Article publié le 20 novembre 2003
Bonjour, bonsoir.
J’ai été invité au Forum pour la défense de l’humanité pour dire quelques mots.
Je vous remercie pour l’invitation, mais je dois vous avertir que je suis un soldat, un soldat de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN, sigles en espagnol). Je vous avertis parce que, d’après ce qu’on m’a dit, j’interviendrai avec des intellectuels et des leaders socio-politiques. Ma voix pourra peut-être donc apparaître discordante (je veux dire, en plus de l’enregistrement) et hors de propos.
Discordante ou non, il y aura peut-être dans ce que je vais dire des ponts et des coïncidences. Il arrive que parfois la plume et l’épée coïncident. Nous coïncidons parfois dans la recherche d’un débat nécessaire et d’un échange d’idées qui aident à éclaircir un peu cet horizon confus et désordonné que certains appellent histoire contemporaine et qui, par moments, fait du trivial et du grotesque un sujet d’intérêt mondial et qui, d’autre fois, fait du terrible et de l’aberrant quelque chose qui, à force de se répéter, devient un air monotone et inaperçu.
Je mentionnerai rapidement quelques aspects de la globalisation et du néolibéralisme ou, plutôt, ce que nous parvenons à percevoir (et à souffrir) de ces aspects, et sur les résistances en général et notre résistance en particulier.
Comme on peut s’y attendre, le schématisme et la réduction y dominent, mais je crois qu’ils parviennent à dessiner une ou beaucoup de lignes de discussion, de dialogue, de réflexion. Ou, mieux encore, de mémoire et de honte.
« La honte, c’est ce que tu devrais avoir, pour m’avoir exclu » dit Durito qui est venu se mettre à l’abri de la pluie.
« Je ne t’ai pas exclu. Ce qui se passe, c’est qu’on ne t’a pas invité mais moi, si » lui dis-je en cachant le tabac discrètement.
« L’un va avec l’autre. Dans le cas présent, un nez avec une carapace. Ou bien mon écuyer grippé prétend-il priver ces bonnes personnes du délice d’entendre mes sages paroles, de s’illuminer de ma sagesse et de s’éveiller de la léthargie dans laquelle tes paroles commencent à les plonger ? » demande Durito en me piquant le nez avec Excalibur, l’épée légendaire.
« Cette épée ressemble étrangement à une plume que j’ai perdue l’autre jour » lui dis-je, changeant de conversation. Comme si de rien n’était, Durito répond :
« Ne change pas de thème ! Tu peux choisir : ou tu me donnes un espace pour mes sages exposés, ou tu péris sous ma plume, je veux dire, sous mon épée » dit Durito d’un ton que lui envierait n’importe quel fonctionnaire du Fonds monétaire international parlant à un gouvernement latino-américain quelconque.
Alors, appliquant ce que j’ai appris des gouvernements « nationaux », j’ai cédé. Voici donc la partie que Don Durito de La Lacandona, la fine fleur de la chevalerie, a envoyée à ce forum.
Elle s’intitule :
Ballons ou boutiques.
Le monde est comme un ballon gonflé. Ou plutôt, comme une vessie gonflée. Autrement dit, quand on dit qu’il y a globalisation, c’est qu’il y a la mondialisation des parties du monde. Mais il y a, comme dirait l’autre, une mondialisation de ceux qui ont beaucoup d’argent. Et il y a aussi, comme dirait l’autre, la mondialisation de la lutte, ou plutôt de la résistance.
Dans la mondialisation de l’argent, ou plutôt, dans la globalisation des puissants, il y a beaucoup de méchanceté, mais la méchanceté ne reste pas tranquille à l’intérieur d’un pays, elle se met dans tous les pays. Et cette méchanceté se met dans d’autres pays parfois par la guerre, parfois par l’argent, parfois par l’idée, parfois par la politique.
