaber, qui a perdu famille et maison dans les bombardements, p. 82).
[1] ISM (International Solidarity Movement) : ONG regroupant des pacifistes du monde entier, fondée en 2001 par le Palestinien Ghassan Andoni et l’Israélien Neta Golan.
[2] Alberto Arce : journaliste espagnol, membre d’ISM , arrivé à Gaza à bord du bateau Free Gaza Movement. Auteur du film « To Shoot an Elephant » (téléchargeable sur toshootanelephant.com/). A reçu le Prix du Journalisme de la Fondation Anna Lindh pour ses reportages du conflit à Gaza publiés par le quotidien espagnol El Mundo.
[3] Haaretz (ou Ha’Aretz, en hébreu « Le Pays ») : fondé en 1919 à Jérusalem, c’est l’un des trois plus grands quotidiens nationaux en Israël. On trouve des traductions de ses articles dans l’hebdomadaire « Courrier International ».
[4] Allusion à la « Nakbah » (catastrophe en arabe) : nom donné à l’exil forcé du peuple palestinien comme conséquence aux premiers nettoyages ethniques en 1948-49.
[2] Alberto Arce : journaliste espagnol, membre d’ISM , arrivé à Gaza à bord du bateau Free Gaza Movement. Auteur du film « To Shoot an Elephant » (téléchargeable sur toshootanelephant.com/). A reçu le Prix du Journalisme de la Fondation Anna Lindh pour ses reportages du conflit à Gaza publiés par le quotidien espagnol El Mundo.
[3] Haaretz (ou Ha’Aretz, en hébreu « Le Pays ») : fondé en 1919 à Jérusalem, c’est l’un des trois plus grands quotidiens nationaux en Israël. On trouve des traductions de ses articles dans l’hebdomadaire « Courrier International ».
[4] Allusion à la « Nakbah » (catastrophe en arabe) : nom donné à l’exil forcé du peuple palestinien comme conséquence aux premiers nettoyages ethniques en 1948-49.
Rester humain à Gaza, décembre 2008-juillet 2009, journal d’un survivant
ISBN 978-2-9534496-1-7
SCRIBEST - L’édition solidaire
BP 10077
F 67802 BISCHHEIM CEDEX
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Lien : http://www.ism-france.org/temoignag...
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En accord avec la librairie Résistances à Paris, les bénéfices sur les ventes du livre seront reversés à ISM et à la famille de Vittorio Arrigoni :
http://www.librairie-resistances.co... (rubrique choix du libraire).
Coordonnées de la librairie :
Librairie Résistances 4 Villa Compoint 75017 Paris (Métro ligne 13, direction "Saint-Denis Université" ou "Gabriel Péri Asnières-Genevilliers"
Station Guy Môquet ou Brochant)
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Communiqué
Aujourd’hui, 15 avril 2011, la grande famille des défenseurs des droits humains à travers le monde est orpheline, une fois de plus, une fois de trop comme à chaque fois : Vittorio Arrigoni, journaliste et militant pacifiste d’ISM vient d’être lâchement assassiné à Gaza. Après Juliano Mer-Khamis, le directeur israélo-palestinien du Théâtre de la Liberté à Jénine. Après tant d’autres, journalistes, syndicalistes, artistes, défenseurs des droits pour la justice, citons pour rappel le dessinateur de presse et caricaturiste palestinien Naji al-Ali, assassiné à Londres en 1987.
Ces empêcheurs de tourner en rond dont les seules armes sont un stylo, un carnet de notes ou de dessins, un clavier pour animer un blog sur internet ou lancer une pétition, une pièce de théâtre, un livre, une vidéo ou un film... et que les puissants de ce monde surveillent comme le lait sur le feu !
