20 mai 2011

Les voix de ceux qui résistent

jeudi 19 mai 2011 - 06h:55
Vik2Gaza




Pour connaitre Gaza, nous allons commencer notre découverte par cette région au nord-est de la ville.
Les récits des enfants palestiniens de cette zone nous font voyager dans le temps, dans un passé pas si récent mais mémorable, en l’occurrence, le mois de décembre 2008 quand l’armée israélienne avait lancé l’opération Plomb Durci.

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Le décor qui s’offre à nos yeux parle de lui-même et témoigne de l’impact laissé par cette offensive en l’espace de quelques jours. En effet, pas loin de nous se tiennent les décombres de bâtiments détruits, les maisons démolies, les champs et domaines que les agriculteurs avaient l’habitude de cultiver, à présent totalement asséchés et contaminés par les bombes au phosphore blanc.
Les frontières qui séparent les territoires occupés et Israël sont à quelques kilomètres. En effet, entre les frontières et les habitations se trouve la fameuse « zone tampon » qui n’est autre que des morceaux de terres, certes cultivables, mais difficile, voire impossible d’accès aux Palestiniens. Et pour cause, les habitants risquent leur vie s’ils s’y aventurent, car les attaques israéliennes seraient imminentes à partir des tourelles qui longent la frontière.
En effet, des tirs proviennent de snipers ou de mitrailleuses automatiques répartis dans ces tourelles. Souvent, et comme ce fut le cas ce matin, durant les saisons des récoltes, des militaires israéliens font irruption à bord de leurs chars, tirent sur les agriculteurs à l’intérieur de la « zone tampon » et rasent les champs. Un des garçons note qu’un dirigeable se pointe constamment dans le ciel, son but étant de surveiller toute la ville de Gaza. A l’intérieur de cet aéronef se trouve une caméra satellite de pointe, une sorte donc de panoptique ultra moderne, à la seule différence que dans ce cas précis, on connait l’identité de ceux qui nous contrôlent.
Et dans cette ville, nous connaissons également les gens qui habitent par là. Les enfants sont les premiers à venir nous rencontrer et ce qui est remarquable est sans doute ce sourire qui n’a pu s’effacer de leurs visages malgré les affres de la guerre. Leur récit se poursuit au sujet de ce bombardement maudit. Cette fois, c’est une dame qui prend la parole. Cette dernière a presque perdu toute sa famille, son mari, ses enfants ensevelis sous les décombres, dont une qui s’est retrouvée avec une balle dans la tête et est envoyée en Allemagne pour se faire opérer.
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Vient ensuite l’histoire de la famille Al Samoni et son destin tragique. Trente membres de cette famille s’étaient réfugiés dans une maison qui était la cible de l’armée israélienne. Une pluie de bombes s’y était abattue mais l’armée avait ce jour empêché l’arrivée des ambulances et des premiers secours. Pour avoir été agressé par l’armée israélienne, ce quartier, autrefois appelé Al Zaytoon, porte aujourd’hui le nom de la famille Al Samoni.
Les récits sur l’atrocité se poursuivent tant que l’inhumanité sévit. A ce sujet, l’on nous raconte que des soldats viennent frapper aux portes et demandent aux maîtresses de maison d’appeler le mari. Ce dernier, à peine le seuil de la porte franchi reçoit un tir de carabine qui le laisse sans vie.
La ville semble renaître de ses cendres et les habitants de cette zone cherchent à reconstruire le même quartier et à faire l’expérience d’une autre chose que la guerre : la vie. Ainsi, avec l’aide de la communauté, les habitants ont construit un asile qu’ils baptisent Al Samoni, en hommage à la famille décimée. Peint en couleur jaune, il faut dire que c’est la seule construction colorée au milieu du gris qui caractérise les reconstructions en difficulté. D’ailleurs, le prochain convoi en direction de Gaza portera le nom Al Samoni.
L’opération « Plomb Durci »
Quel bilan dresser à l’issue d’une opération qui a duré plus de tente jours, et dont les bombardements ont tué plus de 1400 civils. Sans doute très lourd, suivi de plusieurs mois d’isolement, sans la moindre assistance médicale, sans scolarisation des enfants. L’unique usine locale de ciment a complètement été dévastée. Evidemment, puisque deux tonnes et demi de bombes, symbole de la ‘’démocratie’’ israélienne visaient plusieurs objectifs : la zone abritant les ministères fut attaquée sept fois. Les champs, destinés à l’agriculture ont, quant à eux été bitumés au terme de l’intervention militaire.
Rencontre entre les média-militants
La première rencontre entre les militants devant participer à la communication a eu lieu cet après-midi où une assemblée a regroupé des journalistes, des bloggeurs, des média-activistes et des artistes indépendants, qu’ils soient du convoi ou des palestiniens.
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En hommage à Vittorio Arrigoni, la rencontre a été l’occasion de réitérer la volonté de suivre les pas du militant italien en continuant le très précieux travail qu’il a commencé et a tenu à promouvoir. Mais l’élément marquant reste sans doute ce désir ardent et cette volonté à mettre en route ce projet, ressentis auprès de tous ces jeunes qui ont connu et collaboré avec Vittorio.
Il apparait donc nécessaire, voire même une constante nécessité, de coordonner et d’organiser l’information alternative à l’intérieur de la Bande de Gaza au moyen d’outils de communication internes. En réalité, les principaux médias se limitent à démontrer une image de Gaza empreinte de larmes et de sang, toujours en quête d’un scoop spectaculaire au lieu d’une analyse approfondie.
Ainsi, les jeunes gazaouis tiennent à raconter leur quotidien sous le siège, un quotidien marqué par des zones d’ombres mais dont les lueurs d’espoir peuvent illuminer. C’est pourquoi, nous avons pris conscience de la nécessité de créer une coordination internationale capable d’ouvrir à Gaza les portes du monde extérieur, et d’apporter le reste du monde à Gaza.
Rencontre à la Radio El Shaab Voice Radio
Dans l’après-midi, une délégation du Convoi « Restons Humains » a été l’invitée de la station radio El Shaab Voice Radio. Cette dernière a joué un rôle prépondérant lors de la période où Israël bombardait Gaza. Du dixième étage de l’immeuble où elle est située, la station a été à l’affût des ambulances en leur indiquant, via ses ondes, les endroits où il fallait intervenir.
Nous avons donc saisi l’opportunité de notre présence à la radio pour expliquer, en direct, les raisons du déplacement de notre convoi à Gaza, un mois après l’assassinant de Vittorio. Pour une Palestine libre !

Le 13 mai 2011 - Vous pouvez consulter cet article à :
http://vik2gaza.org/2011/05/14/voci...
Traduction de l’italien : Niha

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