Autrement dit, ce qui se passe avec la mondialisation de la méchanceté, c’est que ceux qui sont beaucoup très riches ne sont plus contents d’être de riches exploiteurs dans un pays, ou plutôt, de leur peuple, mais ils veulent plus d’argent et ils se mettent dans d’autres pays pour gagner plus d’argent, et alors, ils ne respectent rien parce qu’ils aiment seulement leur habileté d’exploiteurs et tout ce qu’ils veulent, c’est gagner de l’argent bien qu’ils en aient déjà beaucoup, ça ne leur suffit pas, ils en veulent plus.
Et alors l’argent se met dans un autre pays et ne respecte pas ce pays à cause de la globalisation de l’argent qui ne respecte ni les pays ni les gens.
Autrement dit, chaque pays est comme un ballon qui crève et il en sort tout ce qui le faisait spécial, disons, comme sa coutume, sa parole, sa culture, son économie, sa politique, ses gens, sa manière, quoi.
Et alors le pays, il faut voir comme il se casse, et le monde entier se met dans ce pays, et ce pays n’est déjà plus ce pays, mais le monde entier. Mais pas le monde des gens, mais le monde de l’argent où les gens ne comptent pas.
C’est comme si quelqu’un se cassait, comme ça, et qu’il ne serait plus une personne, mais que toutes les méchancetés se mettent dans cette personne et la mangent, et lors il n’y a plus de personne, il y a seulement ce qui a mangé la personne.
Et c’est pourquoi nous disons, nous, que la globalisation des puissants, ou plutôt, de l’argent, mange les pays et mange les gens qui vivent dans ces pays. Parce qu’un pays, c’est comme une maison où vivent les gens du pays. Et l’argent mondial détruit la maison, ou plutôt, le pays, et les gens restent sans maison et sans âme parce qu’ils ne se connaissent plus entre eux et ils sont comme des inconnus, avec la méfiance dans les yeux et dans les paroles, tristes, quoi. Et alors, quand un pays reste sans âme, l’âme de l’argent s’y met.
Et ce pays qui s’est cassé n’est plus la maison où vivent les gens de ce pays, mais c’est une petite boutique où on vend et où on achète des choses et des gens.
Parce que, dans la globalisation, l’argent met des boutiques là où il y avait avant des pays. Et alors, comme le pays n’est plus un pays mais une boutique, les gens ne sont donc plus des gens, mais seulement des acheteurs et des vendeurs.
Et les gens ne sont pas propriétaires de la boutique, c’est l’argent mondial qui commande. Et alors, donc, comme nous disons, la pensée qui commande est la pensée de l’argent. Et, par exemple, quelqu’un pense à un nuage et c’est quelqu’un pensant à un nuage et qui peint sa pensée en bleu par exemple, et voilà, et ce quelqu’un va avec sa pensée d’un nuage bleu et il est content avec sa pensée de nuage bleu, et s’il trouve un ballon, il le gonfle et il le peint en bleu et il le donne à un petit garçon ou à une fillette, et la fillette, ou bien le garçon, joue avec le ballon bleu qui était une pensée d’un nuage bleu. Parce que les gens, quand ils pensent comme des gens, ils pensent des pensées pour les gens.
Mais l’argent ne pense pas aux gens, il pense à plus d’argent. Autrement dit, l’argent n’en a jamais assez, il mange tout pour faire plus d’argent.
Autrement dit, l’argent ne pense pas à un nuage, il pense à une marchandise qu’il va vendre et à tirer plus d’argent.
Plutôt : dans la globalisation de l’argent, se mondialise aussi la pensée de l’argent. Et cette pensée de l’argent est comme une religion qui adore le dieu de l’argent et les temples de cette religion, ce sont les banques et les boutiques, et les prières, ce sont les comptes qu’on fait avec l’argent quand on vend, quand on gagne.
Cette religion de l’argent s’appelle « néolibéralisme », ce qui veut dire qu’il y a une nouvelle liberté pour l’argent. Ou plutôt que l’argent est libre de faire ce qu’il a envie. Et les gens n’ont plus alors de liberté, mais l’argent, si.
