Les F-16 restent à Aviano L’analyse par Manlio Dinucci | |||||||
Mondialisation.ca, Le 15 mai 2011 | |||||||
Alarme à Aviano. Déclenchée quand le Wall Street Journal a écrit que le président Barack Obama, dans sa visite à Varsovie le 27 mai, annoncera le transfert permanent des chasseurs F-16 étasuniens de la base aérienne italienne à celle de Lask en Pologne. Dans la petite cité frioulane, rapporte Il Gazzettino, on se préoccupe des pertes économiques possibles : ici résident 4.200 militaires étasuniens qui, avec leurs familles, équivalent à un nombre de 10mille personnes environ ; et dans la base travaillent 800 salariés civils italiens. Auxquels s’ajoutent le secteur annexe, formé de dizaines de petites et moyennes entreprises qui s’occupent de la logistique et des approvisionnements de la base. Réaction bipartisane immédiate dans le monde politique. Le vice-président de la région Frioul, Luca Ciriani (Pdl, Popolo della Libertà, actuellement au gouvernement) a déclaré que la base d’Aviano n’a « apporté que richesse et emplois, sans aucune sorte de problème ».(1) Echo du sénateur Carlo Pegorer (Pd, Partito democratico, actuellement dans l’« opposition »), qui souligne que « cette réalité, en plus des militaires américains (étasuniens, NdT) voit la présence de milliers de leurs parents et de plusieurs centaines de travailleurs italiens employés dans la base, avec une sous-traitance significative pour les activités économiques et productives de la zone ». Comme elle est « une des principales bases américaines du sud de l’Europe insérée dans un contexte stratégique de grande importance », le sénateur ne se contente pas des « assurances génériques » du ministre de la défense La Russa mais demande que ce soit le gouvernement qui assure au parlement que les F-16 resteront à Aviano. A Aviano est déployé le 31st Fighter Wing, unique escadron de chasseurs-bombardiers étasuniens au sud des Alpes, composé de deux escadrilles de F-16 et assisté par une unité spécialisée pour l’approvisionnement en munitions, le 731st Munitions Squadron, déployée à Camp Darby (Pise). La mission de l’escadron est de « fournir une puissance de combat d’un pôle à l’autre du globe pour poursuivre les objectifs des Usa et de l’OTAN ». Dans les années 90, il a joué un rôle fondamental dans les opérations de Bosnie et dans la guerre en Yougoslavie. Il est actuellement engagé dans la « guerre globale contre le terrorisme », surtout en Afghanistan et en Irak. En mars dernier, les chasseurs-bombardiers F-16 d’Aviano, appuyés par des EA-18G pour la guerre électronique, ont participé à la première phase de l’attaque contre la Libye. A Varsovie on parle d’un accord avec Washington selon lequel des F-16 étasuniens, en provenance d’Aviano et d’autres bases, effectueront une rotation en Pologne de façon à assurer une présence permanente dans le pays. Décision certes non appréciée à Moscou. Une des deux escadrilles du 31st Fighter Wing d’Aviano, la 501st Fighter Squadron, est aussi préparée à l’attaque nucléaire avec des bombes B-61 stockées dans la base même. Et, selon un rapport présenté en octobre 2010 à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN (US non-strategic nuclear weapons in Europe : a fundamental Nato debate), un plan prévoit de concentrer à Aviano toutes les armes nucléaires Usa en Europe. Le vice-président Ciriani et le sénateur Pegorer peuvent donc être tranquilles : Aviano ne sera pas démantelée, mais continuera à produire « de la richesse et des emplois, sans aucun type de problème ». Sauf la guerre, y compris la préparation de celle nucléaire. Edition de dimanche 15 mai 2011 de il manifesto Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio (1) Le vice-président Ciriani, élu régional du « Peuple de la Liberté », a sans doute oublié l’accident dramatique du « 3 février 1998, [où] un avion Grumman EA-6B Prowler en mission d'entraînement à basse altitude, parti de la base d'Aviano, a coupé le câble du téléphérique situé près de Cavalesi causant 20 morts. En vertu des accords Americano-italiens, et avec la médiation de Massimo d'Alema, le pilote a été jugé aux États-Unis en échange de la libération de la terroriste Silvia Baraldini détenue aux Etats-Unis ». (http://fr.wikipedia.org/wiki/Aviano_Air_Base) On aura une idée de la souveraineté de l’Italie à l’égard de ses « hôtes » étasuniens (à Aviano, « sans aucune sorte de problème »), en lisant sur http://www.luciomanisco.com/barald/barald_1.htm les conditions posées (et mises en acte par ses représentants -« de gauche »- de l’époque) à l’Etat italien pour cet « échange » : avec spécification « au-delà du gouvernement actuel ». Les deux pilotes étasuniens -seules personnes à avoir été jugées (aux Etats-Unis), de la longue chaîne (étasunienne et italienne) de commandement impliquée dans la tragédie - ont été reconnus non coupables, et ont continué une brillante carrière. (http://www.ecn.org/uenne/archivio/archivio1999/un10/art446.html NdT). |
16 mai 2011
Que d'armes sur nos têtes...
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