La double loyauté revisitée
dimanche 2 mai 2010 - 06h:37
Jeff Gates - Rebelnews
Qu’est-ce qui a bien pu persuader notre Congrès de proclamer ainsi sa loyauté à Israël au moment-même où notre armée est en train de faire une guerre au Moyen-Orient sur la base de renseignements bidon ?
Toute évaluation objective de ce ‘lien’ ne peut que reconnaître la nécessité d’en réévaluer le prix en sang versé et en argent dépensé. Pourtant le Congrès - oui, notre Congrès - s’est opposé à cette réévaluation, même si le commandement-en-chef de nos armées veulent obtenir qu’Israël mette fin à sa brutale occupation militaire de la Palestine qui ne cesse de provoquer l’indignation mondiale depuis plus de soixante ans.
Le Congrès et le Président des Etats-Unis ont prêté un même serment avant d’accéder à leurs fonctions. Ce serment les oblige à protéger les Etats-Unis contre toutes les menaces, tant étrangères qu’intérieures. Les faits confirment que les renseignements bidon qui ont entraîné notre armée dans la guerre en Irak provenaient tous d’une même source : Israël. Toutes les preuves dénoncent Israël et ses supplétifs, y compris ceux du Congrès. Est-ce pour cela que le lobby sioniste a obligé le Congrès à vouer une allégeance éternelle à Israël ?
Aide et soutien
La relation américano-israélienne a apporté la preuve qu’elle représente une menace constante pour notre sécurité nationale. Ce péril n’a fait que s’accroître au fil du temps. Le vol massif de terres par Tel Aviv, en 1967, n’avait rien de « défensif », contrairement à ce que les dirigeants israéliens ont prétendu depuis lors pour tenter de le justifier. Cette agression d’Israël contre ses voisins était une conquête territoriale mûrement planifiée depuis longtemps de territoires que les sionistes considèrent leur appartenir légitimement, dans le cadre de leur volonté de réaliser le ‘Grand Israël’.
Lorsqu’ils avaient conseillé au président Harry Truman de ne pas reconnaître le caractère d’un Etat légitime à cette enclave extrémiste qu’est Israël, les chefs d’état-major américains lui avaient exposé les concepts fanatiques du sionisme, notamment son projet d’établissement d’une hégémonie militaire et économique sioniste sur l’ensemble du Moyen-Orient. Nos responsables militaires avaient malheureusement raison.
Confronté à une chute de sa popularité et des coffres de financement de sa campagne présidentielle de 1948 quasiment vides, Truman avait apposé sa signature à une note de deux phrases, le 14 mai, accordant aux sionistes ce qu’ils voulaient : la reconnaissance des Etats-Unis. Cette décision donna le signal du départ à une « relation spéciale » qui n’a cessé de démontrer le danger qu’elle représente pour les intérêts des Etats-Unis.
Le train électoral de Truman put alors « refaire le plein » grâce à une somme de 400 000 dollars offerte par les sionistes (correspondant à 3,6 millions de dollars au taux de 2010). Tandis que les éditos des médias quasi-unanimement pro-sionistes se retournaient en faveur de Truman, celui-ci finit par s’imposer, lors des élections de novembre 1948, sur son rival de New York, Tom Dewey.
N’eût été l’Holocauste, Truman n’aurait jamais pu reconnaître le sionisme en tant que fondement légal d’un Etat souverain en Palestine, en raison de l’intense opposition du Secrétaire d’Etat George Marshall, du Pentagone, du service de planification de la politique extérieure du Département d’Etat et de la Central Intelligence Agency (CIA). Toutes ces instances et personnalités éminentes étaient catégoriquement opposées à la reconnaissance de l’entité sioniste, et il en allait de même en ce qui concerne les membres du corps diplomatique américain, qui savaient, eux, de quoi il en retournait...
En sus des nécessités de financer sa campagne électorale, qui jouèrent un rôle indéniable, Truman a également agi ainsi en raison de préoccupations humanitaires et religieuses découlant de son éducation chrétienne-sioniste dans un trou perdu du Missouri, où il est notoire qu’il avait déjà lu cinq fois la Bible du début jusqu’à la fin alors qu’il n’avait pas encore quinze ans.
Sa décision a été également déterminée par des sentiments qu’il avait formés dans sa jeunesse, une période où il s’abîmait dans une théologie baptiste fondamentaliste qui révérait le « retour à Sion » des juifs, condition requise pour le retour du ‘Messie chrétien’.
Passons, en accéléré, jusqu’à 2001, année où, en réaction à la provocation qu’a représenté un massacre de masse sur le sol américain [les attentats du 11 septembre, ndt], un autre chrétien-sioniste (G.W. Bush) s’avéra prédisposé à soutenir une riposte militaire coïncidant avec un programme expansionniste mis au point depuis fort longtemps par ceux-là-mêmes que nos responsables militaires avaient dénoncés comme fanatiques cinquante-trois ans plus tôt.