Et dans la globalisation de l’argent, le monde mondial se détruit, ou plutôt, le ballon du monde se casse, la vessie mondiale crève, et alors l’argent met une boutique là où il y avait avant un pays, autrement dit, là où il y avait avant une maison avec des gens, il y a maintenant une boutique.
Onc, la globalisation du pouvoir détruit les pays pour faire des boutiques. Et les boutiques, c’est alors pour vendre et acheter.
Et si quelqu’un, par exemple, n’a pas les sous, ou ne veut pas acheter, il ne compte pas, autrement dit, il faut le détruire.
La globalisation du pouvoir, c’est comme une guerre contre les gens et leurs maisons, autrement dit, c’est une guerre contre l’humanité.
La globalisation du pouvoir détruit les maisons des gens, disons, les pays et, parfois, elle vient détruire par une guerre. D’autres fois, elle entre parce que quelqu’un de l’intérieur lui ouvre la porte pour qu’elle entre détruire.
Et ceux qui ouvrent la porte, ce sont les politiques, disons, ceux qui commandent dans les pays, autrement dit, dans les maisons des gens. Et alors, les politiques ne servent plus à commander parce qu’ils ne commandent plus par eux-mêmes parce que celui qui commande, c’est l’argent mondial.
Et alors, les politiques deviennent des boutiquiers ou, plutôt, ceux qui ont la charge de la boutique qui était auparavant un pays ou, autrement dit, une maison de gens. Et les politiques ne sont plus bons pour tenir la boutique et il vaut mieux en mettre d’autres qui, bien sûr, étudient et apprennent à être chargés de boutique. Ceux-là sont les nouveaux politiques, autrement dit, les boutiquiers.
Et peu importe s’ils ne savent rien de ce que c’est gouverner mais ce qui importe, c’est qu’ils sachent tenir la boutique et rendent de bons comptes à leur patron qui est l’argent mondial. Alors, dans les pays détruits par la globalisation du pouvoir, il n’y a plus de politiques, il y a des boutiquiers.
Et là, dans les boutiques qui étaient des pays avant, les élections ne sont pas pour mettre un gouvernement, mais pour mettre un boutiquier.
Et alors, ils se mettent à être candidats, autrement dit à se battre entre eux, les gros, les maigres, les grands, les pots à tabac, de couleurs différentes, qui commencent à parler et à parler, et vas-y que je te parle, mais ils ne disent rien du plus important, autrement dit, ils sont tous différents de visage mais ils sont tous pareils parce qu’ils vont être boutiquiers. La globalisation du pouvoir s’en moque alors, si le boutiquier est vert, bleu, rouge ou jaune. Ce qu’il faut, c’est que le boutiquier remette de bons comptes.
Les boutiquiers changent, mais il continue à y avoir un boutiquier.
Et là, dans la globalisation du pouvoir, le monde n’est plus rond comme un ballon gonflé, il crève et à sa place il reste une très grande boutique.
Et les boutiques, comme chacun sait, sont carrées, pas rondes.
C’est comme ça, plus ou moins, que fonctionne la globalisation qui est, si l’on peut dire, comme la « ballonisation ».
(Fin de l’exposé de Durito)
« Ballonisation » ? Je reviens enfin au sérieux et au formel.
En plus de ce que Durito a exprimé de façon si particulière, nous pensons aussi ce qui suit :
PREMIEREMENT. Si dans la politique « ancienne » (c’est-à-dire depuis l’Athènes grecque jusqu’aux républiques modernes), l’État était la « mère » de l’individu et le sein dans lequel la société prenait racine, croissait et se reproduisait, dans le monde globalisé, l’État ne peut plus remplir cette fonction. L’individu n’a plus de raison de se référer à une patrie, une culture, une race ou une langue. Le ventre maternel est maintenant une méga-sphère que certains appellent encore « planète terre ». Le citoyen n’est plus le membre de la polis, mais le navigant de la méga-polis, et il a donc besoin d’ « autres » connaissances et moyens que l’État national ne peut lui offrir.
