Vers une Europe colonisée ?
La Commission de Bruxelles qui veut supprimer certaines prérogatives aux pays de l'UE, un film sur la guerre d'Algérie qui fait scandale à Cannes et des actes de racisme passés sous silence.
(photo : tiseb - Flickr CC)
L’Etat de Californie est en faillite. Et il n’est pas le seul Etat américain dans ce cas. On ne peut même plus payer les fonctionnaires. Or les Etats-Unis constituent une nation fédérale. Cela signifie que Washington gère le budget fédéral (armée, police, diplomatie, infrastructures, etc) mais que les Etats gèrent comme ils l’entendent leur propre budget alimenté par leurs propres impôts. Les pires déficits ne leur sont donc pas interdits : à eux ensuite de résoudre le problème.
Conclusion : la Commission de Bruxelles propose de retirer aux nations qui constituent l’Union européenne les prérogatives dont bénéficient les Etats américains.
Dans un régime fédéral, les Etats, en matière budgétaire, sont souverains et le Bengale Occidental au sein de la fédération indienne peut se doter d’un gouvernement marxiste-léniniste. Dans l’Europe, telle qu’elle se construit, c’est de plus en plus impossible. Donc, je le répète, mieux vaut une simple confédération vague d’Etats souverains (en fait, une sorte de zone de libre échange) ou une véritable fédération européenne des nations unies que cette Europe-là.
La proposition honteuse de la Commission de Bruxelles revient à transformer les Etats en colonies d’un pouvoir technocratique suprême.
Conclusion : la Commission de Bruxelles propose de retirer aux nations qui constituent l’Union européenne les prérogatives dont bénéficient les Etats américains.
Dans un régime fédéral, les Etats, en matière budgétaire, sont souverains et le Bengale Occidental au sein de la fédération indienne peut se doter d’un gouvernement marxiste-léniniste. Dans l’Europe, telle qu’elle se construit, c’est de plus en plus impossible. Donc, je le répète, mieux vaut une simple confédération vague d’Etats souverains (en fait, une sorte de zone de libre échange) ou une véritable fédération européenne des nations unies que cette Europe-là.
La proposition honteuse de la Commission de Bruxelles revient à transformer les Etats en colonies d’un pouvoir technocratique suprême.
Ce député qui ridiculise la France
A Cannes de nombreux films anglais et américains abordent, de façon cruelle et accusatrice, la guerre d’Irak. Mais moins de dix ans après son déclenchement.
Sans problème. C’est possible. Or un film franco-algérien – « Hors-la-loi » - lui aussi projeté sur la Croisette provoque un scandale parce qu’il aborde, soixante cinq ans après, les événements de Sétif qui ont fait 800 morts français et 30 000 morts autochtones. Donc, en France c’est impossible. Il s’est en effet trouvé un député UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, assez proche de l’extrême-droite il est vrai, pour exiger l’interdiction de l’œuvre qu’il n’a d’ailleurs pas vue. Ce qui lui a valu de recevoir le prix de la « crétinerie » décerné par l’ Association des réalisateurs. Or non seulement plusieurs élus de la région, chauffés à blanc par des associations de harkis ou de pieds-noirs, lui ont emboîté le pas, mais, en outre, le maire, également UMP de Vallauris, a fait fermer le musée Picasso parce que l’œuvre d’une artiste exposée contenait une vidéo dans laquelle sa mère d’origine algérienne, évoquait la guerre d’Algérie.
A pleurer.
Et cela au moment où les Russes, eux, s’excusent auprès des Polonais pour ce qu’ils leur ont fait subir.
Sans problème. C’est possible. Or un film franco-algérien – « Hors-la-loi » - lui aussi projeté sur la Croisette provoque un scandale parce qu’il aborde, soixante cinq ans après, les événements de Sétif qui ont fait 800 morts français et 30 000 morts autochtones. Donc, en France c’est impossible. Il s’est en effet trouvé un député UMP des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca, assez proche de l’extrême-droite il est vrai, pour exiger l’interdiction de l’œuvre qu’il n’a d’ailleurs pas vue. Ce qui lui a valu de recevoir le prix de la « crétinerie » décerné par l’ Association des réalisateurs. Or non seulement plusieurs élus de la région, chauffés à blanc par des associations de harkis ou de pieds-noirs, lui ont emboîté le pas, mais, en outre, le maire, également UMP de Vallauris, a fait fermer le musée Picasso parce que l’œuvre d’une artiste exposée contenait une vidéo dans laquelle sa mère d’origine algérienne, évoquait la guerre d’Algérie.
A pleurer.
Et cela au moment où les Russes, eux, s’excusent auprès des Polonais pour ce qu’ils leur ont fait subir.
Vous avez dit antiracisme ?
Il ne faut pas voir du racisme partout mais soupçonner du racisme derrière toute phrase politiquement incorrecte comme le font trop souvent les tenants de la bien-pensance. Mais il convient d’être intransigeant quand le racisme se manifeste réellement. Y compris quand il s’agit d’un racisme anti-blanc, ou d’injures antisémites ouvertement proférées par des « jeunes des cités » comme on dit.
Mais la dénonciation de ce délit, quand elle est légitime, ne doit épargner personne. Or, à Grasse, dans les Alpes-Maritimes, deux policiers viennent de bénéficier d’un non-lieu. Pourtant l’affaire est emblématique. Ils avaient arrêté un jeune Tunisien qui avait fait du grabuge. Comme il se débattait, ils l’avaient plaqué à terre et menotté ses mains et ses pieds. C’est alors, inutilement car il ne bougeait plus, qu’ils ont pratiqué sur lui une sorte de « prise d’étranglement » prolongée jusqu’à ce que mort s’ensuive. Et à l’arrivée, non-lieu !
A Bobigny, un vigile musulman d’un grand magasin a été agressé et jeté à l’eau par une petite bande de jeunes. Il en est mort. Qu’il se soit agi de jeunes juifs peut à la rigueur être passé sous silence. Mais en l’occurrence le meneur du groupe était proche d’un groupuscule sioniste radical. Ce qu’à l’évidence on tente d’occulter. Comme si on avait cherché à dissimuler l’antisémitisme criminel de l’assassin de Ilan Halimi. En cette matière, surtout en cette matière, il ne doit pas y avoir deux poids deux mesures.
Mais la dénonciation de ce délit, quand elle est légitime, ne doit épargner personne. Or, à Grasse, dans les Alpes-Maritimes, deux policiers viennent de bénéficier d’un non-lieu. Pourtant l’affaire est emblématique. Ils avaient arrêté un jeune Tunisien qui avait fait du grabuge. Comme il se débattait, ils l’avaient plaqué à terre et menotté ses mains et ses pieds. C’est alors, inutilement car il ne bougeait plus, qu’ils ont pratiqué sur lui une sorte de « prise d’étranglement » prolongée jusqu’à ce que mort s’ensuive. Et à l’arrivée, non-lieu !
A Bobigny, un vigile musulman d’un grand magasin a été agressé et jeté à l’eau par une petite bande de jeunes. Il en est mort. Qu’il se soit agi de jeunes juifs peut à la rigueur être passé sous silence. Mais en l’occurrence le meneur du groupe était proche d’un groupuscule sioniste radical. Ce qu’à l’évidence on tente d’occulter. Comme si on avait cherché à dissimuler l’antisémitisme criminel de l’assassin de Ilan Halimi. En cette matière, surtout en cette matière, il ne doit pas y avoir deux poids deux mesures.
Jeudi 13 Mai 2010
Jean-François Kahn
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