Par Tom Hayden (revue de presse : ZNet – 17/5/11)
Traduction : Xavière Jardez
Texte original :
http://www.zcommunications.org/contents/178424
Par Gilles Munier
C’est une presque certitude : les Etats-Unis ont réussi à obliger l’Irak « à inviter » des milliers de troupes américaines à rester indéfiniment dans le dernier bastion impérial des Etats-Unis dans le monde arabe (New York Times - 12 mai).
Récapitulons : l’administration Bush avait signé un pacte avec le gouvernement irakien dans l’intermède entre les deux administrations et le Président Obama y avait adhéré. Mais, début 2009, Obama y avait ajouté, sans qu’on s’y attende, une promesse de retirer toutes les troupes pour décembre 2011, sans laisser de force résiduelle comme suggéré lors de sa campagne. Le Pentagone avait pressé les Irakiens d’amender l’accord pour permettre la présence d’une base américaine et de troupes.
Une base près des champs pétrolifères
Le Pentagone a gagné. Si ce n’était que l’ouverture d’une autre base au sein des 800 autres éparpillées de par le monde, on pourrait l’accepter avec résignation. Mais, celle-ci place les forces américaines au centre des tensions confessionnelles en Irak, près des champs pétrolifères en cas de troubles. Elle agit comme un contrepoids à un Iran lourdement armé (sans oublier le soutien apporté à un régime religieux autoritaire connu pour sa longue histoire de violations de droits de l’homme).
Peu de voix au Congrès ou dans le mouvement pour la paix se sont élevées, encore moins organisées contre le bastion en cours. Parmi les personnes influentes, seuls les conseillers occasionnels d’Obama au Centre pour le Progrès américain (Center for American Progress) sont connus pour favoriser le retrait total.
Diviser pour régner
Le régime chiite, mis en place par les Etats-Unis, penche déjà vers l’Iran dans le cadre de la géopolitique de la région. Une base US, dit-on, l’empêchera de glisser davantage hors de l’orbite. De plus, le gouvernement composé en grande partie d’opposants arrivés dans les wagons des Américains, craignent un nouveau soulèvement des Sunnites en cas de départ des Américains. De l’autre côté, les groupes de guérilla sunnites appréhendent, eux, un massacre par les forces de sécurité chiites. Les Kurdes veulent que les Américains les protègent des chiites et des sunnites. Cette équation conduit à la plus étrange des formules impériales fondées sur la domination : « si les « civilisateurs » occidentaux partent, les indigènes se battront entre eux ». La règle de diviser pour régner camouflée sous celle du maintien de la paix !
« Les chagrins de l’empire »
Cette stratégie a été développée par Stephen Biddle du Conseil pour les Relations Etrangères (Council on Foreign Relations) depuis de nombreuses années. En mars-avril 2006, il écrivait dans Foreign Affairs :
« Washington doit cesser de déplacer la responsabilité de la sécurité (de l’Irak) sur d’autres et doit au contraire menacer de manipuler l’équilibre militaire du pouvoir entre Sunnites, Chiites et Kurdes pour les obliger à conclure un compromis durable ».
Seul un président visionnaire et ses conseillers peuvent voir les dangers d’être piégés en Irak pour toujours, ce que Chalmers Johnson appelle « les chagrins de l’empire ». Il n’y a aucun signe à l’heure actuelle d’une telle vision.
Texte original :
http://www.zcommunications.org/contents/178424
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