14 mai 2010

Irak : la production nationale de riz et de blé au plus bas

vendredi 14 mai 2010 - 09h:35

IRIN News


L’Irak prévoit d’importer 80 pour cent de ses besoins en blé et riz en 2010, d’après Hussein Ghazy, porte-parole de Grains Company, une entreprise publique de céréales affiliée au ministère du Commerce.
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En raison d’un manque de précipitations en 2009, l’Irak a connu sa pire récolte de céréales depuis une décennie
(photo ACTED)

Les statistiques du ministère du Commerce indiquent que l’Irak a importé 3,55 millions de tonnes de blé et 1,17 million de tonnes de riz l’année dernière - contre respectivement 2,54 millions de tonnes et 610 000 tonnes en 2008.

La hausse des importations est la conséquence des faibles niveaux d’eau de l’Euphrate et du Tigre, qui provoquent la baisse de la production, a dit Aoun Thiab Abdullah, du ministère des Ressources en eau. Il a averti que l’Iraq pourrait être confronté à une autre saison agricole difficile cet été.

« La quantité d’eau que nous recevons de l’Euphrate à la frontière avec la Syrie s’élève à environ 250 mètres cube par seconde, ce qui est encore bas... Quant au Tigre, nous avons observé une baisse de 50 pour cent du débit, qui est passé de 1 680 mètres cube par seconde [en avril 2003 et avant] à 836 mètres cube par seconde ». Il a noté que les réservoirs alimentés par le Tigre présentaient actuellement un niveau raisonnable.

Cependant, les trois plus grands réservoirs alimentés par l’Euphrate - le réservoir d’Haditha, Mosul Dam et Habaniyah Lake - connaissent de graves pénuries d’eau, a-t-il dit.

En raison des pénuries d’eau et des niveaux élevés de salinité des sols, le gouvernement a décidé en 2009 de réduire de moitié la zone de culture de riz, qui dépend entièrement de l’eau de l’Euphrate.

« Cette situation nous inquiète, en particulier parce que la saison d’été approche, et que cela pourrait même affecter le début de la prochaine saison d’hiver, période à laquelle la première irrigation est nécessaire [en octobre et novembre] », a dit M. Abdullah.

Un secteur agricole faible

La plupart des terres irakiennes - 78 pour cent - ne sont pas adaptées à l’usage agricole. Près de la moitié des 9,5 millions d’hectares restants sont des terres marginales utilisées principalement pour le pâturage saisonnier des chèvres et des moutons, d’après un rapport de juin 2004 destiné au Congrès américain. La production agricole ne représente qu’environ quatre pour cent du Produit intérieur brut.

L’agriculture a été paralysée par des décennies de guerre et d’insécurité, le sous-investissement et l’abattage non contrôlé des arbres pour produire du bois de chauffage, qui a aggravé la salinité et la désertification. D’après le ministère de l’Agriculture, la salinité affecte au moins 40 pour cent des terres agricoles, principalement dans le centre et le sud de l’Irak, tandis que 40 à 50 pour cent des terres qui étaient productives dans les années 1970 ont été affectées par la désertification.

Un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a estimé qu’un « tiers de la population irakienne réside dans des zones rurales et a des moyens de subsistance qui dépendent de l’agriculture. Cependant, ce segment de la population souffre proportionnellement plus [que les autres] de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire, puisque 69 pour cent de l’ensemble des Irakiens vivant dans l’extrême pauvreté et l’insécurité alimentaire résident dans des zones rurales ».

D’après la FAO, les cultivateurs de blé irakiens ont observé une baisse de 55 pour cent de la production en 2008 en raison d’un contexte de sécheresse sévère, et la dépendance aux importations a augmenté en 2008, atteignant 74 pour cent pour le blé et 69 pour cent pour les céréales en général.

Un rapport conjoint de la FAO et du Service inter-institutions d’information et d’analyse (soutenu par les principaux bureaux et agences des Nations Unies en Irak), intitulé Iraq Food Prices Analysis (Analyse des prix alimentaires en Irak), a indiqué que les prix alimentaires en Irak avaient augmenté à un rythme plus soutenu que les prix alimentaires au niveau mondial, en grande partie à cause d’une hausse de 800 pour cent des prix du carburant et de l’électricité dans le pays en 2004-2008.

Selon Mahdi Al-Qaisi, sous-secrétaire au ministère de l’Agriculture, l’Irak a produit 117 000 tonnes de riz et 1,281 millions de tonnes de blé au cours de la saison 2008-09. Ces chiffres ne concernant que la production déclarée par les agriculteurs au ministère de l’Agriculture, ils pourraient être un peu en deçà de la réalité, a dit M. Al-Qaisi.

La consommation totale attendue en 2010 est de 4,5 millions de tonnes de blé et 1,227 millions de tonnes de riz, a dit M. Ghazy, porte-parole de Grains Company.

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