Le vol de territoires des Six-Jours
Dans les esprits de ceux qui pensent comme la diaspora juive, la guerre des Six-Jours de juin 1967 a réactivé l’insécurité mentale et émotionnelle associée aux fascistes de la Seconde guerre mondiale. Combinés entre eux, ces deux événements historiques ont catalysé une « diaspora interne » planétaire, fondée sur :
le nationalisme, se traduisant par un lien émotionnel partagé entre des gens persuadés d’avoir en commun une communauté d’intérêts entre eux et une propriété immobilière dans laquelle ils peuvent très bien ne jamais mettre les pieds, peu importe. Après la guerre dite des Six-Jours, l’Etat Israël devint la Terre d’Israël, fondée sur l’ère d’expansion accrue qu’il occupait et sur le territoire additionnel dont il lui restait à s’emparer ;
l’insécurité, sous la forme d’un sentiment partagé de vulnérabilité et de victimitude, tandis que les juifs se voyaient confrontés à une menace largement médiatisée bien qu’elle ne cessât de s’effilocher. Après les attentats du 11 septembre 2001, le « cercle arabe d’acier » de 1967 se mua en « menace de l’« islamo-fascisme » ». A l’époque, comme aujourd’hui, la politique d’Israël fut fustigée, et des campagnes médiatiques prétendirent que l’on eût assisté à une flambée d’« antisémitisme ».
Tout au long de cette saga, certains faits ont été pris pour argent comptant qui sont aujourd’hui fortement mis en doute. La prétention sioniste au « droit au retour » est fonde sur un récit historique actuellement soumis à un assaut en règle de la part des chercheurs. Dans son ouvrage Comme le peuple juif a été inventé, l’historien israélien Shlomo Sand conteste l’exactitude historique à la fois de l’Exil et de l’Exode, remettant de ce fait en question la légitimité du ‘retour’, lequel est le fondement ‘moral’ d’une entité étatique israélienne en Palestine.
Comme le font observer les égyptologues, l’antique civilisation pharaonique ne mentionne quasiment pas un Exode, alors même que les pharaons étaient particulièrement méticuleux en matière d’archivage des moindres événements survenus durant leur règne. Comment, par conséquent, un événement d’une nature aussi cataclysmique que le partage de la Mer Rouge et la mort par noyade d’un puissant pharaon avec toute son armée ait totalement échappé aux Egyptiens, alors qu’il occupe tout un chapitre de la Torah ? Où les faits finissent-ils, et où la fiction commence-t-elle ?
Les chrétiens et les musulmans ont été bassinés des mêmes récits oraux. Leurs deux religions sont tirées du judaïsme, une religion plus ancienne, elle aussi religion « du livre ». Mais ces deux religions dérivées ont été incitées à se faire la guerre par les adeptes de la religion-source, bien plus habiles à déformés les faits au moyen de ce que la populace ciblée était prête à gober, comme ce fut le cas avec les soi-disant « faits » fabriqués de toute pièce, au sujet des armes de destruction massive de l’Irak, des liens de l’Irak avec Al-Qa’ida, des labos à roulettes de fabrication d’armes biologiques irakiens etc. Que du bidon. Pourtant, les gens ont plus que marché : ils ont couru !
La Terre promise des mystificateurs et des affabulateurs
Fruit d’une angoisse partagée et de la séduction d’une Terre promise offrant un refuge via un Droit au Retour (aussi absurde soit-il), Israël émergea, initialement, en tant qu’état mental partagé. En 1948, cet état mental émergea en tant que « foyer national » physique, en Palestine, offrant une résidence à ceux qu’il considérait comme « juifs ».
S’ajoutant à cela, l’holocauste et la guerre des Six-Jours firent du sionisme une possibilité géopolitique. Sans les exactions fascistes de la Seconde guerre mondiale, la reconnaissance de la légitimité de l’Etat sioniste par Truman eût été impossible. De même, sans la guerre de 1967, les juifs modérés auraient continué à s’opposer à l’« Etat juif », qui représente un obstacle à leur assimilation (dans les sociétés où ils vivent) et que leurs valeurs rejettent.
Du fait-même que l’on a considéré une enclave de fanatiques religieux comme une entité présentant tous les caractères d’une nation souveraine, des forces ont été mises en mouvement afin de discréditer et de mettre en danger les juifs antisionistes américains qui étaient à juste titre inquiets que ce soi-disant « Etat » expansionniste ne mette en danger l’ensemble de la religion juive en permettant que tous les juifs soient présentés comme les agents étrangers d’un pays agresseur.
Les juifs modérés ont compris que des accusations de « loyauté duplice » pourraient être formulées afin de viser, par association, y compris les juifs horrifiés par ce qu’Israël était appelé à devenir - comme le Pentagone l’avait prédit en 1948.
Sur ces entrefaites, les pressions du lobby sioniste discréditaient les Etats-Unis dans le monde entier en s’assurant de l’indifférence du Congrès devant six décennies de calvaire palestinien. Et voici qu’ajoutant l’insulte à la blessure, le lobby sioniste, une fois de plus, vient de s’imposer en persuadant le Congrès de proclamer ce funeste « lien indissoluble » !
