par K. Selim- Le quotidien d'Oran
Face à la «catastrophe» de l'unité des Palestiniens, l'AIPAC mobilise déjà. L'émissaire américain George Mitchell a démissionné de son côté. Sage décision d'un homme qui a dans son bilan une réussite irlandaise. Depuis le recul en rase campagne de Barack Obama devant le lobby israélien qui fait la politique moyen-orientale de Washington, le très persévérant Mitchell était pratiquement au chômage. Il n'avait rien à faire qu'à constater que rien ne marche.
Les «spécialistes» arabes des plateaux, de leur côté, ne manquaient pas de répéter à l'envi, comme s'ils cherchaient à y croire, que les peuples arabes en «printemps» ne s'occupent plus de la Palestine et des Palestiniens. Conclusion pour le moins aberrante. Comme si les Tunisiens, en dégommant Ben Ali et sa clique, tournaient le dos aux Palestiniens. Conclusion encore plus absurde dans le cas de l'Egypte, quand on sait que le régime de Hosni Moubarak était totalement sous supervision américaine et avait pour mission d'empêcher le retour à l'unité des Palestiniens.
Ces spécialistes, dont les «analyses» exprimaient davantage un désir qu'une réalité, peuvent désormais déchanter. Les manifestations qui se sont déroulées en Egypte et ailleurs dans le monde arabe leur apportent un démenti cinglant. Le «printemps arabe» n'ignore pas la Palestine. La cause des Palestiniens est aussi au cœur même de ces mouvements civiques, dont la colère a été également alimentée par l'attitude pleutre des régimes face à Israël.
Vendredi, sur la place Al-Tahrir, comme pour signifier que la Palestine c'est aussi l'Egypte, la manifestation avait pour but de défendre l'unité nationale et de soutenir la Palestine. La propagande occidentale pro-israélienne peut faire toutes les cabrioles qu'elle veut, mais le «printemps arabe» n'est pas opposable à la cause des Palestiniens. Il faut en effet être aveugle pour ne pas voir que le long combat des Palestiniens est celui de tous les peuples qui cherchent à se libérer des dictatures et des autocraties.
Cela fait très longtemps que les opinions arabes ont fait le diagnostic élémentaire : bousculer les dictatures dans le monde arabe ne peut que renforcer les Palestiniens. Les Palestiniens de Ghaza respirent beaucoup mieux depuis que Hosni Moubarak ne dirige plus la grande Egypte. Déjà le pouvoir militaire en place en Egypte, sous la pression de l'opinion, a signifié qu'il refusera de contribuer à l'étouffement des Palestiniens et a décidé d'ouvrir le passage de Rafah. La fermeture de ce passage incarnait à elle seule la réalité de la politique «palestinienne» de Moubarak.
Et plus les Egyptiens seront libres de s'exprimer et de désigner librement leurs représentants et plus cet attachement à la cause des Palestiniens deviendra plus évident.
Les Occidentaux, qui cherchent, par la force parfois, à être des «actionnaires» des révolutions arabes, cherchent à leur imprimer une lecture ou une orientation falsificatrice. La lutte contre les dictatures arabes et les progrès de la démocratie permettront une traduction encore plus concrète et plus forte de l'attachement à la cause palestinienne.
M. Barack Obama, dont la retraite face au lobby israélien est désormais consommée avec la démission de Mitchell, doit faire un discours sur les révoltes dans le monde arabe et en Afrique du Nord. S'il ne se rend pas compte que ces révoltes contre «les régimes amis» des Etats-Unis sont également une insurrection contre la politique américaine de la région, il confirmera bien que l'AIPAC aura réussi à borner totalement les esprits à Washington sur la question du Proche-Orient.
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