DEUXIEMEMENT. De la même façon, les « hommes d’État », ces super-hommes auteurs de citations classiques, de guerres, d’empires, de lois et de répressions n’existent plus en tant que tels. Ce vieil « entraînement » interne qui existait dans les classes politiques pour préparer leurs membres à se révéler les uns aux autres, est obsolète. Les moyens de la politique classique (art oratoire, habileté à diriger, sensibilité, modération, connaissance historique, philosophie, jurisprudence, relation adaptée) relèvent aujourd’hui de la nostalgie du cirque. Le protocole du pouvoir, ce mélange complexe de signaux et d’attitudes ne s’apprend ni ne s’exerce plus à l’intérieur de l’état
TROISIEMEMENT. L’État national tend à ne plus être le chargé de la reproduction des hommes (j’emploie « reproduction » dans son sens le plus large, c’est-à-dire les conditions économiques, politiques, culturelles et sociales en vue de la reproduction sociale), mais l’administrateur qui contient les désordres de cette reproduction. Le méga-pouvoir dont on ne sait pas grand chose, impose maintenant une reproduction plus importante, celle de l’argent.
QUATRIEMEMENT. La lutte contre la globalisation du pouvoir (et contre son soutien idéologique : le néolibéralisme) n’est pas l’apanage d’une pensée, d’une famille politique ou d’un territoire géographique, c’est une question de survie humaine. De même que pendant la Seconde guerre mondiale une multitude de forces ont résisté et lutté contre le fascisme, aujourd’hui, les forces qui résistent et luttent contre le néolibéralisme sont nombreuses.
CINQUIEMEMENT. Dans les États nationaux, le processus du couple globalisation - néolibéralisme produit un phénomène de résistance qui incorpore de façon toujours plus accentuée de vastes secteurs de la population, SANS QUE LEUR CLASSE SOCIALE OU LE LIEU QU’ILS OCCUPENT DANS LE PROCESSUS DE REPRODUCTION DU CAPITAL SOIT PRIMORDIAL.
SIXIEMEMENT. Par exemple, il apparaît des groupes déconcertants (de fait, la théorie avait décidé leur disparition ou leur « absorption » par ceux d’en haut) : d’un côté les indigènes qui parlent des langues incompréhensibles (c’est-à-dire inutilisables pour l’échange des marchandises) et qui défient avec des armes en bois des hélicoptères, des tanks, des avions, des mitrailleuses, des bombes, et d’un autre côté des jeunes chômeurs (le « lumpen » qui, théorie oblige, devrait être en train de grossir les rangs des appareils répressifs de l’État) qui se mobilisent contre le gouvernement et exigent le respect ou, au-delà, les homosexuels, les lesbiennes et les transsexuels qui demandent la reconnaissance de leur différence.
SEPTIEMEMENT. Ces phénomènes de résistance (« bourses de résistance » comme nous les appelons pour les opposer aux « autres » bourses, celles des valeurs) essaient de trouver un lien avec des phénomènes semblables dans d’autres parties du monde. Les super-autoroutes de l’information conçues pour faciliter le flux des marchandises et de l’argent commencent à voir (non sans frayeur) qu’elles sont empruntées par des vieilles charrettes, des bêtes de somme et des piétons qui n’échangent ni marchandises ni capitaux, mais quelque chose de très dangereux : des expériences, des soutiens mutuels, des HISTOIRES.
Je parle évidemment de ce qui est à portée de main : notre guerre, nos armes, notre histoire.
Mais il y a d’autres exemples qui nous parlent d’une nouvelle émergence, de quelque chose de nouveau qui surgit ça et là et que nous n’arrivons pas à diriger et à comprendre, en partie parce que les évènements se précipitent, en partie parce que le présent est le pire endroit pour penser le présent, en partie parce qu’il y a encore beaucoup de choses qui doivent se définir.