Ils transforment la fiction en réalités
Le vol des terres par Tel-Aviv, en 1967, a permis aussi aux « Israélites - avec le soutien de leurs alliés sionistes-chrétiens - d’occuper un territoire que les juifs sionistes considèrent leur appartenir, pour la simple ‘raison’ qu’ils sont juifs.
D’où la nécessité stratégique de s’opposer à quiconque défie soit le maintient de son occupation par Israël, soit son occupation de territoires supplémentaires en vue d’une Terre d’Israël encore plus étendue. Ou encore, comme le prétendent les juifs fondamentalistes, le « rachat » d’un terre qui leur appartient légitimement en tant que Peuple Elu de Dieu, le territoire qu’ils occupent leur ayant été donné (par un Dieu qu’ils se sont choisi eux-mêmes - pratique...).
D’où, aussi, la nécessité de perpétuer une stratégie agressive cherchant à discréditer, à isoler, à ostraciser et/ou à marginaliser quiconque critiquerait la politique expansionniste de Tel-Aviv - même lorsque cette politique sape les perspectives d’une paix essentielle pour les intérêts des Etats-Unis au Moyen-Orient. D’où le timing particulièrement mal venu de cette proclamation d’allégeance envers un « lien indissoluble » par le Congrès américain.
Le traitement effroyable qu’Israël inflige à ses voisins musulmans ne date pas d’hier. Mais il est évident pour tout le monde, sauf pour les aveugles volontaires, que le comportement d’Israël n’est possible qu’en raison de son « lien spécial » avec les Etats-Unis. Le renouvellement de leur dévotion à Israël fait apparaître clairement que le comportement d’Israël est approuvé et même salué par les Américains - ce qui produit exactement l’effet sur l’armée américaine que le lobby sioniste a sans doute anticipé. L’impact dangereux pour la sécurité nationale des Etats-Unis de ce pari rend le comportement du lobby sioniste répréhensible.
Les Américains désireux de restaurer notre sécurité nationale doivent considérer comptables devant la loi les pro-sionistes qui ont conspiré afin de déformer les faits essentiels permettant d’opérer un choix informé au moyen des fausses croyances qui nous ont entraînés dans la guerre en Irak. Nous devons aussi nous assurer du fait que plus jamais des intérêts étrangers ne soient ainsi autorisés à exercer un tel contrôle sur le peu qu’il nous reste de « notre » gouvernement représentatif.
Le lobby sioniste devrait être obligé à s’enregistrer en tant qu’agents étrangers soumis à toutes les restrictions que cela implique, dont une réduction drastique des financements qu’il apporte au Congrès américain.
Dans la pratique, ceux des Sénateurs et des Représentants qui viennent encore une fois de clamer leur loyauté envers Israël n’ont fait qu’apporter de l’aide et du soutien à un ennemi de l’intérieur. Ceux qui ont mené à bien ce dernier effort de loyauté duplice sont au service d’un ennemi et devraient être accusé de haute-trahison, dès lors que notre nation est en guerre.
Ce crime a été à juste titre considéré comme relevant de la peine capitale pour ceux qui ont fondé ce pays afin de protéger nos libertés, en tant qu’Américains, contre ceux qui manipulent les croyances et influences les comportements.
Ce comportement - à la source duquel on peut remonter en suivant les traces - sape depuis fort longtemps nos intérêts nationaux et met en danger nos soldats. Ceux qui ont été élus au Congrès sont devant un choix très clair : soit ils défendent ce pays et soutiennent nos armées, soient ils devront se démettre.
Ceux qui ne démissionneraient pas encourraient l’accusation de haute-trahison au moment où une opinion publique américaine trompée depuis si longtemps découvrira que ce serment d’allégeance a été proféré alors même que notre armée est encore exposée au risque généré par des renseignements bidon inventés de toute pièce et diffusés par ceux-là même auxquels le Congrès vient de jurer sa fidélité éternelle.
Informée, l’opinion publique comprendra que les signataires de cette proclamation de fidélité seront les premiers suspects quand la justice fédérale américaine identifiera et mettra en examen les complices ayant rendu possible cette trahison de longue date.
Tout Américain ne sentant pas outragé est un Américain encore insuffisamment informé. Les membres de l’armée, tant actifs qu’à la retraite, doivent faire en sorte qu’un public mal informé sache ce que l’on est en train de faire en son nom.
* Jeff Gates est auteur à succès et aussi avocat, banquier d’investissement, éducateur et consultant auprès du gouvernement, de dirigeants d’entreprises et de syndicats dans le monde entier. Son dernier ouvrage publié est Guilt by Association -How Deception and Self-Deceit Took America to War (2008), qui est un premier ouvrage s’inscrivant dans une série consacrée à l’Etat criminel. Parmi ses précédents ouvrages, nous citerons Democracy At Risk et The Ownership Solution. Il a un site ouèbe : http://www.criminalstate.com.
Les USA peuvent-ils battre Israël à son propre jeu ? - 28 avril 2010
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29 avril 2010 - Rebelnews.org - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.rebelnews.org/opinion/am...
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
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