Vittorio Arrigoni était (comme ça fait mal d’utiliser ce verbe au passé !) de la race des tenaces, ceux qui ne lâchent pas le morceau facilement. Voici ce qu’écrit à son sujet son ami et compagnon d’ISM, Alberto Arce* : « Vittorio était arrivé à Gaza en août 2008. Pendant plusieurs semaines, il a accompagné les pêcheurs palestiniens sur lesquels tiraient les patrouilles israéliennes, les empêchant de réaliser leur travail au large de la bande de Gaza. Vittorio a été enlevé par une patrouille israélienne, menotté, emprisonné et expulsé vers l’Italie. Son crime : filmer avec une caméra vidéo comment l’armée israélienne, violant toutes les normes internationales, empêchait les pêcheurs palestiniens de travailler en mer. À peine deux semaines plus tard, Vittorio retournait à nouveau en bateau à Gaza. Une volonté tenace. La droiture de celui qui est prêt à aller jusqu’au bout. Au nom de ses principes et de ses convictions. Vittorio n’est pas un aventurier. Vittorio est un combattant. Comme il n’y en a plus. Et en plus il écrit, et plutôt bien... »
Fin 2008, au moment de l’opération Plomb durci menée contre Gaza par l’armée israélienne, Vittorio Arrigoni avait refusé de partir. Il s’en explique dans son vibrant et insoutenable témoignage** écrit sur place : « Dans la bande de Gaza, nous sommes tous devenus des cibles mobiles, sans la moindre exception. Le consulat italien m’a contacté à l’instant : demain, ils vont évacuer notre dernière ressortissante, une religieuse âgée qui vit depuis vingt ans à proximité de l’église catholique de Gaza et qui avait été totalement acceptée ici par les Palestiniens. Le consul me pria amicalement de profiter de cette dernière occasion pour me joindre à la sœur afin de fuir à mon tour cet enfer. Je le remerciai pour son offre généreuse, mais je ne bougerai pas d’ici, je ne peux pas. » Et il conclut, en parlant de ses compagnons d’ISM : « À travers l’affliction vécue sur place, nous sommes tous, Italiens, Espagnols, Anglais ou Australiens devenus entre-temps des Palestiniens. »
Aujourd’hui, les enfants de Gaza pleurent leur grand frère Vittorio.
* Alberto Arce écrit au sujet de Vittorio Arrigoni en tant que témoin direct à Gaza : « ... après l’opération "Plomb durci", lorsqu’un rapport fut publié, le rapport Goldstone, ce rapport que nos gouvernements ont décidé d’ignorer et qui décrit les crimes de guerre présumés commis dans la bande de Gaza, le témoignage de Vittorio sera encore plus nécessaire que dans les chroniques tenues jour après jour. Le témoignage de Vittorio a la légitimité du survivant. On se doit d’écouter le survivant, que cela soit facile ou non, utile ou inutile. Vittorio est la mémoire vivante d’un massacre. Vittorio est celui qui, un jour, debout à la barre des témoins, contribuera à éviter un mémoricide. Ses paroles pèseront lourd dans une procédure de jugement quand les auteurs de ce massacre siégeront au banc des accusés et seront condamnés pour ce qu’ils sont, de véritables criminels de guerre. C’est pour cela qu’il faut survivre. À cela que nous servons, en tant que survivants. Parce que nous nous porterons témoins devant le tribunal. C’est pour cela qu’il faut que nous restions vivants, et que ces faits soient publiés. Contre le crime du silence, contre la complicité, contre l’impunité... »
Hélas, Vittorio Arrigoni ne sera plus là pour venir à la barre des témoins, mais sa parole et son témoignage resteront à jamais vivants. À travers ses écrits et articles largement diffusés. Et surtout son livre dicembre 2008-gennaio 2009, GAZA. Restiamo Umani**.
Alors, nous tous qui nous reconnaissons comme appartenant à cette grande famille des défenseurs des droits humains à travers le monde, empêcheurs de tourner en rond de tous bords et toutes nationalités, il nous faut poursuivre le travail de pionnier de Vittorio Arrigoni : tous à nos stylos, carnets de notes et de dessins, claviers, pétitions, manifs, pièces de théâtre, livres, vidéos, films !
Oui, aujourd’hui, Vittorio, à tes côtés, nous sommes tous devenus des Palestiniens.
* Élias Samouni Strasbourg, 15 avril 2011
** Adaptation française par SCRIBEST Publications sous le titre : Rester humain à Gaza, décembre 2008-juillet 2009, journal d’un survivant
Extrait N° 1, Pages 48 à 53
Extrait N° 2, Pages 58 à 63
15 avril 2011 - Communiqué par la maison d’éditions Scribest
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