Mais quelque chose commence à se faire de plus en plus clair : il n’est pas sûr que nous ayons perdu et, surtout, il n’est pas sûr qu’ils aient gagné. L’histoire qui compte, celle que nous faisons, hommes et femmes, a encore beaucoup de fils à tisser, et on n’a pas fini de deviner ni le dessin ni la couleur de cette gigantesque tapisserie que l’humanité devra avoir. Nous, et avec nous beaucoup comme nous, nous savons déjà que, en tous cas, la couleur n’en est pas le gris qu’on impose actuellement, ni le dessin qui n’est que douleur et mort. Il y a aussi beaucoup d’autres couleurs. Et il y a aussi beaucoup d’espoir.
Il est certain que si la planète a des blessures ouvertes et sanglantes en sa ronde géographie, nous ne les soignons pas en les nommant, mais nous faisons un geste d’humanité qui par moments paraît perdu.
Nommons, donc, la Palestine, et que la honte nous recouvre.
Nommons les Balkans et que la mémoire s’actualise.
Nommons Euskal Erria et admirons la résistance silencieuse et incomprise d’un peuple qui, depuis des siècles, refuse d’être conquis. Là-bas, de l’autre côté de l’Atlantique, un peuple est encerclé dans une classique manœuvre de pince : d’un côté la superbe d’un pouvoir qui, derrière le parapet de juges éblouis par les flashes des caméras, dirige une authentique guerre d’extermination, et d’un autre côté, la lâcheté d’un secteur qui se dit progressiste et qui, plus attaché au politiquement correct, garde un silence complice alors que la culture basque est traitée de « terroriste ».
Nommons Cuba et que le sang latino-américain cherche les ponts où nous nous sommes rencontrés hier et où nous nous rencontrerons demain. Dans les Caraïbes, un peuple fait face à un encerclement qui n’a rien d’une figure littéraire. Ce peuple a fait que son seul nom convoque une histoire de lutte et de résistance, de générosité et de courage, de noblesse et de fraternité. On dit « Cuba » comme on dit « dignité ».
Nommons la Bolivie et saluons la marche héroïque des Quechuas et des Aymaras qui défendent la terre. Saluons ceux qui font qu’être indigène est une fierté et qui, par leur révolte, font trembler tous les boutiquiers de l’Amérique.
Nommons le Chiapas et découvrons dans les pieds des plus petits l’avenir du « tout pour tous ».
Nommons quelque recoin que ce soit de la planète et soyons poursuivis avec les homosexuels, les lesbiennes et les transsexuels, résistons avec les femmes au destin de décoration idiote qu’on leur impose, résistons avec les jeunes à la machine broyeuse des non-conformismes et des révoltes, résistons avec les ouvriers et les paysans à la saignée qui, dans l’alchimie néolibérale, change la mort en dollars, marchons le pas des indigènes de l’Amérique Latine et, avec leurs pieds, faisons le monde rond pour qu’il roule.
Nommons ceux qui n’ont pas de nom. Regardons ceux qui n’ont pas de visage.
Nommons et regardons le monde qui n’existe pas encore, mais qui commencera à exister dans nos paroles et dans nos regards.
Nommons, donc, les douleurs de l’humanité. Pas seulement parce qu’elles sont nos douleurs. Aussi parce qu’en les nommant, nous nous faisons un peu plus humains. Parce que, face à ces blessures, le silence est renoncement, reddition, claudication, mort.
Si quelqu’un a fait de la plume une épée, qu’elle illumine l’air de son éclat, qu’en montrant nos blessures elle s’ennoblisse, qu’en nous nommant elle nous fasse partie prenante d’un casse-tête que sera demain un monde non exempt de mémoire et de honte.
Parce que, toutes deux, la mémoire et la honte, sont ce qui nous fait des êtres humains. Ne soyons pas les moutons de notre histoire, de notre conscience, les traîtres à la parole que nous avons élevée hier et qui nous convoque aujourd’hui pour être affilée et unie dans la mémoire et dans la honte.
Voilà. Salut et que la plume soit aussi une épée et son fil coupe le mur sombre par lequel l’avenir devra se faufiler.
Depuis les montagnes du sud-est mexicain
Sous-commandant insurgé Marcos
Mexique, octobre 2003.
http://risal.collectifs.net/article.php3?id_article=743
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire